
25 septembre 2015 : une date à marquer d’une pierre blanche. C’est à cette date qu’ERDF a pris livraison du 1 000e véhicule électrique (VE) de sa flotte, un Kangoo Z.E.
Un engagement né en 2011 au travers du projet Ecoflot. « Cette initiative vient de Jean-Paul Bailly, président du groupe La Poste de 2002 à 2013. Il s’agissait alors d’offrir un minimum de marché et de débouchés aux constructeurs qui s’étaient lancés dans le VE », précise Bruno Dobrowolski, directeur du projet Ecoflot au sein de la direction du développement d’ERDF. À travers la centrale d’achat public, l’Ugap, Henri Proglio, P-DG d’EDF de 2009 à 2014, avait alors pris un...
25 septembre 2015 : une date à marquer d’une pierre blanche. C’est à cette date qu’ERDF a pris livraison du 1 000e véhicule électrique (VE) de sa flotte, un Kangoo Z.E.
Un engagement né en 2011 au travers du projet Ecoflot. « Cette initiative vient de Jean-Paul Bailly, président du groupe La Poste de 2002 à 2013. Il s’agissait alors d’offrir un minimum de marché et de débouchés aux constructeurs qui s’étaient lancés dans le VE », précise Bruno Dobrowolski, directeur du projet Ecoflot au sein de la direction du développement d’ERDF. À travers la centrale d’achat public, l’Ugap, Henri Proglio, P-DG d’EDF de 2009 à 2014, avait alors pris un engagement contractuel pour l’achat de 1 500 VE.
La flotte, poids lourd des dépenses
Il faut dire que la flotte se positionne comme le deuxième plus important poste de dépenses logistiques d’ERDF, derrière l’immobilier. Bien au-delà de la symbolique de l’adoption de la mobilité électrique, l’objectif était alors de réduire l’impact du parc sur les comptes. Ainsi, durant les deux premières années du projet, le rajeunissement de la flotte a entraîné un recul de 3 % des consommations de carburant qui, conjugué à l’acquisition de modèles électriques, a dégagé une économie de près de 650 000 l de carburant. Autre conséquence : sur la même période, les émissions de CO2 ont été abaissées de 6 %. Et ce programme devrait contribuer à diminuer le coût total de possession de l’ordre de 4 à 5 points de pourcentage.
Pour parvenir à un tel résultat, ERDF a mené un travail de tous les instants sur l’utilisation des VE entrés dans son parc. Premier dossier sur lequel l’entreprise a focalisé son attention : les conditions de mise à disposition d’un véhicule.
« Nous sommes partis sur un système double, à savoir la mise en pool de modèles mais aussi leur attribution en qualité de véhicules de service. Problème : dans les pools, le VE ne fait pas recette à cause de l’autonomie, alors que c’est à cet usage qu’il se prête le mieux », relate Bruno Dobrowolski. Qui lutte pour que les véhicules attribués le soit non pas à un salarié mais à deux ou trois, afin d’assurer un minimum de roulage.
Atteindre le point mort de l’électrique
Faire rouler les VE : voilà finalement le principal défi d’ERDF. « Nous avons calculé que pour atteindre le point mort, ces modèles devaient parcourir 12 000 à 13 000 km par an, soit 50 km/jour », avance ce responsable. Le défi est donc que les 1 237 VE à fin 2015 atteignent ce chiffre. Un objectif « atteignable mais difficile », concède Bruno Dobrowolski.
En effet, les écarts types restent très importants sur le terrain. « Dans certaines régions, nos VE roulent très facilement plus de 50 km par jour, dans d’autres, ce chiffre peut tomber à moins de 10 km », décrit Bruno
Dobrowolski. Résultat : la moyenne parcourue par les VE à l’échelle nationale se situe à 30 km, contre 50 à 60 km pour les modèles thermiques.
Au-delà de cette utilisation des VE par les collaborateurs d’ERDF, des questions se posent quant à leur TCO et à leur prix. Car si ce coût total de possession peut être inférieur pour les VE, grâce notamment à un coût d’exploitation cinq à six fois inférieur à celui d’un modèle thermique, des incertitudes demeurent sur ce calcul.
