
En matière de gestion de flotte, l’éco-conduite fait partie des sujets consensuels sur lesquels toutes les parties s’accordent. Après avoir négocié ses achats au plus serré, l’entreprise y voit une source supplémentaire d’économies. Et les conducteurs découvrent des techniques dont ils vont pouvoir expérimenter les avantages dans leur vie personnelle et sur leur budget.
Depuis 2012, Orange expérimente les bienfaits de cette conduite vertueuse. Forte de 21 300 véhicules, la flotte de l’opérateur télécoms apparaît comme l’une des toutes premières sur le sol hexagonal. Avec 50 % de véhicules de service, 40 % de VUL, 4 % de véhicules industriels...
En matière de gestion de flotte, l’éco-conduite fait partie des sujets consensuels sur lesquels toutes les parties s’accordent. Après avoir négocié ses achats au plus serré, l’entreprise y voit une source supplémentaire d’économies. Et les conducteurs découvrent des techniques dont ils vont pouvoir expérimenter les avantages dans leur vie personnelle et sur leur budget.
Depuis 2012, Orange expérimente les bienfaits de cette conduite vertueuse. Forte de 21 300 véhicules, la flotte de l’opérateur télécoms apparaît comme l’une des toutes premières sur le sol hexagonal. Avec 50 % de véhicules de service, 40 % de VUL, 4 % de véhicules industriels et 6 % de VP, sa gestion est assurée par une équipe dirigée depuis octobre 2010 par Jean Zermati. « Dès 2011, les équipes d’Orange Business Services sont venus me voir pour me proposer d’installer des boîtiers de télématique. À l’époque, j’étais assez dubitatif car cet investissement apparaissait en contradiction avec ma mission d’optimisation », relate le directeur de la gestion des véhicules.
Des formations pensées autour de la sobriété
Cela étant, la même année, Orange a décidé de lancer un plan d’actions pour maîtriser les coûts liés à la flotte. Or la connaissance exacte des kilomètres réalisés restait tributaire d’un système de déclaration soumis aux aléas des erreurs humaines. « Avec les boîtiers installés et la connaissance des kilométrages réels, nous pouvions calculer les consommations et vérifier que les lois de roulage étaient en adéquation avec les contrats de LLD », poursuit Jean Zermati.
Après la télématique, la réflexion menée par Orange a débouché sur l’opportunité de former les conducteurs à l’éco-conduite pour faire reculer les consommations. Le programme existant portait uniquement sur la prévention des risques routiers. Les sessions ont été remaniées pour que les cours portent à parts égales sur la sécurité routière et la conduite économique, avec 70 % du temps passé sur la théorie et 30 % au volant.
Avant de redéployer ses formations, Orange s’est posé plusieurs questions. La formation se fera-t-elle sur une journée ou deux demi-journées ? Sur circuit ou sur route ? Les collaborateurs formés seront-ils sélectionnés en fonction de leur consommation et de leur sinistralité ?
Finalement, l’opérateur a opté pour des formations d’une journée, dans des conditions réelles de circulation et avec les véhicules des prestataires. Parallèlement à la partie théorique, trois stagiaires prennent place dans un véhicule aux côtés du formateur et bénéficient de l’expérience de l’ensemble des conducteurs. Chaque journée implique neuf stagiaires et trois véhicules.
Des collaborateurs volontaires et impliqués
« Nous avons choisi de former l’ensemble des conducteurs, explique Jean Zermati. Sélectionner certains d’entre eux nous aurait contraints à rendre obligatoire la formation. Or, dans ce cas, les stagiaires auraient subi la formation et son efficacité aurait été amoindrie. Nous avons décidé de privilégier le volontariat. »
Quant au choix des formateurs, il s’est fait sur leurs propositions pédagogiques, leurs expériences, leurs conditions tarifaires, leur réactivité et leurs capacités à déployer un nombre important de formations. In fine, Orange a choisi de travailler avec ECF et Mobigreen.
