« En tant que transporteur, nous sommes conscients d’émettre du CO2. Nous cherchons donc à limiter au maximum les émissions dans la longue distance, la distribution et le bâtiment », résume Jean-Christophe Le Buzit, porteur du projet City Distribution chez Dachser France. Ce qui passe par l’optimisation des capacités de chargement, la sensibilisation et la formation des conducteurs, mais aussi la prise en compte de l’environnement dans les infrastructures de type bâtiments et véhicules.
« Nous menons aussi une veille active sur les innovations en allant à la rencontre des start-up. Nous sommes d’ailleurs membres du club innovation de l’incubateur Paris&Co, précise Jean-Christophe Le Buzit. Enfin, nous essayons et lançons des solutions innovantes pour la livraison urbaine et faisons évoluer le niveau technologique de nos véhicules. »
Répondre aux contraintes urbaines
La livraison urbaine, c’est justement l’objet du projet européen City Distribution lancé en 2015. Son objectif : répondre au renforcement des contraintes urbaines et trouver des solutions d’avenir pour continuer à livrer dans le centre des villes.
« Pour cela, nous avons créé une boîte à outils et les résultats sont très encourageants », se félicite Jean-Christophe Le Buzit. En pratique, après chaque test, les études de cas et les résultats alimentent cette boîte à outils. Chaque agence peut y puiser pour bâtir une solution adaptée à son activité et son environnement.
« Aujourd’hui, nous nous orientons vers des analyses qui nous amènent à utiliser diverses technologies de motorisation, détaille le porteur de projet. Il est essentiel d’éprouver le matériel en condition d’exploitation et sur la durée. »
Le transporteur fait ainsi rouler des triporteurs et des vélos à assistance électrique (VAE) sur une longue durée à Rennes, Paris, Stuttgart et à Berlin depuis peu. À Rennes, l’expérimentation est en cours depuis 2017 pour la distribution en centre-ville. Dachser y a remplacé deux diesel de tournée et a fait appel à un transporteur local qui emploie des triporteurs électriques capables de porter jusqu’à 400 kg de marchandises. Un système de vélos cargos a aussi été employé dans l’agence du groupe à Pantin (93) pendant plusieurs mois, en remplacement de véhicules diesel. Cette démarche, qui a plutôt concerné le transport de colis-vrac, a bien fonctionné.
Dachser continue à tester ce mode opératoire à Stuttgart, une ville à la configuration très spécifique, avec des collines atteignant jusqu’à 350 m d’altitude. Stuttgart est sujette à une forte pollution de l’air qui l’a conduite à lancer un plan de protection. Les vélos transporteurs ont constitué une réponse aux contraintes liées à la pollution et à l’accès limité au centre-ville. Cette expérimentation a amené Dachser à constater que les montées diminuent considérablement l’autonomie des VAE. En réponse, le transporteur a établi un micro-hub de proximité : un entrepôt logistique urbain situé à dix minutes en vélo du centre-ville.
Des démarches spécifiques
Le matériel varie selon les lieux. À la différence de Rennes et de Paris, les vélos de Stuttgart sont capables de transporter des charges palettisées ou non jusqu’à 250 kg. « Cela découle d’une stratégie volontaire pour bénéficier d’un panel plus exhaustif des moyens du marché à notre disposition, explique Jean-Christophe Le Buzit. L’avantage des vélos de Stuttgart, c’est qu’ils peuvent aller sur toutes les voies cyclables et dans les rues à accès limité, tout en restant très maniables et silencieux – un autre élément important pour la livraison urbaine. »
À travers l’expérimentation de Stuttgart, Dachser a pu réfléchir à de nouveaux modes de distribution, et en particulier au développement de caisses mobiles pour les vélos. Ces dernières transportent non seulement plus de marchandises, mais elles augmentent aussi la flexibilité au chargement et au déchargement en offrant la possibilité d’interchanger les caisses plus rapidement.
« Mais ces vélos ne sont pas encore en mesure de se substituer à nos solutions traditionnelles et restent donc des alternatives, note Jean-Christophe Le Buzit en conclusion. C’est pourquoi nous recherchons constamment d’autres voies. »
Une approche globale
« Lorsque l’on essaie du matériel, on a peu souvent une approche du périmètre et de l’environnement, constate Jean-Christophe Le Buzit. Or, c’est très important dans le cas des VAE : on peut parler froid et électrique, chaleur et électrique ou encore montagne et électrique. La problématique de l’autonomie pendant les tournées sera contournée le jour où les infrastructures existeront. En attendant, il faut repenser nos processus habituels, nos façons de travailler et nos tournées pour les adapter à ce mode de transport. »
Car la mobilité électrique n’implique pas uniquement le matériel roulant : elle a aussi un impact sur les structures, jusque dans les entrepôts où il faut aménager des zones de recharge et parfois repenser entièrement l’installation électrique. « Le grand art consiste à tout gérer en même temps », conclut Jean-Christophe Le Buzit.