Émissions de CO2 : un manque de suivi pour certaines flottes

Suite à une étude menée auprès de ses clients, le loueur Alphabet a constaté que certaines entreprises ne prennent pas en compte l’impact environnemental de leur flotte. Et il a rappelé que les flottes devront rendre des comptes d’ici 2024, en application d’une directive européenne.
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Le loueur Alphabet a présenté les résultats de son étude European Fleet Emission Monitor, concernant la place du développement durable dans les choix stratégiques des entreprises. Une étude réalisée fin 2022 auprès de ses clients flottes dans douze pays européens. Rappelons que les entreprises incluses dans cette étude étaient de divers secteurs d’activité, de taille variable (moins de 500 employés et plus de 1 000 employés,) tout comme leurs flottes (de 10 véhicules à plus de 100 véhicules). Le loueur a ainsi interrogé plus de 700 gestionnaires de flotte en Europe.

Des entreprises plus ou moins soucieuses de leurs émissions de CO2

D’après les résultats de l’enquête, 83 % des clients d’Alphabet en Europe considèrent que la réduction des émissions de CO2 de leur flotte est « incontournable ». En revanche, pour 10 % des entreprises, l’impact environnemental n’intervient pas dans leurs prises de décision.

En effet, si 61 % des entreprises ont reconnu l’importance de prendre en considération le développement durable dans la gestion d’une flotte, la majorité d’entre elles négligeraient encore le pilotage de leurs émissions de CO2. Seules 37 % des entreprises ont déjà contrôlé et piloté activement les émissions de CO2 de leur flotte, tandis que 17 % ont admis ne pas connaître leur niveau d’émissions de CO2.

Du côté des gestionnaires de flotte, 38 % n’ont pas forcément pris en compte le développement durable au moment de prendre une décision, tout en étant conscients de l’importance de ses enjeux (60 % des sondés). Ces chiffres font écho à une récente étude concernant l’électrification des flottes de l’ONG Transport & Environment, pointait le manque de volontarisme de certaines entreprises.

Des obligations en termes d’émissions d’ici 2024

« Le développement durable a pris une place plus importante dans le processus décisionnel depuis ces deux dernières années, a déclaré Markus Deusing, P-DG d’Alphabet International. La gestion des flottes d’entreprise illustre parfaitement la difficulté qu’il y a à concilier efficacité économique et rentabilité avec un modèle axé sur le développement durable. Notre enquête est une sorte de signal d’alarme pour les entreprises. Elles doivent prendre des mesures immédiates pour réduire leurs émissions et adopter une approche plus durable. »

Et autant dire qu’il serait temps de s’en préoccuper. À partir du 1er janvier 2024, les entreprises seront tenues de se conformer à la directive sur les rapports de développement durable des entreprises, ou CSRD pour Corporate Sustainability Reporting Directive. « Les entreprises devront ainsi soumettre des rapports à l’Union européenne sur leurs objectifs et leurs progrès en matière de développement durable. Cette nouvelle directive vise à encourager les entreprises à agir pour améliorer les pratiques de développement durable », a souligné le rapport.

Parmi les entreprises étudiées, les émissions moyennes de CO2 des flottes étaient inférieures à 50 g/km (9 %), allaient 51 à 80 g/km (10 %), de 81 à 100 g/km (15 %), de 101 à 120 g/km (27 %), de 121 à 130 g/km (15 %), et dépassaient les 130 g/km (8 %).

Ainsi, l’étude Alphabet a constaté que « sur l’ensemble des entreprises interrogées, seulement un tiers a réussi à atteindre une valeur moyenne d’émissions de CO2 inférieure à 100 g/km, contre 95 g/km pour la référence européenne. Cela signifie que la plupart des entreprises européennes sont incapables d’atteindre cet objectif. Ces entreprises qui ont des valeurs d’émissions de CO₂ de 100 g/km à 130 g/km s »exposent à des amendes sévères », a signalé le loueur.

Alphabet étude

Suivi des émissions de CO2 : un manque d’outils chez les flottes

L’étude a mis également en évidence la nécessité pour les entreprises de pouvoir disposer d’un outil global pour mesurer et piloter leurs émissions de CO2. Actuellement, 48 % des entreprises interrogées calculent leurs émissions à partir de leurs données de consommation de carburant. 31 % des entreprises s’appuient sur les données fournies par les constructeurs automobiles et les stockent dans un fichier Excel. D’autres entreprises, mais pas la majorité, ont recours à des outils de gestion intégrant les données relatives aux consommations de carburant et aux émissions de CO2 (31 %). Voire, elles ont choisi d’utiliser les évaluations de leur loueur (22 %).

« Nous avons identifié le besoin urgent chez nos clients d’une solution de pilotage des émissions de CO2 complète et conviviale. Pour aider les gestionnaires de flotte à atteindre leurs objectifs en matière de réduction des émissions de CO2, Alphabet s’est associé à un prestataire spécialisé pour développer un outil de pilotage innovant. Il permettra aux gestionnaires de prendre des décisions éclairées, concrètes et durable », a annoncé Andreas Baron, expert en développement durable et conseil chez Alphabet.

Électrification : l’objectif malgré les freins

En outre, 69 % des responsables de flotte interrogés estiment que leur parc sera à terme entièrement électrifié. Parmi eux, 30 % pensent que leur flotte ne comptera plus de véhicules essence et/ou diesel, d’ici six à dix ans. Ce chiffre atteint 21 % d’ici trois à cinq ans.

Néanmoins, 94 % des gestionnaires de flotte sondés par Alphabet ont rencontré des difficultés pour l’électrification de leur parc : trop faible autonomie des véhicules électriques (38 %), manque d’infrastructures de recharge (36 %), voire réticence de certains employeurs à abandonner les motorisations diesel et essence (7 %).