
Peut-on proposer une offre dite « verte » si l’on n’est pas soi-même irréprochable en matière environnementale ? Les deux idées sont liées : une démarche respectueuse de l’environnement, c’est d’abord une volonté globale qui imprime sa marque sur la stratégie de l’entreprise et impacte ses grandes orientations. Puis, petit à petit, cette démarche se traduit dans les gestes du quotidien, y compris dans les offres commerciales.
Les spécialistes de l’entretien et de la réparation n’échappent pas à la règle et quand on les interroge, ils évoquent d’abord leur positionnement général vis-à-vis de la RSE (responsabilité sociale et environnementale),...
Peut-on proposer une offre dite « verte » si l’on n’est pas soi-même irréprochable en matière environnementale ? Les deux idées sont liées : une démarche respectueuse de l’environnement, c’est d’abord une volonté globale qui imprime sa marque sur la stratégie de l’entreprise et impacte ses grandes orientations. Puis, petit à petit, cette démarche se traduit dans les gestes du quotidien, y compris dans les offres commerciales.
Les spécialistes de l’entretien et de la réparation n’échappent pas à la règle et quand on les interroge, ils évoquent d’abord leur positionnement général vis-à-vis de la RSE (responsabilité sociale et environnementale), avant d’entrer dans les détails d’une offre verte à proprement parler. Un fonctionnement d’autant plus naturel pour les enseignes qu’il est aussi valable chez leurs clients.
Un marché vert encore en construction
Avec l’entretien et la réparation en mode vert, un constat s’impose : le marché n’est pas mûr, mais il évolue. Sous l’impulsion d’au moins deux facteurs. Le premier, c’est la conduite responsable. « La sensibilisation des salariés à la conduite responsable représente un énorme levier sous l’angle écologique », pointe Thibault Allouard, directeur des marchés entreprises de Carglass.
Le second facteur dans les grandes entreprises, c’est l’influence des CHSCT qui réclament le maximum de sécurité pour les salariés. D’où la nécessité pour les enseignes de se tenir prêtes à répondre à tout besoin, quel qu’il soit. À l’image de Norauto, engagé dans une démarche environnementale depuis longtemps déjà, selon Christophe Scheidecker, son directeur des partenariats. L’enseigne rappelle que 90 % de ses centres sont aujourd’hui certifiés ISO 14001 et qu’elle a organisé 18 filières de recyclage. Ou bien d’Euromaster qui a mené son bilan carbone en 2012 et le renouvellera l’année prochaine. Ou encore de Carglass qui s’appuie sur un code de conduite de RSE et dispose de différentes certifications : ISO 14001, OHSAS 18001 (santé et sécurité au travail) et ISO 26000 (responsabilité sociétale sur tous les plans y compris environnemental). Ces enseignes montrent alors « patte verte » aux clients qui le demandent, avec pour chacune la déclinaison d’une politique environnementale en termes de produits, de méthodes et de pratiques. Et pour verdir les offres commerciales, les leviers sont nombreux.
Limiter les trajets pour l’enseigne et ses clients
À commencer par la logistique : l’optimisation des transports relève d’une démarche environnementale d’ensemble, qu’elle concerne directement ou non les clients des enseignes d’entretien. Illustration : dès qu’une intervention a lieu sur le site d’un client, plusieurs véhicules sont traités en un seul endroit, avec à la clé des économies sur la consommation de carburant du client et celle de son fournisseur.
Une offre valorisée par de nombreux prestataires comme Euromaster, Carglass ou des enseignes de nettoyage à l’image de Sineo qui intervient sur les sites de ses clients avec ses produits écologiques. Et ces enseignes recourent autant que possible à des véhicules impactant peu l’environnement. Quelques-unes commencent même à équiper leurs parcs de modèles électriques. « Nous en avons dans nos agences de Lille et de Toulouse, affirme Hervé Casquet, directeur de Sineo. Nous renouvelons nos véhicules peu à peu en respectant au mieux l’environnement. »
Euromaster se veut pareillement attentif à disposer de véhicules à la consommation inférieure au seuil des 100 g/km de CO2.
