En matière de mobilité, pour les salariés des entreprises, les solutions alternatives au véhicule thermique sont nombreuses : modèles propres électriques et hybrides, vélos à assistance électrique (VAE) ou non, transports en commun, crédit mobilité, etc. Mais malgré leur variété, ces solutions s’installent difficilement dans le quotidien.
Des facteurs contribuent cependant à faire évoluer les pratiques. Les incitations financières de l’État pour les véhicules propres (taxation des modèles polluants, bonus à l’achat de modèles propres, IK pour les vélos) poussent les entreprises à privilégier les véhicules propres et les moyens de mobilité...
En matière de mobilité, pour les salariés des entreprises, les solutions alternatives au véhicule thermique sont nombreuses : modèles propres électriques et hybrides, vélos à assistance électrique (VAE) ou non, transports en commun, crédit mobilité, etc. Mais malgré leur variété, ces solutions s’installent difficilement dans le quotidien.
Des facteurs contribuent cependant à faire évoluer les pratiques. Les incitations financières de l’État pour les véhicules propres (taxation des modèles polluants, bonus à l’achat de modèles propres, IK pour les vélos) poussent les entreprises à privilégier les véhicules propres et les moyens de mobilité alternatifs au sein des flottes. Autre facteur d’évolution des pratiques : l’obligation d’élaborer un plan de mobilité (PDM) pour les sites rassemblant plus de 100 salariés au 1er janvier 2018. Une « obligation » qui n’a rien d’impératif légalement.
Faire changer les habitudes
Les PDM visent donc avant tout à faire évoluer les habitudes de déplacement pour les trajets domicile-travail. Avec une qualité indéniable : contribuer à montrer par l’exemple que d’autres solutions sont possibles. Comme celle du vélo : « Nous avons une trentaine de VAE en libre-service, au siège à Marcq-en-Barœul (59) et aussi à Nantes où de nombreuses pistes cyclables existent », détaille Loïc Pinchart, responsable RSE de CGI Finance, filiale de la Société Générale et notamment spécialiste du financement automobile.
Chez CGI Finance, les deux-roues sont empruntés par les salariés pour leurs déplacements domicile-travail et pour des trajets courts comme les sorties lors des pauses déjeuner. Pour en développer l’usage, l’utilisation en a été simplifiée : « Le système repose sur la confiance. Il suffit aux salariés de passer à l’accueil pour prendre les clés », décrit Loïc Pinchart. Une simplicité qui porte ses fruits : le trajet parcouru annuellement par les vélos est estimé entre 3 000 et 5 000 km.
Chez Bouygues Bâtiment Nord Est à Lille, une dizaine de vélos sont eux aussi utilisés lors des pauses déjeuner ou des trajets domicile-travail par « quelques collaborateurs habitant à moins de 8 km du siège », indique Dimitri Coty, l’ingénieur construction durable de l’agence lilloise. Auparavant loués en longue durée, ces vélos ont été rachetés auprès de l’opérateur local de transport en commun, Transpole. Six des dix deux-roues ont été mis en service sur deux chantiers de l’entreprise de BTP. « Ils sont réservés par e-mail et à terme nous comptons employer un système de réservation équivalent à celui des salles de réunion, avec un dépôt des clés à l’accueil », anticipe Dimitri Coty.
Le covoiturage fait ses gammes
Autre mode de déplacement que le PDM contribue à diffuser : le covoiturage. Sa pratique se développe peu à peu mais son succès reste soumis à la situation particulière de chaque entreprise. Les obstacles sont connus : difficulté de concilier les horaires entre salariés, attachement des auto-solistes au sas de décompression de l’isolement dans leur voiture… « Sur 300 collaborateurs, seuls trois ou quatre le pratiquent régulièrement », regrette Dimitri Coty.
Dans le cas de Bouygues Construction à Lille, ce responsable explique le faible taux d’utilisation par les différences d’horaires entre salariés. Pour augmenter le nombre d’usagers du covoiturage, Dimitry Coty mise sur une plate-forme internet dédiée, susceptible de mettre en relation les salariés entre eux mais surtout avec les entreprises voisines. Une solution qui en multipliant les participants multiplie les opportunités de trajets et d’horaires.
