
« Une tendance forte se dégage : les PME raisonnent de plus en plus en coût de détention et pas seulement en coût d’acquisition ou de financement. Dans leurs calculs financiers, elles prennent désormais en compte le carburant, l’assurance, la maintenance et la fiscalité. Elles réfléchissent plus à la valeur résiduelle et à la gestion de la fin de vie des véhicules », observe d’emblée Henry Gascuel, directeur général délégué de RCI Banque, filiale de Renault.
De fait, la nécessité d’optimiser et de rationaliser cet important poste de dépenses qu’est la flotte fait bouger les habitudes. « Avec l’augmentation de la fiscalité, les PME...
« Une tendance forte se dégage : les PME raisonnent de plus en plus en coût de détention et pas seulement en coût d’acquisition ou de financement. Dans leurs calculs financiers, elles prennent désormais en compte le carburant, l’assurance, la maintenance et la fiscalité. Elles réfléchissent plus à la valeur résiduelle et à la gestion de la fin de vie des véhicules », observe d’emblée Henry Gascuel, directeur général délégué de RCI Banque, filiale de Renault.
De fait, la nécessité d’optimiser et de rationaliser cet important poste de dépenses qu’est la flotte fait bouger les habitudes. « Avec l’augmentation de la fiscalité, les PME cherchent à avoir une vision plus fine de leur parc », ajoute Jean-Camille Pouliot, directeur de Citroën Business Finance.
Certes, entre une petite société avec cinq véhicules et une PME avec plus de 100 véhicules, les choix restent hétérogènes.
Les premières feront moins souvent appel à la location longue durée (LLD). Avec moins de 15 véhicules, environ 15 % des PME utilisent la LLD mais les chiffres grimpent ensuite rapidement en suivant la taille de l’entreprise. Autre critère encore plus central : la localisation des collaborateurs et des véhicules. « Quand la PME est mono-site, elle peut centraliser en local l’achat des véhicules, le crédit auprès de sa banque, l’entretien auprès d’un garage de proximité et mieux gérer la fin de vie des modèles. Mais dès lors que les collaborateurs et les véhicules sont dispersés, les schémas changent », note Maxime Sartorius, président du spécialiste de la gestion des flottes Direct Fleet.
Location ou achat, un choix lié à l’activité
Ainsi, pour une flotte de 100 modèles employés par des délégués médicaux, Corine Lesteven a choisi une LLD « clé en main ». « Je ne vois que très rarement les visiteurs médicaux dispersés dans toute la France. C’est donc la solution la plus pratique », justifie la gestionnaire du parc des Laboratoires Théa, spécialiste de l’ophtalmologie.
En revanche, quand une PME possède dans son parc plus de camionnettes ou fourgonnettes que de véhicules particuliers, elle préfère souvent opter pour l’achat ou le crédit (simple ou crédit-bail) afin de rester propriétaire de ses outils d’exploitation. « En outre, les utilitaires sont souvent plus malmenés et les frais de restitution peuvent être lourds », remarque Maxime Sartorius. « Cela dépend aussi souvent de l’équipement du VU. Quand les transformations sont importantes et se montent à quelques dizaines de milliers d’euros, l’entreprise cherche à amortir sur une durée plus longue », complète Guillaume Maureau, directeur général adjoint d’ALD Automotive.
La question du choix de financement demeure aussi cruciale avec les rouleurs atypiques. Lorsque les conducteurs parcourent peu de kilomètres, les entreprises préfèrent conserver les véhicules plus longtemps. À l’opposé, avec de gros rouleurs comme les collaborateurs de Cetup, les véhicules ont une trop faible valeur résiduelle au bout de deux ans : chez ce spécialiste du transport urgent à haute valeur ajoutée, la plupart des Master et Trafic affichent en effet entre 150 000 et 180 000 km au compteur chaque année.
Distinguer les usages et les conducteurs
Une telle clientèle n’intéresse donc pas les spécialistes de la LLD et de la LOA car elle peut se révéler onéreuse. « Nous avons fait le choix d’être propriétaires de l’ensemble de notre flotte de véhicules et des matériels associés », explique Tanguy de la Rochette, responsable du parc de Cetup.
Enfin, si certaines entreprises font le choix d’un mode de financement pour l’ensemble du parc de VP et VU, d’autres mélangent les solutions, à l’image d’ADC Propreté ou de Solutions Recyclage. Ces deux entreprises achètent ou utilisent le crédit-bail pour les camionnettes, et passent à la LLD pour les VP .
