
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à prendre conscience de l’importance des données et cette dynamique n’en est qu’à ses prémices », explique Géraud Porteu, directeur général de GAC Technology, éditeur de logiciels de gestion de flotte. Et ce rôle grandissant pris par les données concerne au premier rang les flottes. D’autant qu’au sein d’une entreprise, les outils générateurs de données liées à l’automobiles sont de nature différente, entre la télématique, les progiciels de gestion, les systèmes informatiques de l’entreprise, les applications de ses différents services, ceux des prestataires ou des pouvoirs publics. Avec ces...
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à prendre conscience de l’importance des données et cette dynamique n’en est qu’à ses prémices », explique Géraud Porteu, directeur général de GAC Technology, éditeur de logiciels de gestion de flotte. Et ce rôle grandissant pris par les données concerne au premier rang les flottes. D’autant qu’au sein d’une entreprise, les outils générateurs de données liées à l’automobiles sont de nature différente, entre la télématique, les progiciels de gestion, les systèmes informatiques de l’entreprise, les applications de ses différents services, ceux des prestataires ou des pouvoirs publics. Avec ces sources multiples, les données doivent donc être agrégées pour obtenir une radiographie complète des véhicules.
Remonter les données…
« Nos outils vont chercher des données dans l’ensemble des écosystèmes de nos clients, reprend Géraud Porteu pour GAC Technology : télématique, loueurs, énergéticiens, pneumaticiens, centres autos, etc. Nous y récupérons toutes les données pour les concentrer au même endroit. » Pour ce faire, l’éditeur a établi des connexions avec 200 fournisseurs, entre autres par le biais d’API (voir l’encadré ci-dessous). Ces partenariats forment la base sur laquelle repose le « hub » de données de GAC Technology ; quatre collaborateurs travaillent au quotidien à leur bon fonctionnement. Pour donner une idée du volume de données échangées, ce prestataire importe 32 000 fichiers chaque mois.
Pléthoriques par définition, les données liées à une flotte peuvent se classer en cinq grandes catégories en fonction de leur usage. Tout d’abord, les données financières cernent le poids économique de la flotte, souvent le deuxième poste de dépenses indirectes dans une entreprise. Péage, loyer financier, assurance, carburant, etc., tous les budgets sont alors centralisés pour établir un TCO. La deuxième catégorie rassemble les données de base comme les cartes grises, les plans de maintenance, les kilométrages, les descriptifs des véhicules, etc. « Ces informations vont notamment avoir un impact sur le calcul du bilan carbone », précise Géraud Porteu.
Autre famille, les informations sur l’état des véhicules. Derrière son écran, le gestionnaire de flotte ne peut en effet inspecter les véhicules. Certains outils permettent aussi de réaliser des état des lieux pour s’épargner des surprises lors des restitutions. Autre exemple, des outils télématiques remontent des alertes sur les niveaux d’huile pour éviter d’endommager les moteurs.
… utiles pour la gestion
De leur côté, les données sur les conducteurs se montrent particulièrement utiles avec des véhicules mutualisés. Car en connaissant l’identité des conducteurs à l’instant T, il est possible de désigner les auteurs d’infractions à l’Agence nationale de traitement automatisé des infractions (Antai). Ces données servent également au calcul des avantages en nature (AEN).
La cinquième et dernière catégorie englobe les données sur les aspects environnementaux et « sécuritaires » des flottes. Avec les remontées d’informations sur la conduite (accélérations, freinages, etc.), une entreprise va pouvoir former ses collaborateurs à l’éco-conduite avec davantage d’efficacité. L’outil évaluera aussi la part d’une flotte dans l’empreinte carbone globale d’une entreprise.
OptiXT commercialise Winflotte, un logiciel de gestion de flotte, et GéoContact, une solution d’autopartage. Directeur commercial de ce prestataire, Pascal Merle propose un classement cette fois en fonction de l’origine des données, avec à la clé une vision différente.
Des sources multiples
Parmi les données utiles à la gestion d’une flotte figurent ainsi les informations en provenance des constructeurs (prix des véhicules, options, remises, etc.). Elles servent, entre autres, à se mettre en conformité avec la législation des avantages en nature et des amortissements non déductibles (AND). En provenance de la même source, les consommations standards et les capacités des réservoirs aident à identifier des anomalies lors des prises de carburant.
Les loueurs constituent une autre source d’informations avec les termes des contrats, les dates de début et de fin, les lois de roulage, etc. Si les kilométrages ne respectent pas les accords conclus au départ, l’entreprise est alertée quand elle dispose d’un outil adapté, et elle peut demander des avenants suffisamment tôt pour éviter des pénalités importantes. Pour leur part, les alertes sur les fins de contrat amènent à anticiper les restitutions et les commandes de véhicules neufs. Le logiciel met aussi sous contrôle les services (loyer financier, entretien, pneus, carburant, etc.).
