Nous faisions déjà ce constat l’an passé et nous ne pouvons que le refaire cette année : verdir sa flotte et en baisser les coûts ne sont pas deux objectifs incompatibles, loin de là. Et dans la poursuite de ces deux objectifs, le secteur public veut montrer l’exemple.
« Dans une première étape d’élaboration de la politique de gestion des véhicules de l’État, nous avons mené un travail de rationalisation qui passait, notamment, par une diminution sensible de la taille de notre flotte, de 80 000 véhicules en 2010 à 65 000 aujourd’hui. Depuis, nous sommes entrés dans une nouvelle phase, moins quantitative et plus globale, centrée sur les questions...
Nous faisions déjà ce constat l’an passé et nous ne pouvons que le refaire cette année : verdir sa flotte et en baisser les coûts ne sont pas deux objectifs incompatibles, loin de là. Et dans la poursuite de ces deux objectifs, le secteur public veut montrer l’exemple.
« Dans une première étape d’élaboration de la politique de gestion des véhicules de l’État, nous avons mené un travail de rationalisation qui passait, notamment, par une diminution sensible de la taille de notre flotte, de 80 000 véhicules en 2010 à 65 000 aujourd’hui. Depuis, nous sommes entrés dans une nouvelle phase, moins quantitative et plus globale, centrée sur les questions de mobilité, sur le conducteur et sur l’environnement, et non plus seulement sur le véhicule comme c’était le cas jusqu’à présent », rappelle Jean-Pierre Sivignon, chef de la Mission interministérielle chargée des parcs automobiles de l’État et des opérateurs.
L’État en première ligne des flottes vertes
Et cette approche rénovée n’entre pas en contradiction avec la poursuite de l’effort de rationalisation. Ainsi, des travaux ont été engagés au sein de la Mission interministérielle et avec les ministères sur la maîtrise de deux postes de dépenses importants : le carburant et l’assurance.
« Nous réfléchissons également aux moyens de continuer à réduire la taille de notre parc et, dans cet objectif, nous nous intéressons particulièrement aux véhicules roulant peu, voire insuffisamment, de 3 000 à 5 000 km par an. En la matière, il apparaît que la mutualisation et l’auto-partage constituent la réponse la plus appropriée », détaille le représentant de l’État.
Autre objectif phare de l’État du côté des flottes vertes : dans le cadre du plan de soutien à la filière automobile annoncé en juillet 2012 par Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, les services de l’État et leurs opérateurs doivent désormais intégrer un minimum de 25 % de motorisations hybrides ou électriques dans leurs achats de véhicules. Et les résultats sont là : « À ce stade, nous avons enregistré les “promesses d’achats“ des ministères pour un volume total de 1 600 véhicules légers dont 453 hybrides et 259 électriques. Pour l’instant, nous respectons notre plan de marche et l’objectif est même dépassé avec près de 45 % des commandes au profit de véhicules propres », note Jean-Pierre Sivignon.
« Économies et écologie sont tout à fait compatibles et tendent à créer ensemble un cercle vertueux, confirme Arnaud Duchemin, directeur de Citroën Business. Plus les entreprises ont des attentes élevées en termes d’émissions de CO2 et de consommation de carburant, plus elles font des économies. » Tout en pointant que la consommation de carburant pèse très lourd, surtout pour les grandes structures. « Les négociations avec nos clients incluent donc le CO2, la consommation de carburant et les conditions commerciales. Et cette approche en TCO sert la démarche environnementale », reprend Arnaud Duchemin.
Alléger le poids du poste carburant
Chez Cetup, spécialiste du transport d’urgence personnalisé, le développement durable s’impose comme une évidence. « Dès la création de l’entreprise, la démarche de développement durable a été intégrée aux objectifs et suivie de près par notre direction générale. Nous avons mis en avant le vélo, le GPL, le GNV et maintenant l’électrique. Apporter des solutions propres à nos clients appartient à notre logique stratégique », explique Tanguy de la Rochette, gestionnaire de la flotte. Des clients sensibles à cet argument du développement durable de plus en plus souvent intégré dans les appels d’offres. « Cela donne aussi un argumentaire à nos commerciaux », complète Tanguy de la Rochette.
En 2012, les 160 VUL de Cetup émettaient en moyenne 248 g/km de CO2 ; le transporteur vise les 236 g cette année. « D’ici fin 2013, nous devons réduire de 5 % nos émissions sur le transport, ce qui passe par l’électrique, le bridage des véhicules et plus largement par le transport multimodal dont le recours au train. En 2012, nous avons restreint nos émissions de CO2 de 72 tonnes, et sommes passés à une moyenne de 240 g », décrit le responsable. À noter que chez Cetup, ces objectifs ciblent des utilitaires, non soumis à la TVS.
Chez Eiffage, les utilitaires prennent aussi une place importante, avec 70 % des 23 000 véhicules de la flotte. Ce qui n’empêche pas le spécialiste du BTP de se pencher sur le sujet, en collaboration avec les constructeurs.
