Pour rappel, les trois instances européennes veulent imposer une réduction de 15 % des émissions de CO2 des camions et bus neufs en 2025 et de 30 % en 2030 par rapport à 2019, avec des pénalités financières à la clé.
Selon l’association européenne des constructeurs automobile (ACEA), « ces normes de CO2 nécessiteront l’adoption rapide et à grande échelle par le marché de camions à propulsion alternative. Or, l’infrastructure de chargement et de ravitaillement spécifique aux camions n’est tout simplement pas disponible aujourd’hui. » L’association pointe aussi l’absence d’objectifs européens de déploiement d’infrastructures pour les PL – à l’exception du gaz naturel liquéfié (GNL) –, ainsi que de normes pour la « charge à haute puissance » des camions (DC > 500 kW), nécessaire à une recharge électrique en moins d’une heure.
L’infrastructure pour camions électriques en question
Pour étayer sa position, l’ACEA a tenté d’estimer les besoins futurs en infrastructure d’ici 2025-2030. Elle s’est basée sur un scénario où les véhicules électriques à batterie représenteraient à terme 23 % des ventes de camions neufs (PTAC > 3,5 t), dont 8 % avec un PTAC supérieur à 16 t, soit 110 000 camions électriques sur les routes d’Europe en 2030.
L’association a également supposé une distance maximale entre deux points de recharge de 50 km pour ceux de plus de 150 à 500 kW, contre 100 km pour ceux de plus de 500 kW, situées sur autoroute et que seuls les camions long-courriers utiliseraient. Enfin, elle prévoit que les camions les moins lourds pourront se charger au dépôt tous les jours, alors que les plus lourds ne le feront que tous les deux jours. Ces derniers devraient ainsi être chargés une fois par jour le long des autoroutes, et un véhicule sur deux devrait également l’être la nuit.
26 000 points de charge nécessaires en 2030
Ainsi, l’ACEA estime qu’il faudrait « au moins 6 000 points de charge haute puissance pour les camions électriques le long des autoroutes européennes d’ici 2025-2030. De plus, 20 000 points de recharge « réguliers » supplémentaires adaptés aux camions sont nécessaires, ce qui porte à 26 000 le nombre total de points de recharge. »
Ces derniers n’incluent pas les points de recharge non publics, mais l’ACEA a supposé que tous les camions pourraient utiliser la recharge de dépôt. À noter que les camions hybrides rechargeables n’ont pas été pris en compte. Pour l’instant, aucun point de charge spécifique aux camions ne serait disponible.

1 000 stations hydrogène et 1 500 stations GNV
Côté hydrogène, l’association juge que 1 000 stations publiques seront nécessaires d’ici 2025-2030, à raison de 500 distribuant de l’hydrogène compressé à 350 ou 700 bars, contre moins 10 actuellement, et 500 de l’hydrogène liquéfié. Enfin, pour le GNV, il faudrait passer des 200 stations GNC déjà disponibles à 500 d’ici 2025-2030 ; et de 155 stations GNL à plus de 1 000.
« Les objectifs doivent être fixés en conséquence et doivent être accompagnés d’un plan d’action visant à déployer des infrastructures spécifiques aux camions dans toute l’UE. On ne peut pas s’attendre à ce que les clients investissent dans des camions à propulsion alternative s’ils n’ont pas la possibilité de les recharger ou de faire le plein », a argué Erik Jonnaert, secrétaire général de l’ACEA.
Reste à savoir si ces arguments porteront auprès des institutions européennes, alors que la troisième et probablement dernière réunion du trilogue est prévue pour le 12 février 2019.