Pour Arval France, Jean-Loup Savigny, résume clairement les démarches des entreprises : « D’abord, elles travaillent le downsizing, la baisse des consommations et des émissions de CO2 ; cela est vrai de 90 % de nos clients. Ensuite, elles s’intéressent à l’éco-conduite, l’auto-partage, la carte carburant, etc. Notre objectif est d’amener nos clients à réfléchir à ces sujets, pour passer d’un raisonnement de car policy à un raisonnement de mobilité durable, soit du TCO au TCM », résume le directeur commercial et marketing du loueur.
Un downsizing mené par l’État qui s’est fixé, d’ici 2013, de réduire de 10 000 son parc de 70 000 véhicules. Avec l’élimination des modèles les plus anciens : « Les véhicules entre sept et neuf ans sont revendus ; ceux de plus de neuf ans sont détruits. En conséquence, les plus polluants quittent notre parc », explique Jean-Pierre Sivignon, chef de la mission interministérielle en charge du parc automobile de l’État.
L’État à la pointe de la réduction du TCO et du CO2
Pour le ministère de la défense, Annick Picollet, chef du bureau de l’externalisation des véhicules, travaille aussi à optimiser la taille du parc : « En 2010, une campagne de restitutions a prévu une diminution de 8 % de notre flotte, soit 900 véhicules en moins en 2011 ». Autre piste suivie, les véhicules de fonction, passés de 600 fin 2008 à 500 fin 2011, et de 142 g/km de CO2 en moyenne à 118 g cette année (voir notre précédent numéro). Cette réorganisation n’est pas exclusive du public. Pour l’ascensoriste Kone France, Patrick Beyer a notamment intégré 900 Nemo, une moitié succédant à des C2, l’autre à des Berlingo. « En substituant des Nemo aux C2, un gain a été réalisé sur la taille des véhicules et non sur leur consommation ; en revanche, avec les Berlingo, les deux ont été revues à la baisse, avec en outre des émissions en recul de 153 à 118 g », constate le directeur des achats indirects et de la gestion immobilière.
Le véhicule électrique demeure toujours en piste
Du côté du véhicule électrique, l’intérêt, s’il est moins fort que l’an passé, n’est pas retombé. « Dans un contexte où il s’agit d’allier économie et écologie, l’électrique aurait un réel succès s’il présentait un TCO plus intéressant, et ce malgré les incertitudes liées aux batteries, à l’alimentation, etc. De la part de nos clients, nous avons de très nombreuses demandes d’information, en dépit d’un TCO 30 à 35 % plus élevé que le thermique », constate Jean-Loup Savigny, d’Arval France. Et les projets suivent leur cours, notamment dans les plus grandes des entreprises qui ont acheté ou loué un ou deux véhicules. Chez Kone France, deux C-Zéro sont ainsi disponibles en auto-partage, à destination des personnels d’encadrement et des forces de vente.
« Nous avons déjà livré une centaine de Smart ED aux collectivités et aux entreprises. Dans ces dernières, les utilisateurs en tirent un bilan positif pour leurs trajets urbains, notamment lorsque cette Smart est intégrée dans des pools. Sa mission est alors remplie : elle remplace ponctuellement les véhicules de fonction et fait baisser les budgets de consommation et de frais de parking, sans compter son impact positif sur le stress. Mais cet usage est limité », rapporte Frédéric Grandvoinnet, directeur ventes grandes sociétés et véhicules occasions pour Mercedes et Smart. Qui remarque une demande des collectivités locales : « La volonté politique est réelle, avec par exemple le conseil général de la Moselle qui a lancé un grand projet. Celui-ci implique aussi des entreprises, autour d’une trentaine de véhicules fabriqués dans notre usine d’Ambach et livrés à partir de juillet prochain ».
