
Dans le domaine des équipements automobiles, comment trancher entre ce qui tient du confort ou de la sécurité. La climatisation, est-ce uniquement du confort ? « Non, répond sans ambages Jean-François Soulisse, directeur de Peugeot Professionnel France, c’est aussi de la sécurité. Dans le Sud, il est difficile de travailler sans climatisation. » « Cela joue sur la fatigue du conducteur, donc sur sa conduite, sa sécurité et celle du véhicule », renchérit Arnaud Duchemin, directeur de Citroën Business France.
Pour d’autres, le constat est plus nuancé. « La climatisation apporte certes du bien-être au conducteur et peut de ce fait être...
Dans le domaine des équipements automobiles, comment trancher entre ce qui tient du confort ou de la sécurité. La climatisation, est-ce uniquement du confort ? « Non, répond sans ambages Jean-François Soulisse, directeur de Peugeot Professionnel France, c’est aussi de la sécurité. Dans le Sud, il est difficile de travailler sans climatisation. » « Cela joue sur la fatigue du conducteur, donc sur sa conduite, sa sécurité et celle du véhicule », renchérit Arnaud Duchemin, directeur de Citroën Business France.
Pour d’autres, le constat est plus nuancé. « La climatisation apporte certes du bien-être au conducteur et peut de ce fait être considérée comme un élément de sécurité. Mais pour notre part, nous faisons très attention à l’empreinte écologique de nos véhicules et la climatisation n’est pas écologique. Nous ne la demandons que pour les gros rouleurs », argumente Guy Consumi, chef du service parc automobile au conseil général des Yvelines.
La climatisation est pourtant assez symptomatique du glissement du confort vers la sécurité, un glissement qui se fait dans les mentalités. « Il y a quelques années, les clients n’étaient pas prêts à la payer, aujourd’hui, la climatisation est entrée dans les mœurs », ajoute Jean-François Soulisse, pour Peugeot Professionnel France.
La sécurité est une notion qui évolue dans le temps et des équipements considérés comme de confort finissent par s’imposer comme des éléments susceptibles de protéger les conducteur et passagers. En font partie la climatisation donc, mais aussi le GPS et la navigation.
Le limiteur de vitesse, équipement essentiel ou pas ?
D’autres outils divisent encore. Comme le limiteur de vitesse : alors que pour Jean-François Soulisse, il s’agit d’un élément de sécurité « indéniable », il n’en est pas de même pour David Humeau, responsable du parc automobile de la ville d’Angers. « C’est de l’aide à la conduite, or en milieu urbain, ce n’est pas nécessaire », souligne-t-il. Pour Luce Gellibert, responsable du parc automobile de Pernod, un simple outil de rappel, intégré dans le GPS, peut être utile. « Un petit bip pour informer du dépassement de vitesse constitue un élément de sécurité important », pointe-t-elle.
Débat identique autour du Bluetooth dans les VU. « Il faut être réaliste, les gens téléphonent en conduisant et les aider à le faire dans les meilleures conditions fait aussi partie de la sécurité », observe Jean-Louis Wiedemann, chef de service marketing VU et flottes, chez Renault. Tandis que d’autres l’interdisent formellement, comme le précise Damien Berthonneau, responsable du service matériel du groupe Saur.
La liste pourrait être longue et le sujet n’a rien d’anecdotique : les arbitrages budgétaires en faveur des éléments de sécurité dans les entreprises et les collectivités peuvent en dépendre. « La frontière est floue, chaque entreprise peut avoir ses propres nécessités et, du reste, les gestionnaires de flotte n’expriment pas toujours de différence entre la sécurité et le confort », note Jean-Louis Wiedemann. Chez Renault, les deux concepts sont étroitement mêlés : la gamme business montre ainsi que le confort, c’est aussi de la sécurité, avec des équipements en série intégrant des airbags partout, un régulateur de vitesse, une aide au stationnement, un outil de navigation (TomTom), un kit mains libres Bluetooth et un radar de recul entre autres.
L’ESP, un équipement désormais obligatoire
Mais s’ils ont parfois des doutes sur la frontière entre sécurité et confort, les gestionnaires de flotte savent très précisément ce dont ils ont besoin. Et de ce point de vue, ils apprécient de plus en plus la standardisation des équipements sur la plupart ou la totalité des modèles, qu’elle dépende de la loi ou des usages. C’est vrai de l’obligation, pour tous les nouveaux véhicules, de disposer d’un ESP, et ce depuis le début de l’année. « Nous le demandions car d’après nos tests, la différence sur la stabilité est très importante selon que les véhicules sont équipés ou pas », remarque Guy Consumi, pour le conseil général des Yvelines. Pareillement, les airbags, latéraux et frontaux, ou encore l’ABS existent partout en série.