Chez CGI Finance, le covoiturage rencontre un certain succès, sans le recours à une telle plate-forme, ni la participation de covoitureurs d’entreprises voisines. « Nous avons testé une application spécifique mais elle a généré peu de bénéfices », constate Loïc Pinchart. Dans cette entreprise où les salariés se connaissent le plus souvent, une campagne de communication a suffi à diffuser l’information et le bouche-à-oreille à organiser les équipes. « Les adresses des personnes ne pouvaient être réunies dans un dossier pour des raisons légales ; il a donc fallu prendre en charge la mise en relation des quelques personnes qui voulaient covoiturer mais ne connaissaient pas de partenaires potentiels », complète Loïc Pinchart.
Les trottinettes aussi !
Du côté des deux-roues, les entreprises ne se limitent pas aux vélos ou aux scooters, électriques ou non, et certaines vont jusqu’à miser sur une offre de trottinettes. « Nous en avons une dizaine en parc », dénombre Loïc Pinchart pour CGI Finance. Mises à disposition sur le même principe que les vélos, c’est-à-dire avec un emprunt rendu le plus simple possible, elles sont employées pour des trajets de moins de 2 km, « notamment par les salariés quand ils sont éloignés des arrêts des transports en commun », pointe Loïc Pinchart.
Au siège de Bouygues Construction à Lille, le développement d’un parc de trottinettes est aussi envisagé. « Nous sommes au bout de la ligne de métro de la ville, à 10 à 15 minutes de marche de l’arrêt et le bus dessert très mal notre zone. Nous réfléchissons à une flotte de trottinettes qui mettraient le site à cinq minutes seulement du métro », explique Dimitri Coty.
Des parkings pour les covoitureurs
Mais chez CGI Finance, le succès du covoiturage est aussi passé par un encouragement très concret. « Pour promouvoir le covoiturage, la chance que nous avons eue, c’est un parking de 350 places seulement, trop petit pour nos salariés », explique Loïc Pinchart. L’entreprise compte en effet environ 800 salariés dans son siège de Marcq-en-Barœul. « Ce manque de places a contribué à la réflexion des salariés sur les moyens de déplacement pour les trajets domicile-travail. »
Et pour aller plus loin, CGI Finance a créé des places de parking pour les covoitureurs. « Nous avons cherché à récompenser les bons comportements », justifie le responsable. La hausse du nombre de places a été progressive, d’une dizaine au départ à une trentaine aujourd’hui, soit 10 % du total. « Pour constituer les équipages, les salariés signent une charte de covoiturage dans laquelle ils s’engagent à venir au moins deux fois par semaine en covoiturage, précise Loïc Pinchart. Ils peuvent ensuite installer un panneau sur leur véhicule, ce qui leur donne accès aux places réservées. »
Autre solution efficace pour limiter le nombre des trajets domicile-travail : le télétravail. Celui-ci se développe pour les salariés de Challenger, le siège de la Holding Bouygues Construction à Saint-Quentin-en-Yvelines (78), en raison de l’éloignement des salariés par rapport au site. « Sur les 3 000 personnes qui viennent travailler à Challenger, plus de 60 % habitent à plus de 30 km. Nos collaborateurs viennent de tout le grand ouest et habitent jusqu’à Dreux, Chartres, Rambouillet, avec un fort kilométrage quotidien », expose Vincent Nicot, le DRH de la Holding.