Le conseil général des Yvelines participe pour sa part au projet Seine Aval Véhicules Électriques, avec le déploiement de Renault Fluence et Kangoo, et de Nissan Leaf. « L’objectif est de remonter des données comme le nombre de recharges par véhicule et de kilomètres effectués entre deux recharges, les taux d’utilisation, et des informations plus subjectives comme le confort, la manière d’appréhender le véhicule, etc. », relate Guy Consumi, chef du service parc automobile. Sur ce sujet de l’électrique, l’appel d’offres de l’Ugap est attendu avec impatience. « Selon le calendrier, la procédure de dialogue compétitif suit son cours. Après sélection des candidatures mi-2010, la phase d’échange (dialogue) avec les constructeurs a eu lieu. Ces derniers travaillent à répondre aux cahiers des charges définitifs, avec un dépôt de leurs offres attendu début juillet et un spécimen de chaque véhicule proposé. Les marchés devraient être notifiés en octobre, pour de premières commandes fin 2011, et des livraisons début 2012 », détaille Marc Thiercelin, directeur adjoint des achats de l’Ugap. Un appel d’offres qui rassemble une vingtaine d’entreprises privées et publiques, pour une commande minimum de 23 000 véhicules, l’objectif étant d’atteindre les 50 000 livrés de 2011 à 2015. Sur ce total, 10 000 sont destinés à La Poste et 5 000 à l’État. Le marché comprend trois lots : un VUL de 3 m3, un véhicule compact type «société» de deux places et un VP de quatre à cinq places (véhicule de pool ou de liaison).
« Pour La Poste, l’électrique correspond à une véritable opportunité : la distribution du courrier avec un véhicule de 3 m3 est réalisée en partant d’un même point de départ et de retour, avec une tournée moyenne inférieure à 100 km, réduisant de fait la problématique de l’autonomie », argumente Christophe Martinet, directeur commercial et marketing de Véhiposte, le loueur interne du groupe.
Les utilitaires électriques s’imposent dans le transport
Mais la fréquence des arrêts, en moyenne une centaine de fois par jour, nécessite d’étudier le comportement de ce nouveau véhicule dans son ensemble, surtout pour la maintenance. La direction du courrier de La Poste teste donc 200 Berlingo First électriques (motorisation Venturi). « Chez les facteurs, les retours sont positifs et mettent en avant le confort d’utilisation, le silence et l’aspect valorisant », complète Christophe Martinet. L’utilitaire, avenir de l’électrique ? Oui, répond Deret. Depuis fin 2009, le transporteur emploie 50 utilitaires électriques offrant 2 t de charge utile et une autonomie de 95 à 115 km. La cible : les centres-villes de moins en moins accessibles. « Nous nous sommes positionnés sur la livraison du dernier kilomètre », résume Jean-Luc Fournier, responsable communication du groupe. Des véhicules qui contribuent aussi à atteindre les objectifs de la charte signée par Deret, « Objectif CO2, les transporteurs s’engagent ». Avec, à la clé, une baisse de 20 % des émissions de CO2 sur trois ans, à périmètre constant. En termes financiers, le bilan est plutôt positif pour Jean-Luc Fournier : « Notre investissement s’élève à environ 80 000 euros par véhicule, soit deux fois et demi l’équivalent thermique. Pour faire 100 km, un plein d’électricité coûte 4 euros, contre 28 à 30 euros pour le gasoil. De plus, ces véhicules s’usent peu et demandent un entretien limité. Il nous reste à intégrer le reconditionnement des batteries au bout de cinq ans dont nous ne connaissons pas encore le coût ».
Du côté de l’État, l’engagement est aussi confirmé pour 5 000 véhicules électriques dans les années à venir. « Là encore, sera respecté le principe du remplacement de deux véhicules anciens par un neuf, et prioritairement par des véhicules urbains et électriques s’ils sont disponibles. Nous réfléchissons donc à cette stratégie autour de l’électrique, à l’échelle nationale mais aussi départementale », observe Jean-Pierre Sivignon. Qui met en avant « une contrainte non négligeable : la recharge. Il y aura sûrement un marché à passer pour équiper de bornes les parkings de l’État ». Autre levier plébiscité, l’éco-conduite. Au sein du conseil général des Yvelines, tous les gros rouleurs ont participé à des cours. « Le bilan est très positif, commente Guy Consumi, avec 5 à 7 % d’économie sur le carburant ». SFD entreprise a lancé son premier stage de sécurité routière en 2008 pour 200 conducteurs. Avec des résultats : le distributeur et partenaire de SFR est passé d’une moyenne d’un accident tous les trois ans par véhicule, à un accident tous les quatre ans, alors qu’en parallèle le parc s’accroissait de 30 % en nombre de voitures.
