
Le passage au fleet management découle d’abord d’un enjeu et d’un besoin RH. « Le premier critère qui incite à passer par un fleeter, c’est le facteur humain. La difficulté consiste à recruter, former et conserver un gestionnaire de flotte, alors que ce n’est pas le cœur de métier de l’entreprise. Et il y a toujours des tâches qui s’ajoutent, comme avec la transition énergétique et la fiscalité », expose Maxime Sartorius, président du fleeter Direct Fleet, à la tête de 12 000 véhicules pour une trentaine de clients.
Le fleet management, une question de RH…
Pour Fresenius Medical Care France, cette question des RH s’est posée. Pour y...
Le passage au fleet management découle d’abord d’un enjeu et d’un besoin RH. « Le premier critère qui incite à passer par un fleeter, c’est le facteur humain. La difficulté consiste à recruter, former et conserver un gestionnaire de flotte, alors que ce n’est pas le cœur de métier de l’entreprise. Et il y a toujours des tâches qui s’ajoutent, comme avec la transition énergétique et la fiscalité », expose Maxime Sartorius, président du fleeter Direct Fleet, à la tête de 12 000 véhicules pour une trentaine de clients.
Le fleet management, une question de RH…
Pour Fresenius Medical Care France, cette question des RH s’est posée. Pour y répondre, ce spécialiste des produits et services pour l’insuffisance rénale chronique a confié ses 200 VP au fleeter Traxall. « C’est difficile d’avoir un suivi permanent du parc en interne, du fait notamment des vacances ou absences du collaborateur chargé de la flotte. Difficile aussi de bien maîtriser un logiciel qui assure une bonne traçabilité de la flotte et prend toutes les données en compte : le nôtre, par exemple, ne pouvait pas enregistrer celles liées à l’assurance », détaille Jean-Louis Brunet, directeur des achats et de la supply chain de Fresenius Medical Care France. Ce qui résume les difficultés rencontrées quand on gère un parc de taille moyenne, avec un collaborateur en interne.
Chez Proxiserve, soit 3 100 véhicules en parc, la décision d’externaliser a été prise quand l’entreprise s’est séparée de sa maison-mère qui gérait la flotte de l’ensemble. « Nous avons eu besoin de spécialistes du domaine et d’outils », explique Luc Rizzotto, directeur des achats de ce spécialiste des interventions de maintenance dans l’habitat collectif.
« En général, un élément déclencheur amène à externaliser. Parfois, le client cherche un fleeter sur un périmètre élargi pour consolider son parc à l’échelle européenne, confirme Laurent Hauducœur, directeur commercial de Traxall, soit 280 000 véhicules gérés à l’international et 60 000 en France. Il peut aussi s’agir d’une opération de croissance externe, qui nécessite de se doter rapidement de nouvelles ressources, du départ du gestionnaire en poste, etc. » Laurent Hauducœur reprend : « Trois grands enjeux incitent à externaliser : la maîtrise des coûts car les clients recherchent une mise sous contrôle de la flotte, des objectifs afin de motiver les collaborateurs au travers de la politique automobile, et l’atteinte d’objectifs de réduction de l’empreinte carbone. »
… et de transition énergétique
La gestion des enjeux liés à la transition énergétique et aux nouvelles mobilités constitue de fait une des raisons qui poussent à externaliser. Théophane Courau, président du fleeter Fatec, soit plus de 120 000 véhicules en gestion, met ainsi en avant « la complexité croissante du métier de responsable de parc, qui demande des compétences en gestion, en RH, en achats, en finance ou en RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Et ce responsable de parc doit prendre en compte la transition énergétique – ce qui inclut la gestion des bornes – et les mobilités alternatives », poursuit Théophane Courau. « Et avec deux ou trois personnes en interne, on ne peut pas de couvrir l’ensemble des compétences et expertises nécessaires », complète Maxime Sartorius pour Direct Fleet.
« Avec la loi d’orientation des mobilités (LOM), la loi Montagne, les modifications des avantages en nature et de la fiscalité, les entreprises sont de plus en plus perdues », ajoute Fabien Goussault, président de Phoenix Développement. Éditeur de logiciels au départ, ce fleeter gère 15 000 véhicules.