Outre les formations et grâce aux boîtiers installés, chaque collaborateur dispose au quotidien d’une analyse de sa conduite sous l’angle de la sobriété. Une note lui est attribuée pour s’évaluer et mesurer ses progrès ou ses écarts. Des conseils lui sont prodigués pour limiter les dérives ou améliorer son score. Des piqûres de rappel sous forme de conseils sont diffusées régulièrement. Depuis mi-2012, 9 500 boîtiers ont été installés et 6 000 formations dispensées. À terme, l’ensemble de la flotte devrait être équipé. Le déploiement se fait région par région et au fil des renouvellements. « Nous sommes partis bille en tête dans l’éco-conduite en tablant sur une économie de 10 % en cohérence avec la littérature sur le sujet, rappelle Jean Zermati. Nous avons réalisé un calcul de ROI en mettant les baisses de consommation et les gains induits en balance avec les frais d’installation des boîtiers et les coûts des formations. Nous avons atteint 9 % d’économies sur le carburant au lieu des 10 % annoncés et le ROI global intervient au bout de quinze mois alors que nous tablions sur douze. »
Des stagiaires très satisfaits de leur formation
Au lieu des 5 000 formations à l’éco-conduite espérées au départ, Orange en dispense chaque année la moitié, soit 2 500. « Même si nous sommes partis de 1 500 et que la croissance a été importante, précise Jean Zermati, nous n’avons pas atteint la totalité des objectifs car l’éco-conduite est en concurrence avec de nombreuses formations dont la plupart sont dédiées au cœur de nos différents métiers. »
Dernier volet de ce premier bilan, Orange a décidé d’interroger les stagiaires après chaque formation à l’éco-conduite. À titre professionnel, ils la jugent satisfaisante à 97 %. À titre personnel, ils considèrent que l’éco-conduite et la prévention des risques routiers leur redonnent du pouvoir d’achat et préservent la sécurité de leurs proches.
« Pour optimiser la flotte, nous avons agi sur l’ensemble des coûts, affirme Jean Zermati. Pour les loyers, nous avons discuté avec les prestataires, les acheteurs ont fait leur travail et il devient difficile d’aller plus loin. Se pencher sur les comportements permet de dégager des marges de manœuvre. »
Dans ce contexte, la télématique apporte une précision salutaire. Auparavant, les consommations de la flotte étaient calculées à partir du volume facturé par les pétroliers et des kilométrages déclarés par les conducteurs. « Avec 100 000 collaborateurs, la fiabilité du déclaratif devient trop aléatoire et la marge d’erreur, trop importante », remarque Jean Zermati.
Un axe du plan de développement durable
Le responsable reprend : « Si le kilométrage n’est pas fiable, les consommations ne le sont pas, les révisions ne sont pas réalisées en temps et en heure, etc. Lorsque la révision est faite à 23 000 km au lieu de 20 000 et que survient une casse du moteur à 60 000 km, la garantie du constructeur ne joue pas et vous devez en supporter les conséquences. » Bref, l’apport de la télématique va bien au-delà de l’éco-conduite.
D’ici à 2020 et sur la base des chiffres de 2006, Orange s’est engagé à diminuer de 20 % ses émissions de CO2. Avec le référencement de véhicules plus sobres, le déploiement de modèles électriques, le recours à l’auto-partage et l’emploi de la visio-conférence, l’éco-conduite contribue à cet objectif.
Cela étant, pour être efficace, les actions doivent répondre à certaines règles. « Il faut relancer le combat tous les matins, insiste Jean Zermati. Il ne faut pas dispenser des formations et ne rien faire ensuite. La sensibilisation à l’éco-conduite est un travail quotidien. Les actions doivent être récurrentes. La semaine de la mobilité durable, le Mondial de l’Automobile et les différentes actualités constituent autant d’occasions de revenir sur le sujet. De plus, d’une manière ou d’une autre, il faut donner envie aux salariés et au management de s’approprier la nécessité d’une conduite sobre. »
Ou comment la pédagogie revient à donner le goût de la matière enseignée pour continuer à apprendre par soi-même.