
Les acteurs de la filière économique du vélo se sont rassemblés, le 15 novembre 2022, aux états généraux de la filière du vélo organisés au ministère de l’Économie et des Finances. Ils y ont notamment présenté neuf engagements pour structurer la filière économique du vélo et encourager son usage en France d’ici 2030, au sein d’un livre blanc. Ce dernier fait écho aux propositions du député Guillaume Gouffier-Cha formulées dans un rapport parlementaire du 8 février 2022.
Notons que cinq ministres étaient présents ce jour : Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie, Clément Beaune, ministre délégué aux Transports, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Amélie Oudéa-Castera, ministre des Sports et des jeux olympiques et paralympiques et Sarah El Hairy, secrétaire d’État à la Jeunesse.
Après avoir augmenté les montants des bonus et des primes à la conversion pour les vélos, le gouvernement a d’ailleurs annoncé, en septembre, son nouveau plan vélo (dispositif initié en 2018). Il s’élèvera à 250 millions d’euros pour l’année 2023, contre 60 millions d’euros en 2020. À l’issue des états généraux, les acteurs de la filière économique du vélo et les ministres ont acté la création d’un comité interministériel du vélo. Il se réunira d’abord le 2 décembre 2022, puis tous les six mois.
Une structuration de la filière du vélo
En résumé, la filière économique du vélo s’est d’abord engagée à « créer une structure qui fédère les acteurs, ainsi qu’un observatoire pour piloter ses engagements ». Cette proposition de structure et de gouvernance s’adressera aux services de l’État en mars 2023. Mobilians, membre du comité de pilotage de la filière économique du vélo, participera au pilotage de cet observatoire via l’apport de données.
La filière du cycle souhaite aussi « relocaliser l’industrie en France », une volonté partagée sur le secteur automobile. Ainsi, elle prévoit d’atteindre 2 millions de vélos assemblés en France d’ici 2030, soit + 150 % par rapport à 2021. Pour ce faire, elle envisage « d’accompagner les acteurs vers l’innovation en augmentant significativement les budgets attribués et en développant les formations et l’emploi ». La filière économique du vélo promet 100 000 emplois dans le secteur du vélo en 2030.
Promouvoir l’usage du vélo…
De plus, les acteurs espèrent « renforcer l’usage du vélo dans les territoires et faire de la France la première destination mondiale pour le tourisme à vélo en 2030. » Cela passera par l’objectif d’offrir la possibilité d’entretenir et de réparer son vélo à moins de quinze minutes de son domicile en 2030. Sachant qu’aujourd’hui, la distribution, la réparation et la location représentent les trois quarts du poids économique de la filière vélo en France, l’offre de vélos n’est donc pas en reste. Toutefois, la filière aurait « besoin d’un soutien de l’Etat pour réduire le taux de TVA à 5,5 % sur l’entretien et la réparation des vélos » pour parvenir à cet objectif.
Concernant le tourisme, la filière s’engage à atteindre 20 000 établissements « Accueil Vélo » en 2030, soit + 185 % par rapport à 2022. Ils se situeront le long des itinéraires touristiques (lieux d’hébergements, points de réparation et sites touristiques).
… notamment via les flottes d’entreprise
La promotion du vélo passe aussi par la mise en place de flottes de vélos en entreprise. Citons par exemple GSF Trévise qui loue douze vélos pour ses collaborateurs. Ou encore, Clifford Chance et Ramses qui mettent à disposition de leurs salariés des vélos de fonction. D’autres, le font dans le cadre d’un plan de mobilité vélo comme Doctolib ou d’une prime vélo comme Saint-Gobain.
Le vélos peut aussi avoir un rôle de véhicule utilitaire. En 2021, la cyclo-logistique rassemblait ainsi 109 entreprises, dont 25 % créées depuis 2020. D’après les chiffres du livre blanc, les deux tiers des livraisons de colis effectuées par les transporteurs seraient réalisables en vélo cargo de manière rentable. Et, en ville, le transport à vélo serait 1,6 fois plus rapide qu’en camionnette. Le Groupe Top Chrono l’a bien compris puisqu’il s’appuie sur 70 vélos cargos pour ses livraisons du dernier kilomètre.
Construire un écosystème vélo
Si le vélo peine parfois à s’imposer dans les entreprises, cela s’explique certainement par le manque d’infrastructures dans l’Hexagone. « La France doit se doter d’un écosystème vélo adapté à tous les usages. A minima, cela représente un réseau cyclable à haut niveau de service, avec au moins 100 000 km d’aménagements cyclables continus et sécurisés, ainsi que 20 millions de places de stationnement vélo », a pointé la filière. Certaines entreprises ont déjà pensé à sécuriser leurs vélos. Par exemple, la SNCF de Rennes a équipé en cadenas connectés sa flotte de vingt vélos à assistance électrique.