Un verdissement complexe
« Les paradigmes changent. Il faut étudier précisément les usages des collaborateurs pour vérifier lesquels sont éligibles à l’électrique ou au PHEV, et suivre l’installation et la gestion des bornes, entre autres dans le cadre de la LOM », souligne pour sa part Alain Guillemier, président du fleeter Aficar qui gère 13 000 véhicules.
« Nos clients s’interrogent, note Théophane Courau pour Fatec : comment s’équiper, comment gérer les bornes, comment rembourser les consommations aux collaborateurs, comment prendre en compte les futurs impacts des ZFE-m (zones à faibles émissions-mobilité) ? Ce qui entraîne des choix, comme de permuter ou renouveler les véhicules. Il faut aussi lancer des plans de mobilité et des forfaits mobilités durables, des outils complexes avec des plafonds annuels qui peuvent se cumuler. En outre, les règles évoluent en permanence », constate Théophane Courau.
L’introduction des mobilités douces changent en effet la donne. « Il faut savoir gérer non seulement les véhicules mais aussi de l’autopartage, du train, du taxi. Il faut aussi gérer des situations particulières, comme l’attribution d’un véhicule plus petit et, parallèlement, des crédits mobilité. Cela suppose un professionnalisme accru », indique Laurent Hauducœur pour Traxall. Théophane Courau remarque aussi un intérêt pour ces mobilités douces que les responsables de parc ne maîtrisent pas tous : « Nous avons toujours plus de vélos et de vélos cargos à gérer. Nous construisons également des plans de mobilité pour nos clients. Nous en avons réalisé six en 2022. Et nous avons des demandes pour mettre en place et gérer des forfaits mobilités durables. Nous ne gérons alors plus seulement des conducteurs car cela touche tous les employés d’une entreprise. »
Faire face à la flambée des coûts
La transition énergétique n’est pas la seule préoccupation des gestionnaires de flotte qui font face à un autre casse-tête : « La pénurie sur de nombreux modèles, des délais de livraison qui s’allongent et des coûts qui s’envolent, énumère Théophane Courau. Les prix des véhicules neufs ont bondi de 15 à 20 % en douze mois et les remises ont baissé en parallèle. Les dépenses d’entretien et de pneus ont crû de 20 à 30 %. Les prix du carburant sont orientés à la hausse et, avec l’électrique, on ne sait jamais combien cela va coûter du fait des recharges en itinérance. Au total, la hausse des TCO atteint environ 30 %. En conséquence, les immatriculations sont en recul et les parcs vieillissent, ce qui empêche les entreprises de tenir leurs objectifs de transition énergétique », expose Théophane Courau.
Dans ces conditions, les responsables de parc cherchent à maîtriser les TCO et « doivent gérer des renouvellements toujours plus compliqués. Le temps pour passer une commande a triplé en trois ans. Il faut ouvrir les car policies, ce qui oblige à revoir les relations avec les constructeurs et les protocoles », reprend Théophane Courau. « Des clients viennent aussi nous voir car ils cherchent à diminuer la taille du parc pour faire face à l’augmentation des coûts », ajoute Maxime Sartorius pour Direct Fleet.
Des fleeters en bonne santé
Cette conjonction de demandes explique la bonne santé du fleet management. « L’externalisation s’est accrue en 2017-2018, et surtout depuis la crise sanitaire », relève Alain Guillemier pour Aficar. De son côté, Fatec a affiché une croissance en valeur de 15 % en 2022, après une moyenne de 30 % en 2020 et 2021. Pour sa part, Phoenix Développement enregistre une croissance de 20 % depuis cinq ans, « et en 2023, avec les contrats déjà signés, nous dépassons les 15 % », précise Fabien Goussault. Et chez Direct Fleet, la croissance atteint 10 à 15 % par an. Un secteur décidément porteur.
Dossier Fleet management : des RH, du vert et des coûts
- Fleet management : des RH, du vert et des coûts
- Jean-Louis Brunet, Fresenius Medical Care France : « Une visibilité en temps réel sur les coûts »
- Fleeters : un périmètre variable
- Julien Casagrande, Visiativ : « Un service complet aux collaborateurs »
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- Fleet management : le temps, c’est aussi de l’argent
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