Mercedes classe ses équipements en trois catégories, avant, pendant et après l’accident. En matière de prévention, on citera un système d’alerte en cas de franchissement de ligne : « Il y aura des vibrations dans le volant », explique Frédéric Grandvoinnet, directeur ventes grandes sociétés et véhicules d’occasion chez Mercedes et smart. Dans le même esprit, le constructeur propose aussi un capteur d’angles morts. « Un bipper dans la voiture et le rétroviseur avertissent le conducteur de la présence d’un véhicule dans l’angle mort. » Ces deux équipements sont proposés au sein du pack assistance à la conduite (900 euros), pour les nouvelles Classe A et Classe B.Parfois, une innovation propre à un constructeur va attirer l’attention d’un gestionnaire. Les GPS, très courants, intègrent chez Peugeot un boîtier électronique qui permet de lancer un appel d’urgence et de localiser le véhicule. Dénommé Peugeot Connect SOS Assistance, cet outil intéresse Luce Gellibert, de Pernod. « Il n’est pas encore très développé », admet-elle, mais en série sur la gamme Business Plus du constructeur, il constitue, pourquoi pas, un critère de choix non négligeable.
Les constructeurs multiplient les équipements
Chez Mercedes, d’autres équipements, également accessibles par pack, sont activés quand l’accident est inévitable : action sur la ceinture de sécurité, sur le siège, quand celui-ci est électrique, fermeture automatique de tous les ouvrants. Enfin, un système automatique d’ouverture des portes en série, un autre d’appel en urgence et de warning (de 1 500 à 3 000 euros) aident à mieux gérer les conséquences d’un accident. « Nous essayons de standardiser le plus possible car la prise d’équipements de sécurité dans la liste des options demeure relativement rare ; les entreprises préféreront le toit ouvrant », reprend Frédéric Grandvoinnet.
Ces équipements ont en effet souvent un temps d’avance sur les attentes réelles des gestionnaires de flotte, pour qui l’électronique embarquée n’a par exemple pas toujours une utilité immédiate. « Nous ne sommes pas vraiment en phase avec ces outils, ils ne se sont pas encore démocratisés et j’attends une plus grande maturité avant de décider », illustre Guy Consumi, pour le conseil général des Yvelines. D’une certaine manière, les gestionnaires de flotte ont aussi des besoins plus prosaïques. « Les équipements tels que les gilets, les triangles et plus récemment les éthylotests sont obligatoires, et pourtant, ils ne sont pas proposés en série », déplore Luce Gellibert, pour Pernod. Et il n’est pas toujours simple d’être en phase avec les attentes des clients. « Nous avons tenté de lancer une option de détection de distance de sécurité, mais dès que le flux routier devient intense, les autres véhicules s’interposent dans l’espace de sécurité laissé libre et les conducteurs la désactivent », retrace Jean-Louis Wiedemann pour Renault.
La sécurité est aussi une question de culture d’entreprise
De leur côté, les gestionnaires de flotte identifient les équipements de sécurité en fonction d’une part de l’usage des véhicules, et d’autre part du TCO qui peut s’en dégager. Avec, en arrière plan, la culture de sécurité propre à l’entreprise ou à la collectivité. « Dans les entreprises, nous voyons des politiques de sécurité très diverses ; les unes y attachent beaucoup d’importance dans leur appels d’offres et leur car policy, les autres auront une logique purement financière », estime Frédéric Grandvoinnet, pour Mercedes. De grands groupes ont construit une « valeur » sécurité et « ils ne reviennent pas dessus, malgré la crise », constate Alexandrine Brites Leblond, manager grands comptes à la direction commerciale de Renault France. « Nous n’avons pas d’approche budgétaire de la sécurité », confirme Xavier Bazan, responsable de la flotte automobile du laboratoire pharmaceutique Bristol Myers Squibb.
De fait, l’enjeu de la sécurité dépasse largement les strictes fonctions liées à la gestion de flotte et intègre les ressources humaines et, surtout, les CHSCT (comités d’hygiène, de sécurité et des conditions du travail), avec des demandes très précises. « Leur rôle se fait toujours plus pointu. Dans le domaine du confort et de la fatigue des salariés au volant, ils complètent et suppléent au besoin la démarche de certaines entreprises », souligne Alexandrine Brites Leblond.
L’enjeu est de taille : près de la moitié des accidents mortels du travail sont des accidents de la route. Et peu importe le coût, si cela réduit la sinistralité, et surtout la sinistralité mortelle. Le groupe Saur a un avis tranché sur le sujet : « Nous ne regardons pas le prix des airbags passagers et depuis que nous en équipons nos VU, les accidents corporels ont nettement diminué », avance Damien Berthonneau, du groupe Saur. Même si nombre d’entreprises continuent de faire des calculs et cherchent le meilleur équipement au moindre prix…
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