Groupe EDF : la flotte à la recharge

Le groupe EDF n’en est pas au début de l’électrification de sa flotte. Le 11 décembre 2017, il a notamment signé l’initiative EV100, lancée par l’ONG Climate Group en septembre 2017 lors de la Climate Week de New York. « Nous avons été le premier groupe français à s’engager dans l’électrification de notre parc de véhicules légers avec 2030 en ligne de mire », souligne Pascal Pavard, chef de projet EV100 de l’énergéticien.

La flotte du groupe EDF rassemble désormais 45 000 véhicules dans le monde. Au 31 décembre 2022, le taux d’électrification s’élevait à 22,6 %, soit plus de 10 000 véhicules électriques.

Pour EDF, un point de recharge, un véhicule

Pour recharger ses véhicules, le groupe EDF comptait plus de 11 400 points de charge en service dans le monde fin 2022, avec environ 1 000 sites équipés sur les plus de 1 800 sites mondiaux. En France, l’entreprise dénombre environ 10 000 points de charge. Pour ses installations sur site, le groupe EDF fait principalement appel à sa filiale Izivia IG.

« Notre but est de déployer un point de charge par véhicule électrique professionnel : soit sur site, soit au domicile du salarié. En 2022, nous avons ainsi accru le taux de couverture de nos cas d’usage d’environ 20 % grâce à la recharge à domicile en maison individuelle et à l’arrivée dans le catalogue de modèles « long range » (à plus forte autonomie, voir l’article page 17). À fin 2022, nous avions alors 70 % de nos cas d’usage couverts par une solution « un véhicule 100 % électrique/un dispositif de recharge », note Pascal Pavard, chargé également de l’offre mobilité électrique aux salariés du groupe EDF (voir l’encadré page 16 en bas).

« En 2023, nous allons installer de manière importante des bornes au domicile des salariés en maison individuelle. Nous travaillons aussi sur la recharge en habitat collectif. En fin d’année, 80 % des cas d’usage seront couverts par des véhicules 100 % électriques, avec des solutions de recharge associées », chiffre le responsable. D’ici 2030, le groupe estime qu’il aura déployé plus de 30 000 bornes sur site et plus de 10 000 bornes aux domiciles de salariés, en parallèle à l’électrification intégrale de sa flotte.

Des puissances et des usages

Le groupe EDF a surtout installé des bornes de 7,4 kW et de 22 kW. « Dans la majorité des cas, le véhicule sert pendant la journée. Le soir, le collaborateur le met à charger sur le site ou à son domicile afin qu’il soit rechargé le matin. Actuellement, sur une borne de 7,4 kW, la recharge dure entre cinq à six heures. Et nous comptons allonger cette durée de sept à huit heures pour une journée ou une nuit de travail, afin de répondre aux cas d’usage qui demandent une autonomie plus importante », anticipe Pascal Pavard.

« Nous utilisons des bornes de 22 kW pour les cas de demi-journées de travail, à condition que le véhicule s’équipe d’un chargeur embarqué acceptant le 22 kW en triphasé, comme la Zoé notamment. De nombreux chargeurs embarqués se limitent à 7,4 kW en monophasé ou à 11 kW en triphasé », pointe Pascal Pavard.

Le groupe EDF a aussi installé des bornes de recharge rapide, notamment dans des sites nucléaires. « Celui de Cruas (07) possède par exemple une station de recharge publique de six bornes de 22 kW et deux bornes de 175 kW. Et si ce site est bien équipé en puissance, nous avons amené un transformateur. Nous travaillons avec Enedis pour des renforcements de réseau si nécessaire », indique Pascal Pavard.

Une gestion des accès

Pour l’instant, le groupe EDF n’a pas établi de système pour réserver les bornes. Mais les véhicules d’astreinte pour les sites nucléaires bénéficient d’une place réservée. En outre, pour les salariés qui viennent au travail avec une voiture électrique personnelle, EDF a mis en place une offre de cinquante recharges offertes (durée maximum de 12 h) par an, à condition de recharger avec un passe Izivia.

« Nous avons aussi des bornes mutualisées dans les sites, pour recharger les véhicules professionnels du site et les véhicules électriques de l’ensemble du groupe EDF. À partir du moment où certains parkings de nos sites sont publics, des bornes sont aussi accessibles aux visiteurs. Nous gérons ces accès avec un passe Izivia ou celui d’un autre opérateur puisque ces bornes sont interopérables », révèle Pascal Pavard. « Nos véhicules électriques professionnels se dotent d’un passe Izivia spécifique “Mobilisés pour le Climat”, à l’image du logo sur les véhicules. Il donne accès à plus de 250 000 points de charge en Europe, comme le passe Izivia classique. Mais en plus, il donne accès aux bornes EV100 et aux bornes mutualisées des sites du groupe EDF », ajoute le responsable.

L’avènement du smart charging

Le groupe EDF compte aussi aujourd’hui plus de 100 bornes vehicle-to-grid (V2G) opérationnelles en France (voir l’encadré ci-dessus). « Nos bornes sont communicantes afin d’utiliser le V1G ou le V2G. Et elles permettent d’utiliser le passe Izivia, et de réaliser la supervision et la maintenance à distance. Ainsi, la hotline peut redémarrer une borne à distance avec l’objectif de réparer 80 % des pannes sans se déplacer sur site », annonce Pascal Pavard.

Toutes les bornes installées par Izivia IG dans les sites du groupe EDF sont a minima compatibles V1G. Le groupe EDF a notamment installé des bornes V1G et une borne V2G dans l’un de ses bâtiments à Courbevoie (92), qui rassemble plusieurs de ses filiales : Izivia, Izivia IG et Dreev. C’est via ses filiales qu’EDF développe ses offres de smart charging V1G et V2G à destination de ses clients particuliers et professionnels. « Ce site comprend environ quinze points de charge au premier sous-sol dont une borne V2G qui peut réinjecter du courant dans le réseau de l’immeuble », explique Pascal Pavard.

La recharge à domicile…

Passons à la recharge à domicile. Dans ce cadre, un salarié équipé d’un véhicule de fonction achète sa borne et en est le propriétaire. Le groupe EDF subventionne cet achat à condition que le collaborateur passe par sa filiale Izi by EDF, spécialiste de la recharge B2C. « Nous installons principalement des bornes de 7,4 kW, reliées au compteur Linky pour optimiser la puissance appelée par rapport au contrat de fourniture, précise Pascal Pavard. L’application Izivia permet aux gestionnaires de flotte d’avoir une vision de l’ensemble des infrastructures de recharge. Nous avons un module dans cette application afin de déterminer le montant à rembourser au salarié pour ses consommations professionnelles à domicile. »

… pour limiter les coûts

« Notre objectif est que 90 % de la recharge s’effectue sur site ou à domicile car l’électricité est moins chère que pour la recharge publique, surtout en recharge rapide et ultra-rapide. Pour les salariés équipés de véhicules de service dont le cas d’usage le nécessite, l’entreprise propose l’installation d’une borne à leur domicile. Les salariés peuvent alors choisir d’en être propriétaires, et nous revenons dans le cas précédent du véhicule de fonction », expose Pascal Pavard.

Ce responsable rappelle aussi que 20 % des salariés d’EDF SA et d’Enedis ont une voiture électrique personnelle, soit dix fois plus que la moyenne française. Il faut donc se montrer vigilant car la recharge d’un véhicule personnel avec une borne installée aux frais de l’entreprise amènerait une requalification de la borne en avantage en nature. « Dernier point : une borne connectée sera plus intéressante pour optimiser le coût de la recharge et le CO2 du kWh chargé », conclut Pascal Pavard.