
C’est désormais acquis, chaque année la LLD progresse dans le financement des flottes : en 2016, elle représentait 11 % de mises à la route supplémentaires par rapport à 2015, selon le Syndicat des loueurs longue durée (SNLVLD). Et elle pèse aujourd’hui pour 62,5 % des immatriculations de VP et VU des entreprises, selon le SNLVLD, alors que la croissance de ses parts de marché pourrait bien se poursuivre en 2017.
Sur le terrain, on ne peut que confirmer la prédominance de ce mode de financement : « De 2007 à 2017, le pourcentage de nos VP financés en LLD est passé de 99,36 % à 99,94 %. Une part stable depuis trois ans », pointe Patrice Nahmias,...
C’est désormais acquis, chaque année la LLD progresse dans le financement des flottes : en 2016, elle représentait 11 % de mises à la route supplémentaires par rapport à 2015, selon le Syndicat des loueurs longue durée (SNLVLD). Et elle pèse aujourd’hui pour 62,5 % des immatriculations de VP et VU des entreprises, selon le SNLVLD, alors que la croissance de ses parts de marché pourrait bien se poursuivre en 2017.
Sur le terrain, on ne peut que confirmer la prédominance de ce mode de financement : « De 2007 à 2017, le pourcentage de nos VP financés en LLD est passé de 99,36 % à 99,94 %. Une part stable depuis trois ans », pointe Patrice Nahmias, le président d’ERCG. Ce fleeteur suit pour ses clients environ 100 000 véhicules, issus de flottes de quelques dizaines à plusieurs milliers de modèles.
La LLD a le vent en poupe
« Avec les utilitaires, nous sommes passés sur la même période de 94 à 99 %. » Et cette tendance n’est pas près de changer. « La LLD reste le financement privilégié de nos clients, nous n’observons pas de revirement de tendance », constate Patrice Nahmias.
Les modifications à venir de la comptabilité avec l’IFRS 16, des fiscalités avec l’alignement des taxes du diesel et de l’essence, ou encore l’obligation de construire des plans de déplacement d’entreprise (PDE) pourraient cependant venir bousculer cet état de fait (voir notre article). Mais pour l’instant, force est de constater que la répartition n’évolue guère entre les différents modes de financement LLD, achat, crédit-bail ou indemnités kilométriques.
Pour nombre d’entreprises, les IK se veulent une solution transitoire pour faire face à des besoins ponctuels de déplacement des salariés. Sennheiser, à la tête de 26 voitures, a ainsi recouru temporairement aux IK quand la flotte se composait encore de quelques voitures pour les dirigeants. « Il y a un peu plus d’une dizaine d’années, nous avions fait le choix des IK, retrace Jacques Demoz, responsable des services généraux du fabricant de casques audio. Il y avait alors quatre véhicules pour la direction. Puis nous avons commencé à introduire des véhicules 2-places pour les commerciaux, poursuit ce responsable. Petit à petit, avec le souhait des commerciaux de disposer de modèles plus confortables, la direction a décidé de proposer à ceux qui le souhaitaient d’accéder à des VP. » La LLD l’a emporté pour financer ce parc grandissant.
Les IK, une solution transitoire ?
Parmi les autres raisons qui amènent les entreprises à abandonner les IK : l’image. Alors que la LLD pousse à définir une car policy qui assure une unité des modèles et les renouvelle régulièrement, la pratique des IK laisse libre cours aux goûts des salariés et à leur appréciation du bon état de leur véhicule… qui n’est pas forcément à la hauteur des attentes de l’employeur.
À l’inverse, cette liberté laissée aux salariés peut constituer un argument en faveur des IK, souligne Marie-Hélène Benarouch, consultante indépendante en gestion de flotte : « Le conducteur peut retenir la voiture qu’il veut et cela libère des ressources en interne. »
Les IK peuvent aussi se révéler pertinentes pour des usages particuliers. « Nous avons mené plusieurs études de mobilité, notamment dans les centres hospitaliers, décrit Amandine Verdasca, consultante chez Aficar Consulting. Dans ce type d’organisation, il peut y avoir des personnes qui roulent peu : leur véhicule est toujours stationné sur le site ou va d’un bâtiment à un autre, ou dans la même ville du nord au sud. Il peut alors être intéressant de faire appel aux indemnités kilométriques. »
Tenir compte des cas particuliers
Mais dans la plupart des cas, l’arbitrage se fait le plus souvent entre achat, LOA ou LLD. Le choix final entre ces modes de financement se construit en fonction de la taille du parc et de l’usage des véhicules.
