Si les entreprises sont toujours plus nombreuses à se mettre à l’électrique, la part de ces véhicules reste limitée dans les flottes. Pour l’instant. Car les projets se multiplient au sein des grands groupes bien sûr, et aussi parmi des sociétés pionnières de taille plus restreinte, mais pas moins ambitieuses. État des lieux de quelques flottes sous tension.
Pour l’électrique, ce n’est pas encore le big-bang ni la révolution dans les entreprises, mais le mouvement semble enclenché. « Et la croissance du marché du véhicule électrique sera exponentielle lorsque trois paramètres vont se conjuguer : l’arrivée de nouveaux modèles, entre autres dans la gamme des utilitaires et des véhicules low cost, couplée à l’augmentation de l’autonomie, le déploiement massif des bornes et les interdictions ou limitations de circulation pour les véhicules thermiques en ville », énumère Michel Cozic, directeur du développement du véhicule électrique chez Bouygues Énergies et Services. Cette filiale de Bouygues...
Pour l’électrique, ce n’est pas encore le big-bang ni la révolution dans les entreprises, mais le mouvement semble enclenché. « Et la croissance du marché du véhicule électrique sera exponentielle lorsque trois paramètres vont se conjuguer : l’arrivée de nouveaux modèles, entre autres dans la gamme des utilitaires et des véhicules low cost, couplée à l’augmentation de l’autonomie, le déploiement massif des bornes et les interdictions ou limitations de circulation pour les véhicules thermiques en ville », énumère Michel Cozic, directeur du développement du véhicule électrique chez Bouygues Énergies et Services. Cette filiale de Bouygues Construction, qui se présente comme un acteur de la transition énergétique, numérique et industrielle, met notamment en place des infrastructures de recharge pour ses clients.
Les précurseurs de l’électrique
Au départ, pour les pionniers, une démarche environnementale a souvent constitué le catalyseur du passage à l’électrique. « Tous nos chefs d’équipe et nos agents de maîtrise roulent en Zoé depuis 2014. C’est un choix volontariste, avec un parc de 156 véhicules tous électriques, sur une flotte de 346 véhicules hors poids lourds », détaille Philippe Crassous, directeur matériel et achats de Sepur à la tête de 1 500 véhicules. Quant à la cinquantaine de voitures de fonction de ce spécialiste de la collecte des déchets et de la propreté urbaine, elles sont toutes hybrides et 30 % des poids lourds tournent au GNV.
« Avec les voitures de fonction, utilisées également pour de longs parcours pendant les vacances, l’hybride rechargeable habitue à devoir brancher le véhicule. Ensuite, les conducteurs passeront tous à l’électrique quand l’autonomie sera suffisante et que les bornes seront aussi en nombre suffisant sur tout le territoire. Ils pourront alors, sur un Paris-Marseille, recharger une ou deux fois sur le parcours lors des pauses », explique Philippe Crassous.
L’objectif de Sepur est de passer la plupart de ses VL à l’électrique. « Nous sommes un acteur de l’environnement mais nous brûlons aussi du carburant. Prendre l’offre la plus verte et la plus pertinente possible pour notre mobilité contribue à réduire notre empreinte carbone », précise Philippe Crassous. Et c’est plutôt valorisant d’aller voir des clients dans un véhicule moderne du XXIe siècle. »
À plus grande échelle, La Poste se positionne en véritable précurseure, avec 14 000 véhicules électriques sur un total d’un peu plus de 60 000 véhicules en parc. « L’appel d’offres piloté par La Poste avec l’Ugap en 2011, réalisé avec d’autres entreprises publiques et des acteurs privés pour massifier la commande, a été un véritable accélérateur », rappelle Christophe Martinet, directeur commercial et marketing de Véhiposte, l’entité qui finance et gère la flotte de La Poste.
Cette commande portait, pour La Poste, sur 10 000 véhicules, essentiellement des Kangoo Z.E. D’autres modèles électriques, répondant aux besoins spécifiques de la distribution postale, sont venus les rejoindre : 5 000 Staby, des scooters électriques à trois-roues, et 1 000 Quadeo, des quatre-roues conçus par Ligier.
25 millions de véhicules électriques en 2025 ?
