
Dans le cadre de la transition des flottes à l’électrique, certains outils se montrent de plus en plus indispensables. Avec des véhicules neufs désormais équipés de boîtiers télématiques dès les lignes de montage, l’accès aux données de conduite se simplifie grandement. À destination des conducteurs, les constructeurs commercialisent aussi des applications sur smartphone pour suivre la consommation de carburant, recevoir des alertes sur les dates d’entretien, géolocaliser le véhicule si besoin, etc. Autant d’outils qui se montrent encore plus pertinents à l’heure de l’essor de l’électrique : pour permettre aux conducteurs de suivre l’état de...
Dans le cadre de la transition des flottes à l’électrique, certains outils se montrent de plus en plus indispensables. Avec des véhicules neufs désormais équipés de boîtiers télématiques dès les lignes de montage, l’accès aux données de conduite se simplifie grandement. À destination des conducteurs, les constructeurs commercialisent aussi des applications sur smartphone pour suivre la consommation de carburant, recevoir des alertes sur les dates d’entretien, géolocaliser le véhicule si besoin, etc. Autant d’outils qui se montrent encore plus pertinents à l’heure de l’essor de l’électrique : pour permettre aux conducteurs de suivre l’état de charge des batteries de leur véhicule, ou encore de planifier leurs trajets avec des étapes pour la recharge.
Pour se distinguer de cette offre des constructeurs, les télématiciens, qui commercialisaient des services équivalents avec des boîtiers installés par leurs soins dans les véhicules, se doivent aujourd’hui d’apporter des prestations à plus forte valeur ajoutée. Les systèmes d’autopartage ou l’accompagnement à l’éco-conduite en font partie. L’accompagnement à la transition énergétique des flottes constitue un autre de ces services à forte plus-value sur lesquels misent les télématiciens.
« Sans supplément pour un client, nous lui donnons accès à un rapport d’électrification de flotte. Ce rapport indique les véhicules qui pourraient être remplacés par des modèles électriques en fonction des moyennes kilométriques quotidiennes observées », décrit Annick Renoux, directrice des régions France et Benelux du télématicien Webfleet. Cette filiale de Bridgestone Mobility Solutions complète ces indicateurs disponibles sur son interface avec des conseils prodigués par des experts. Annick Renoux reprend : « Dans le cadre des accompagnements standards de nos clients, nos commerciaux associés à nos ingénieurs sont là pour identifier les besoins et analyser les rapports d’électrification. Nous aidons également les responsables de parc à préparer le dossier qu’ils présenteront en interne : pour estimer le ROI des voitures électriques, les réductions potentielles d’émissions de CO2, etc. », poursuit cette responsable.
« Comme nous fonctionnons sur un modèle de distribution indirecte, l’intermédiaire distributeur est aussi le plus souvent conseiller pour électrifier les flottes, note François Denis, directeur général France du télématicien Geotab. Mais notre outil peut s’employer même sans conseil, avec un module que les utilisateurs peuvent aller chercher dans notre interface Mygeotab. Ils en extrairont les informations utiles pour sélectionner les véhicules éligibles à l’électrique », ajoute François Denis.
Un rapport d’électrification
Pour déterminer, dans une flotte, les véhicules qui pourront être remplacés par des modèles électriques, il est indispensable de réaliser en amont un suivi de leurs activités. En toute logique, la taille et la nature de la flotte, tout comme les conditions d’utilisation des véhicules influent sur le temps nécessaire pour mener à bien ce suivi. « Trois mois peuvent suffire mais s’il y a une saisonnalité dans l’activité, mieux vaut étendre à six mois, ce que le gestionnaire saura apprécier », indique François Denis, pour Geotab. Cette phase de relevé des données peut se faire au sein d’une flotte déjà équipée en télématique, ou que ce télématicien équipera, en partie ou en totalité selon les attentes du client en matière d’électrification. Chez Geotab, cette phase de recueil de données a été baptisée EVSA, acronyme anglais pour « Electric Vehicule Suitability Assesment », ce qui peut se traduire en français par « étude de faisabilité de la transition au véhicule électrique ». « Avec cette étude, on connaît les trajets parcourus quotidiennement, mais on sait aussi si des kilométrages plus importants sont effectués en fonction des saisons ou encore si les véhicules sont employés le week-end », avance François Denis.
Les modèles à électrifier
Mais tous les prestataires qui accompagnent leurs clients dans la transition énergétique de leurs parcs ne choisissent pas systématiquement les boîtiers embarqués pour collecter ces informations. Spécialiste de l’écosystème du VUL électrique, Watèa by Michelin a de son côté développé des outils spécifiques pour évaluer la possibilité de substituer des véhicules électriques aux véhicules thermiques dans une flotte.
« Pour connaître les besoins de la flotte, nous équipons les véhicules de traqueurs branchés sur l’allume-cigare. Nous réalisons alors un audit complet des besoins, puis nous élaborons une stratégie d’électrification », relate Pierre-Yves Le Berre, vice-président stratégie et marketing de cette filiale de Michelin et du Crédit Agricole Leasing & Factoring.