Dans quelques situations spécifiques, les consultants d’Aficar n’hésitent pas à rappeler l’intérêt de l’achat ou de la LOA à leurs clients dont la plupart financent pourtant leur flotte en LLD.
L’achat et la LOA gardent leurs atouts
« Pour des véhicules à faibles kilométrages, à moins de 8 000 km par an, nous réalisons des études sur l’opportunité d’autres options que la LLD », indique Amandine Verdasca. L’orientation vers l’achat se justifie entre autres pour des véhicules très équipés, « comme dans le milieu associatif avec des modèles aménagés pour des fauteuils roulants, et qui nécessitent donc de gros investissements », illustre la représentante d’Aficar.
« Dans ce cadre, nous allons plutôt sur de la LOA ou de la propriété puisque l’entreprise va investir pour une activité sur le long terme. C’est aussi vrai pour les véhicules destinés aux espaces verts ou bien frigorifiques – des modèles qui répondent à des besoins fonctionnels très spécifiques », reprend Amandine Verdasca.

responsable du parc de moins de 3,5 t, Maïsadour
Au sein du groupe agroalimentaire coopératif Maïsadour, sur les 700 véhicules, une centaine sont en achat en raison de leurs équipements. « Le groupe a débuté avec la location en 1992, en remplacement des IK, et les achats restent très rares. Ils concernent des véhicules repris lors de l’intégration de sociétés, ou bien des fourgons avec des équipements très coûteux : température dirigée, équipements spécifiques aux accouvoirs, etc. », détaille Yves Dinclaux, responsable du parc automobile de moins de 3,5 t pour le groupe.
Chez SGS, qui compte 1 400 véhicules en parc dont 80 % de VU, seuls quelques véhicules sont en achat. Dans cette entreprise spécialiste des analyses, des inspections et de la certification, la dégradation des véhicules, qui entraînerait des frais de restitution trop élevés, dissuade de s’orienter vers la LLD.
L’achat reste avant tout pragmatique
« Ces véhicules sont employés pour des activités particulières : les tests de contrôle technique pour lesquels nous les sollicitons beaucoup, ou tout ce qui est lié aux activités minières où les véhicules sont impactés sur la carrosserie et la mécanique », argumente Fabien Brunet, fleet manager de SGS. Un constat partagé par Meccoli dont les véhicules interviennent pour réaliser des travaux sur les chantiers ferroviaires, le plus souvent par des sentiers et de nuit (voir le témoignage d’Alain da Silva, gestionnaire de flotte de Meccoli).
Mais toutes les entreprises ne justifient pas le recours à la LOA ou à l’achat par ces raisons. Pour certaines, se détourner de la LLD se veut beaucoup plus pragmatique. Le plus souvent dotées de flottes de petite taille, certaines sociétés ont multiplié les déconvenues avec ce mode de financement.
Chez Sennheiser, la LLD a succédé aux IK dès que le nombre de véhicules a augmenté il y a une dizaine d’années. Mais ce changement s’est rapidement soldé par de « nombreux problèmes », déplore Jacques Demoz.

Pour les PME, la LLD a ses limites
Premier d’entre eux, le montant des frais de restitution facturés pour des dépassements des lois de roulage. Difficile en effet pour Sennheiser de respecter les couples durée-kilométrage avec des véhicules susceptibles de changer d’affectation au cours de leur contrat. « Souvent, les secteurs des collaborateurs sont modifiés, explique Jacques Demoz. Un collaborateur, qui roulait uniquement sur Paris et ne dépassait pas les 20 000 km par an, peut être affecté à un nouveau secteur et rouler 30 000 km par an ou plus. »
Et impossible de faire jouer les grilles de fluidité pour cette PME. « Elles ne nous ont été proposées que lorsque nous avons finalement décidé d’arrêter définitivement la LLD il y a quatre ans », regrette le responsable.
