
1. Louer moins cher
Alors que nombre de leviers ont déjà été actionnés pour optimiser les coûts, des entreprises tentent de limiter la note du loueur en faisant jouer la concurrence. Une démarche particulièrement valable lorsqu’un seul prestataire est référencé. « Nous menons une étude en vue d’intégrer un second loueur, illustre Stéphane Belair, responsable de l’environnement du travail chez Dentsu Aegis Network France, une agence de communication. C’est bien d’instaurer un peu de compétitivité », estime ce responsable à la tête de 102 véhicules, tous des VP.
Un ou deux loueurs ?
Réflexion similaire pour Mélaine Pouchain chez Metro France...
1. Louer moins cher
Alors que nombre de leviers ont déjà été actionnés pour optimiser les coûts, des entreprises tentent de limiter la note du loueur en faisant jouer la concurrence. Une démarche particulièrement valable lorsqu’un seul prestataire est référencé. « Nous menons une étude en vue d’intégrer un second loueur, illustre Stéphane Belair, responsable de l’environnement du travail chez Dentsu Aegis Network France, une agence de communication. C’est bien d’instaurer un peu de compétitivité », estime ce responsable à la tête de 102 véhicules, tous des VP.
Un ou deux loueurs ?
Réflexion similaire pour Mélaine Pouchain chez Metro France. Ce spécialiste de la fourniture alimentaire va faire entrer un second loueur début 2020 pour ses 850 véhicules dont 95 % de VU. « L’objectif est de favoriser la mise en concurrence, d’obtenir de meilleurs tarifs mais aussi plus de services », expose cette responsable services aux collaborateurs. Et des entreprises implantés en Europe visent également une rationalisation à cette échelle, à l’image de Beckman Coulter France, filiale d’un groupe américain spécialiste des automates de biologie (voir le témoignage).
Pour ses 480 véhicules dont 112 VP, l’entreprise de presse Ouest France recourt à un fleeteur. « Cela nous a permis d’optimiser les coûts », indique Aurélie Tronchet, la responsable du parc. Qui réfléchit à passer à la LLD pour les voitures des gros rouleurs alors que la flotte fonctionne aujourd’hui en acquisition – l’entreprise bénéficie d’une aide fiscale à l’achat. Précision : les véhicules roulent 200 000 km en moyenne sur une durée d’environ dix ans. Autre mode de gestion qui intéresse les grandes structures : l’auto-assurance et la gestion pour compte pour l’entretien et les réparations, c’est-à-dire une facturation à l’euro près. « Cela génère une baisse des coûts de l’ordre de 20 % », précise Jean-Luc Celotto, responsable des 10 500 véhicules de Dalkia France, filiale d’EDF spécialiste des services énergétiques (voir le reportage).
2. Verdir les flottes
Autre levier pour maîtriser les coûts : tirer vers le bas les émissions de CO2 des véhicules pour limiter le poids de la fiscalité. Une action importante alors que la fiscalité reste une inconnue pour 2020, mais avec une seule certitude : basés sur les émissions de CO2, les barèmes fiscaux se durciront à court ou à long terme. Sans oublier non plus le WLTP dont l’application demeure incertaine mais dont les effets sont connus avec une hausse des émissions. Beckman Coulter France, qui travaille majoritairement avec le groupe Volkswagen, s’est ainsi retrouvé dans l’impossibilité de renouveler une partie de sa flotte : « Du fait du WLTP, ce constructeur a enregistré de nombreux arrêts de production, le temps de mettre à jour ses modèles, explique Sandrine Joly. Nous avons poussé les contrats de LLD le plus loin possible et avons fait appel à la location moyenne durée que nous utilisions déjà pour les périodes d’essai des collaborateurs. »
Le casse-tête fiscal
Chez Dentsu Aegis Network France, le choix est clair : « Notre objectif est de rester sous les 110 g/km de CO2, c’est-à-dire sous le seuil du malus [soit 117 g en 2019, NDLR]. Entre 2017 et 2019, nous sommes passés d’un taux moyen de 123 g à 107 g et nous comptons encore le diminuer pour anticiper l’impact du WLTP. Les véhicules n’en sont pas moins performants », souligne Stéphane Belair. Qui mise sur des modèles hybrides (dix sont déjà en parc) ou électriques (six en parc), comme la BMW i3. Et pour les thermiques, ce responsable opte pour des motorisations inférieures : « Avec les BMW X1 diesel, nous sélectionnons des 1.6 l au lieu des 1.8 l. À part le moteur, rien ne change et personne ne se plaint, tout au contraire. »
Mais cette course au CO2 reste compliquée avec des véhicules achetés et des renouvellements plus espacés. C’est le cas pour Ouest France qui prévoit de revoir sa car policy pour les VP avec la volonté de mixer diesel et essence et d’introduire plus d’électrique. « Deux véhicules électriques ont rejoint la flotte en 2019 et nous pensons nous mettre à l’hybride. Nous avons pour principe de ne pas dépasser 120 g. Mais le diesel demeure incontournable pour les gros rouleurs et c’est aussi une question de budget et d’offre des constructeurs », constate Aurélie Tronchet.