Le fleeter Traxall mène pour sa part une enquête auprès des conducteurs afin d’évaluer les besoins d’une entreprise et la faisabilité du passage à l’électrique. « Une fois que le client a décidé d’électrifier et validé les prestataires, nous l’accompagnons dans le déploiement opérationnel de son projet en identifiant d’abord les collaborateurs ‘‘électrifiables’’ » expose Audrey Martin, consultante flotte automobile de Traxall.
Les prestataires enquêtent
Ainsi, au moment de renouveler son véhicule sur l’interface du fleeter, le collaborateur est soumis au module Profiler avant d’accéder au choix du véhicule dans le catalogue défini par son entreprise. « Ce module Profiler lui demande de répondre à un questionnaire afin de dresser son profil. Nous lui posons des questions sur l’usage de son véhicule, le kilométrage parcouru au quotidien ou lors de grands trajets ponctuels, etc. Nous l’interrogeons sur l’environnement dans lequel il se déplace : plutôt urbain, autoroutier ou rural, et sur son lieu de stationnement habituel. Au final, nous proposons au salarié le bon véhicule pour son usage », détaille Audrey Martin. Ce questionnaire offre aussi l’occasion de sensibiliser les salariés à la transition énergétique, par exemple en expliquant des termes comme « ZFE-m ».
Les bons modèles
Des prestataires vont plus loin dans leur démarche de conseil en précisant les modèles capables de s’adapter aux usages. « Nous testons et développons des algorithmes pour chaque modèle électrique afin de connaître ses caractéristiques », pointe Pierre-Yves Le Berre, pour Watèa by Michelin. Ces outils permettent alors de sélectionner les véhicules en fonction des entreprises. Car si plusieurs modèles d’utilitaires 100 % électriques peuvent présenter des caractéristiques semblables, notamment pour leurs moteurs, leurs performances varient selon le contexte d’exploitation. « Des VU fonctionnent très bien sur des parcours routiers mais leurs performances s’effondrent sur des parcours urbains. Nous émettons des préconisations en fonction des stratégies d’électrification et donc aussi des véhicules afin de calibrer au mieux la flotte », complète Pierre-Yves Le Berre.
Accompagner les conducteurs
Reste que le choix des bons modèles ne constitue pas la seule condition d’une intégration réussie des véhicules 100 % électriques. Cette réussite repose aussi sur le bon usage de ces véhicules par les conducteurs. Dans ce but, les prestataires ont développé des outils de formation à la conduite et de suivi des comportements sur la route. « Nous formons les chauffeurs pour les véhicules que nous leur livrons, et répétons ce cursus au cours du temps », reprend Pierre-Yves Le Berre. Des piqûres de rappel indispensables, comme pour toutes les formations en éco-conduite, afin de maintenir des comportements adaptés, mais aussi pour faire face au turnover dans certaines entreprises, à l’image du secteur de la livraison, souligne ce prestataire.
Des applis à disposition
« Une fois les véhicules déployés, nous accompagnons les chauffeurs avec des applications mobiles afin de bien comprendre le véhicule et de bien le maîtriser, poursuit Pierre-Yves Le Berre. Ainsi, l’application recalcule en permanence la zone atteignable en fonction de sa topologie, du tracé, du comportement d’un conducteur, etc., et nous indiquons si ce dernier peut atteindre un point de recharge sur son itinéraire. » Autant d’outils pour aider l’entreprise à éviter les « ruptures opérationnelles, insiste Pierre-Yves Le Berre. Nous voulons accompagner les chauffeurs pour une transition fluide dans un nouvel environnement de travail. »
Chez Webfleet, l’accompagnement du conducteur passe aussi par des applications mises à sa disposition. « Nous donnons accès à une “workapp” sur le téléphone du chauffeur ou directement sur une tablette dans sa cabine. Il y retrouve les informations utiles sur la route : pour trouver la prochaine borne, savoir combien de kilomètres sont encore possibles, etc. », explique Annick Renoux.
Pour les véhicules particuliers plus spécifiquement, Traxall mène aussi des enquêtes pour évaluer la satisfaction des conducteurs, en général trois mois après la livraison de ces VP. Ces enquêtes prolongent les sensibilisations menées en amont par ce fleeter. « En prévision du déploiement des véhicules électriques, nous proposons des sessions avec des webinaires pour sensibiliser aux enjeux de la RSE, ou encore pour lever les doutes face à l’électrique. À la demande de clients, nous avons aussi développé des rendez-vous de sensibilisation adaptés aux conducteurs que nous avons identifiés comme éligibles à l’électrique mais qui se montrent réticents », décrit Audrey Martin.
La transition en route
Autant d’outils qui devraient aussi participer à la diffusion des véhicules électriques dans les flottes. « D’un client à l’autre, les niveaux de transition vers l’électrique varient. Mais nous arrivons à des résultats de 40 à 50 % de véhicules thermiques remplacés par des véhicules électriques. Et avec la progression des batteries et les réseaux de super chargeurs, cette proportion pourrait monter à 70 % », anticipe Pierre-Yves Le Berre, pour Watèa by Michelin. Avec l’électrique, l’optimisme est de mise.
Dossier - Flottes électriques : des outils pour la transition
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