
La Chambre des métiers et de l’artisanat Auvergne-Rhône-Alpes a publié les résultats d’une enquête sur la mobilité des 51 333 entreprises artisanales du bâtiment implantées dans la région, réalisée en partenariat avec le Cerema et soutenue par l’Ademe. Au total, un panel représentatif de 1 979 entreprises a répondu à cette enquête entre le 12 mars et le 25 mai 2020. L’objectif : mieux accompagner ces entreprises dans la transition vers des solutions d’éco-mobilité.
Une moyenne de 1,8 véhicule par entreprise
Selon l’enquête, il y aurait en moyenne 1,8 véhicule par entreprise. En extrapolant ces résultats, cela représente un total d’environ 92 000 unités pour l’ensemble des artisans du bâtiment de la région. « Ce chiffre est cohérent avec l’effectif relativement faible de ce secteur artisanal », note la Chambre des métiers, à savoir 2,6 personnes par entreprise.
En pratique, 60 % des répondants n’ont qu’un seul véhicule, 20 % en possèdent deux et 15 % disposent de trois à dix véhicules. Ce sont majoritairement des utilitaires légers (76 %), dont 34 % de véhicules de moins de 2,5 t et 42 % entre 2,5 et 3,5 t. Le reste du parc se compose de 18 % de véhicules particuliers, 6 % de camions porteurs et 1 % de deux-roues motorisés (vélos cargos électriques inclus). « Les VUL des artisans du bâtiment représentent 11 % du parc total de VUL d’Auvergne-Rhône-Alpes », pointe la Chambre des métiers.

L’autofinancement plébiscité
En termes de financement, 43 % des répondants ont recours à l’autofinancement, 32 % à l’emprunt et 20 % au crédit-bail ou 5 % à la location financière. À noter que 50 % des VUL de moins de 2,5 t sont autofinancés ; tandis que 50 % des VUL de 2,5 à 3,5 t sont financés par un emprunt. De manière générale, « la location reste ponctuelle pour le secteur artisanal (15 % des entreprises) », indique la Chambre des métiers. Cela concerne alors principalement des VUL (64 % des cas) et sert plutôt à répondre à un besoin ponctuel de véhicule (hausse d’activité, indisponibilité suite à un accident ou une panne, etc.). Or, les motorisations alternatives étant plus coûteuses, le recours à l’autofinancement et à l’emprunt peut constituer un frein à la transition, estime la Chambre des métiers.

Une moyenne d’âge de 8,4 ans
Autre information : la moyenne d’âge du parc est de 8,4 ans, mais 25 % des véhicules ont plus de douze ans. Seuls 24 % des répondants prévoient de renouveler leurs véhicules : 43 % dans moins d’un an, 44 % d’ici un à deux ans et 13 % dans plus de trois ans ; cela représente un total de 23 000 véhicules âgés en moyenne de 10,4 ans. Par ailleurs, 18 % des entreprises ne savent pas si elles vont renouveler leur parc, malgré son âge.
Les artisans du bâtiment parcourent en moyenne 32 000 km par an, soit 22 000 km par véhicule. Dans le détail, 48 % roulent entre 10 000 et 30 000 km par an, 33 % entre 30 000 et 100 000 km, 14 % moins de 10 000 km et 5 % plus de 100 000 km. L’enquête révèle toutefois des disparités selon les zones d’intervention. Ainsi, dans les grandes villes, la part de véhicules roulant moins de 10 000 km par an grimpe à 26 %. Dans ce contexte, « avec des moyennes de 22 000 km par an, le véhicule électrique est tout à fait pertinent », estime la Chambre des métiers.
75 à 100 km parcourus par jour et par véhicule
Autre paramètre : la majorité des entreprises (80 %) intervient dans un rayon inférieur à 50 km : 33 % entre 25 et 50 km, 32 % entre 15 et 25 km et 15 % à moins de 15 km. Seules 20 % ont donc un rayon d’intervention supérieur à 50 km. Paradoxalement, « en zones rurales, alors que la densité de population est la plus faible et donc la clientèle est plus éloignée, seulement 16 % des entreprises ont un rayon d’intervention supérieur à 50 km », signale la Chambre des métiers.
Chaque véhicule réalisant environ trois à quatre déplacements par jour, avec une moyenne de 25 km par déplacement, cela représente un total de 75 à 100 km par jour. Dans la majorité des cas, la durée de déplacement est inférieure à deux heures par jour : elle s’élève à moins d’une heure dans 46 % des cas et d’une à deux heures dans 37 % des cas. Néanmoins, 15 % des répondants affichent des temps de trajet quotidiens supérieurs à deux heures, en particulier dans les grandes villes (27 %) et en zone urbaine dense (20 %), soit quinze heures par semaine passées dans le véhicule.
Des coûts de déplacements à évaluer
Pourtant, tous les artisans du bâtiment ne prennent pas en compte les coûts de déplacement dans le calcul du coût de revient de leurs chantiers : 25 % appliquent un forfait et 13 % répercutent le coût réel. Or, « la connaissance du coût réel de la mobilité constitue un facteur important de progrès car c’est une étape préalable pour ensuite optimiser et réduire les coûts, et in fine les consommations », pointe la Chambre des métiers. Cette dernière recommande également une réflexion sur le décalage des interventions vers des horaires moins denses, la réalisation des travaux d’ateliers en heures de pointe ou encore l’organisation des chantiers pour intervenir via d’autres modes de déplacement.
Pour finir, l’enquête s’est intéressée aux démarches d’éco-mobilité mises en place par les artisans du bâtiment. Ainsi, 30 % des entreprises sondées renouvellent régulièrement leur parc et 28 % ont l’intention de le faire. Par ailleurs, 69 % des sondés ont déjà mis en place une organisation efficiente de leurs chantiers et 26 % l’envisagent. 78 % d’entre eux optimisent également leurs déplacements annexes (déchetterie, approvisionnement, etc.) et 14 % prévoient de le faire.
Un intérêt pour les motorisations alternatives
Du côté des motorisations alternatives, 4 % des artisans ont déjà acheté un véhicule électrique, GNV, hybride ou hydrogène (7 % dans les grandes villes) et 24 % ont l’intention d’en acheter un (35 % dans les grandes villes et 21 % en zone rurale). Pour aller plus loin, la Chambre des métiers recommande la mise en place d’essais de véhicules, d’autopartage et d’aides financières.

En revanche, les artisans sont moins convaincus par les vélos cargos et triporteurs électriques. Seuls 1 % des sondés en ont déjà acheté et seuls 2 % ont l’intention d’en acheter (6 % dans les grandes villes). De même, tout juste 2 % des artisans envisagent d’utiliser des véhicules en libre-service ou d’autopartage (8 % dans les grandes villes). « Ces solutions, dans leurs formes actuelles, ne sont pas en adéquation avec les besoins des entreprises : volume de charge, disponibilité à toute heure, réactivité, etc. », explique la Chambre des métiers. Enfin, 11 % des répondants ont déclaré avoir suivi une formation à l’éco-conduite et 8 % ont l’intention d‘en suivre une.