
Dans les plus petites entreprises, l’aménagement résulte le plus souvent d’un processus empirique. Et ces agencements qui s’adaptent aux besoins sont parfois réduits à la plus simple expression. C’est vrai chez Janné Père et Fils, une entreprise de maçonnerie dont la flotte se compose d’un Partner de deux Master et de quatre utilitaires Iveco 35c13 équipés de bennes.
« Nos camions-bennes sont tous similaires : ils comportent une cabine 3 places et une benne sur toute la longueur, sans coffre. J’ai voulu faire le plus simple possible pour ces camions afin d’éviter des frais d’entretien », explique Michaël Janné qui dirige avec son frère cette...
Dans les plus petites entreprises, l’aménagement résulte le plus souvent d’un processus empirique. Et ces agencements qui s’adaptent aux besoins sont parfois réduits à la plus simple expression. C’est vrai chez Janné Père et Fils, une entreprise de maçonnerie dont la flotte se compose d’un Partner de deux Master et de quatre utilitaires Iveco 35c13 équipés de bennes.
« Nos camions-bennes sont tous similaires : ils comportent une cabine 3 places et une benne sur toute la longueur, sans coffre. J’ai voulu faire le plus simple possible pour ces camions afin d’éviter des frais d’entretien », explique Michaël Janné qui dirige avec son frère cette entreprise basée à Charly-sur-Marne dans l’Aisne.
Pour les Master, les aménagements se veulent eux aussi basiques. « Nos utilitaires s’équipent systématiquement de cloisons pour des raisons de sécurité, mais aussi pour atténuer le bruit. Dans la maçonnerie, les matériels sont amenés sur les chantiers ; les salariés ont uniquement besoin de transporter leur caisse à outils », justifie Michaël Janné.
Seule concession faite à l’aménagement, le choix des dimensions des véhicules, adaptées au mieux à l’activité : « Nous avons opté pour un camion rehaussé afin de faire entrer une plaque de placo entière de 2,5 m de long, poursuit Michaël Janné. Mais aussi pour pouvoir entrer dedans et être à l’aise pour décharger des plaques par exemple. Nous avions besoin d’un tel camion pour transporter des matériaux volumineux et pas forcément lourds. »
Les VUL prennent du poids
Selon les chiffres de 2017 du ministère de la Transition écologique et solidaire, cités par le parlementaire Damien Pichereau dans un rapport paru en avril 2018 (voir l’encadré ci-dessous), les VUL intermédiaires, d’un PTAC compris entre 1,6 et 2,5 t, principalement utilisés par les artisans, sont aujourd’hui majoritaires sur les routes de France : ils pèsent 53 % du parc total de VUL, soit 6,2 millions d’unités, contre 36 % en 2001. La part des VUL de 2,5 à 3,5 t est également en croissance : 43 % en 2017 contre 25 % environ en 2001. La proportion des VUL d’un PTAC inférieur à 1,5 t, elle, diminue nettement, avec seulement 4 % du parc contre 40 % en 2001.
Des TPE au plus près des besoins
Chez Janné Père et Fils, certains utilitaires bénéficient néanmoins d’aménagements plus poussés, à l’image du Master récemment arrivé dans la flotte. « Il a été plaqué bois à l’intérieur pour éviter que des coups portés n’abîment la carrosserie. Le garage AD nous a vendu le véhicule neuf. Il a trouvé ce camion déjà équipé qui venait de l’étranger ; il était neuf avec les caractéristiques dont nous avions besoin. L’aménagement était compris dans le prix », détaille Michaël Janné.
Un autre véhicule bénéficie d’un aménagement plus complet : un Partner employé par les deux dirigeants de l’entreprise pour se rendre sur leurs chantiers. « Il est tout équipé en bois avec des aménagements pour recevoir des racks, mettre des vis, etc. Cela nous est utile pour distribuer des matériels aux équipes sur les chantiers si nécessaire », indique Michaël Janné. Mais là aussi, cet aménagement relève de l’opportunité. Ce véhicule a été acheté d’occasion chez un concessionnaire local et les deux responsables ne font que mettre à profit des aménagements prévus pour les salariés d’une laiterie.

Chez Habitat & Traditions, une entreprise de la Marne, l’aménagement des utilitaires répond à des attentes précises. Le parc de ce spécialiste de la rénovation, de l’isolation et de la décoration intérieure et extérieure compte douze utilitaires, Transit et Master, susceptibles d’être conduits par 22 salariés. « Nos camions sont aménagés afin que tout soit à sa place, décrit David Éloi, en charge de la gestion du parc. Tout est organisé pour que les charges soient stables et équilibrées à l’avant ou à l’arrière : des tasseaux permettent que les caisses ne tombent pas et la cabine est fermée. »
Aménager pour ranger et sécuriser
L’aménagement est réalisé en bois par un salarié en interne, menuisier de formation. « Il peut exister de petites variantes d’un véhicule à l’autre selon ce que les salariés veulent mettre dans leur camion, comme la possibilité d’installer un micro-ondes », complète David Éloi.
