
De nombreuses entreprises et collectivités ont déjà lancé en 2022 l’électrification de leur flotte. C’est le cas de la mairie de Villiers-sur-Marne (94). Cette mairie a acheté sa première voiture électrique en 1996. « Cette Saxo équipée d’une batterie au plomb était limitée en autonomie et en recharge », se rappelle Francis Desrumeaux, chef des services moyens généraux transports de la mairie. Lorsque les offres sont devenues plus intéressantes en 2014, la collectivité a acheté un second véhicule, un utilitaire.
Mais c’est surtout à partir de 2016 que la mairie a mis en place des marchés publics. Et a procédé à ses premières acquisitions...
De nombreuses entreprises et collectivités ont déjà lancé en 2022 l’électrification de leur flotte. C’est le cas de la mairie de Villiers-sur-Marne (94). Cette mairie a acheté sa première voiture électrique en 1996. « Cette Saxo équipée d’une batterie au plomb était limitée en autonomie et en recharge », se rappelle Francis Desrumeaux, chef des services moyens généraux transports de la mairie. Lorsque les offres sont devenues plus intéressantes en 2014, la collectivité a acheté un second véhicule, un utilitaire.
Mais c’est surtout à partir de 2016 que la mairie a mis en place des marchés publics. Et a procédé à ses premières acquisitions de véhicules électriques (Zoé, Kangoo, etc.). « J’ai d’ailleurs été embauché, il y a quatre ans, pour déployer des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE), un pool de véhicules en autopartage et, notamment, une solution de vélos électriques partagés », relate Francis Desrumeaux. Pour ses 900 agents, la collectivité dispose aujourd’hui d’un parc de 85 véhicules légers de service. Dans cette flotte, huit utilitaires sur 75 unités et sept VP sur dix sont 100 % électriques.
Les anciens et les nouveaux
À l’inverse, pour le Groupe Pandora, spécialiste de la transformation numérique des entreprises et des organisations publiques, l’électrification de sa flotte n’a pas encore constitué une réelle préoccupation en 2022. Sa flotte se répartit entre 82 véhicules diesel (90 %) et essence (10 %). « Nous avons toujours fait le choix du diesel, principalement pour une raison économique. En effet, nos chauffeurs parcourent 40 000 km à l’année en moyenne. Lorsque la société a débuté son activité, la question du diesel ne se posait pas : prix moins cher à la pompe, fiscalité plus intéressante, etc., détaille Émilie Thébault, gestionnaire du parc auto et achats. Depuis 2011, le groupe a évolué mais le diesel est resté. Les véhicules essence sont représentés par un modèle Skoda pour lequel nous avons pu bénéficier de tarifs très intéressants et qui n’existait pas en diesel », ajoute cette responsable.
Avec ses 82 VP, le Groupe Pandora n’est pas soumis à la LOM. Mais il préfère devancer d’éventuelles restrictions. « Nous avons un grand projet pour cette année, acté à la fin du dernier trimestre 2021. Nous nous sommes concertés avec ma direction, face à l’évolution des quotas de VFE (véhicules à faibles et très faibles émissions) de la LOM pour les sociétés à la tête d’un parc de plus de 100 véhicules, mais aussi face au durcissement du malus », expose Émilie Thébault.
LOM ou pas LOM ?
Le Groupe Pandora n’a pas atteint ce quota des 100 véhicules. Mais « il nous faut anticiper une évolution qui nous ferait arriver à ce chiffre dans les prochains mois. Nous avons donc décidé de passer à la vitesse supérieure. Et de renouveler le parc en électrique, d’un point de vue écologique, d’une part, et économique, d’autre part. Les avantages fiscaux de l’électrification sont indéniables », poursuit Émilie Thébault.
Le cas des ZFE-m
La situation reste plus avancée à Villiers-sur-Marne. « Pour se conformer la LOM, nous prévoyons d’acheter huit véhicules électriques. Et de poser cinq bornes supplémentaires cette année. Cela fait suite au passage du département en zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) », anticipe Francis Desrumeaux. De fait, cette collectivité se situe dans le 94, proche de la petite couronne parisienne. C’est pourquoi elle souhaite électrifier l’intégralité de son parc « vieillissant. » Une grande partie des véhicules roulent actuellement avec une vignette Crit’Air 3.
L’électrification de la flotte est aussi d’actualité en 2022 chez Vivolcab, un service d’accompagnement des personnes âgées dans leur quotidien. Cette entreprise compte environ une centaine de chauffeurs partenaires en Île-de-France. Avec au moins autant de véhicules pour le transport de la clientèle. « Ce parc se compose principalement de voitures et de vans qui peuvent transporter trois à sept personnes en fonction du modèle, en temps de covid-19. En complément, certains chauffeurs possèdent quelques minibus et/ou autocars », décrit Maxime Chevallier, dirigeant de Vivolcab.
