Jean-Pierre Labonne est président de la filière déconstruction automobile au sein de la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec).
« L’écoconception doit absolument prendre en compte les problèmes du recyclage et de la raréfaction de la ressource. Aujourd’hui, nous réussissons à trier à la main seulement deux ou trois qualités de plastique. Le reste est broyé, mélangé et il faut effectuer un tri post-broyage pour essayer de le valoriser, ce qui n’est pas évident. C’est le cas des plastiques des planches de bord, soit une proportion importante de la voiture. De même, les plastiques traités avec des retardateurs de...
Jean-Pierre Labonne est président de la filière déconstruction automobile au sein de la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec).
« L’écoconception doit absolument prendre en compte les problèmes du recyclage et de la raréfaction de la ressource. Aujourd’hui, nous réussissons à trier à la main seulement deux ou trois qualités de plastique. Le reste est broyé, mélangé et il faut effectuer un tri post-broyage pour essayer de le valoriser, ce qui n’est pas évident. C’est le cas des plastiques des planches de bord, soit une proportion importante de la voiture. De même, les plastiques traités avec des retardateurs de flamme – présents dans les tapis de sols car les gens fumaient dans les voitures – sont difficiles à extraire et à recycler, et sont sources de polluants organiques persistants (POP). Mais sont-ils encore utiles ?
Des ressources en voie de disparition
En parallèle, la société française prend conscience de la finalité de la ressource minérale et métallique. Il n’y aura peut-être plus de de cuivre ni de zinc dans dix ou vingt ans, plus d’argent dans 80 ans, plus d’aluminium dans 90 ans. Et les métaux précieux et terres rares nécessaires aux véhicules électrifiés deviendront rares à très court terme. Que fait-on alors que la consommation de ces ressources ne cesse de croître ?
Le lin ou le chanvre comme alternatives au tout métallique et au tout plastique
Une option est d’utiliser des matières premières issues du recyclage (MPIR). Cependant, le sourcing du recyclage ne peut répondre à la totalité de la demande : il ne pèse ainsi que 30 à 33 % du besoin mondial d’acier. Il faut donc trouver des alternatives au tout métallique et au tout plastique. Des produits agricoles comme le lin ou le chanvre peuvent remplacer certains plastiques, plutôt que le carbone que l’on ne sait pas recycler. Nous sommes en train de casser les silos entre les secteurs de l’automobile, de l’agriculture ou encore du jouet pour voir si nous avons des matières en commun et des processus à partager. L’enjeu : changer la vision de ceux qui élaborent les cahiers des charges de l’automobile. »