Pour ces parcs de taille réduite, l’accès aux grilles de fluidité n’est de fait pas automatique, constate Agnès Guehenneuc, dirigeante du gestionnaire de flotte AG Fleet : « Les petits parcs n’y ont en général pas droit. Mais les contrats restent souples en LLD, pondère cette responsable : il y a des offres où les recalculs de loyer ne sont valables qu’en cas de kilomètres excédentaires et pas minoritaires. »
Malheureusement chez Sennheiser, les frais de restitution n’ont pas été les seuls responsables de la dégradation de la relation avec les loueurs. « Lors d’une restitution, l’expert n’est pas venu le jour dit, retrace Jacques Demoz. Un mois après, il nous a envoyé une facture de 3 800 euros sans aucun justificatif. Nous avons entamé une procédure qui s’est arrêtée très vite mais l’expérience a été désagréable. Notre entreprise a une réputation de rigueur et cela ne nous correspondait pas. »
Incompétence du loueur ou malchance de Sennheiser, les déconvenues se sont poursuivies avec un autre véhicule restitué : « Le loueur a revendu la voiture sans s’assurer que le changement de carte grise avait été effectué. Nous avons reçu les contraventions du nouvel utilisateur et nous avons eu beaucoup de mal à nous faire entendre auprès du loueur. »
La restitution, toujours un écueil
Sennheiser a alors envoyé douze à quinze lettres recommandées au loueur, à la préfecture et au service des amendes de Rennes, sans aucune réponse. « Il a fallu que nous en arrivions à bloquer les paiements d’une autre voiture chez ce loueur pour obtenir enfin une réaction », relate Jacques Demoz. Ce responsable a donc préféré opter pour la LOA. « Ce financement convient à tout le monde : à la gestion du parc comme à la direction financière. Notre DAF a également eu des soucis avec la LLD dans une autre entreprise ; il était très réticent à l’idée de recommencer, il l’est aujourd’hui encore plus », note Jacques Demoz.
Chez Sennheiser, des décisions de groupe pourraient faire évoluer cet état de fait. « Mais pour l’instant, les fiscalités restent très différentes d’un pays à l’autre. De même, si nous avons demain 50 ou 60 voitures en parc, notre gestion en crédit-bail pourrait devenir trop compliquée », anticipe ce responsable (voir le témoignage de Jacques Demoz, responsable des services généraux chez Sennheiser).Mais ce choix de la propriété ou de la LOA va de pair avec une solide organisation de la revente. « Derrière, il faut pouvoir anticiper la gestion des véhicules et leur revente », rappelle Amandine Verdasca pour Aficar. Ce qui inclut un suivi régulier de l’état des véhicules, une organisation des prestations d’entretien, de réparation et d’assistance.
Certes, les expériences fâcheuses de Sennheiser ne sont pas le lot commun et pour le plus grand nombre, la LLD s’impose le plus souvent.
La LLD pour alléger la gestion
Pour nombre d’entreprises, l’attrait de ce mode de financement réside dans son avantage comptable. Illustration avec BDR Thermea, spécialiste des équipements de confort thermique pour les habitations, bureaux et appartements, où le parc réunit 1 300 véhicules dont une moitié de VU et une autre de VP (voir le témoignage de Jérôme Dutrey, directeur des approvisionnements chez BDR Thermea).
« Nous exerçons dans un milieu industriel, avec des investissements lourds en R&D et dans les moyens de production. La LLD permet de passer les frais liés à la flotte en dehors du bilan, et de se situer sur de la dépense et non de l’investissement en capital », expose Jean-Christophe Casalonga, consultant pour le prestataire Optimisa et conseil en achat pour l’entreprise.
À côté de cet avantage comptable, les atouts de la LLD sont bien connus : disposer d’une flotte de véhicules neufs constamment renouvelés, se libérer de la charge de la revente en fin de contrat, etc.
Mais ce financement, s’il décharge d’un bon nombre de tâches administratives et organisationnelles, n’exonère pas de tout suivi. Celui-ci concerne entre autres la bonne exécution des contrats. Chez SGS, les appels d’offres pour les flottes de plusieurs pays sont renouvelés tous les deux ans, « afin de maintenir les loueurs sous pression », précise à ce propos Fabien Brunet.
À la suite d’un appel d’offres récent de SGS, le loueur a ainsi été changé. « Le nouveau avait la capacité de répondre aux demandes sur l’ensemble de nos pays », justifie le responsable. Mais l’intégration de ce partenaire demande un suivi rigoureux du contrat passé à cette occasion.