Optimiste ? Dans un récent rapport, Frost & Sullivan estime que les ventes mondiales de véhicules électriques pourraient atteindre 25 millions d’unités d’ici 2025, et peser 22,4 % des ventes totales du marché automobile. Le cabinet américain cite plusieurs leviers à cet essor dont les réglementations urbaines favorables aux modèles à faibles émissions, une réduction du prix d’achat initial et une baisse du coût des batteries lithium-ion. Si la demande la plus forte émane de la Chine qui devrait peser 49,5 % du marché des 1,6 million de véhicules électriques attendus dans le monde cette année, l’Europe arriverait en seconde position (25,6 %). Plus prudent, le cabinet LMC Automotive pronostique une part de marché de 13,5 % pour l’électrique en Europe en 2025, après un cap de 3 % en 2020.
En Europe, la barre des 500 000 véhicules électriques en circulation a été franchie avec 149 086 nouvelles immatriculations en 2017, dont près de 31 000 en France où le véhicule électrique représente désormais 1,2 % du marché automobile.
La Poste en défricheuse
« Nous sommes le client idéal pour l’électrique. Les tournées couvrent une distance moyenne de 60 à 70 km et les premières générations de Kangoo Z.E. avaient déjà une autonomie majoritairement satisfaisante », assure Christophe Martinet. Mais pour les quelque 600 voitures de fonction de l’opérateur postal, l’électrification du parc s’avère plus difficile, « Nous souhaitons accélérer la part de l’électrique (“full“ ou rechargeable), même si l’offre constructeurs reste pour le moment encore restreinte et le coût d’acquisition plus élevé », souligne Christophe Martinet. Une trentaine d’hybrides ont cependant intégré cette flotte de VP et ce volume va progresser dans les prochains mois.
Chez Orange pareillement, l’électrification est en bonne voie avec environ 300 véhicules électriques, dont 250 véhicules de service et une quarantaine en autopartage, mais aussi 300 hybrides. Certes, au regard des 18 000 véhicules en parc, l’électrique ne pèse encore que 3 % de la flotte. Mais Patrick Martinoli, directeur délégué innovation projets et expertise automobile, appuie sur l’accélérateur. Il compte doubler cette année le nombre de modèles électriques. Et atteindre fin 2020 le chiffre de 1 800 véhicules électriques et hybrides, soit 10 % du parc (voir son témoignage).
Avec 14 000 modèles électriques sur un total d’un peu plus de 60 000 véhicules en parc, La Poste possède, et de loin, la première flotte électrique de l’Hexagone, avec une majorité de Kangoo Z.E. utilisés par les facteurs.
De grands groupes et des PME en pointe
À plus petite échelle, Dentsu Aegis Network France, spécialiste des médias, du digital et de la création de campagnes de communication numérique, compte déjà sept véhicules électriques dont un en autopartage, dans un parc de 109 véhicules (voir le témoignage). Il s’agit en l’occurrence de BMW i3 qui ont l’avantage de se doter d’un prolongateur d’autonomie essence de 10 l pour recharger la batterie et bénéficier d’une autonomie supplémentaire.
« La population concernée par l’électrique est pour l’instant celle des managers, directeurs et directeurs adjoints qui possèdent une voiture de fonction. Comme nos bureaux se situent à Courbevoie (92), l’autonomie convient largement pour des trajets entre Paris et notre siège, ou pour des trajets domicile-travail. En revanche, les commerciaux qui parcourent 60 000 km par an ne sont pas éligibles à l’électrique », expose Stéphane Belair, office manager et gestionnaire du parc, qui loue ses véhicules chez Alphabet. « Notre ambition est d’intégrer le plus possible de modèles électriques, y compris des hybrides rechargeables comme la BMW Active Tourer ou la Mini Countryman. Nous en avons déjà cinq dans la flotte. Le responsable RSE nous sensibilise à la diminution des émissions de CO2. C’est aussi une question d’image pour l’entreprise », poursuit Stéphane Belair.
