
Lors d’une journée presse organisée le 24 janvier 2023 au siège historique du Groupe Dalkia à Saint-André-lez-Lille (59), David Portejoie, responsable national de la filière véhicules au sein de la direction des opérations, est revenu sur les objectifs d’électrification et le partenariat avec l’expert en télématique Kuantic.
En parallèle à la décarbonation de ses activités, la direction des opérations de Dalkia pilote une flotte nationale de 11 500 véhicules, soit 9 000 VUL de service destinés à l’exploitation et 2 500 voitures de fonction. La plupart des VUL d’exploitation sont connectés aux boîtiers de télématique Kuantic. « Pour la direction des opérations, le premier sujet reste l’optimisation de l’exploitation, rappelle David Portejoie. Dalkia fait ainsi appel à la télématique depuis 2013 pour optimiser les trajets des véhicules d’exploitation et donc diminuer leurs kilométrages. Avec les données de la flotte en temps réel, les planificateurs et les ordonnanceurs ont donc la capacité de désigner le technicien le plus proche pour un dépannage curatif », complète ce responsable.
La télématique pour l’exploitation
C’est en 2017 que Dalkia a équipé ses véhicules de boîtiers de télématique Kuantic. « Cela a nécessité un temps de rodage car certains constructeurs ne permettaient pas de capter le flux de données. Avant la livraison du véhicule, nous vérifions s’il existe un boîtier de première monte. Si ce n’est pas le cas, nous prévenons Dalkia afin que le véhicule soit stoppé pour installer le boîtier en concession », explique Sophie Dunand, directrice de projets chez Kuantic.
Dalkia revoit par ailleurs ses processus de communication pour améliorer son partage d’informations avec ce télématicien. « Nous souhaitons nous assurer que chaque véhicule mis à la route est bien équipé en télématique ; nous prévenons Kuantic quasiment à la commande de l’utilitaire. Nos techniciens sont plutôt “diffus” que sédentaires. Revoir une installation de boîtier reste donc trop complexe lorsque le véhicule est déjà sur la route », souligne David Portejoie.
En outre, Dalkia a commandé une étude auprès de Kuantic pour l’aider dans ses projets d’électrification grâce à la télématique. Rappelons que le Groupe EDF a signé les accords de The Climate Group, avec le projet EV100 qui vise une flotte 100 % électrique ou zéro émission carbone d’ici 2030. Une démarche dans laquelle s’inscrit sa filiale Dalkia. Pour l’instant, le passage aux électrons s’effectue « de manière douce » : le parc est actuellement électrifié à hauteur de 12,6 %, dont 11 % d’hybrides rechargeables.

Vers l’électrification…
Dans le cadre d’un projet pilote mené avec la société de télématique, Dalkia a donc travaillé à catégoriser les usages. « Concrètement, nous avons relié des données analytiques (à quoi servent les véhicules ? comment sont-ils employés ? etc.) à des données sociales (où habite le collaborateur ? dans quelles conditions vit-il ? etc.). Puis, nous avons défini des cas d’usage jusqu’à 2030. Le cas le plus complexe : les collaborateurs qui n’ont pas de parking à domicile pour recharger un véhicule », note David Portejoie.
En effet, les véhicules du Groupe Dalkia sont affectés aux techniciens, « une façon de responsabiliser les collaborateurs. Nous envisageons de déployer des bornes au domicile de certains d’entre eux pour une recharge nocturne. Nous espérons que les cas d’usage se simplifieront au fil des ans », espère David Portejoie. Qui poursuit : « Nos collaborateurs parcourent entre 25 000 km par an avec les véhicules d’exploitation, et 30 000 km par an avec les voitures de fonction. Si l’on transforme la flotte, il faut que le véhicule d’exploitation passé en électrique assure ce kilométrage réalisé dans l’année », relève David Portejoie.
Afin d’identifier ces profils électrifiables, Kuantic a élaboré avec Dalkia une série de traitements analytiques des données de télématique, ainsi que des tableaux de bord métier. Une méthode générique désormais mise en avant par le télématicien comme une aide à la décision pour les gestionnaires de parc, après avoir traité le sujet auprès d’entreprises de différents secteurs d’activité.
… en fonction des cas d’usage
Avec Kuantic, Dalkia a donc analysé le kilométrage journalier de ses véhicules d’exploitation durant une période d’activité intensive, de novembre à janvier. L’IA de Kuantic a alors traité entre 4 000 à 5 000 véhicules suivis sur trois mois glissants. « Avec les évolutions technologiques du télématicien, nous avons pu nous appuyer sur nos données pour identifier des groupes de véhicules potentiellement électrifiables selon un premier critère : le nombre de kilomètres parcourus par jour », expose David Portejoie.
