« Pour les formations routières, nous faisions auparavant appel à des prestataires tels que Centaure ou Beltoise Évolution. Principale limite : leurs formations sont déjà en place et difficiles à adapter. Nous réalisons désormais en interne l’ensemble de ces formations. Cela permet de mieux coller aux besoins, de faire évoluer ces cursus constamment et de mieux suivre la progression des conducteurs », explique Daniel Rosenberger, coordinateur santé sécurité à la direction commerciale de Danone produits frais France, et référent sécurité pour le groupe.
Le choix de formateurs « maison »
Daniel Rosenberger a auparavant enseigné dans un centre d’éducation routière et il est titulaire du BAFM (brevet d’aptitude à la formation des moniteurs d’enseignement de la conduite des véhicules terrestres à moteur). Il a ainsi formé quinze personnes à la conduite, qui disposent d’un temps spécifique pour cette mission intégrée à leurs fonctions : « Elles étaient volontaires et nous avons audité leur conduite pour retenir des formateurs exemplaires », relate Daniel Rosenberger.
La première formation cible les nouveaux salariés. « Nous procédons à un audit de la conduite, préalable à la prise en main du véhicule, avec une dimension sécurité routière mais aussi une dimension santé (ergonomie, pénibilité, risques psycho-sociaux), les deux étant étroitement liées. »
Cet audit est suivi d’une formation avec plusieurs modules dont la conduite éco-préventive. « Un terme que je préfère à celui d’éco-conduite. En effet, chez Danone, l’objectif reste la prévention avant tout et non les économies. Tous les conducteurs doivent passer ces modules », note Daniel Rosenberger.
Dans cette démarche, les managers sont impliqués et possèdent des notions de conduite. Ils peuvent préconiser des formations plus spécifiques selon leur perception des conducteurs. Cela peut concerner le respect des distances de sécurité, les comportements sur les sens giratoires, etc. Ils intègrent également un point sécurité-santé dans toutes leurs animations « business » mensuelles.
Tracer l’ensemble des accidents…
En parallèle, Daniel Rosenberger a établi un suivi très précis des conducteurs à travers des fiches incidents-accidents ou situations à risques : « Nous suivons de très près les excès de vitesse, les accidents et tous les incidents, du bris de glace à l’accident plus sérieux. Ces fiches servent bien sûr à nous alerter mais aussi à caler la communication à destination des conducteurs. Les managers relaient et envoient des messages sous formes de photos ou de vidéos. Ce suivi sert aussi à affiner les formations. »
Bilan : dans un premiers temps, les chiffres se sont orientés à la hausse « car il nous manquait une vision préalable et donc un comparatif sérieux. Ils sont ensuite partis à la baisse et la part des incidents minimes – 50 % sont des incidents de parking – est majoritaire », constate-t-il.
Pour ce coordinateur santé-sécurité, « 96 % des accidents sont liés au comportement. Par exemple, des conducteurs ont mis en cause l’efficacité du régulateur de vitesse alors que les problèmes sont avant tout dus à des erreurs de comportement. »
« Chez Danone, nous ne couvrons pas. La gestion des amendes est automatisée et le conducteur assume toutes ses infractions », précise Daniel Rosenberger. Qui suit avec beaucoup d’attention les excès de vitesse et les feux rouges grillés : « C’est un excellent indicateur prédictif. Car chez nous, le conducteur multi-récidiviste a statistiquement 98 % de risque d’avoir un incident ou un accident et pas forcément routier. Il peut s’agir de personnes qui manquent de vigilance au volant, ne regardent pas les panneaux ou ont un rapport un peu compliqué avec la règle et roulent presque toujours à 136 km/h au lieu de 130 km/h sur autoroute… »
… et traquer les infractions
Daniel Rosenberger réalise ensuite un reporting mensuel des infractions. Sur cette base, les managers mènent un « dialogue sécurité » avec les salariés. « Ce principe fonctionne très bien », affirme-t-il. Pour les plus récidivistes, des sanctions sont prises par les RH (lettres de rappel, mises à pied), en cohérence avec le règlement intérieur. Le résultat est très positif avec une diminution de 60 % des excès de vitesse en moins de deux ans.
« À côté des sanctions, il faut pratiquer les récompenses, ajoute cet expert de la sécurité. Nous distinguons les conducteurs exemplaires afin de mettre en place une spirale vertueuse. Nous procédons à des classements dans les équipes. Lors des conventions, les meilleurs reçoivent une récompense des mains du directeur général. Ce système est très efficace. Les conducteurs sont aussi très intéressés par les formations car elles sont organisées de façon ludique et sur un mode participatif. »
La flotte de Danone Produits Frais France en chiffres
414 véhicules (Clio, Mégane, Talisman ou Espace). Depuis 2016, la flotte est exclusivement de marque Renault.