
L’Eurométropole de Strasbourg a réussi à diminuer significativement l’empreinte carbone de son parc de 1 150 véhicules et 102 deux-roues motorisés. En 2016, son bilan s’élevait à 5 607 t de CO2, soit – 4 % par rapport à 2015. Et ce chiffre a progressé chaque année : – 0,3 % en 2013, – 2 % en 2014 et – 3 % en 2015.
Un résultat dû à un ensemble de facteurs selon Benoît Weinling, chef du service parc véhicules et ateliers. Entres autres : l’éco-conduite, la moindre utilisation des véhicules et la consommation restreinte de carburant au fil du renouvellement du parc.
Le gaz naturel contre le CO2
En 2005, lorsque le bonus écologique calculé sur...
L’Eurométropole de Strasbourg a réussi à diminuer significativement l’empreinte carbone de son parc de 1 150 véhicules et 102 deux-roues motorisés. En 2016, son bilan s’élevait à 5 607 t de CO2, soit – 4 % par rapport à 2015. Et ce chiffre a progressé chaque année : – 0,3 % en 2013, – 2 % en 2014 et – 3 % en 2015.
Un résultat dû à un ensemble de facteurs selon Benoît Weinling, chef du service parc véhicules et ateliers. Entres autres : l’éco-conduite, la moindre utilisation des véhicules et la consommation restreinte de carburant au fil du renouvellement du parc.
Le gaz naturel contre le CO2
En 2005, lorsque le bonus écologique calculé sur les émissions de CO2 a été introduit, Strasbourg s’est tourné vers le diesel, motorisation alors considérée comme la plus propre. « Maintenant, nous sommes plutôt focalisés sur les émissions de particules fines et de NOx, explique Benoît Weinling. Pour renouveler le parc, nous achetons donc des véhicules roulant au gaz et à l’essence, en excluant les diesel. »
Ainsi, parmi les 800 VL de la flotte, 143 roulent au gaz naturel et 44 au GPL. Sur les 300 poids lourds, seize fonctionnent au gaz naturel, les autres au diesel. Strasbourg a d’ailleurs commandé en 2016 quatre bennes à ordures au gaz, et prévoit d’en acheter cinq autres cette année.
« Cela dépendra de l’autonomie et de la charge restante des véhicules, plus faibles que pour un diesel », précise Benoît Weinling. Seuls les VU conservent des motorisations diesel : « Avec les fourgons, il n’y a plus d’offre en essence et le gaz génère un surcoût important. »
Le ravitaillement en gaz est assuré par un distributeur local qui a installé deux stations pour le grand public ouvertes 24 heures sur 24, dont une proche du centre technique de la ville. « Nous nous en servons pour faire le plein de nos VL. Pour les PL, principalement des bennes à ordures, nous nous rendons dans les dépôts de la Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS), en charge du réseau de bus et de tram, et qui emploie 150 bus au gaz naturel sur ses 250 véhicules. »
La nouvelle définition des « véhicules à faibles émissions » a toutefois remis en cause la fibre verte du parc, les véhicules au gaz n’étant plus considérés comme propres quel que soit leur taux d’émissions de CO2.
L’électrique en test depuis les années 2000
De plus, comme toutes les collectivités, l’Eurométropole est désormais tenue par la loi sur la transition énergétique et devra acheter 20 % de véhicules électriques à chaque renouvellement : « Nous changeons environ trente véhicules chaque année, cela représentera donc six VE par an, calcule Benoît Weinling. Ces véhicules seront achetés au titre de l’année 2017 et livrés courant 2017-2018. Tout le reste sera certainement en GNV. »
Cette obligation ne devrait cependant pas perturber le fonctionnement du parc. La collectivité achetait déjà des VE à la fin des années 90. En 1974, Strasbourg a même fait produire un premier véhicule électrique pour son propre usage : des triporteurs pour les équipes de balayage. Aujourd’hui, sa flotte compte plusieurs VE : seize Goupil pour les services des parcs et cimetières, deux Kangoo Z.E., une Zoé et deux C-Zéro.
Ces véhicules se rechargent en huit heures sur des prises de 16 A implantées dans tous les équipements de stationnement couverts et extérieurs. « Compte tenu de l’utilisation, nous n’avons pas besoin de charge rapide. La plupart des trajets ne dépassent pas 100 km par jour », note Benoît Weinling.
