
Créée en 1965 dans les Yvelines, la société Sepur est spécialiste de la gestion des déchets et de la propreté urbaine au service des collectivités locales. « Dès les années 2000, les métiers de l’environnement en général sont allés vers des flottes moins polluantes, au départ par opportunité commerciale, relate le directeur matériel et achats Philippe Crassous. Les véhicules au gaz représentaient une plus-value chez les clients. » En 2014, Sepur a ainsi pris un virage stratégique.
De l’électrique…
« Être acteur de l’environnement et brûler 12 millions de litres de gazole par an, soit...
Créée en 1965 dans les Yvelines, la société Sepur est spécialiste de la gestion des déchets et de la propreté urbaine au service des collectivités locales. « Dès les années 2000, les métiers de l’environnement en général sont allés vers des flottes moins polluantes, au départ par opportunité commerciale, relate le directeur matériel et achats Philippe Crassous. Les véhicules au gaz représentaient une plus-value chez les clients. » En 2014, Sepur a ainsi pris un virage stratégique.
De l’électrique…
« Être acteur de l’environnement et brûler 12 millions de litres de gazole par an, soit l’équivalent d’environ un camion-citerne par jour, n’a strictement aucun sens, argue Philippe Crassous. Nous avons donc décidé de faire de la transition énergétique une marque forte de notre ADN, en optant pour l’énergie existante la plus vertueuse pour chaque segment de la flotte. En 2014, il s’agissait de l’électrique pour les VL et du GNV pour les PL. Aujourd’hui, sur 1 700 moteurs, 40 % roulent avec des énergies alternatives au gazole et nous portons l’objectif ambitieux du zéro gazole d’ici 2025. »
Tous les chefs d’équipe de Sepur roulent donc en électrique – Renault Zoé ou Nissan Leaf. Les cadres et les dirigeants circulent quant à eux au volant d’hybrides rechargeables comme des Kia Niro. L’entreprise prépare maintenant la phase suivante : le passage au 100 % électrique pour tous ses collaborateurs bénéficiant de voitures de fonction.
… et hybride rechargeable
« Avec l’hybride rechargeable, l’idée était d’habituer peu à peu les collaborateurs à la recharge afin que les bons gestes deviennent naturels lors du basculement au tout-électrique, prévu d’ici deux ans », explique Philippe Crassous. Pour amorcer la transition, les cadres promus ou rejoignant l’entreprise depuis cette année sont dotés de véhicules 100 % électriques. « Notre car policy s’en trouve simplifiée, note ce directeur. Auparavant, un modèle était proposé par fonction ; désormais, le choix d’énergie est commun à tous. » Le renouvellement s’effectue au fil des fins de contrat, avec actuellement sept véhicules en cours de commande. Et Sepur envisage en fin d’année ou en début d’année prochaine de changer tous les véhicules restants en électrique.
Pour accompagner cette transition, Sepur a déployé de premières bornes de recharge de 2014 jusqu’à mi-2015, qui sont maintenant amorties. « Nous bénéficions de 160 points de charge sur site dont trente au siège à Thiverval dans les Yvelines, détaille Philippe Crassous. Ces points sont dimensionnés majoritairement en 22 kW pour les Zoé, soit 90 % de notre parc de VL électriques. Nous avons aussi deux sites équipés de bornes de recharge rapide en 43 kW. »
Déployer des bornes de recharge
Avec le passage au 100 % électrique pour les véhicules de fonction, « nous aurons besoin de bornes plus puissantes avec du Combo en 43, voire 150 kW », anticipe Philippe Crassous. Un nouveau cycle de déploiement est donc prévu, qui nécessite de nouveaux investissements. Et l’entreprise prévoit d’accompagner les collaborateurs en installant chez eux une borne de recharge. « Dans le cas où les collaborateurs résident en habitat collectif et bénéficient d’un parking, nous nous sommes rapprochés d’un partenaire pour sous-traiter l’installation de la borne. » À noter que les collaborateurs ont accès aux bornes de l’entreprise pour leurs véhicules personnels : « La transition de notre flotte amène donc aussi à accompagner le changement des pratiques de nos collaborateurs dans la sphère privée », complète Philippe Crassous.
En parallèle, Sepur est passé du standard gazole au standard GNV pour ses poids lourds. « En 2018-2019, 90 % de notre plan d’investissement en énergies propres a concerné des motorisations gaz », rappelle Philippe Crassous. Mais ce n’est qu’une première étape. « Nous étudions l’électrique pour 2020-2021 et sommes en discussion avec les trois ou quatre constructeurs dont la technologie est prête. La transition du GNV à l’électrique a par exemple été menée à Clichy-la-Garenne (92) avec six bennes à ordures ménagères. Nous réfléchissons maintenant à dupliquer ce modèle ailleurs. Enfin, pour nos PL, nous nous intéressons aussi à l’hydrogène qui devrait arriver très vite sur le marché. »
Des données pour rationaliser le parc
Pour optimiser ses tournées, Sepur recourt à un logiciel métier avec tous ses véhicules géolocalisés et équipés de la navigation GPS. « Cela nous permet de définir des itinéraires avec des points de collecte en effectuant le moins de kilomètres et le moins d’allers-retours, sachant que nous sommes limités par la capacité de charge des véhicules », décrit Philippe Crassous. Se pose alors la question des données : lesquelles récupérer ? Qu’en faire ? Et cela va-t-il servir ?