Repenser la logistique dans sa globalité
La limite de l’exercice reste bien entendue liée aux types de véhicules employés pour les interventions sur site. Dès lors qu’un minimum d’équipement est nécessaire, il faut des utilitaires pouvant recevoir une charge élevée sur des distances importantes, ce qui exclut en partie les motorisations électriques.
À noter que dans le domaine des véhicules de courtoisie, Norauto expérimente l’électrique et l’hybride. « Nous possédons 45 Zoé et 78 Yaris », avance Christophe Scheidecker.
Optimiser la logistique, cela revient aussi à identifier des partenaires implantés à proximité. Dans son activité de recyclage et de valorisation des déchets pneumatiques, Norauto collabore avec la société Roll Gom, proche de son siège social et de son centre logistique dans le Nord Pas-de-Calais.
Mais les enseignes commencent à aller au-delà. Ainsi Carglass a-t-il établi un système logistique qui combine la livraison de pare-brise et la reprise des déchets. « Jusqu’à il y a un an environ, nos recycleurs faisaient le tour de l’ensemble de nos centres, soit de nombreux kilomètres parcourus », évoque Céline Coulibre-Duménil, responsable du développement durable. « Désormais, nos transporteurs livrent les pare-brise et reprennent les déchets de la veille. Cela économise du carburant, du temps et de l’espace : nos centres n’ont plus besoin d’énormes bacs pour stocker les déchets », poursuit la représentante de Carglass. La démarche paraît logique mais elle a supposé en amont une implication forte des transporteurs avec lesquels l’enseigne collabore, et une professionnalisation de la collecte.
Dans le domaine du nettoyage, les progrès ont souvent été significatifs. « C’est le secteur où l’on bénéficie de produits alternatifs à ceux issus de la pétrochimie, formulés à base de chimie végétale et avec un degré d’efficacité équivalent, déclare Catherine Koeberlé, chef de produits chez Würth, spécialiste du matériel et de l’outillage pour les professionnels. Et quasiment pour un prix identique. » La seule difficulté est liée à la méfiance qui demeure encore vis-à-vis de l’efficacité de ces produits. « Mais cela change, estime Hervé Casquet pour Sineo. Le simple fait de faire appel à nos services témoigne de la reconnaissance du critère écologique dans les stratégies d’achat des entreprises. »
Le nettoyage en pointe de l’écologie
Chez Sineo, les détergents sont fabriqués à partir de substances végétales comme des agrumes, par un laboratoire français avec lequel l’enseigne travaille. Outre les économies d’eau, Sineo souligne que les lingettes microfibres sont réutilisées 250 fois avant d’être traitées en déchets – dangereux pour l’instant, il n’existe pas de solution pour une valorisation.
Mais hormis le périmètre du nettoyage, les avancées demeurent plus limitées. « L’entretien courant constitue le domaine où les progrès sont les plus lents, admet Michel Pavillet, responsable qualité environnement d’Euromaster. Or la véritable révolution écologique viendra des produits employés pour l’entretien. »
Ce constat nuancé n’empêche pas certaines enseignes et fournisseurs de trouver des astuces pour réduire l’impact de leurs activités sur l’environnement.
Contenu et contenant, des astuces plus vertes
« Cela paraît tout bête mais nos techniciens recourent désormais à des capsules avec à l’intérieur le contenu juste suffisant de liquides et de résine pour effectuer la réparation, et éviter gaspillage et recyclage », précise Thibault Allouard pour Carglass. Autre initiative de l’enseigne, la fin programmée de l’usage du Betatrade, un liquide de nettoyage ; il sera remplacé par une éponge de type laine de verre, avec l’effet corrosif nécessaire pour nettoyer les pare-brise.
Würth agit aussi sur les contenants avec le concept de « bag in box » pour recharger régulièrement fûts ou bidons de liquide nécessaire au nettoyage des véhicules.