En cas d’infraction, un outil de gestion permet de récupérer l’identité et l’adresse du fautif et de les adresser automatiquement à l’Antai, comme vu plus haut. Mais les adresses des conducteurs aident aussi à définir les véhicules éligibles aux pneus hiver. « OptiXT récupère les infos sur les véhicules auprès de Jato et celles de la carte grise auprès du service d’immatriculation des véhicules (SIV). Les adresses des conducteurs proviennent des services des RH via le système informatique de l’entreprise. Les autres données sont collectées auprès des prestataires (loueurs, pneumaticiens, pétroliers, vitriers, courtiers, etc.) », expose Pascal Merle.
Pascal Merle met aussi en avant les applications mobiles destinées aux conducteurs, qui rendent de nombreux services dont celui de rassembler tous les numéros utiles en un endroit unique. Ces applications aident aussi à réaliser des états des lieux des véhicules et à les envoyer au responsable de parc pour anticiper des restitutions.
L’apport de la télématique
Sur ce sujet porteur des données, le loueur Arval met en avant son offre de télématique Arval Connect qui contribue à la gestion de 500 000 véhicules pour le compte de 15 000 clients dans 22 pays. La filiale de BNP Paribas vise 700 000 véhicules à fin 2023. À l’horizon 2025, 80 % de sa flotte devrait s’équiper de cette solution de télématique.
Pour Arval, les données obtenues par la télématique amènent à mieux connaître l’usage réel des véhicules, comme à travers les kilométrages issus des odomètres (compteurs kilométriques). À partir d’informations réelles, les entreprises sont aussi capables de gérer, au plus près des besoins, les équipes déployées sur le terrain. Sans ces informations, le gestionnaire de flotte n’a qu’une vision imparfaite des véhicules et de leur utilisation.
Avec la télématique, les entreprises obtiennent également des informations sur la maintenance, les niveaux de charge des batteries, les évènements de conduite, les trajets, etc. Bien sûr, les règles de protection de la vie privée des conducteurs s’appliquent.
Données : des bénéfices…
Plus largement, les données issues de la télématique proviennent des véhicules connectés avec des boîtiers installés en première ou en seconde monte. Le télématicien ou le prestataire spécialisé les consolide et s’assure de leur cohérence par rapport aux différentes sources dont les constructeurs et les contrats de LLD. Des sources externes comme les pétroliers, les services de stationnement ou les ateliers de maintenance nourrissent pareillement la matrice.
Selon l’Arval Mobility Observatory, 44 % des flottes européennes se composent pour tout ou partie de véhicules connectés. Cette part plafonne à 35 % en France. En s’appuyant sur les résultats enregistrés par ses 15 000 clients équipés de son outil télématique, Arval est capable de quantifier les économies réalisées grâce à une gestion optimisée des données par le biais de la télématique. D’après le loueur, le gain pourrait s’élever jusqu’à 70 euros par mois et par véhicule, et l’économie potentielle pourrait atteindre 16 % sur le carburant pour un véhicule thermique et 50 % pour un hybride. « Autre résultat, avance Agnès Van de Walle, directrice générale d’Artel (Arval Telematics), Arval Connect contribue à diminuer la sinistralité avec une baisse du nombre d’accidents qui peut aller jusqu’à 25 %. » Enfin, Arval Connect aurait aidé à électrifier jusqu’à 80 % des flottes de plusieurs clients.
Pour GAC Technology, une exploitation raisonnée des données promet aussi de multiples bénéfices : entre 2 et 4 % de gains sur le poste énergie, entre 2 et 3 % sur les contrats de LLD, etc. Sans oublier qu’avec les bons outils, l’entreprise peut comparer budget prévisionnel et facturation réelle.
… à évaluer
Parmi les bénéfices à envisager selon OptiXT, Pascal Merle pointe le fait que l’entreprise reçoit des alertes sur les contrôles réglementaires et renforce alors sa sécurité juridique. Autre gain, le calcul des avantages en nature respecte les règles de l’Urssaf. « Et face aux loueurs, l’entreprise peut envoyer des demandes de cotations automatisées et choisir rapidement le mieux-disant. Entre les différents acteurs, l’écart de prix atteint 10, 30 à 60 euros par mois » estime Pascal Merle. Au moment où l’inflation continue d’alourdir les budgets, l’économie promise est la bienvenue.