
En 2018, la conjoncture incertaine sur le marché des véhicules neufs s’est répercutée sans surprise sur le marché de l’occasion : après cinq années consécutives de hausse, les ventes de véhicules d’occasion ont marqué le pas avec des volumes en repli de 1,7 % par rapport à 2017, selon le baromètre d’AutoScout24, la plate-forme de vente de VO en ligne. Pour mémoire, il s’est vendu 5 683 102 VO en 2017 et 5 587 110 en 2018, une année où le rapport VO/VN est demeuré stable à 2,63.
Pour expliquer ce recul, AutoScout24 évoque « un marché en pleine reconversion avec un déséquilibre important entre l’offre et la demande. » Avec, du côté de l’offre,...
En 2018, la conjoncture incertaine sur le marché des véhicules neufs s’est répercutée sans surprise sur le marché de l’occasion : après cinq années consécutives de hausse, les ventes de véhicules d’occasion ont marqué le pas avec des volumes en repli de 1,7 % par rapport à 2017, selon le baromètre d’AutoScout24, la plate-forme de vente de VO en ligne. Pour mémoire, il s’est vendu 5 683 102 VO en 2017 et 5 587 110 en 2018, une année où le rapport VO/VN est demeuré stable à 2,63.
Pour expliquer ce recul, AutoScout24 évoque « un marché en pleine reconversion avec un déséquilibre important entre l’offre et la demande. » Avec, du côté de l’offre, une part toujours importante de modèles diesel : ils ont pesé près des deux tiers du total des ventes de VO en 2018. De son côté, la demande évolue vers les motorisations essence et dans une moindre mesure vers l’hybride et l’électrique – à l’image de l’évolution du marché des VN.
Évolutions des ventes de VO par motorisation de 2015 à 2018
Carburant | 2018 | 2017 | 2016 | 2015 | 2018/2015 |
---|---|---|---|---|---|
Gazole | 3 509 452 | 3 668 223 | 3 759 274 | 3 744 920 | – 6,29 % |
Essence | 1 981 275 | 1 933 517 | 1 797 554 | 1 743 535 | 13,64 % |
Hybride | 64 821 | 53 653 | 44 296 | 32 521 | 99,32 % |
Électrique | 12 170 | 7 534 | 4 574 | 3 730 | 226,27 % |
Gaz | 16 303 | 17 127 | 17 585 | 18 080 | – 9,83 % |
Source : NGC Data sur la base des chiffres définitifs au 31-12-2018 et analyse AutoScout24 France. |
Répartition des ventes de véhicules d’occasion par carburant en 2017 et 2018
Carburant | 2018 | Part de marché | 2017 | Part de marché | 2018/2017 | 2018/2017 PDM |
---|---|---|---|---|---|---|
Gazole | 3 509 452 | 62,81 % | 3 668 223 | 64,55 % | – 4,33 % | – 2,68 % |
Essence | 1 981 275 | 35,46 % | 1 933 517 | 34,02 % | 2,47 % | 4,23 % |
Hybride | 64 821 | 1,16 % | 53 653 | 0,94 % | 20,82 % | 22,89 % |
Électrique | 12 170 | 0,22 % | 7 534 | 0,13 % | 61,53 % | 64,31 % |
Gaz | 16 303 | 0,29 % | 17 127 | 0,30 % | – 4,81 % | – 3,18 % |
Divers | 3 082 | 0,06 % | 3 028 | 0,05 % | 1,78 % | 3,53 % |
Source : NGC Data sur la base des chiffres définitifs au 31-12-2018 et analyse AutoScout24 France. |
Ces tableaux parlent d’eux-mêmes : s’il demeure hégémonique sur le marché VO, le diesel voit peu à peu ses ventes diminuer, essentiellement au profit de l’essence. Les ventes des autres motorisations, bien qu’en forte progression, restent limitées.
L’occasion rajeunit
Cette évolution a aussi pour conséquence de rajeunir le marché de l’occasion. Alors que jusqu’en 2017 les ventes de véhicules de moins de 2 ans et de plus de 15 ans étaient en croissance constante par rapport aux autres classes d’âge, elles ont marqué le pas en 2018. Ce sont désormais les véhicules de moins de 5 ans qui voient leurs ventes augmenter le plus rapidement, avec un grand succès pour les véhicules de moins de 1 an. Les ventes de ces derniers ont affiché + 8,8 % en 2018 par rapport à 2017, une tendance confirmée au cours des deux premiers mois de 2019.
Ces ventes de « jeunes » véhicules, soit jusqu’à 5 ans, ont représenté 39,7 % du marché en 2018, contre 37,1 % en 2017. « Et le segment des jeunes véhicules essence a vigoureusement progressé en 2018 alors que celui des jeunes diesel s’est détérioré par manque de véhicules disponibles », complète Vincent Hancart, directeur d’AutoScout24. Ce manque de modèles diesel est une conséquence du moindre succès de ces motorisations sur le marché du neuf, chez les particuliers en tout cas. Et ce désintérêt n’est pas seulement français : « À l’échelle européenne, il y a dans des pays un rejet fort du diesel, avec des interdictions de circuler dans certaines villes », constate Olivier Fernandes, directeur général de la plate-forme de ventes en ligne de VO BCAuto Enchères.