Chez Jean-Claude Rancurel, plombier chauffagiste, la flotte compte un Berlingo, un Jumpy et un Jumper. « Nous fixons les chargements même pour de petits trajets, souligne ce patron de TPE. Nous avons des barres prévues à cet effet, de chez Mac et Würth. Nous avons aussi des cloisons séparatrices et des ancrages au sol et au plafond : une chaudière non attachée est dangereuse en cas de coup de frein. » Dans cette entreprise, l’aménagement des utilitaires a été réalisé par un aménageur. « Notre premier aménagement a été fait avec Würth, nous l’avons remonté ensuite sur les véhicules suivants qui sont similaires », précise le responsable.
Et des remorques viennent en appoint des camions pour les soulager des charges transportées. « Nous nous sommes équipés de trois remorques avec plusieurs usages, expose Jean-Claude Rancurel : une pour la déchetterie ; une autovidante qui va jusqu’à 1 200 kg pour charger les cuves de fioul et les encombrants, parfois les chaudières et les gravats ; une petite de 250 kg vidée tous les mois et employée pour stocker les gravats et contenus des aspirateurs sur les chantiers. Ces remorques se dotent aussi de bâches pour que le vent n’emporte pas le contenu sur la route. »
Le chargement des VU au parlement
Dans son rapport paru en avril 2018 qui préconisait le contrôle accru des utilitaires étrangers qui empruntent les routes françaises, Damien Pichereau, député LREM de la Sarthe, revenait plus généralement sur l’emploi des utilitaires en France. Et constatait que « les VUL sont souvent en grande surcharge, en moyenne entre 15 et 30 % avec des extrêmes relevés jusqu’à 300 %. Cela résulte, d’abord, de leur charge utile limitée, notamment celle des véhicules carrossés de type bennes ou VUL à hayon. »
Pour limiter ces surcharges, le rapport parlementaire préconisait de professionnaliser le secteur du transport routier de marchandises par VUL afin de généraliser les bonnes pratiques de chargement, d’arrimage et d’éco-conduite. Une professionnalisation qui passe entre autres par le suivi d’une formation initiale obligatoire. Certes, ces mesures touchent prioritairement les conducteurs d’utilitaires qui se consacrent au transport routier de marchandises pour compte d’autrui dans l’Union Européenne. Une manière pour le gouvernement de réguler la circulation de ces véhicules le plus souvent immatriculés à l’étranger et qui échappent aux règles auxquelles sont soumis les poids lourds : temps de conduite, surcharge, pollution, etc.
Reste que certaines de ces mesures pourraient s’étendre à l’ensemble des utilitaires. Le rapport préconise par exemple « la création d’une formation initiale non obligatoire qui devrait être ouverte aux professionnels qui ne font pas du transport routier de marchandises (dont les artisans faisant appel à des véhicules à faibles charges). » Concernant la conception des utilitaires, Damien Pichereau plaide pour une réduction du risque de surcharge « en obligeant les constructeurs à mettre en place un indicateur de surcharge sur les véhicules neufs. »
Attention à ne pas surcharger
Basée à Jouy en Eure-et-Loir (28), l’entreprise de Jean-Michel Bruyelle s’appuie sur un Kangoo Maxi, un Master fourgon et un Master benne rallongé pour inclure un coffre extérieur. Ce couvreur a fait le choix d’un aménagement succinct. Jean-Michel Bruyelle n’en porte pas moins une attention particulière aux chargements, en veillant à ne pas dépasser le maximum de charge. « Nous insistons auprès de nos conducteurs sur leur responsabilité : porteurs du permis, ils sont responsables du véhicule quand ils le conduisent. Sur le Master benne, nous avons aussi fait installer un témoin de charge afin que les salariés prennent conscience du chargement maximum dans la benne. C’est un outil démontable que nous réutilisons à chaque changement de véhicule », rappelle Jean-Michel Bruyelle.

Chez Techni Chauff, une entreprise familiale de chauffagiste basée dans le Pas-de-Calais, la flotte d’utilitaires compte des modèles variés : un Transit, un Boxer, un Master, un Jumpy, un Hiace et un Combo.
Cette question du poids du chargement demeure une préoccupation récurrente et croissante. Mal conçus, les aménagements peuvent de fait contribuer à augmenter le poids du véhicule. Chez Techni Chauff, une entreprise familiale de chauffagiste basée à Fouquières-lès-Béthune dans le Pas-de-Calais, la flotte d’utilitaires compte des modèles variés : un Transit, un Boxer, un Master, un Jumpy, un Hiace et un Combo. « Jusqu’à récemment, nous faisions réaliser l’aménagement par des menuisiers mais nous avons rencontré un problème de poids », note Freddy Cordonnier, dirigeant de l’entreprise. Inutile de passer sur un pont-bascule pour s’en apercevoir, affirme ce responsable : les réactions du véhicule sur la route suffisaient à apprécier l’excès de poids. Face à ce constat, l’entreprise fait désormais appel à un prestataire qui livre via internet les kits à aménager dans les véhicules. « Et pour le prix, c’est plus avantageux », conclut Freddy Cordonnier (voir l’article). Ou comment accorder objectifs économiques et impératifs de sécurité.
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