Outre la fiscalité, la loi orientation des mobilités (LOM) va pousser à verdir les flottes : les loueurs et les parcs d’entreprise de plus de 100 véhicules devront ainsi intégrer, lors des renouvellements, 10 % de véhicules à faibles émissions (soit moins de 60 g de CO2) à partir de 2022, 20 % en 2024, 35 % en 2027 et 50 % en 2030. Pour l’État et les établissements publics, cette part s’élève déjà à 50 % et pour les collectivités locales à 20 % (voir notre article).
La LOM fait son entrée
De quoi accélérer l’adoption de l’électrique, d’autant que les loueurs y sont contraints par la LOM. Sans oublier la réglementation européenne qui impose aux constructeurs de respecter une moyenne inférieure à 95 g pour l’ensemble de leurs gammes à partir du 31 décembre 2021, puis 81 g en 2025 et 59 g en 2030.
Chez Metro France, la transition énergétique est un objectif prioritaire pour 2021. Le parc de 850 véhicules comprend déjà une dizaine de modèles électriques, quelques hybrides et une vingtaine de véhicules essence. « Nous comptons augmenter le nombre de véhicules électriques, prévoit Mélaine Pouchain. Mais cela suppose un coût toujours supérieur à celui du thermique. Nous réfléchissons à des pistes pour réaliser des économies. Cela pourrait passer par une limitation des choix possibles dans la car policy. Celle-ci propose en effet un très vaste catalogue, avec une priorité pour les marques françaises qui représentent 72 % du parc. »
Mais avec l’électrique, la nécessaire installation de bornes de recharge n’est pas toujours simple. « Le déploiement de l’électrique se fera notamment en fonction de celui des bornes. Nous avons commencé à en installer au siège et dans les entrepôts. Les autres sites suivent et ce lourd investissement doit être validé par le comité exécutif. Nous réfléchissons à ouvrir l’accès à ces bornes. Mais faut-il faire payer les clients et les salariés qui les emploieront à titre privé ? », s’interroge Mélaine Pouchain.
Les contraintes réglementaires se font encore plus fortes dans le public. Pour le conseil départemental de l’Essonne, Sandrine Lauraire s’est fixé l’objectif d’atteindre 220 véhicules électriques en parc en 2023, contre une centaine actuellement. « Pour l’instant, il s’agit essentiellement de Zoé et de Kangoo Z.E. Pour les plus gros VU, les Master Z.E. sont encore trop onéreux. Mais dans un an ou deux, le choix devrait être moins restreint et les prix vont baisser. Je suis optimiste », assure cette cheffe du service de gestion des véhicules départementaux. Sandrine Lauraire chapeaute 600 véhicules à l’achat dont 400 VP, essentiellement des véhicules de service amortis en moyenne sur cinq ans.
3. Accompagner les collaborateurs
Les gestionnaires de flotte continuent en parallèle à améliorer l’accompagnement des collaborateurs au volant. « Nous voulons concilier une politique stricte de respect des règles et un meilleur service pour les collaborateurs. Ainsi, lors de la remise à plat de la politique voyages, nous avons voulu faciliter les trajets pour les salariés. Depuis octobre dernier, nous avons lancé un chatbot pour qu’ils puissent poser des questions, par exemple sur le mode d’emploi pour réserver un véhicule en autopartage, explique Mélaine Pouchain pour Metro France. Le service aux collaborateurs est d’ailleurs le nouveau nom de nos services généraux, souligne cette responsable qui dirige cette entité. Nous misons sur ce service que nous voulons le plus positif possible. »
Aider les collaborateurs
Toujours pour améliorer ce service aux collaborateurs, neuf trottinettes et quatre vélos électriques partagés sont disponibles gratuitement depuis septembre chez Metro France. Ils peuvent s’utiliser pour les trajets domicile-travail et les salariés peuvent donc les emmener le soir. « Notre site est situé Nanterre (92), à vingt minutes à pied du RER. La trottinette permet aux salariés de faire ce trajet plus rapidement. Les vélos servent surtout pour ceux qui habitent à proximité », précise Mélaine Pouchain. Metro France regroupe aussi des informations utiles, de manière ludique et claire, sur une page dans le réseau internet interne. « L’important, c’est la clarté et la simplicité », affirme Mélaine Pouchain. Pour qui l’autopartage constitue aussi un bon moyen de renforcer le service aux collaborateurs grâce aux possibilités d’usage à titre privé le week-end ou en soirée (voir aussi notre article).