Maxime Chevallier précise l’ambition de son entreprise. « Nous proposons déjà un mode de transport collectif pour diminuer nos émissions de CO2, mais nous souhaitons rendre notre service de transport écologique au maximum. Nous envisageons ainsi que le parc des chauffeurs partenaires Vivolcab devienne totalement écologique en 2027. Cela nous laisse donc cinq ans pour qu’il n’y ait plus aucun modèle thermique au sein de cette flotte composée de plus d’une centaine de véhicules. »

Une ambition écologique
Même si cette ambition est assez appréciée par la clientèle, elle provient surtout de Vivolcab. Qui se veut « écologique, sociale et solidaire (ESS). » « Nous souhaitons améliorer notre image en faisant un geste citoyen (aide aux personnes à mobilité réduite) et en effectuant des courses à l’aide de véhicules écologiques », continue Maxime Chevallier.
Mais cette électrification de flotte ne peut se faire sans tenir compte de l’usage des véhicules par les collaborateurs. « Nous tenons quotidiennement des tableaux kilométriques et de consommation de carburant. Avant d’électrifier notre parc, nous avons identifié les véhicules qui consommaient le plus et qui, au vu de leurs trajets, pouvaient être compatibles avec l’autonomie de l’électrique. Nous avons ensuite sélectionné nos modèles électriques en fonction du rayon d’action de nos agents », explique Francis Desrumeaux pour Villiers-sur-Marne.
Choisir des modèles adaptés
Les agents de la mairie parcourent entre 6 000 km à 8 000 km par an, en zone urbaine dense et uniquement dans la commune. La collectivité a donc choisi des VP business (Zoé, e-208) électriques pour les chefs de service. Des véhicules de gamme standard sont généralement attribués aux services, dont le service courrier qui circule uniquement en VP électriques (5 places). « Les agents de ce service sont ceux qui emploient le plus fréquemment nos véhicules électriques. Ils les empruntent généralement toute la semaine et ne les rechargent que le vendredi. Nos véhicules ont une autonomie minimale de 300 km, kilométrage maximal que les agents effectuent en une semaine », illustre Francis Desrumeaux. Les services peinture, maçonnerie ou environnement et espaces verts roulent, quant à eux, en VU électriques (Kangoo et Goupil).
Une question de prix…
En revanche, pour d’autres collaborateurs de la mairie, la patience restera de mise. « Des VL thermiques (camions, camions bennes, etc.) ne pourront pas passer à l’électrique dans un avenir proche. En effet, leur prix reste élevé, et ce, malgré les subventions. De plus, leur autonomie et leur capacité de charge utile ne sont pas encore adaptées à l’usage de nos agents », prévient Francis Desrumeaux (voir le témoignage page 31). Qui n’a pas connu de difficultés liées aux livraisons. « En 2021, nous n’avons pas rencontré de problèmes dus à la pénurie de semi-conducteurs. Notre dernière commande a été livrée en janvier 2022 alors qu’elle était à l’origine attendue en mars, indique Francis Desrumeaux. Mais nous n’avons pas de date précise pour les huit prochaines voitures à renouveler. Ce qui retardera potentiellement l’électrification de la flotte. »
L’offre des constructeurs demeure en effet déterminante. « Il est désormais plus facile d’obtenir des VFE. Les constructeurs anticipent les ZFE-m, notamment à Paris, et commercialisent davantage de modèles électriques et hybrides. Cependant, les utilitaires légers écologiques demeurent encore moins présents que les VP. Il sera aussi plus difficile de trouver des modèles écologiques pour les minibus et les autocars », redoute Maxime Chevallier de Vivolcab.
… et d’offres
De son côté, le Groupe Pandora a déjà sollicité plusieurs constructeurs. Et ce, afin de comparer les tarifs de leurs modèles électriques. « Notre choix portera, entre autres, sur l’autonomie. Nos commerciaux effectuent en moyenne 200 km par jour. Il nous faut donc choisir le véhicule capable de faire voyager le collaborateur sans qu’il ait besoin de recharger trop souvent. Nous avons donc sélectionné des modèles électriques avec une autonomie comprise entre 300 et 450 km », spécifie Émilie Thébault.
À long terme, le Groupe Pandora a pour objectif de passer en électrique la totalité de son parc de 82 véhicules thermiques. Ce changement s’effectuera progressivement. « Nous débuterons sûrement par une commande de quelques véhicules. Et ce, afin d’observer comment les conducteurs s’adaptent à ce nouveau mode de conduite. L’électrique peut générer une appréhension pour la société et les collaborateurs. Nous ne savons pas encore si cette motorisation se prêtera à l’usage de nos collaborateurs sur la durée », note Émilie Thébault.
