Flottes : des ambitions électriques en 2023

Pour les constructeurs, disposer de l’ensemble des motorisations dans leurs catalogues demeure incontournable en attendant que les conditions soient réunies pour la généralisation du 100 % électrique. Le coréen Hyundai aligne ainsi un plan produit 2023 qui inclut aussi bien la Ioniq 6 100 % électrique que des facelifts pour les modèles thermiques i10, i20, i30 et Bayon, tout comme pour le Tucson qui bénéficiera aussi de changements intérieurs.

« Mais la star de l’année en BtoB sera le nouveau Kona hybride en juin et électrique en septembre. Nous avons des ambitions très fortes avec ce Kona et nous sommes persuadés de répondre à la demande du marché entreprises. En hybride, cette demande est très importante sur le segment B-SUV et elle est en train d’exploser pour l’électrique », constate Emmanuelle Serazin, directrice ventes corporate de Hyundai.

Des offres multiples chez Stellantis

Du côté de Stellantis, parmi les différentes marques, les gestionnaires de flotte pourront pareillement sélectionner les motorisations et modèles les plus adaptés. Chez Peugeot, 2023 sera la première année pleine pour la 308 en break SW. « Et nous allons lancer les e-308, 408, et e-2008 et e-208 avec 400 km d’autonomie, détaille Paola Pichierri, directrice du BtoB de Stellantis. Chez Citroën, notre volonté est d’exploiter en 2023 une gamme de VP adaptée aux besoins des entreprises avec les C5 Aircross, C5 X et C4 X. Chez Jeep, le Compass décliné en PHEV a les caractéristiques d’un C-SUV pour lequel la demande des entreprises est très forte », poursuit cette responsable.

« Chez Renault, nous proposons toutes les motorisations : essence, GPL, hybride, PHEV, électrique, énumère Philippe Quetaud, directeur des ventes spéciales de Renault et Dacia. Cette année, nous poursuivons l’ambition de reconquérir le segment C et notre plan produit nous permet de rester confiants, en particulier grâce aux derniers véhicules qui marchent bien : Arkana, Austral et Mégane E-Tech. Enfin, nous lancerons aussi quatre nouveaux modèles cette année », annonce ce responsable.

Nissan en e-Power

Dans l’éventail des motorisations, des constructeurs se démarquent. C’est le cas de Nissan qui mise sur l’e-Power hybride, soit un moteur thermique qui génère de l’électricité, et des roues entraînées par le seul moteur électrique, « avec donc une réponse instantanée et linéaire. Le bloc essence fonctionne alors toujours dans sa plage de régime optimale, avec une efficience supérieure et des émissions de CO2 inférieures à celles d’un moteur thermique traditionnel », avance le constructeur.

« Cet e-Power offre aussi une consommation moindre avec plus de 1 000 km d’autonomie pour un Qashqai », complète Guillaume Dirrig, directeur des ventes pour Nissan en Europe de l’Ouest. Et ce responsable prévoit une majorité des ventes, de l’ordre de 80 %, dans cette version e-Power du Qashquai en 2023. À noter que ce Qashquai se déclinera aussi cette année en hybride, et que le X-Trail ne sera commrcialisé qu’en e-Power. « Et avec le Juke, nous nous attendons à deux tiers des ventes en hybride et un tiers en essence », anticipe Guillaume Dirrig. Qui se montre confiant dans l’avenir de l’hybride : « Le marché de l’électrique va se développer mais il reste sous contrainte par rapport à la recharge, tandis que le PHEV est en perte de vitesse dans les flottes. L’hybride, lui, aura toute sa place au moins jusqu’en 2030 », analyse ce responsable.

Prêts pour l’électrique

Mais si les constructeurs s’attachent à maintenir dans leurs catalogues l’ensemble des motorisations, ils se tiennent prêts pour la généralisation de l’électrique. « Chez Opel, l’Astra électrique va arriver en milieu d’année et le Mokka-e atteindra 400 km d’autonomie au printemps, anticipe Paola Pichierri pour Stellantis. Et chez Fiat, la 500e est déjà en troisième position des ventes de véhicules électriques aux entreprises. » Chez Stellantis toujours, Jeep mise sur le SUV 100 % électrique Avenger pour bénéficier d’une large visibilité sur le marché du BtoB. D’autant qu’en Italie, Jeep est très implanté dans les car policies. Et la France pourrait suivre cet exemple. « Fin décembre, nous avions 250 pré-commandes de ce modèle par des clients professionnels », indique Paola Pichierri.

Vers le 100 % électrique

Comme nous l’avons vu dans notre précédent article, la baisse des ventes de PHEV pourrait aussi contribuer à accélérer le passage au 100 % électrique du segment premium. « Mais avec le PHEV, les motorisations classiques restent présentes dans les mix de ventes. Avec l’A3, le mix est ainsi d’un tiers essence, un tiers diesel et un tiers PHEV. En parallèle, il y a une montée en puissance des modèles électriques, comme les e-tron GT et Q4 e-tron, notamment dans des grandes flottes où le 100 % électrique devient une obligation », décrit Jérôme Donguy, responsable pour Audi du département planification et opération de vente. La marque va aussi proposer en avril le nouveau Q8 e-tron et en fin d’année le Q6 e-tron. « Nous alignerons alors une large gamme 100 % électrique pour répondre aux besoins des grands comptes », estime Jérôme Donguy.