Lever les appréhensions face à l’électrique
Principale d’entre elles, la valeur résiduelle de ces VE. « Aujourd’hui, nous faisons un calcul commun de ces VR avec le thermique alors que nous ne devrions pas : il existe toujours une inconnue sur la VR de l’électrique », souligne Bruno Dobrowolski.
Le travail mené par ERDF cible aussi la levée des appréhensions liées à cette nouvelle forme de mobilité. « Nos salariés ont peur quand ils passent d’un véhicule thermique avec une autonomie de 1 000 km, à un VE offrant un peu plus de 100 km », observe le responsable.
Pour ERDF, l’idée est donc de mettre en place les outils de prévision et de planification des trajets afin d’accompagner les salariés sur le terrain. Avec un exemple : « le fait de ne jamais freiner mais de décélérer, ou encore de bien expliquer le recours au chauffage et la bonne maîtrise de la climatisation », illustre Bruno Dobrowolski.
Autant de bonnes pratiques transmises aux salariés recevant un VE, avec une règle simple : en amont de la remise des clés, tous les collaborateurs concernés bénéficient d’une journée de formation théorique et pratique afin de leur exposer les bonnes pratiques. Une remise de clés que Bruno Dobrowolski voudrait aussi voir évoluer, « pour en faire un moment spécial, afin d’encourager à prendre confiance dans le VE. » Mais cette levée des doutes ne pourra se faire sans un réseau national de points de charge. « Nous disposons d’un réseau de 11 000 stations essence, il nous faut donc 11 000 stations de charge afin d’accompagner l’essor de la mobilité électrique. Un maillage qui devra se construire en prenant en compte une approche de l’aménagement du territoire, à l’image d’un réseau essentiel comme Corri-Door », anticipe Bruno Dobrowolski.
Et si le présent importe beaucoup, l’avenir ne devra pas non plus être oublié, estime ce responsable : « On voit que d’ici deux ans, les capacités énergétiques vont doubler. Les infrastructures devront être capables d’accepter ces évolutions. »
L’autonomie et les ENR, défis du futur
Si le pari de l’électrique semble donc en passe d’être gagné par ERDF, les défis restent nombreux. Alors que le chiffre de 1 500 VE devrait être atteint d’ici mi-2016, et celui des 2 000 unités d’ici la fin d’année, l’entreprise n’est pas décidée à s’arrêter en si bon chemin. En témoigne son implication dans le projet BienVEnu aux côtés de sept partenaires (voir l’encadré).
La question de l’origine de l’énergie pour recharger les batteries se pose également. Et Bruno Dobrowolski de préciser : « Nous avons une obligation d’intégrer des ENR (énergies renouvelables) dans notre mix énergétique. Nous regardons donc d’un œil attentif les possibilités de stockage que pourraient offrir les VE à ces énergies vertes. D’autant plus que d’ici 2025, la production de ces ENR aura plus que doublé et permettra de couvrir les besoins des VE. »
L’autonomie et le prix de cette nouvelle mobilité sont aussi au cœur du projet Ecoflot. « Il n’y aura pas de mobilité électrique tant que les constructeurs ne pourront pas garantir une longue autonomie, c’est-à-dire au-delà de 500 km, avec un temps de recharge plus acceptable et dans des conditions optimales. »
Et le responsable du projet de conclure : « Nos véhicules qui roulent le plus parcourent plus de 200 km par jour. Une fois que l’électrique parviendra à ce chiffre, il n’y aura plus de barrières. »
La flotte électrique d’ERDF en chiffres
Le parc électrique d’ERDF se compose aujourd’hui de plus de 1 200 modèles : Peugeot iOn, une quarantaine de Renault Zoé, des Smart électriques, mais aussi et surtout des Renault Kangoo Z.E. dont le nombre devrait atteindre 1 500 unités fin 2016. L’entreprise a également en test quelques Twizy et Bolloré Bluecar. Le parc total comprend 17 000 véhicules (15 000 VU, 2 000 VP) et 3 000 engins.
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