L’orientation du marché VO vers des modèles plus récents est à relier à une demande accrue de véhicules essence : leur part de marché en 2018, soit 35,46 %, a gagné 4,23 % par rapport à 2017. Pour comparaison, celle du diesel a diminué parallèlement de 2,68 % à 62,81 % l’an passé. Cette évolution est aussi corrélée, mais dans une bien moindre mesure compte tenu des volumes, au rôle croissant des motorisations « propres », hybrides et électriques, dont les parts de marché ont atteint 1,16 % et 0,22 %, soit des « bonds » respectifs de 22,89 % et 64,31 %. « Ces véhicules sont financièrement attractifs puisqu’ils combinent un prix de base intéressant par rapport aux neufs et bénéficient des primes gouvernementales », relève Vincent Hancart d’AutoScout24 pour expliquer ces bons chiffres sur le marché VO en 2018.
Répartition des ventes de véhicules d’occasion par âge
Âge | 2018 | Part de marché | 2017 | Part de marché | 2018/2017 | 2018/2017 PDM |
---|---|---|---|---|---|---|
Moins de 1 an | 547 900 | 9,8 % | 503 545 | 8,9 % | 8,8 % | 10,7 % |
1 an | 405 226 | 7,3 % | 378 228 | 6,7 % | 7,1 % | 9,0 % |
2 à 5 ans | 1 264 659 | 22,6 % | 1 221 543 | 21,5 % | 3,5 % | 5,3 % |
6 à 10 ans | 1 285 669 | 23,0 % | 1 344 197 | 23,7 % | – 4,4 % | – 2,7 % |
11 à 15 ans | 1 149 586 | 20,6 % | 1 240 813 | 21,8 % | – 7,4 % | – 5,8 % |
16 ans et plus | 934 084 | 16,7 % | 994 776 | 17,5 % | – 6,1 % | – 4,5 % |
Source : NGC Data sur la base des chiffres définitifs au 31-12-2018 et analyse AutoScout24 France. |
Selon AutoScout24, l’âge moyen des VO qui ont changé de mains en 2018 s’est établi à 8,79 ans, contre 9,1 ans en 2017. Une évolution qui témoigne de la prime accordée aux véhicules jeunes, soit de moins de 5 ans, peu consommateurs et peu émetteurs.
Répartition des ventes de véhicules d’occasion essence et diesel par âge
Gazole | Essence | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
Âge | 2018 | 2017 | 2018/2017 | 2018 | 2017 | 2018/2017 |
Moins de 1 an | 225 099 | 241 584 | – 6,8 % | 302 556 | 246 369 | 22,8 % |
1 an | 234 168 | 233 459 | 0,3 % | 160 797 | 134 133 | 19,9 % |
2 à 5 ans | 874 157 | 898 825 | – 2,7 % | 349 065 | 290 174 | 20,3 % |
6 à 10 ans | 975 421 | 1 018 416 | – 4,2 % | 292 341 | 309 925 | – 5,7 % |
11 à 15 ans | 802 885 | 855 307 | – 6,1 % | 342 626 | 381 618 | – 10,2 % |
16 ans et plus | 397 722 | 420 632 | – 5,4 % | 533 890 | 571 298 | – 6,5 % |
Source : NGC Data sur la base des chiffres définitifs au 31-12-2018 et analyse AutoScout24 France. |
L’essence s’impose pour les jeunes VO, c’est-à-dire les modèles âgés de 5 ans au plus. « Les acheteurs veulent profiter des avancées technologiques récentes en matière de consommation, sans débourser le budget d’un véhicule neuf », justifie AutoScout24.
Des véhicules jeunes et essence
Reste que si ces chiffres apportent un indice des évolutions du marché, ils ne témoignent pas d’un bouleversement réel de sa structure. Car si la diminution des volumes sur le marché de l’occasion peut s’expliquer l’an passé par une inadéquation entre l’offre de véhicules diesel et la demande pour des véhicules essence comme l’argumente AutoScout24, elle peut aussi se justifier par des facteurs plus conjoncturels. Avec au premier rang le report de la mise sur le marché de VO, particulièrement en provenance des entreprises. En 2018, par manque de visibilité sur la mise en place du WLTP et sur ses conséquences fiscales sur les coûts des flottes, nombre d’entreprises ont en effet choisi de prolonger leurs contrats de LLD, privant le marché VO d’une partie de ses volumes.
