Il y a seulement cinq ans, le débosselage était encore un marché de niche, artisanal et rentable. « Mais il s’est beaucoup professionnalisé, voire industrialisé en quelques années », décrit Christophe Nosjean, cogérant de France Débosselage. Une évolution rapide qui a modifié l’équilibre et les modèles économiques. « Plus il y a d’entrants, plus il y a des remises pour obtenir de nouveaux marchés », commente Stephen de Belenet, président du débosseleur Selagip.
Le débosselage sans peinture, ou DSP, répare des bosses sur les véhicules sans employer les techniques de carrosserie classique avec de la peinture. Pratique très spécialisée, le...
Il y a seulement cinq ans, le débosselage était encore un marché de niche, artisanal et rentable. « Mais il s’est beaucoup professionnalisé, voire industrialisé en quelques années », décrit Christophe Nosjean, cogérant de France Débosselage. Une évolution rapide qui a modifié l’équilibre et les modèles économiques. « Plus il y a d’entrants, plus il y a des remises pour obtenir de nouveaux marchés », commente Stephen de Belenet, président du débosseleur Selagip.
Le débosselage sans peinture, ou DSP, répare des bosses sur les véhicules sans employer les techniques de carrosserie classique avec de la peinture. Pratique très spécialisée, le débosselage demande des compétences pointues, un vrai savoir-faire pas si facile à acquérir, ce qui joue sur la structure du marché : « Ces compétences sont difficiles à trouver », souligne Christine Nominé Leday, directrice commerciale du débosseleur DBG Car Center (voir l’encadré sur la formation ci-dessous).
Le débosselage mise sur ses prix
Le dégrêlage occupe les débosseleurs pendant plusieurs mois, mais rarement toute l’année (voir aussi notre article). L’autre grande activité de ces prestataires est liée à la restitution des véhicules en LLD. Pour une prestation moins chère que la carrosserie classique – la différence oscillerait entre 20 et 50 % –, il serait possible de remettre en état un véhicule grâce au débosselage, au moins partiellement. Cet aspect bon marché fait du débosselage une prestation de plus en plus répandue, mais pas si connue des flottes selon les dires de plusieurs prestataires.
Pour s’imposer auprès de ces dernières, les débosseleurs se cherchent donc des relais. Il peut s’agir des loueurs, malgré l’ambiguïté de leur position sur la question des frais de restitution. Pact a par exemple noué un partenariat avec Arval : « Arval dispose de son propre réseau de carrossiers et nous travaillons sur la base d’accords tripartites », explique Thomas Menant, président de ce débosseleur.
Pour le fleeteur Fatec, l’usage de prestations de débosselage des véhicules avant restitution dépend des entreprises. « Face aux frais de remise en état parfois élevés, elles décident ou non de recourir à de telles prestations. Et certaines sont vertueuses et travaillent très en amont sur l’entretien des véhicules comme JC Decaux qui a prévu des primes sur le maintien de la propreté », expose Olivier Ferahian, commercial grands comptes chez Fatec.
La restitution, un marché porteur
Fatec travaille avec les réseaux de ses carrossiers qui font appel ou pas à des débosseleurs, « sous réserve que leurs prestations génèrent un retour sur investissement. Nous avons à ce sujet été contactés par un spécialiste du débosselage durant la dernière édition des Rencontres Flottes Automobiles, et nous réfléchissons à la possibilité d’intégrer cette prestation », poursuit Olivier Ferahian.
Le débosseleur Dentmaster travaille directement avec son réseau de carrossiers, estimant que les loueurs ne poussent pas assez le débosselage. « Nous devons nous appuyer sur un large portefeuille d’activités. Notre business se fait beaucoup auprès des professionnels de l’automobile mais je crois aux flottes, surtout grosses et moyennes. Pour celles-ci, le débosselage constitue une véritable solution pour limiter les frais de restitution », avance Alexandre Sabet, président de Dentmaster.
Les carrossiers ont aussi une position ambiguë à l’égard du débosselage, activité perçue parfois comme concurrente, ou complémentaire s’ils décident d’y investir des compétences. Après tout, en cas de remise en état avant restitution de véhicules, il faut souvent conjuguer les deux compétences. Mais le modèle économique reste à trouver, selon Alain Bessin, président du réseau de carrossiers Five Star (voir aussi l’encadré ci-dessous), et certains demeurent réticents à investir dans le débosselage alors que la demande n’est pas suffisante selon eux.