En matière de financement, les choix aussi ont un impact non négligeable sur la trésorerie. « Une PME aura intérêt à concentrer sa capacité d’emprunt sur des investissements liés à son cœur de métier. Le véhicule est aussi un bien qui se déprécie très vite », argumente Guillaume Maureau, pour ALD Automotive. Et en période de vaches maigres, le risque est de se retrouver surendetté après l’achat de véhicules. La LLD permet donc de lisser les dépenses mais aussi de passer le loyer en charges, ce qui pèse moins sur le bilan.
Pour diminuer les coûts, les entreprises peuvent aussi prolonger les contrats de LLD. « Il y a quelques années, nous avions lancé ce principe. Aujourd’hui, ce sont les clients qui le réclament en raison du manque de visibilité. Nous remarquons que les véhicules roulent moins, avec un recul de 5 à 10 %. Peut-être le signe d’une baisse de l’activité », avance Jean-Loup Savigny, directeur général d’Arval SME Solutions France, la ligne de métier du loueur pour les TPE.
Les clients de la LLD jouent les prolongations
« Quand l’activité est plutôt faible et la visibilité moindre, le premier réflexe reste de passer de 36 à 42 ou 48 mois sur la LLD », confirme Stéphane Crasnier, directeur commercial et marketing d’Alphabet. Ce qui limite le coût de la location et attire des PME auparavant réticentes à pratiquer la LLD. Pour les loueurs, 2014 ne devrait pas être faste car « nous renouvelons les contrats de 2009 qui correspond à une année creuse », poursuit Stéphane Crasnier.
Pour décrocher des contrats sur ce créneau des PME où se situe leur principal potentiel de croissance, « les loueurs doivent être force de proposition et apporter des conseils, souligne Jean-Loup Savigny. C’est souvent le patron qui tranche et valide les décisions. Les PME sont à l’affût des opportunités, elles testent souvent avec un ou deux véhicules avant d’adopter la LLD », relate-t-il. Aux loueurs de s’adapter et de miser sur de nouvelles offres. « Mais les PME manquent souvent de ressources en interne, à la fois pour prendre les bonnes décisions et gérer le parc », conclut le responsable d’Arval.
Sur le terrain, les captives comme Credipar (Citroën) ou RCI Banque (Renault) disposent d’un atout maître : la capillarité du réseau. « Souvent, des liens se tissent localement entre les patrons de PME et les concessionnaires locaux », souligne Henry Gascuel, pour Renault. « Cela aide à définir les besoins de l’entreprise, à mieux connaître son profil et à mieux l’orienter », précise Jean-Camille Pouliot, pour Citroën.
Mais avant tout, la simplification de la gestion reste le critère majeur qui attire les PME vers la LLD et les loueurs l’ont compris. Avec une croissance annuelle à deux chiffres et un développement européen, Caudalie gère tous ses véhicules en LLD avec l’entretien, l’assurance, les réparations et la carte carburant. « Nous nous déchargeons donc de cette gestion », observe Hervé Sachot, directeur de la logistique de cette société active dans les cosmétiques. La flotte de Caudalie s’est en effet rapidement étoffée pour atteindre 231 véhicules.
Le choix du loueur unique pour simplifier la gestion
La Carterie mise aussi sur l’externalisation auprès d’un seul loueur avec un seul contrat et un seul interlocuteur. « Le passage en mono-loueur a généré une économise d’environ 10 à 15 % sur la gestion administrative », estime Vincent Ameye, directeur administratif et financier de cette PME spécialisée dans les cartes de vœux, les emballages cadeaux, les agendas et calendriers.
« Il ne faut pas seulement regarder les coûts directs mais aussi les coûts indirects, ajoute Vincent Ameye. Les processus de gestion sont complexes et chronophages. J’ai dans le passé géré en direct un parc d’une soixantaine de véhicules. Suivre les pannes et les dépannages des collaborateurs, gérer les appels, régler les litiges, cela représente une pression au quotidien », rappelle-t-il. « Externaliser, c’est aussi se donner la possibilité de prendre du recul, de réfléchir plus sur le pilotage d’indicateurs », estime ce DAF. Et le personnel en charge de la flotte automobile peut donner un coup de main à d’autres services comptables.
Petite astuce, mise en avant par Vincent Ameye : « Négocier en fin d’année offre souvent un levier de négociation plus important ! C’est le moment où les loueurs doivent remplir leurs objectifs. » Mieux vaut également gérer le parc de façon à ce que la plupart des contrats se terminent simultanément afin de basculer un nombre important de véhicules chez un loueur. « C’est stratégique pour négocier une enveloppe globale », résume Vincent Ameye.