4. Former toujours plus
Les formations à l’éco-conduite ou à la sécurité routière sont également privilégiées pour toujours mieux accompagner les conducteurs. Chez Metro France, une campagne de sensibilisation à la sécurité routière a débuté en octobre avec des animations vidéo de trois minutes envoyées aux collaborateurs. Des formations en e-learning d’une quarantaine de minutes sont aussi mises en place pour les conducteurs qui ont eu un sinistre responsable. Au deuxième sinistre au cours de la même année, un « débriefing » avec le préventeur risque routier de la compagnie d’assurance est prévu, doublé d’une autre séance d’e-learning en piqûre de rappel.
Cibler en priorité les gros rouleurs
Chez Dentsu Aegis Network France, l’introduction d’une formation de sensibilisation à la sécurité routière est à l’étude pour les gros rouleurs. « Nous voulons les sensibiliser aux risques qu’ils encourent, tout en mettant en avant le coût de la sinistralité pour l’entreprise. Cela devrait concerner une quinzaine de conducteurs qui parcourent plus de 60 000 km par an. J’envisage des formations d’une journée, moitié théorie moitié pratique sur route, mais tout va dépendre du coût », anticipe Stéphane Belair. La ville de Lyon a pareillement prévu de former à l’éco-conduite ses plus gros rouleurs, « ceux qui font des livraisons inter-sites notamment, et les agents les plus accidentogènes », note Christian Gardin, le directeur logistique, garage et festivités, à la tête des 778 véhicules.
L’adoption de l’électrique dope aussi les formations d’apprentissage à la conduite de ces véhicules. Au sein du cabinet de conseil Accenture, dont le parc de 450 VP est 100 % électrique et hybride rechargeable, « nous avons instauré, une fois par an, des journées d’essai et de sensibilisation, avec la collaboration des constructeurs et des concessionnaires », signale Alexandra Melville, responsable de la flotte et de la mobilité (voir le témoignage). Sandrine Lauraire accompagne aussi les agents du département de l’Essonne avec des ateliers sur la conduite des véhicules électriques. « Cela nécessite de mieux anticiper les trajets ou de s’habituer à la boîte automatique », complète-t-elle.
5. Se mettre à la télématique
Dernière piste à suivre, la télématique embarquée. Les petits parcs, et surtout les parcs de VP attribués par exemple à des commerciaux, en sont en général peu équipés. Mais les autres s’y mettent peu à peu, y compris dans le secteur public. « Nous avons un projet que nous allons tester sur une dizaine de véhicules, indique Christian Gardin pour la ville de Lyon. Un des objectifs est de limiter les vols et l’outil comprendra un détecteur avec une alerte en cas de mouvement du véhicule. »
Suivre les véhicules avec la télématique
À Lyon, la télématique va aussi aider à mieux suivre les données de conduite des collaborateurs pour proposer des formations à l’éco-conduite, mais aussi à améliorer le suivi des kilométrages et de la consommation de carburant. « Avec les cartes carburant, ce suivi n’est pas optimal et même impossible pour les véhicules électriques. Alors que le suivi par la télématique offre la certitude de limiter les kilomètres, les consommations et les amendes », ajoute Christian Gardin. Qui enregistre déjà un recul des consommations de 2 à 3 % par an (voir aussi le témoignage). « Nous disposons d’un logiciel de gestion de flotte depuis octobre 2018 et nous voulons l’interconnecter avec la télématique, avance Christian Gardin, avec à la clé un gain de temps pour le suivi des véhicules. » Ce logiciel a déjà contribué à améliorer la maintenance avec des entretiens préventifs une fois par an dans le garage interne. Et ce processus est dématérialisé avec un système d’alertes automatiques, alors qu’auparavant le chef d’atelier devait envoyer des e-mails individuels.
Des bénéfices à la clé
Chez Dalkia, la télématique embarquée, déployée depuis 2012, équipe la totalité des véhicules. « La consommation a reculé de 7 à 8 % et la sinistralité de 15 à 20 % grâce à une communication accrue sur l’outil et à la mise en place de tableaux de bord. Ce qui a permis d’impliquer les conducteurs. Les gains ont perduré jusqu’en 2015, puis se sont stabilisés ou ont un peu régressé du fait d’une moindre communication. Ce qui montre qu’il faut communiquer et impliquer le management et les conducteurs », recommande Jean-Luc Celotto. Ce responsable des 10 500 véhicules du parc de Dalkia va par ailleurs lancer une campagne de sensibilisation aux risques routiers : « Nous enverrons des séries de messages aux conducteurs sur cette thématique en 2020 », anticipe-t-il. À vos marques !
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