Fonctionnement identique pour les aérosols : « Plutôt que d’acheter 250 aérosols de nettoyant de freins, nous prenons des bidons de 25 litres et des aérosols rechargeables », explique Catherine Koeberlé, pour Würth. Autant de pistes pour baisser les coûts de transport et de recyclage des contenants.
Dans le domaine du recyclage, les changements sont souvent aiguillonnés par la réglementation sur la gestion des déchets industriels, dangereux ou pas. Avec également l’intégration progressive de directives européennes qui peuvent aussi avoir un impact, comme sur la gestion des fluides employés dans la climatisation des véhicules. Ce qui a donné du fil à retordre au monde de l’entretien et de la réparation, obligé de récupérer les fluides frigorigènes utilisés dans la climatisation.
« Cette directive a conduit à une refonte de nos processus, avec à la clé de nombreux changements pour nos équipes que nous avons par ailleurs dû certifier, relate Christophe Scheidecker, pour Norauto. Il a fallu prendre le taureau par les cornes. » Aujourd’hui, ces changements ont été intégrés et le travail sur la climatisation s’est « banalisé ».
Les compétences acquises dans ce domaine précis, et d’une manière plus générale dans la maîtrise des processus verts, a amené Norauto à offrir depuis peu un véritable diagnostic sur les performances environnementales d’un véhicule par l’analyse des gaz qu’il émet. Valable pour les diesels, ce diagnostic permet à ce véhicule de rester au plus près de ses émissions d’origine et d’éviter ainsi toute dégradation.
Une valorisation renforcée selon les filières
En parallèle, les enseignes progressent dans la valorisation des déchets et par conséquent dans l’optimisation des coûts du recyclage. Et pour bien faire sur ce sujet, il importe avant tout de disposer des partenariats adéquats avec les prestataires pour recycler et valoriser le mieux possible.
Euromaster a changé de fournisseur il y a deux ans et s’en félicite. Son nouveau partenaire, Remundis, a aidé à mieux valoriser les déchets. « Il est force de proposition et nous a suggéré de séparer ferraille et aluminium, celle-ci étant plus chère. Dès lors que l’aluminium se trouve en quantité suffisante, nos centres le séparent de la ferraille avec un contenant adapté afin de le valoriser différemment », relate Michel Pavillet pour Euromaster. Remundis apporte aussi un reporting très précis de la collecte par point de vente.
Carglass a aussi procédé à un changement de fournisseur : « Le nouveau prestataire présente plus de garanties et de transparence et avec lui, nous bénéficions d’une traçabilité totale des déchets de pare-brise », souligne Céline Coulibre-Duménil. En effet, pour une enseigne, le risque est de ne pas disposer d’une visibilité absolue des déchets non dangereux au sein de filières où il n’est pas nécessaire de fournir un bordereau de suivi. Et en conséquence de laisser la main à des entreprises qui par exemple vont enfouir plutôt que valoriser les déchets…
En termes de valorisation, Norauto a décidé de s’occuper intégralement de la filière pneus et de confier la tâche à la société Roll Gom « qui sait créer des produits innovants avec cette matière », selon Christophe Scheidecker. En partant de pneus usagés, on arrive de fait à fabriquer des produits variés, des sols de terrains de tennis jusqu’aux pare-chocs pour rayonnages. Avec les vitrages, la valorisation consiste à utiliser le pare-brise pour réaliser du bitume et des bocaux. Mais seul le pare-brise se recycle, pas les vitres latérales des véhicules : « L’équation économique n’est pas là, il faudrait retrier et les volumes ne sont pas assez importants », justifie Céline Coulibre-Duménil.
Cela étant, si l’on en croit Carglass, Norauto et Euromaster, l’équation économique globale s’améliore : grâce à de meilleures valorisations, le recyclage est moins cher, voire est parfois amorti. Même si, tient à noter Christophe Scheidecker, « nous ne parlons pas de rentabilité mais d’optimisation des coûts. » Et Norauto capitalise sa maîtrise des processus de recyclage en offrant à ses clients d’assurer la gestion des déchets dans ses 18 filières de recyclage.
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