L’un des principaux freins à la LLD reste les frais de restitution qui constituent bien souvent un point de friction entre clients et loueurs.
L’angoissante question de la restitution
Sur ce sujet, les Laboratoires Théa ont revu le fonctionnement avec leur loueur. « Les frais de restitution, c’était notre angoisse, explique Corine Lesteven. Le garagiste était satisfait de sa vente et le salarié pressé de récupérer sa nouvelle voiture, le PV de restitution devenait fréquemment un « PV de courtoisie » donnant lieu par la suite à une facturation de remise en état non contestable auprès du loueur. Un autre système a été adopté avec l’intervention d’un expert le jour de l’échange de voitures sur la plate-forme du loueur. Cela évite toute contestation de part et d’autre sur les frais de remise en état. Désormais, c’est plus clair », détaille la gestionnaire de parc.
Dans leur recherche de sécurisation et de simplification, le « tout compris » attire souvent les PME vers la LLD pour gérer l’ensemble des coûts de la flotte. « Un grand compte pourra plus facilement individualiser les postes, négocier en direct des services comme les pneus. La PME recherchera plutôt la simplicité et privilégiera le fait d’avoir un seul interlocuteur », constate Stéphane Crasnier pour Alphabet. Henry Gascuel note de fait que 85 % des PME clientes de Renault Parc Entreprises choisissent un contrat comprenant l’entretien – 98 % chez Alphabet – et 40 % optent pour le véhicule de remplacement en cas d’immobilisation. « 100 % de nos clients PME choisissent l’entretien et 75 % des prestations complémentaires comme les pneus, la carte carburant ou le véhicule de remplacement », explique Guillaume Maureau pour ALD Automotive.
Plus simple, plus vite et moins cher
Si les forfaits packagés ont un intérêt, les PME cherchent aussi à éviter toute option inutile. « Il faut à la fois faire simple et sur mesure. Des entreprises locales restent fidèles à leur garage, d’autres misent sur la continuité du service, de l’entretien à l’assistance », précise Jean-Camille Pouliot pour Citroën Business Finance qui commercialise donc plusieurs niveaux de forfait. « Il s’agit de fluidifier au mieux la gestion de flotte, de perturber le moins possible l’entreprise dans son activité », souligne-t-il (voir également notre article en page 36).
Citroën permet aux clients de réaliser l’entretien de leur véhicule en une heure, tout en continuant à être connecté au wifi dans un business center pendant l’attente. Autre service souvent plébiscité : « les alertes automatiques sur les kilomètres parcourus ou sur l’entretien », note Jean-Camille Pouliot.
« Les PME ont plusieurs approches : elles cherchent à garantir la sécurité des conducteurs, à limiter les immobilisations, tout en maîtrisant les coûts et en évitant les dépenses inutiles. Elles commencent aussi à être sensibles aux économies de carburant et à faire plus attention, par exemple avec les pneus », décrit Alain Moury, responsable de Feu Vert Entreprises. Pour suivre cette évolution, Feu Vert mettra prochainement en place, dans ses centres automobiles, des ouvertures de comptes simplifiées pour les petites flottes. « La donne a changé depuis que les garanties constructeur sont maintenues si le conducteur choisit un réseau réparateur autre que celui de la marque du véhicule. Ainsi, nous récupérons de grandes mais aussi de petites flottes », complète Alain Moury.
Au sein des PME, la carte carburant se démocratise aussi. « Nous sommes chez AS 24, une filiale de Total. Avec la carte, nous obtenons des remontées sur le carburant consommé et les kilomètres parcourus », illustre Alexis Raillard, co-gérant de Solutions Recyclage. De leur côté, les loueurs s’adaptent : « Avant de venir à la LLD, de nombreuses petites entreprises avaient opté pour les cartes carburant de la grande distribution. Dans l’Ouest de la France où les centres Leclerc sont très implantés, nous proposons leur carte », pointe Jean-Loup Savigny, pour Arval.
De fait, la dispersion ou à l’inverse la concentration des collaborateurs sur un même lieu s’imposent en critères de choix (ou non) de la carte carburant : « Elle est indispensable quand les collaborateurs sont éparpillés. S’ils rayonnent juste autour d’un site, la PME aura tendance à privilégier un distributeur local », indique Guillaume Maureau pour ALD Automotive.
Avec les PME comme les grands comptes, le sur mesure s’impose.
Financement du parc PME-PMI : du simple et du sur mesure
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