
Si la flotte du Groupe Dalkia est suivie à l’échelle nationale, un à deux gestionnaires de parc adaptent cette gestion localement : pour la région Centre-Est, environ 1 500 véhicules composent le parc qui fonctionne en location longue durée, avec principalement des modèles diesel qu’il s’agit dorénavant de remplacer.
« Si notre siège se situe à Villeurbanne (69), l’instauration de la zone à faibles émissions-mobilité (ZFE-m) de la métropole de Lyon n’a pas constitué une véritable raison pour se lancer dans l’électrification de la flotte. Le Groupe Dalkia reste une entreprise du secteur des énergies, qui doit montrer l’exemple à ses clients...
Si la flotte du Groupe Dalkia est suivie à l’échelle nationale, un à deux gestionnaires de parc adaptent cette gestion localement : pour la région Centre-Est, environ 1 500 véhicules composent le parc qui fonctionne en location longue durée, avec principalement des modèles diesel qu’il s’agit dorénavant de remplacer.
« Si notre siège se situe à Villeurbanne (69), l’instauration de la zone à faibles émissions-mobilité (ZFE-m) de la métropole de Lyon n’a pas constitué une véritable raison pour se lancer dans l’électrification de la flotte. Le Groupe Dalkia reste une entreprise du secteur des énergies, qui doit montrer l’exemple à ses clients. En tant que premier opérateur du réseau de chaleur en France, Dalkia est un acteur majeur de la décarbonation, qui propose entre autres la biomasse comme moyen de chauffage », argumente Sylvain Boulin, responsable numérique et innovation chez Dalkia en région Centre-Est.
Identifier les collaborateurs…
En effet, la filiale du Groupe EDF s’est fixé comme objectif d’électrifier 50 % de son parc national d’ici 2025, avant son électrification intégrale à l’horizon 2030. Pour y parvenir en région Centre-Est, Dalkia a d’abord identifié les collaborateurs éligibles aux véhicules électrifiés et a en conséquence totalement revu sa car policy.
« Pour électrifier une flotte, il faut débuter par une analyse fine des trajets réalisés par les collaborateurs. Avec la télématique embarquée, nous avons identifié les collaborateurs aptes à basculer en électrique, en priorité sur la base de leurs kilométrages moyens annuels et journaliers, et de leurs pics de déplacements », relate Sylvain Boulin. Et, pour « donner une impulsion », Dalkia en région Centre-Est a choisi d’électrifier en priorité les véhicules de collaborateurs qui réalisent notamment de courts trajets et parcourent le moins de kilomètres. « Il faut montrer que cela fonctionne pour inciter d’autres collaborateurs à passer aux véhicules électriques et hybrides rechargeables », complète Sylvain Boulin.
Au sein d’un parc de plus de 1 500 unités, Dalkia en région Centre-Est compte désormais 42 véhicules électriques et 139 véhicules hybrides rechargeables. Et l’entreprise attend la livraison de 29 autres véhicules électriques et de 105 hybrides rechargeables. Depuis quasiment deux ans, dans sa grille de voitures de fonction, l’entreprise ne référence d’ailleurs plus que des véhicules électriques (Citroën Ë-C4, Peugeot e-208, Volkswagen ID.3) ou des hybrides rechargeables qui disposent d’au moins 50 km d’autonomie en 100 % électrique (Peugeot 308, Citroën C5 Aircross, etc.). « Notre loi de roulage, soit 80 000 km sur 36 mois en moyenne, reste variable car nous l’avons adaptée en fonction de l’évolution des TCO », ajoute Sylvain Boulin.
… et les véhicules éligibles
Toutefois, le parc de Dalkia en région Centre-Est demeure principalement composé d’utilitaires tels que des Renault Kangoo ou des Citroën Berlingo. « Avec ces VUL, l’électrification se fait plus compliquée car le kilométrage annuel moyen de nos techniciens atteint environ 20 000 km dans un environnement diffus, pointe Sylvain Boulin. En outre, les constructeurs ne commercialisent pas de modèles hybrides rechargeables. À ce jour, leurs véhicules électriques ne sont donc pas en adéquation avec la majorité de nos déplacements. Et la densité des infra-structures de recharge reste insuffisante. Les temps de recharge ne sont pas non plus en phase avec nos activités. Mais dès que les infrastructures et l’activité se retrouvent, nous remplaçons les véhicules thermiques par des modèles électriques équivalents », décrit ce responsable.
En parallèle, la pénurie de semi-conducteurs, qui a allongé les délais de livraison des véhicules, a eu un impact sur les commandes en 2022. D’autant plus que la politique RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise) de Dalkia en région Centre-Est « conduit à privilégier les véhicules fabriqués en Europe et à travailler, si possible, avec des entreprises européennes dans le cadre de nos enjeux de décarbonation », poursuit Sylvain Boulin.