Eiffage vise des émissions sous les 105 g
Pour ses VP, Eiffage a aussi imposé des règles strictes : « L’une des premières est de ne pas employer de véhicules malusables, c’est-à-dire qui émettent plus de 140 g de CO2. En moyenne, en 2012, les VP inscrits dans notre catalogue émettaient moins de 110 g. Pour 2013, nous cherchons à baisser encore ce chiffre ; notre grille tend à aller sous les 105 g, avec plus de 45 modèles proposés », expose Laurent Jolivet.
Dans cet objectif, le responsable du parc véhicules d’Eiffage Construction met l’accent sur ses attentes auprès des constructeurs et suit attentivement les véhicules moins polluants que ces derniers proposent, thermiques équipés ou non de Stop&Start, ainsi que modèles hybrides ou électriques. « Et les véhicules les plus anciens, intégrés en 2009 et 2010, seront renouvelés, ce qui devrait contribuer à diminuer nos moyennes. À noter qu’outre ces attentes liées au développement durable, nous respectons des contraintes de confort et de sécurité. C’est donc un équilibre à trouver entre ces différentes exigences », poursuit Laurent Jolivet.
Chez Michelin, on ne dira pas le contraire : « Après avoir travaillé la car policy, les gestionnaires de flotte recherchent des économies, sans pour autant négliger la sécurité. Une double exigence d’autant plus marquée dans un contexte de crise où les entreprises visent un achat plus intelligent. Sur ce point, nous constatons que sur le marché du pneu, le poids du premium est en croissance, avec plus de 60 % des volumes, ce qui ne peut que bénéficier à Michelin », argumente Damien Hallez. Le responsable communication technique du fabricant de pneumatiques remarque aussi, de la part des entreprises, une vraie prise de conscience de l’impact environnemental des flottes : « Cela se traduit par des engagements pris dans les car policies, engagements relayés par les constructeurs avec une motorisation comme l’électrique, elle-même portée par les pouvoirs publics avec la construction d’infrastructures publiques de recharge. »
Un rôle central pour les pouvoirs publics
Un élément sur lequel le rejoint Arnaud Duchemin pour Citroën : « Dans ce cadre, le rôle de l’État est déterminant et les aides mises en place nous permettent, au début, de lancer de nouvelles technologies, en réduisant l’écart de prix par rapport à des technologies standards. »
Pour le spécialiste de la télématique embarquée Orange Business, Olivier Feneyrol confirme la conversion des grandes flottes à l’hybride et à l’électrique, « avec des quantités de véhicules encore limitées », précise cependant le directeur UA M2M Fleet de l’opérateur. De fait, la flotte d’Eiffage comprend par exemple un nombre encore restreint de véhicules hybrides et attend la livraison prochaine de Kangoo Z.E. De son côté, Orange dispose d’ailleurs d’une centaine de Twizy. Autre exemple mais de taille plus restreinte chez Cetup, la flotte a intégré deux Kangoo Z.E. et une Zoé. Et au-delà des grands comptes, Olivier Feneyrol évoque aussi des PME où les gestionnaires de flotte sont toujours plus nombreux à établir des car policies « qui intègrent des véhicules de moins en moins émetteurs de CO2. »
La crise met l’accent sur la baisse des coûts
Pour autant, on ne peut pas dire que la mobilité durable prenne le pas sur l’optimisation des coûts. « La diminution des coûts reste l’objectif premier des flottes et la crise contribue à accentuer cette prise de conscience, note Olivier Feneyrol. Il y voit également une conséquence positive pour son activité : le recours accru à nos outils qui génèrent des économies. Mais l’inverse est aussi vrai : la crise peut en effet retarder les investissements, alors que les entreprises se concentrent sur d’autres priorités », constate-t-il.
Sur ce thème, passons la parole à Grégory Libre, pour Arval. « Cette année 2013 est marquée par la crise, avec en conséquence un travail de rationalisation des flottes et un allongement de la durée des contrats. Les initiatives plus vertueuses connaissent parfois un coup d’arrêt. Mais il faut aussi sortir des problématiques quotidiennes de budget et verdir sa flotte peut constituer une véritable opportunité pour faire reculer les coûts du parc », observe le directeur commercial et marketing du loueur en France.
À l’appui de ce constat, Grégory Libre valorise son client La Carterie. « Ensemble, nous avons construit un parc de véhicules 100 % hybrides, avec un double objectif : réduire l’empreinte écologique et tenir les objectifs économiques », rappelle-t-il. Le spécialiste des cartes postales bénéficie désormais d’un parc de 104 Toyota hybrides, qui préserve autant son budget que l’environnement.
« En résumé, sur le verdissement des flottes, je dirais qu’il y a un peu moins d’image et plus de pragmatisme », conclut Grégory Libre. Nous lui laissons le mot de la fin.
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