Chez Jaguar Land Rover, les modèles électriques sont en gestation. « Pour Land Rover, nous avons annoncé le Range Rover et le Range Rover Sport électriques en 2024. Ils font partie des six modèles 100 % électriques que la marque va lancer dans les prochaines années », note Fabien Noël, directeur des ventes entreprises et VO. Pour Jaguar, la gamme 100 % électrique est annoncée pour 2025. « Nous accumulons l’expérience de l’I-Pace et l’idée est d’offrir une solution plus complète pour les modèles 100 % électriques, avec des bornes de recharge et de l’accompagnement pour travailler l’acceptation par les collaborateurs », prévoit Fabien Noël.

Le premium s’électrise…

D’ici 2030, 50 % des ventes mondiales se feront en 100 % électrique, annonce BMW. « Avec l’iX1 100 % électrique arrivé début 2023, nous allons continuer à progresser au détriment de l’hybride. L’i5, version électrique de la Série 5, va arriver en fin d’année et sera disponible à l’essai en octobre », expose Aymeric Scheidecker, directeur des ventes entreprises. Avec ces nouveaux modèles, 90 % des différents segments de véhicules commercialisés par BMW seront passés en 100% électrique d’ici fin 2023. « Dans nos discussions avec les entreprises, nous constatons que l’électrification constitue un enjeu majeur », relève Aymeric Scheidecker, en indiquant que Mini va aussi évoluer vers le 100 % électrique avec des nouveautés. « Et nous avons présenté il y a peu la première voiture hydrogène européenne, l’iX5 Hydrogen, qui arrivera en France au printemps », ajoute ce responsable.

Chez Volvo, les véhicules électrifiés, PHEV et électriques, ont généré 80 % des ventes l’an passé, avec 22 % en 100 % électrique, contre 5 à 6 % en 2021, et 58 % en PHEV. Le reste s’est réparti équitablement entre diesel et micro hybride essence. Mais malgré la volonté de rester positionné sur le PHEV, la courbe s’inverse : « Le PHEV recule et il est remplacé le 100 % électrique », souligne Sébastien Meunier, responsable ventes entreprises.

… à grande vitesse…

En 2023, Volvo prévoit donc deux lancements 100 % électriques. « Fin novembre, nous avons présenté l’EX90 100 % électrique sur le segment E-SUV, avec de nouvelles technologies embarquées rares sur le marché, et jusqu’à 585 km d’autonomie (mixte WLTP). Il sera livré à partir de 2024. En seconde partie d’année, nous allons dévoiler un B-SUV qui répond aux besoins des entreprises, bien positionné en tarifs et en autonomie », annonce Sébastien Meunier. Avec l’objectif affiché, en 2023, de passer « à 40 % de commandes en 100 % électrique. »

Cette bascule au 100 % électrique est suivie par les généralistes. Dans le catalogue de Volkswagen par exemple, l’électrique continue à s’imposer. « L’ID.4 a connu un démarrage fort », se félicite Olivier Dupont, chef du service ventes aux entreprises. Pour sa part, le SUV compact ID.5 est encore récent sur le marché. « L’ID.7 arrivera fin 2023, soit une berline statutaire avec environ 700 km d’autonomie et une technologie de pointe au meilleur tarif », argumente Olivier Dupont. Et en 2023, Volkswagen va restyler l’ID.3, « avec des évolutions en douceur du design et des matériaux intérieurs. »

… et les généralistes aussi

Chez Kia, la part des véhicules électrifiée est déjà supérieure à la moyenne du marché : « Dans nos ventes aux sociétés, le 100 % électrique pèse 20 %, contre 29 % pour l’hybride et 24 % pour le PHEV. Sur le canal de la longue durée, nous sommes à 9 % en électrique, 32 % en hybride et 30 % en PHEV », détaille Gaël du Bois de Beauchesne, le directeur des ventes. Et en 2023, à côté des Sportage et Niro en première année pleine, la marque va lancer l’EV9 100 % électrique. Ce modèle arrivera fin 2023 et se déclinera en six ou sept places, entre autres pour le transport de personnes.

Avec l’ensemble de ces propositions, 2023 confirmera-t-elle l’affirmation du 100 % électrique dans les car policies ? Il est peu probable que le marché donne une réponse claire cette année encore. Compte tenu de la crise des approvisionnements en composants, qui pourrait se poursuivre au moins jusqu’à la fin d’année, la production risque de rester chaotique.

« Les chiffres d’évolution du mix motorisations sont plus liés à la capacité de production des constructeurs qu’à la demande des clients », rappelle, anonyme, le représentant d’un constructeur national. Cette crise des composants touche particulièrement la production des PHEV dont les livraisons prennent du retard. Ainsi, les chiffres de production pourraient être relancés cette année, sans pour autant que cela traduise une réel intérêt des entreprises pour ces modèles.

Et les retards de livraison ?

« Chez Seat, nous avons encore des véhicules du portefeuille à produire. L’objectif est de réduire le nombre de ces modèles en attente de production. Nous voulons orienter notre stratégie commerciale en fonction de notre capacité de production, sur les modèles que nous avons la capacité de livrer en 2023 », conclut Sébastien Daudier, chef du département opérations de Seat France.