1,7 % d’électrique dans les flottes d’entreprise
Selon l’Observatoire du véhicule d’entreprise (OVE, Arval), les immatriculations de véhicules électriques en entreprise ont affiché une croissance de + 39,6 % sur les cinq premiers mois de 2018 par rapport à 2017, avec 5 603 VP et VUL électriques immatriculés. Sur ce total, les VUL ont affiché une croissance de 39,3 % à 2 420 unités, alors que les VP bondissaient de + 39,9 % à 3 183 unités. Mais la part de marché de l’électrique, à 1,7 % (contre 1,47 % en 2017 et 0,97 % en 2016) reste encore faible. En 2017, tous segments confondus, l’électrique a néanmoins vu ses immatriculations progresser de 25,1 % (+ 44,2 % pour les VP), soit un total de 11 811 unités.
Avec les hybrides, la tendance se fait identique sur les cinq premiers mois de 2018 : + 48,4 % pour les VP et les VUL (10 235 unités). Les hybrides rechargeables affichent le meilleur score à + 62,8 % à 2 728 unités, contre + 43,8 %, à 7 507 unités pour les hybrides non rechargeables. « Sur le seul segment des VP, la part de marché totale des hybrides atteint 5,1 %, avec des immatriculations en hausse de + 49,6 % depuis le début de l’année à 9 972 unités », commente l’OVE.
Le CO2 part à la baisse
Et les résultats sont rapides pour Dentsu Aegis Network France : la flotte émettait en moyenne 140 g/km de CO2 par véhicule en 2017 ; d’ici à la fin 2018, grâce aux renouvellements en électrique et hybride rechargeable, ce chiffre devrait passer sous les 115 g. Par ailleurs, six personnes ont opté pour des scooters électriques dotés d’une autonomie d’environ 100 km à la place d’une voiture de fonction.
Chez SAP Labs France, filiale R&D de l’éditeur allemand de logiciels, la flotte de 270 voitures de fonction, essentiellement employées à titre personnel, comprend une cinquantaine de modèles électriques, du Twizy à la Tesla, et des commandes sont en cours pour des Nissan Leaf, des Volkswagen e-Golf et des Jaguar I-Pace. « Nous comptons atteindre la centaine de modèles électriques en fin d’année, estime Benoît Duval, responsable du parc. Et à partir de 2019, les commandes ne se feront qu’en électrique. » L’objectif de SAP Labs France : disposer d’un parc électrifié à 80 % en 2020. Les contrats de location s’échelonnent de deux ans pour les Zoé – « afin de bénéficier des évolutions technologiques, notamment sur l’autonomie » – à cinq ans pour les Tesla (voir le témoignage).
Autre de nos témoins très avancés dans l’électromobilité, le spécialiste du cognac Hennessy s’appuie sur une flotte électrique aux deux tiers, soit 93 véhicules sur un total de 142. Cette politique volontariste en faveur de l’électrique répond à une démarche globale. « Nous sommes certifiés ISO 14001 et dressons tous les ans un bilan carbone. Nous réfléchissons à l’ensemble des trajets pour réduire les émissions », rappelle Sophie Gourbat-Raimbault, responsable sécurité et environnement (voir son témoignage).
Chez le spécialiste de la collecte des déchets et de la propreté urbaine Sepur, tous les chefs d’équipe et les agents de maîtrise roulent en Zoé depuis 2014, soit 156 modèles électriques sur une flotte de 346 véhicules hors poids lourds.
L’électrique au-delà des véhicules
Pareillement, la visite des sites Hennessy se fait en bateau électro-solaire sur la Charente. Et le comité de transport durable de l’entreprise participe aussi aux choix de la car policy. « L’objectif est de faire reculer nos émissions de CO2 : avec le changement des véhicules en pool vers l’électrique, nous avons réalisé une économie de 142 t équivalent CO2, ce qui équivaut à l’économie de la séquestration en CO2 de 40 h d’arbres plantés », reprend Sophie Gourbat-Raimbault. Autre résultat significatif : la flotte interne émet désormais environ 6 t en équivalent CO2 contre 148 t en 2015. Une bonne illustration par l’exemple.
Retrouvez {{title}} dans le Guide Flottes Automobiles.
En utilisant notre site, vous consentez à l'utilisation des cookies.
Ils nous permettent notamment de vous proposer la personnalisation de contenu, des publicités ciblées en fonction de vos centres d’intérêt, de réaliser des statistiques afin d’améliorer l’ergonomie, la navigation et les contenus éditoriaux.
Cependant, vous pouvez à tout moment choisir de désactiver une partie de ces cookies en suivant les instructions fournies sur la page Politique de confidentialité.