« Tous les gestionnaires de flotte veulent connaître le kilométrage de leur parc et emploient pour cela des cartes carburant. Or, avec l’électrique et le GNV, même avec des badges, cette donnée n’est pas toujours récupérée. Cela nous contraint à une approche différente. Ainsi, ce qui nous intéresse n’est pas de réduire le kilométrage ou la consommation de chaque véhicule, mais plutôt d’optimiser la taille de la flotte. Nous sommes alors gagnant in fine, car sur un parc de PL, un camion qui sort entraîne des économies pour la flotte et en temps de travail », conclut Philippe Crassous.
Du GNV pour les poids lourds
Là encore, la transition énergétique ne peut se faire sans raisonner en circuit d’approvisionnement. Sepur possède quatre stations GNV en service sur ses sites, plus une qui lui est entièrement réservée chez l’un de ses clients. À noter que la station située au siège est ouverte au public avec 20 % de GNV consommé par des sociétés tierces. « Au total, nous pouvons nous approvisionner dans huit stations, expose Philippe Crassous. Nous avons en outre pour projet d’ouvrir deux stations supplémentaires en 2020, dont une qui remplacera symboliquement une station de carburant dans l’une de nos agences. »
En effet, Sepur est arrivé à un point de bascule où il devient intéressant de disposer de stations GNV supplémentaires. « Nous avons atteint la taille critique qui nous permet de maîtriser les coûts d’infrastructures et le coût d’acquisition des véhicules, assure Philippe Crassous. Un camion GNV reste encore un peu plus cher à l’achat mais dans notre application, le TCO est presque équivalent à celui d’un camion gazole. »
Lorsqu’elle a fait le choix de renoncer au pétrole en 2014, l’entreprise n’avait pas d’objectif de baisse des coûts : « Nous n’avons cherché qu’à obtenir un TCO équivalent, sachant de plus que le TCO est interprétable de plusieurs manières, prévient Philippe Crassous. À titre d’illustration, si le TCO d’un VP électrique bien négocié est à peu près équivalent à celui d’un modèle thermique, ce TCO est fortement dégradé dès que l’on y ajoute l’infrastructure. Toutefois, pour la bonne maîtrise des coûts et des solutions de recharge et de distribution, la présence dans l’équipe d’une personne responsable des infrastructures est une réelle nécessité », recommande ce directeur.
La provenance de l’énergie
D’autant que Sepur voit encore plus loin : « Une fois que nous aurons entièrement changé de mode de traction et développé l’infrastructure, l’étape suivante consistera à s’intéresser à la provenance de l’énergie », anticipe Philippe Crassous. Et l’entreprise regarde de près les biocarburants.
« Nous consommons en GNV l’équivalent de 5 millions de litres de pétrole chaque année, ce qui commence à être suffisant pour approcher les acteurs de la filière du biogaz, indique Philippe Crassous. Nous avons aussi encore 400 PL Euro 5 et Euro 6 pour lesquels nous envisageons de passer au B100, du pétrole végétal issu de déchets de la production agricole, ce qui a un sens en termes d’économie circulaire, mais aussi vis-à-vis de notre propre activité. » Un objectif ambitieux.
Vers l’autoproduction d’énergie renouvelable ?
Au-delà du verdissement des énergies utilisées pour faire rouler sa flotte, Sepur s’intéresse à l’autoproduction d’énergie d’origine renouvelable. Son siège de Thiverval abrite ainsi un méthaniseur qui produit du biogaz à partir de déchets alimentaires. « Nous avons développé un concept de micro-méthanisation avec une petite unité qui s’intègre bien au maillage urbain, pour pouvoir l’adopter ensuite dans nos agences, décrit Philippe Crassous. Au siège, nous nous en servons pour faire de la cogénération : en brûlant le gaz, nous produisons de la chaleur et de l’électricité. À l’avenir, nous pourrions injecter le biogaz produit dans le réseau. » Et ce démonstrateur est présenté aux clients de Sepur pour leur proposer d’en installer un sur leur territoire.
« Nous avons aussi beaucoup d’espaces de parking qui pourraient potentiellement être employés pour produire de l’électricité avec des panneaux solaires, envisage Philippe Crassous. Si l’objectif global n’est pas de parvenir à l’autoconsommation et à l’indépendance énergétique, nous cherchons à terme à couvrir 10 à 20 % de nos besoins. »
La flotte de Sepur en chiffres
- 1 700 véhicules dont :
- 1 400 PL (bennes à ordures ménagères, balayeuses, laveuses, camions-grues, etc.),
- quelques VU,
- 200 véhicules de service,
- et 50 voitures de fonction.
- 40 % de la flotte roule avec des énergies alternatives au gazole.
- 160 bornes de recharge électrique.
- 4 stations GNV
« Nous avons 32 agences en Île-de-France et nous nous étendons progressivement vers les départements limitrophes. Chaque agence compte entre 5 et 200 véhicules selon les besoins. Nous avons par exemple 180 PL au siège de Thiverval », complète Philippe Crassous.