Cette motorisation demeure néanmoins peu rentable : « Les VE coûtent plus cher à l’achat et à l’usage. On peut arriver à l’équilibre si l’on parcourt environ 20 000 km par an. Or nous roulons environ 10 000 km par an. La dernière Zoé achetée a coûté 3 000 à 4 000 euros de plus qu’une berline essence. La location de la batterie revient environ à 72 euros par mois HT. Mais les prix sont en baisse car Renault nous a proposé une location à 65 euros par mois pour une Zoé parcourant 10 000 km/an », détaille le responsable.
En outre, si l’autonomie suffit aux besoins de déplacement des agents avec les petits véhicules VP et VU, ce n’est pas vrai pour les VU plus gros : « Il y a peu de modèles sur le marché et les coûts flambent. »
Un parc en cours de rationalisation

chef du service parc véhicules et ateliers, Eurométropole
En parallèle de cet effort de verdissement, Strasbourg rationalise son parc depuis déjà plusieurs années. « Au coup par coup, à chaque fois qu’un véhicule est réformé, nous nous interrogeons sur son remplacement. »
Strasbourg mise aussi sur la mutualisation. À l’heure actuelle, ses 8 000 agents disposent d’un pool d’une centaine de véhicules réservables sur internet pour une durée de 24 heures. « Ce sont principalement des berlines et des fourgonnettes, mais il y a aussi des véhicules plus techniques (VU), voire des camions prêtés aux services pour des besoins ponctuels ou en cas de remplacement », expose Benoît Weinling. Une fois par an, ce responsable effectue un état des lieux des véhicules qui circulent peu, et incite les services à les restituer ou les mutualiser.
Une démarche d’autant plus importante que l’administration a subi une baisse des dotations de l’État, ce qui se traduit par des objectifs de diminution des dépenses et des effectifs. « Cela transforme le recours aux véhicules et nous devons faire le point avec les services sur leurs nouveaux besoins. »
L’arrivée des zones de circulation restreintes et des vignettes Crit’Air, prévue pour septembre, va aussi influencer les trajets des agents. « 5 % de nos véhicules (scooters compris) sont trop âgés et n’auront pas de vignettes, soit 58 véhicules ou engins sur 1 198, indique Benoît Weinling. Les objectifs de verdissement sont un peu antagonistes avec les économies demandées. Il faudra assainir le parc et sortir rapidement les véhicules sans vignette, ce qui demandera un investissement dans les deux-trois années à venir. Un effort avait déjà été consenti avec une augmentation de 15 % des crédits d’investissement pour l’achat de modèles roulant au gaz. »
Les nouvelles mobilités en test
Les agents sont également mis à contribution afin de réduire l’empreinte carbone de la collectivité, que ce soit pour leurs déplacements professionnels ou personnels. Ils peuvent ainsi opter pour la prise en charge à 75 % de l’abonnement aux transports en commun de la Compagnie des Transports Strasbourgeois.
Une trentaine de cartes sont aussi proposées pour le service d’autopartage Citiz, soit environ 120 véhicules à Strasbourg. « Mais l’autopartage nous revient plus cher : un véhicule Citiz coûte 60 à 70 centimes du kilomètre, contre 30 centimes pour nos petites berlines », constate le responsable.
Le covoiturage est encouragé auprès des agents basés dans deux bâtiments qui regroupent plusieurs services et avec des parkings souterrains insuffisants. Les places sont donc réservées aux véhicules de service partagés (pool) et aux véhicules régulièrement en circulation dans ces deux bâtiments, mais aussi aux covoitureurs. Pour se garer, ces derniers doivent être au minimum trois par véhicule.
Autopartage, covoiturage et vélos
Les agents sont aussi fortement incités à l’usage du vélo. « Sur nos 1 150 vélos, environ 250 sont loués à des agents pour leurs trajets privés et professionnels, et 900 mis à disposition des services. » Ces derniers sont pour partie en pool grâce à un système d’armoire à clés, et prêtés pour une durée maximum de 24 heures. « Dans le cadre de notre PDE, les vélos sont loués à 1 euro par mois, contre 65 euros par an auparavant. »
Depuis huit ans, Strasbourg incite enfin ses agents à s’inscrire à des formations d’éco-conduite. « L’enthousiasme étant un peu retombé, nous allons relancer la communication sur ces formations en 2017, surtout auprès des agents qui passent tout leur temps de travail au volant. »
Selon Benoît Weinling, c’est l’ensemble de ces mesures qui a permis de diminuer globalement les émissions de CO2 de la flotte. Un recul qui devrait se poursuivre puisque Strasbourg ne cesse de s’engager dans de nouvelles démarches pour la mobilité verte (voir l’encadré ci-dessous).