Un accord de télétravail a été conclu en septembre 2015. « Le télétravail a une définition juridique précise, insiste Vincent Nicot. Il est formalisé par un avenant au contrat de travail, qui prévoit un nombre de jours fixes travaillés à domicile pendant toute l’année. » Il se différencie du travail à distance, ponctuel, qui peut se pratiquer à l’occasion de grèves des transports, de travaux sur le trajet du salarié qui alourdiraient trop ses temps de trajet ou encore pour finaliser une tâche qui demande une réflexion au calme. Dans les entreprises qui le pratiquent, le télétravail fait l’objet d’accords avec les salariés, qui sont renouvelés tous les ans. « Cela correspond chez nous à disposer contractuellement d’un ou deux jours par semaine de télétravail », poursuit Vincent Nicot pour Bouygues Construction. Pour les salariés, l’avantage est d’économiser les frais de trajet et de temps de déplacement. « Le télétravail s’adresse aussi aux collaborateurs qui n’ont pas de véhicule de fonction, pour qui le carburant représente une dépense importante », indique ce DRH.
L’autopartage en électrique
Pour réduire la taille de la flotte et faire évoluer les moyens de mobilité proposés aux salariés, l’autopartage est une solution. Chez CGI Finance, le dispositif a été lancé pour les véhicules de service. « Nous avons trois véhicules au siège employés par nos commerciaux mais aussi pour les déplacements des salariés le midi. Ce pool en autopartage n’a pas amené à baisser le nombre de voitures mais a généré un taux d’utilisation plus élevé, avec un taux de rotation plus rapide », indique Loïc Pinchart.
Et comme dans nombre d’entreprises, ce système permet aussi d’intégrer à la flotte des véhicules électriques. « Depuis cinq ans, nos véhicules de service sont 100 % électriques », précise le responsable de CGI Finance. À noter que CGI Finance a encouragé l’usage des véhicules électriques par les salariés avec des places de parking réservées. « En 2016, il n’y avait aucune voiture électrique, en 2018, nous en avons dix », complète Loïc Pinchart.
Du télétravail chez Bouygues Construction
L’entreprise y trouve aussi un bénéfice : le télétravail lui a permis d’optimiser les surfaces occupées et de développer le « flex-office », une organisation qui succède aux open spaces et dans laquelle les espaces de travail sont mis en commun. Au quotidien, chacun s’approprie un bureau selon ses besoins : réunion, brainstorming en équipe ou espace consacré aux échanges téléphoniques avec les clients. « Le télétravail s’adresse à une typologie de métiers précis », complète toutefois Vincent Nicot. En effet, difficile de suivre de chez soi un chantier en cours… Chez Bouygues Construction, le télétravail reste donc limité à des fonctions supports : communication, juridique, etc.
Pour les entreprises qui n’ont pas la possibilité de se mettre au télétravail, reste la solution du crédit mobilité. Encore peu répandu, le crédit mobilité se développe pourtant dans quelques entreprises. C’est vrai chez Bouygues Construction où cette solution est proposée aussi bien aux salariés de Challenger qu’à ceux des succursales à travers la France. « Avec le crédit mobilité, nos collaborateurs qui bénéficient d’un véhicule de fonction statutaire peuvent y renoncer partiellement ou totalement contre le versement d’un budget alloué par l’entreprise pour des trajets professionnels ou personnels », avance Vincent Nicot.
Et le crédit mobilité ?
Parmi les salariés de Bouygues Construction, cette solution séduit surtout ceux qui n’ont pas besoin au quotidien d’un véhicule et dont l’ensemble des déplacements, privés ou professionnels, ne sont pas uniquement satisfaits par un véhicule. « Cela s’adresse beaucoup à nos collaborateurs en région parisienne, qui se retrouvent confrontés à la question du stationnement », reprend Vincent Nicot (voir le reportage).
Une intégration progressive qui contribue, aux côtés des solutions développées dans le cadre du plan de mobilité, à familiariser les salariés avec de nouveaux usages et à long terme à modifier les comportements.
Dossier - Nouvelles mobilités : les flottes à la manœuvre
- Entreprises : le PDM, vecteur d’évolution des flottes
- Holding Bouygues Construction : crédit mobilité, mode d’emploi
- Utilisateurs : des évolutions à accompagner
- Secteur public : des solutions pour la mobilité
- Valérie Tordeur, centre nucléaire EDF de Gravelines : « Les véhicules électriques en test »
- Cécile Saez, CHU de Bordeaux : « 813 heures de transport évitées avec le télétravail »