Équiper les sites en recharge
Pour mener à bien le passage aux électrons, Sylvain Boulin conseille de penser le plus rapidement possible à mailler son territoire de bornes de recharge. Ou si l’on fait appel au réseau public de recharge, à opter pour des véhicules électriques ou hybrides rechargeables uniquement lorsque le territoire est correctement équipé en bornes. « Certains de nos collaborateurs font l’effort d’aller garer leurs véhicules à 2 km pour les recharger et les reprendre le lendemain matin. Mais en plein hiver ou quand il pleut, on sait que seul un nombre restreint de collaborateurs suivront cette démarche. Si le périmètre autour de nos collaborateurs est correctement équipé en bornes, c’est donc plus facile de les accompagner », reprend Sylvain Boulin.

Pour gérer les difficultés dues à la recharge, Dalkia en région Centre-Est a lancé il y a trois ans un plan de déploiement de bornes. Aujourd’hui, près de cinquante sites en sont équipés ou en cours d’équipement dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec plus de 200 points de recharge déployés en 2022. « Nous avons choisi majoritairement des bornes de 22 kW par rapport à nos véhicules électriques de type Renault Zoé et Twizy. Nos bornes, installées par Izivia, sont exclusivement réservées aux collaborateurs de Dalkia. Ils y ont accès avec un badge de recharge qui permet également de faire appel aux réseaux inter-opérés », expose Sylvain Boulin.
Sur ce sujet des bornes, ce responsable apporte un complément : « En fonction des modèles de véhicule, la puissance délivrée par la borne sera plus faible, entre autres pour les véhicules hybrides rechargeables. Nous voulons afficher un ratio économique solide entre le coût d’installation d’un point de recharge et le temps de recharge pour les collaborateurs. »
Miser sur les conducteurs
Dalkia en région Centre-Est s’est aussi interrogé sur la pertinence d’opter pour des bornes de recharge rapide ou ultra-rapide, mais ces équipements se montrent beaucoup plus coûteux à mettre en place. « Les entreprises ne sont pas en capacité d’installer en masse ce type d’équipements qui nécessitent de plus des renforcements importants des réseaux électriques de distribution avec Enedis », rappelle Sylvain Boulin.
Ce responsable met aussi en avant l’importance du rôle des collaborateurs dans la réussite de l’électrification : « Certains n’ont pas bien compris le principe au départ et nous n’avions pas alors beaucoup de bornes : se recharger restait compliqué. Mais avec le développement de nos infrastructures de recharge, l’accès au réseau public de recharge lors de trajets plus longs et notre accompagnement des collaborateurs, ces derniers jouent très majoritairement le jeu et se branchent, voire nous sollicitent dans le cas d’un besoin de bornes supplémentaires sur un site. Certes, nous trouverons toujours des collaborateurs pour qui il faudra faire des rappels à l’ordre, mais cela reste assez marginal. Nous pouvons sûrement faire mieux mais nous notons une dynamique positive », décrit Sylvain Boulin.

La supervision en question
Sur le site de Villeurbanne, Izivia développe également des outils de supervision pour Dalkia en région Centre-Est. « Avec ces outils, nous pouvons afficher des informations sur les sites et mieux piloter l’usage des points de charge. Avec ces données, nous pourrons aussi étudier les usages et ainsi affiner notre communication sur l’utilisation des bornes », anticipe Sylvain Boulin.
Autre intérêt de la supervision : alerter les collaborateurs lorsque leur véhicule est rechargé. « Actuellement, les collaborateurs n’ont pas cette information en temps réel. Pour l’instant, nous restons très artisanaux sur le sujet. Nous avons collé des affiches : elles rappellent de penser à venir débrancher son véhicule hybride rechargeable qui met environ deux heures à se recharger. Nous avons plusieurs actions de communication en local et nous les relançons régulièrement », signale Sylvain Boulin.
Mais cette méthode de gestion de la recharge évoluera à terme. « Nous suivons plusieurs pistes de réflexion en fonction des données qui vont nous être transmises par ces nouveaux outils fournis par Izivia. Idéalement, nous souhaitons informer directement le conducteur sur son téléphone une fois que sa voiture est rechargée. Et nous voulons pareillement afficher sur des écrans, au sein de nos bâtiments, qu’une borne est disponible et que tel véhicule doit être déplacé », prévoit Sylvain Boulin.
Toutefois, notons que la majorité des collaborateurs de l’entreprise rentrent chez eux avec leur véhicule, de fonction ou de service, notamment pour des questions d’astreinte. De ce fait, l’installation de bornes de recharge à domicile demeure « en réflexion ».
Et la recharge à domicile ?
« Cependant, cette démarche reste complexe car la personne doit avoir un espace pour stationner sa voiture, ce qui n’est pas le cas en logement collectif. Il faut aussi avoir l’accord du propriétaire pour un locataire. Sans oublier que l’abonnement électrique doit être suffisant et l’installation aux normes. Or, avec l’électricité, les normes ne sont pas rétroactives. Concrètement, si l’installation n’est pas aux normes, cela nécessite des travaux supplémentaires à chaque nouvelle installation. Ce sujet est porté par le service ressources humaines car il implique des adaptations des contrats de travail », conclut Sylvain Boulin. Sur la voie de l’électrification, la route est longue.
Dossier La stratégie de Dalkia en région Centre-Est
- Dalkia région Centre-Est : électrification, la méthode
- Dalkia Centre-Est : le pari de l’innovation pour la mobilité
- Conducteurs : Dalkia Centre-Est mise sur l’accompagnement