Accompagner les collaborateurs…
Vivolcab met déjà, « autant que possible », ses clients en relation avec des chauffeurs partenaires équipés d’un véhicule électrique ou hybride. « Nos chauffeurs partenaires effectuent principalement leurs trajets en zone urbaine dense en l’Île-de-France. Ils réalisent donc très peu, voire pas du tout de longs trajets, ce qui évitera les problèmes liés à l’autonomie. Le kilométrage moyen dépend vraiment de la manière de travailler du chauffeur. Mais nous essayons aussi d’accompagner nos chauffeurs dans ce changement. Et ce, afin que le fait de posséder un véhicule thermique ne constitue pas un facteur limitant », avance Maxime Chevallier de Vivolcab.
Les incertitudes liées à l’électrification de la flotte inquiètent effectivement les collaborateurs (voir le reportage Feroway page 37), comme le confirme Francis Desrumeaux à Villiers-sur-Marne. « Au départ, tous nos agents ont montré une appréhension et une réticence à conduire un véhicule électrique. Ils restaient focalisés sur l’ordinateur de bord. celui-ci donne une moyenne d’autonomie alors qu’il existe un indicateur du niveau de la batterie. Mais après une semaine d’utilisation, les collaborateurs ont été conquis à 100 % et ne veulent plus rouler qu’en électrique. Nous n’avons pas encore mis en place des formations à l’usage d’un véhicule électrique ou hybride rechargeable. Nous effectuons uniquement une prise en main quand cela est possible », reprend Francis Desrumeaux. Et une formation à l’éco-conduite de l’ensemble des collaborateurs reste à l’étude.
… et les former
Pareillement, au sein du Groupe Pandora, « des formations réalisées avec les chauffeurs seront sûrement nécessaires. Nous effectuerons d’abord des tests sur quelques véhicules. Avant d’augmenter leur nombre et de ne proposer que des modèles électriques à nos salariés. Toutes ces étapes complexes prendront du temps. Mais nous sommes ravis de mener cette démarche d’électrification de la flotte », s’enthousiasme Émilie Thébault.
Le passage à l’électrique suppose aussi de se pencher sur la recharge. Pour recharger sur le lieu de travail, la mairie de Villiers-sur-Marne s’équipe ainsi de quatre bornes avec deux points de charge par borne. Elle a implanté des bornes d’une puissance de 22 kW (recharge accélérée) en parking extérieur. Et des bornes de 7 kW et des prises Green’up de 3,7 kW en parking souterrain. « Il y a beaucoup de ʺturn-overʺ entre les véhicules. Comme nous n’avons que huit points de charge pour quinze véhicules électriques, nos agents sont amenés à les recharger dans la journée, principalement au travail », souligne Francis Desrumeaux. En outre, Villiers-sur-Marne est déjà équipé de deux stations Métropolis, réseau de recharge du Grand Paris. Mais les agents ne possèdent pas de carte pour accéder à ce réseau public.
La question de la recharge
Enfin, la recharge à domicile reste très rare. « Lorsque nos agents terminent une réunion tard le soir, ils peuvent exceptionnellement rentrer chez eux avec le véhicule électrique. Dans ce cas, la recharge est à leur charge. Il y a très peu d’autorisations de remisage à domicile. En effet, cela ne se présente généralement pas dans le cadre de leur activité », signale Francis Desrumeaux.
Le Groupe Pandora réfléchit aussi à installer des bornes dans son siège à Rennes. « Là encore, nous avons fait appel à plusieurs sociétés spécialisées pour choisir la solution la plus adaptée aux chauffeurs. Les commerciaux iront chez leurs clients, puis reviendront chez nous recharger, avant de repartir le soir chez eux. Ils seront aussi munis d’un badge pour accéder aux bornes du Groupe Pandora et aux bornes publiques du réseau francilien », anticipe Émilie Thébault (voir le témoignage page 34). Et le poste de travail de cette responsable s’équipera d’un portail de gestion spécifique pour suivre les recharges des collaborateurs. « Cette supervision me permettra de visualiser en temps réel les consommations. Tout en simplifiant la gestion des coûts avec une facturation mensuelle », complète Émilie Thébault.
Une gestion des bornes facilitée, qui reste aussi un projet essentiel pour la mairie de Villiers-sur-Marne. « Nous allons installer des compteurs électriques pour visualiser la consommation des bornes d’une puissance maximale de 22 kW. Pour l’instant, nous n’avons pas de plate-forme de gestion des bornes. Cela fera partie de nos prochains développements avec un suivi de la consommation d’électricité des véhicules et de leur gestion », prévoit Francis Desrumeaux.
D’autres pistes
Enfin, en parallèle de sa flotte de véhicules de service, la mairie de Villiers-sur-Marne possède dix véhicules en autopartage dont quatre électriques. Pour les recharger, la collectivité a installé un parc de bornes distinct de celui des véhicules. Même si les agents ont parfois l’autorisation d’y recourir. De plus, il y a trois ans, la mairie a déployé une flotte de sept vélos électriques partagés pour ses agents, réservables via la plate-forme intranet. Une électrification à tous les niveaux.
Dossier - Électrification : les objectifs des flottes pour 2022
- Électrification : les objectifs des flottes pour 2022
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