La LLD suppose aussi de la vigilance
« Nous apprenons à travailler ensemble. Nous vérifions si le loueur répond bien aux demandes car nous avons pas mal de spécificités pour les équipements des VU, par exemple pour nos activités dans les raffineries. Nous surveillons si tout est bien exécuté et facturé. Nous veillons à ce qu’il n’y ait pas de dérives. Nous regardons si les frais facturés correspondent bien à ce qui a été convenu dans l’appel d’offres, si tous les éléments facturés pour les accessoires métier correspondent bien à ce qu’il y avait avant, qu’il n’y a pas d’oubli. Cela demande un travail particulier parce que ce loueur n’a pas forcément l’expérience de nos métiers », expose en détail Fabien Brunet pour SGS.
Au-delà de cette vigilance sur la bonne mise en œuvre du contrat, la collaboration avec un loueur n’exclut pas non plus la recherche d’optimisation des coûts. Et cette quête peut amener à remettre en concurrence les prestataires, notamment en multipliant leur nombre. Mais le gain obtenu n’est pas forcément à la hauteur du temps passé à suivre une multitude de prestataires. « Cela complexifie la gestion », tranche Jean-Christophe Casalonga pour BDR Thermea qui collabore avec un panel restreint de loueurs.
Pour s’assurer de la compétitivité des tarifs pratiqués par son loueur, ce conseiller en achat a opté pour un fonctionnement en livre ouvert chez BDR Thermea : « Cela veut dire qu’à chaque cycle, trois fois par an quand nous mettons à plat le fichier de la car policy, nous suivons trois indicateurs principaux pour la gestion du parc. »
Un suivi attentif du prestataire
Pour BDR Thermea, ces trois indicateurs sont : « la remise constructeur, résultat d’une discussion tripartite entre le loueur, le constructeur et nous ; les taux d’intérêt que nous surveillons ; et enfin la valeur résiduelle. Nous en discutons avec le loueur mais aussi avec le constructeur puisqu’il s’agit du point critique pour déterminer le loyer. »
Impératif pour établir un tel échange : « Un partenaire qui va jouer le jeu », indique Jean-Christophe Casalonga. En reconnaissant que « le loueur a un taux de marge sur sa prestation, mais rien n’empêche que celle-ci reste raisonnable (voir aussi notre article sur les prestations). »
Car une relation de proximité avec le loueur se veut aussi un gage de bonne gestion. « Rester constant sur trois marques et deux loueurs contribue à établir une relation de confiance. Nous avons des contacts téléphoniques réguliers avec les loueurs, pointe pour sa part Yves Dinclaux chez Maïsadour. Ils nous avertissent par exemple d’un écart trop important sur les lois de roulage. De plus, nous livrons les véhicules dans la France entière via les concessionnaires locaux. Du coup, ils ont également intérêt à ce que nous soyons satisfaits. »
Défiance à l’égard des loueurs ou relation de confiance ? Choix d’autres modes de financement ou d’un contrat de LLD avec des services à la carte ? Dans tous les cas, une solution qui s’adapte à la flotte et à ses intérêts économiques. Un arbitrage au centre duquel se retrouve toujours un acteur incontournable : le gestionnaire de flotte.
L’optimisation passe par les pools
Chez le spécialiste des travaux ferroviaires Meccoli, la gestion du parc passe par les pools. « Nous en avons amélioré le fonctionnement. Nous avons besoin de véhicules de secours pour notre activité mais beaucoup de véhicules s’accumulaient sur le parking du siège et roulaient peu. Nous avons donc réduit les commandes et introduit de la location pour les VP. Cela a diminué par deux le budget des commandes », explique Alain da Silva. Ce gestionnaire de flotte fait sinon appel au crédit-bail pour l’essentiel des 450 véhicules du parc. Chez le fabricant de casques audio Sennheiser, qui fonctionne aussi en crédit-bail pour ses 26 véhicules, il est aussi arrivé de reprendre des véhicules de service en LLD.
« Mais désormais, nous choisissons de recourir à des modèles en fin de contrat (48 mois et 100 000 km par exemple), que nous rachetons et utilisons en véhicules de service pendant quelques mois », décrit Jacques Demoz, le responsable des services généraux.
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