« À terme, nous visons un accident tous les cinq ans », pointe Emmanuel Rétif, DRH et responsable du parc. Qui déploie, cette année, une formation à l’éco-conduite avec un rappel sur la sécurité. Parmi les objectifs : réduire la consommation de carburant de 20 %. Un chiffre confirmé par Pascale Cozon, présidente de Mobigreen : « Nous constatons une telle baisse durant nos formations et avec un suivi sur la durée, le chiffre atteint en moyenne 10 à 15 %. Les émissions de CO2 diminuent d’autant. Les frais d’entretien reculent d’environ 40 %, et l’accidentologie de 10 à 15 % avec des impacts positifs sous l’angle financier mais aussi humain. Avec un ROI inférieur à un an, l’éco-conduite demeure une bonne solution ». Pascale Cozon insiste cependant sur la nécessité de s’inscrire dans le long terme : « Il convient de mener un véritable projet global, avec de la communication, de la formation, du suivi des consommations et des piqûres de rappel pour générer de vraies économies ».
Olivier Feneyrol ne dit pas le contraire quand il évoque les clients de sa solution de géolocalisation Fleet Performance. « Traquer les écarts de comportement, qui n’impliquent qu’une minorité de conducteurs, peut générer en moyenne une économie de 10 à 15 % sur la facture carburant et donc une optimisation de l’empreinte carbone », explique le directeur général de Data & Mobiles International et de la business unit fleet du groupe Orange.
Allier offre d’éco-conduite et géolocalisation
La géolocalisation favorise aussi la productivité et le service au client, en organisant mieux les tournées et les déplacements. Et l’outil s’élargit peu à peu à l’éco-conduite. « Nous commençons à avoir des demandes liées aux flottes vertes mais sans intégrer la géolocalisation. Nous avons moins de recul sur l’éco-conduite mais nous estimons entre 5 et 15 % les gains sur le carburant », poursuit Olivier Feneyrol. Et pour aller plus loin dans la formation et accompagner le client dans la durée, le prestataire développe un module de suivi avec un partenaire.
Pour Véhiposte, ce travail préventif concerne notamment les pneumatiques. « Nous sensibilisons les collaborateurs de La Poste à leur importance. Pour les véhicules de distribution, nous préconisons les pneus Kleber en remplacement. Principalement pour les collaborateurs en charge de la distribution postale, nous avons réalisé un court métrage sur la bonne pression des pneus, en partenariat avec Michelin et la direction technique du courrier. Nous menons aussi une campagne d’affichage sur ce thème, destinée à l’ensemble des collaborateurs de La Poste. D’ici la fin d’année, nous envisageons une piqûre de rappel avec un autre court métrage sur les règles de bonne conduite », anticipe Christophe Martinet. L’objectif : mieux maîtriser et réduire une consommation de 150 000 pneus en 2010. Avec un effet induit sur le nombre d’accidents.
« Les économies s’envisagent à plusieurs niveaux : la longévité kilométrique, la réduction de la consommation de carburant et donc la diminution des rejets de CO2. Et les entreprises s’inscrivent aussi dans ce discours citoyen », confirme Olivier Dupont, responsable des flottes France, ligne produit tourisme et camionnette, chez Michelin. Pour s’imposer, écologie rime plus que jamais avec économie.
Pensez-vous que l’offre des fournisseurs en matière de flottes vertes corresponde à vos attentes ?
Source : Flottes Automobiles. Plusieurs réponses possibles. Classement par ordre hiérarchique des réponses positives.
Cette année, nous avons posé à nos lecteurs cette nouvelle question sur leur satisfaction vis-àvis des fournisseurs. Avec ce constat : ces derniers doivent encore progresser.