
Le ministère de l’intérieur gère le plus grand parc français, soit une flotte de 12 000 véhicules pour l’administration territoriale d’État (préfectures, directions régionales des ministères, directions départementales interministérielles), et 62 000 véhicules pour les forces de sécurité intérieure (Gendarmerie et Police nationales, Sécurité civile).

Un parc presque entièrement en acquisition, « à l’exception d’expérimentations en LLD pour des véhicules électriques employés tant...
Le ministère de l’intérieur gère le plus grand parc français, soit une flotte de 12 000 véhicules pour l’administration territoriale d’État (préfectures, directions régionales des ministères, directions départementales interministérielles), et 62 000 véhicules pour les forces de sécurité intérieure (Gendarmerie et Police nationales, Sécurité civile).

Un parc presque entièrement en acquisition, « à l’exception d’expérimentations en LLD pour des véhicules électriques employés tant pour des missions de liaison que pour des missions opérationnelles des forces de sécurité intérieure. Des véhicules sont aussi acquis en LLD, majoritairement par les services de l’administration territoriale, selon des critères d’éligibilité définis en amont : fort kilométrage annuel, besoin de renouvellement fréquent et utilisation dans des conditions standards », énumère Agnès Brottes, référente ministérielle mobilité au sein du bureau de la stratégie et de la performance des achats.
Accélérer les renouvellements
Pour le ministère, l’enjeu actuel consiste à accélérer les renouvellements. « Cela s’inscrit dans un plan de verdissement qui prévoit l’arrivée chaque année de nombreux modèles électriques et hybrides. Les parcs des services déconcentrés, composés à 85 % de citadines de type Clio, sont donc déjà passés à l’électrique et l’hybride à hauteur de 20 % », explique Agnès Brottes. Des objectifs définis par différentes circulaires (voir l’encadré ci-dessous).
Déjà, avec les véhicules légers, plus aucun diesel ne peut se commander sans dérogation et les modèles essence sont autorisés pour les catégories qui ne présentent pas de motorisations alternatives. Des exceptions qui concernent surtout les forces de sécurité intérieure pour certaines missions. Ces véhicules lourds ne sont donc pas éligibles à l’électrique ou l’hybride, du fait de contraintes d’autonomie et d’absence d’offres constructeurs.
Les chiffres montrent l’accélération : « Le plan de relance prévoit à partir de cette année, pour les différents périmètres du ministère, environ 4 000 véhicules électriques et hybrides rechargeables. Ils s’ajoutent aux 1 300 véhicules électriques commandés l’été dernier pour la Police et la Gendarmerie nationales dans le cadre du plan de relance 2020, essentiellement des Zoé, Kangoo et Master Z.E. Et des expérimentations seront bientôt menées sur des modèles hydrogène », anticipe Agnès Brottes.
Intégrer le développement durable
Par ailleurs, depuis septembre 2019, le ministère s’est doté d’un service unique de l’achat, de l’innovation et de la logistique au sein de la direction de l’évaluation de la performance, de l’achat, des finances et de l’immobilier (DEPAFI). Avec entre autres la volonté d’accélérer l’intégration du développement durable dans les actes d’achat.
« Les surcoûts de l’électrique et de l’hybride, et les installations des bornes de recharge ont été budgétés », précise Agnès Brottes. Un surcoût qu’elle relativise : « Aujourd’hui, un véhicule électrique coûte davantage qu’un thermique. Mais au-delà de la forte diminution du poste énergie est aussi attendue une économie budgétaire de fonctionnement liée à la simplicité du moteur électrique. Sans frottement des pièces, ni huile, ni liquide, la maintenance est moins coûteuse. En outre, l’impact sur l’environnement, qui a aussi un coût, est limité. »
Selon l’Avere, la maintenance serait même quatre fois moindre pour un usage standard, précise cette responsable. « Mais l’utilisation par les forces de sécurité intérieure n’est pas comparable à un usage normal. Le niveau réel d’économie sur la maintenance devra donc être apprécié dans le temps. »
Bornes : un programme national d’installation
Pour les bornes, un programme national d’installation est en déploiement. Il permettra notamment de charger les 1 300 véhicules électriques commandés en 2020 pour les forces de sécurité intérieure, et les véhicules électriques et hybrides rechargeables prévus pour les années à venir. Les bornes choisies délivrent des puissances de 7 à 22 kW.
« Le ministère de l’intérieur s’inscrit dans un marché interministériel national de fournitures de bornes. Tous les services de l’État bénéficient de bornes compétitives répondant aux besoins d’homogénéité des matériels et aux critères d’éligibilité des différents programmes de l’Avere », détaille Agnès Brottes.
En parallèle, le ministère veut optimiser sa flotte. « Pour baisser les coûts et le nombre de véhicules, les véhicules de service sont systématiquement gérés dans un pool avec un logiciel de réservation. En regroupant les parcs et leur gestion, le nombre de véhicules baisse, tout comme le nombre d’agents qui en ont la charge », expose Agnès Brottes.

Optimiser la flotte
Autre levier : l’autopartage. Une centaine de véhicules de service, dans plusieurs parcs, seront équipés pour une expérimentation prévue sur un an. « Au-delà du bénéfice direct pour les agents, nous voulons constater les apports de l’autopartage en termes de gestion de parc et d’optimisation de l’usage des véhicules. Mais l’équipement avec ce dispositif constitue une dépense importante qu’il faut absorber par une meilleure adéquation des parcs aux besoins des administrations », note la responsable.
Pour le carburant, le renouvellement du marché interministériel dans lequel s’inscrit le ministère a amené à élaborer une stratégie d’utilisation des cartes carburant. Ce fonctionnement privilégie les stations avec un coût au litre le plus avantageux en fonction de la remise accordée ou du coût annuel de la carte. Une réduction de 10 % est attendue sur ce poste.
Un projet de télématique embarquée est aussi en déploiement. Avec des visées multiples : mieux connaître les usages, améliorer la maintenance prédictive des véhicules employés dans des conditions sévérisées (dont ceux des forces de sécurité intérieure pour certaines missions) et offrir aux agents les modèles les plus adaptés.
Enfin, indique Agnès Brottes, le ministère de l’intérieur porte le marché interministériel de location courte durée. « Y recourir est fortement encouragé au regard des tarifs très compétitifs du titulaire Hertz et de l’intérêt économique d’une location ponctuelle en comparaison d’un achat de véhicule pour un usage occasionnel », pointe Agnès Brottes.
Une mobilité plus durable
Le ministère incite aussi à une mobilité plus verte, y compris pour les déplacements domicile-travail. « Depuis la crise sanitaire, nous avons promu le forfait mobilités durables auprès des agents. Avec entre autres le versement d’une indemnité à ceux qui viennent travailler à vélo (voir l’article) ou en covoiturage. » Le but : faire reculer l’autosolisme pour limiter l’impact des transports sur le climat et la pollution atmosphérique.
Exemple en région Nouvelle-Aquitaine, devenue l’une des plus étendues de France après la fusion de 2015. Une plate-forme de covoiturage inter-administrations y a été développée pour faciliter les trajets des agents. « Cette opération a rencontré un grand succès et nous allons proposer des dispositifs similaires dans d’autres régions. À la demande de la direction, une instance nationale a été créée et déployée l’an dernier », complète Agnès Brottes.
Pour qui la pratique du covoiturage, également encouragée dans le cadre du forfait mobilités durables, se veut très pertinente dans les zones péri-urbaines, voire rurales, pas suffisamment couvertes par les transports en commun. « Toutefois, la promotion du covoiturage a été freinée par le contexte sanitaire », conclut la responsable.