Mais sur le marché VO, le diesel n’est pas encore prêt à tirer sa révérence. « Pour l’instant, sa valeur de revente n’est pas touchée, souligne Olivier Fernandes chez BCAuto Enchères. Ces motorisations représentent de toute manière l’essentiel du marché VO. Et les premiers retours massifs des véhicules essence sur le marché ne sont pas à prévoir avant d’ici deux à trois ans. »
Le VO à la hausse début 2019
« Sur le marché VO, les neuf premiers mois de 2018 ont été très en retrait à – 3,4 %, soit 148 298 immatriculations en moins. Mais les trois derniers mois, en nette progression, ont permis de redresser les chiffres du marché », indique AutoScout24. Au tout début 2019, cette hausse s’est poursuivie avec + 2,1 % en janvier et + 7,3 % en février par rapport aux mêmes mois de 2018. Une bonne santé que l’on peut attribuer à « l’arrivée sur le marché VO de véhicules correspondant mieux aux attentes des Français pour des voitures modernes, peu gourmandes en carburant et moins exposées aux interdictions de circulation dans les grandes villes », estime Vincent Hancart, directeur général d’AutoScout24 France.
Sur les deux premiers mois de l’année, la part de marché des VO essence est passée à 36,74 % contre 34,52 % en 2018, et celle des hybrides à 1,38 % contre 1,11 % avec 12 413 unités vendues. Et l’électrique a doublé de 0,16 % à 0,32 %, soit un total de 2 865 ventes. À noter enfin que les véhicules au gaz poursuivent leur recul plus rapidement qu’en 2018 où la baisse des ventes était déjà de 3,18 %.
Le diesel encore roi
Jusqu’ici, la bonne tenue des prix de revente des diesel sur le marché VO est également entretenue par le mode de revente des véhicules, spécifiquement ceux de la LLD et des grands parcs via des plates-formes spécialisées qui ont la capacité d’écouler les véhicules sur les marchés les plus demandeurs. « Nous mettons en concurrence de nombreux acheteurs partout en Europe, cela permet de vendre plus cher les véhicules », explique Olivier Fernandes.
Une plate-forme de vente comme Alcopa Auction couvre ainsi 28 pays d’Europe jusqu’en Afrique du Nord. « Dans les flottes, le taux de diésélisation est important, et sur les modèles en LLD issus des flottes, une grosse partie est recommercialisée à l’export », poursuit Jean-François Maréchal, directeur de cette plate-forme de vente aux enchères de VO.
À l’instar du responsable de BCAuto Enchères, celui d’Alcopa Auction ne note pas non plus d’écroulement des ventes de diesel, ni du point de vue des valeurs ni de celui du nombre. Mais dans certains marchés, les tarifs peuvent être « agressifs », reconnaît-il : « Dans des pays comme l’Allemagne, le prix du diesel a beaucoup plus chuté qu’en France et cela contribue à tirer le marché européen à la baisse », ajoute Jean-François Maréchal.
En attendant l’électrique et l’hybride
Face à l’importance persistante du diesel sur le marché, les motorisations alternatives sont encore bien loin de prendre le relais en volume. Si les hybrides ne rencontrent pas d’obstacles à la revente, les marchés de l’hybride rechargeable et de l’électrique se structurent lentement : « Nous vendons les véhicules électriques correctement, il y a de la demande notamment dans les pays nordiques, avance Jean-François Maréchal. Mais leur revente reste plus ponctuelle et diffuse, et les ventes relèvent plus d’effets d’aubaine » (voir l’encadré ci-dessous).
Un « baromètre de la mobilité électrique », édité en septembre 2018 par l’Avere et le prestataire Mobivia, faisait cependant apparaître que le marché existe potentiellement dans l’Hexagone : 64 % des Français se déclareraient prêts à acheter un VO électrique. Leur motivation principale : l’opportunité d’acquérir une voiture à moindre coût. Un enthousiasme toutefois un peu terni par les interrogations autour de la pérennité des batteries : 30 % des sondés font part de leur inquiétude sur leur durée de vie et leur garantie.
Le principe de la location des batteries des véhicules électriques peut aussi constituer un écueil. « Nous avions identifié très tôt cette approche comme un frein pour les acheteurs professionnels », rappelle Olivier Fernandes pour BCAuto Enchères. De fait, ces revendeurs se retrouvent à payer eux-mêmes les locations de batterie avant de trouver preneur pour les véhicules d’occasion.
La batterie, clé de l’électrique
Pour contourner ce problème, BCAuto Enchères a travaillé sur les véhicules de La Poste avec son client Véhiposte, le loueur interne de l’opérateur postal : « Nous avons construit un schéma où nous rachetons la batterie à la société de financement pour re-proposer le produit complet incluant la batterie », décrit Olivier Fernandes. Cette solution contribuerait à fluidifier le marché VO des véhicules électriques. Un marché qui n’en reste pas moins modeste, soit à peine un millième de celui du diesel en 2018. Pas de quoi bouleverser les grands équilibres pour l’instant.
Dossier - Diesel-essence : le marché VO commence sa mue
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