Plusieurs catégories d’usages ont été définies. Le cas d’usage le plus simple à électrifier reste le collaborateur qui parcourt moins de 150 km par jour. Entre 150 à 200 km par jour, le véhicule est potentiellement électrifiable. Il sera cependant soumis à une analyse, ligne par ligne, du manager, du service véhicules et de l’utilisateur.
« Nous étudierons la fréquence des parcours du collaborateur en lui demandant s’il roule 200 km tous les jours ou non. Au-delà de 200 km par jour, l’électrification est envisagée ultérieurement, à condition que l’offre des constructeurs s’améliore », pointe David Portejoie. Avec cette précision : « Après plusieurs tests, nous avons noté que même chargées, les fourgonnettes électriques (Berlingo ou Kangoo) peuvent atteindre 200 à 300 km. Nous n’avons donc pas pris en compte le type de trajets parcourus : ces fourgonnettes couvrent totalement nos besoins. »
Pour aménager ses utilitaires électriques, le Groupe Dalkia s’appuie sur son centre interne d’aménagement de Saint-André-lez-Lille (59), qui traite entre 500 à 800 véhicules par an. Dalkia possède un autre garage équivalent à Fresnes (94).
Le kilométrage comme critère
Avant la mise en place de cette démarche, Dalkia avait déjà proposé l’électrique pour les techniciens (VUL) et attachés techniques (VS). « Nos managers opérationnels gèrent une petite population de techniciens et d’attachés techniques (VS). Lorsque nous leur avions suggéré de passer les véhicules de leurs techniciens à l’électrique, ils nous avaient indiqué que ces derniers ne pourraient pas assurer correctement leurs dépannages et autres interventions, du fait qu’ils parcourent plus de 100 km par jour », relate ce responsable. La preuve donc du contraire, par les données.
« En termes de flotte équipée en télématique, Dalkia reste la plus grande après celle d’Enedis. Mais si l’accès à la donnée se démocratise, il y a encore du travail sur son interprétation et son utilisation. Nous misons sur une infrastructure de “business intelligence”, qui repose sur des outils d’exploitation de grands volumes de données, pour traiter jusqu’à 1,2 méga de données par voiture et par jour. Nous agrégeons ces données en appliquant des règles de calcul, ce qui nous permet d’identifier ces cas d’usage », annonce Stéphane Boutonnet, directeur commercial de Kuantic France.
Mais le Groupe Dalkia ne perd pas de vue que l’intérêt de la télématique reste aussi de générer des économies. « Nous effectuons des moyennes sur les coûts de véhicules thermiques : quels modèles sont les plus performants, quels modèles consomment le plus et le moins ? Et nous espérons aussi obtenir ces données avec les véhicules électriques. Si, à autonomie WLTP identique avec les données récupérées, nous constatons une dégradation de la batterie 10 % plus rapide sur un modèle plutôt qu’un autre, nous privilégierons le véhicule le plus performant », souligne David Portejoie.
De scores d’éco-conduite
En parallèle, Dalkia mène quelques tests sur les scores d’éco-conduite fournis par Kuantic. « Pour que le parc fonctionne bien, il faut arriver à toucher le collaborateur. Il faut lui montrer son comportement de conduite en s’appuyant sur les scores d’éco-conduite homogènes de Kuantic. Avec ces scores, nous pouvons certifier et justifier la nécessité de former à l’éco-conduite », avance David Portejoie.
En 2022, 150 conducteurs Dalkia ont également participé au C-Cube, ou concours inter-organisations de réduction des émissions de CO2 dans les flottes professionnelles, pour arriver deuxième sur le podium. « Nous allons recommencer pour finir premier. Le challenge est important pour impulser des changements de manière ludique », rappelle David Portejoie.
À noter que Dalkia planche aussi sur la numérisation de l’entretien, avec des solutions de contrôle à distance des pneus, ou des remises en état des véhicules en s’appuyant sur des photos couplées à de l’intelligence artificielle. Ou comment mettre la technologie au service des flottes.
Dossier Groupe Dalkia : la télématique pour électrifier la flotte
- Groupe Dalkia : la télématique pour électrifier la flotte
- Recharge : Dalkia mise sur la puissance