Débosselage : de la formation et de la pratique
« Si l’on n’a pas de pratique régulière du débosselage, on risque de la perdre. » Cette remarque d’Alain Bessin, président du réseau de carrosserie Five Star, résume le savoir-faire qu’exige le débosselage sans peinture. D’ailleurs, quasiment tous les débosseleurs misent sur la formation. Selagip forme ainsi ses techniciens sur le modèle du compagnonnage, « une méthode liée à l’observation et à l’application, précise Stephen de Belenet, président de la société. Ils apprennent pendant trois ans et sont mis progressivement sur les véhicules. Dès que l’on dépasse un certain nombre d’impacts, il faut avoir de l’expérience. » Selagip s’appuie sur un réseau de sous-traitants et ne travaille qu’avec des techniciens que cette société a elle-même formés.
Dentmaster propose pour sa part une formation de quatre semaines, mais le métier nécessite une longue pratique, note son président Alexandre Sabet. De nombreux prestataires fonctionnent sur ce modèle d’une formation assortie de stages sur une longue période. DBG Car Center a de son côté ouvert un centre de formation référencé par Datadock et de ce fait financé directement par les organismes de financement, les OPCA. « Ces formations sont chères », rappelle Christine Nominé Leday, la directrice commerciale du prestataire.
Et si les techniques de débosselage ont peu évolué fondamentalement ces dernières années, elles doivent néanmoins s’adapter aux nouveaux alliages des véhicules qui intègrent plus d’aluminium, une matière plus dure qui nécessite un outillage adapté.
Vers le « smart repair »
Mais peut-être que le meilleur débouché reste tout simplement d’aligner le plus grand nombre de prestations pour remettre en état des véhicules. Ce que l’on nomme le « smart repair », c’est-à-dire la réparation intelligente qui consiste à intervenir de façon ciblée. DBG Car Center travaille sur ce que Christine Nominé Leday définit comme les « petites réparations ou la bobologie » : ces contrats d’entretien couvrent les trous dans la moquette ou les tapis de sol, la réparation de tissus, etc. « Nous réparons aussi les rayures, un peu sur le modèle du débosselage, sans avoir à repeindre et en préservant la teinte d’origine », explique Christine Nominé Leday.
Autre prestataire présent sur le marché, Les Chasseurs de Bosses travaillent aussi sur l’esthétique extérieure et intérieure. Pour sa part, le fleeteur Fatec propose à ses clients un service Just Repair, « une sorte de bobologie pendant la durée du contrat hors assurance responsabilité avec tiers », note Olivier Ferahian.
Il y a encore une activité possible pour les débosseleurs, dont se réclame Dentmaster, c’est le reconditionnement pour le marché VO. Selon Alexandre Sabet, celle-ci génère de forts volumes pour son entreprise mais reste un marché très ciblé. D’abord parce que le marché du VO est loin de reconditionner systématiquement : les spécialistes du remarketing peuvent revendre les véhicules en l’état sans débosselage. Dentmaster s’adresse plutôt alors aux acheteurs qui ont eux besoin en toute logique de remettre en état les véhicules qu’ils viennent d’acquérir sur le marché VO.
Five Star et Pact lancent le Repair Zen
Le réseau de carrossiers Five Star a conclu un partenariat avec le spécialiste du débosselage Pact pour proposer à ses clients le Repair Zen. Ce service consiste à intervenir sur la carrosserie d’un véhicule en un temps très court, soit une journée durant laquelle un véhicule est prêté au client. Une prestation mise en avant par ce GIE regroupant 470 carrossiers en France, pour réparer les bosses, les éraflures et les petits accrocs. « Dans 80 % des cas, ce type de réparations peut se faire en l’espace d’une journée de travail », explique Alain Bessin, président de Five Star. Ce réseau insiste sur la mobilité qu’apporte l’offre, pas forcément moins chère qu’une réparation classique, mais de fait plus économique avec un temps d’immobilisation plus court des véhicules. Five Star et Pact se connaissent déjà bien puisqu’ils sont partenaires dans le domaine du dégrêlage.
Reconditionner les VO
Un constat complété par le loueur LeasePlan qui recourt au débosselage dans le cadre de CarNext, son site internet de vente de véhicules d’occasion. « Les véhicules à destination des professionnels sont vendus en l’état, mais pas aux particuliers. Nous utilisons donc les services de nos partenaires carrossiers locaux qui ont tous développé cette compétence. Il est rare en effet qu’il n’y ait que du débosselage à faire pour remettre un véhicule en état, d’où la nécessité de s’appuyer sur des prestataires multi-compétences », détaille Stan Deveaux, le directeur remarketing de LeasePlan CarNext. CarNext passe d’ailleurs à une autre échelle dans ce domaine de la remise en état, et commence désormais à avoir une démarche plus industrielle, avec un référentiel et une évaluation des qualités techniques et du rapport qualité/prix des partenaires.
Dossier - Débosselage : la bosse de la carrosserie
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