Flottes publiques : l’électrique encore au ralenti
Les services de l’État, les collectivités et les établissements publics se veulent vertueux en matière de verdissement des flottes. Une politique volontariste basée sur une loi de transition énergétique dont les objectifs sont ambitieux. Mais le rythme lent des renouvellements et les capacités de financement freinent le développement du véhicule électrique.
Le Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et-Loire (SIEIL) a installé 400 points de recharge dans le département, la plupart en accéléré (18 kWh, 1 à 2 h pour une recharge), sauf six bornes rapides sur des axes autoroutiers.
Pour mémoire, depuis le 11 janvier 2017, la loi de transition énergétique impose aux flottes publiques l’achat d’un pourcentage de véhicules à faibles émissions à chaque renouvellement, c’est-à-dire à un taux d’émissions inférieur à 60 g/km de CO2. Cette part s’élève à 50 % pour l’État et à 20 % pour les collectivités territoriales et les entreprises publiques. Une mesure relayée par la circulaire du Premier ministre du 20 avril 2017 pour les services et établissements publics de l’État.
Pour assurer cette transformation énergétique des parcs, la MIPA mise sur l’incitation. En charge de l’animation de la politique de gestion des flottes de...
Pour mémoire, depuis le 11 janvier 2017, la loi de transition énergétique impose aux flottes publiques l’achat d’un pourcentage de véhicules à faibles émissions à chaque renouvellement, c’est-à-dire à un taux d’émissions inférieur à 60 g/km de CO2. Cette part s’élève à 50 % pour l’État et à 20 % pour les collectivités territoriales et les entreprises publiques. Une mesure relayée par la circulaire du Premier ministre du 20 avril 2017 pour les services et établissements publics de l’État.
Pour assurer cette transformation énergétique des parcs, la MIPA mise sur l’incitation. En charge de l’animation de la politique de gestion des flottes de l’État, cette Mission Interministérielle Parc Automobile (MIPA) chapeaute 65 000 véhicules dont environ 1 600 modèles électriques, soit 3 % du total.
Faire la promotion de l’électrique
« Nous menons une démarche de promotion, avance Olivier Valenchon, adjoint de la cheffe de la MIPA. Nous expliquons notamment que l’évolution de l’offre des constructeurs sur l’autonomie de l’électrique aide à mieux répondre aux besoins des services avec un confort de conduite (boîte automatique, pas de polluants, silence, etc.). Mais l’achat dépend aussi des capacités de financement des services et de leurs besoins en renouvellement. Et la dispersion des centres de décision reste un obstacle à la mise en place de la circulaire. Mais il doit être levé par la programmation régionale des achats. »
Olivier Valenchon, adjoint de la cheffe de la MIPA
Olivier Valenchon cite le ministère de la Défense. Ce dernier détient 700 des 1 600 véhicules électriques de l’État, majoritairement des Goupil et des Kangoo, et pilote ses achats à l’échelon national. Ce ministère a identifié les parcours et les usages des véhicules électriques sur ses bases de défense, ce qui permet de développer leur usage.
Au ministère de l’Intérieur, plus de 75 % des 60 000 véhicules sont des véhicules opérationnels pour la Gendarmerie et la Sécurité civile, qui doivent donc être en permanence disponibles. « Avec l’électrique, l’autonomie des modèles et le maillage du territoire en bornes de recharge ne suffisent pas. Et les chargements parfois lourds entament l’autonomie », explique une responsable de ce ministère qui travaille sur la réduction de la taille du parc et la mutualisation des véhicules. Actuellement, 2 % de la flotte de l’Intérieur est électrique, essentiellement pour les préfectures et les services généraux. Mais ce ministère cherche à tendre vers 10 % des renouvellements en électrique, et même vers les 50 % pour l’administration centrale.
L’Intérieur en première ligne
L’Intérieur mène aussi des expérimentations sur le périmètre des véhicules opérationnels. La Gendarmerie a testé la Bluecar dans le cadre de missions de patrouille en régions, et la Garde républicaine a réalisé pendant trois mois 400 missions en électrique, soit 11 000 km au total « avec un retour très satisfaisant ». Le ministère espère ainsi ancrer l’électrique en milieu urbain pour les missions de la Garde Républicaine. Et ces expérimentations contribuent à la réflexion sur les besoins en bornes de recharge. En outre, l’Intérieur a lancé des formations à l’éco-conduite en 2017 et 3 700 agents de la Police Nationale et 700 de la Gendarmerie en ont déjà bénéficié.
Pour Olivier Valenchon, l’optimisation des parcs et une mutualisation renforcée favoriseront le développement de l’électrique : « Nous militons pour que les véhicules sortants et sous-employés soient remplacés par des modèles électriques en nombre moindre et avec un usage plus intensif. » En effet, ces véhicules se montrent tout à fait adaptés à des parcours sur des distances courtes ou moyennes.
Le parc du Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et-Loire (SIEIL) compte 6 Zoé. Près de 80 véhicules électriques ont aussi été financés au sein des parcs des collectivités membres du SIEIL et les particuliers s’y mettent également.
Mutualiser pour favoriser l’électrique
La mutualisation amène aussi à offrir un parc plus large à chaque utilisateur, afin d’opter pour le modèle le plus adéquat selon les trajets. Et la gamme de l’Ugap s’est étoffée avec six modèles : la Bluecar, la Zoé, la Leaf et, côté fourgonnettes, le Berlingo Electric, le Kangoo Z.E. et le Nissan e-NV200.
Autre conseil de la MIPA : partager les véhicules entre services voisins. « La mutualisation accroît le taux d’utilisation. C’est nécessaire pour que le TCO de l’électrique devienne intéressant. Pour atteindre une certaine rentabilité, le cap est estimé aujourd’hui à 17 500 km par an, ce que peu de véhicules de l’administration atteignent. D’où l’importance d’une mutualisation », souligne Olivier Valenchon. Pour cela, ce dernier s’appuie sur l’implantation d’un logiciel de gestion de flotte en expérimentation dans la région des Pays de la Loire, « pour mieux connaître l’implantation des véhicules, leur motorisation, leur nombre, leur taux d’utilisation à partir du module de réservation intégré à l’outil. » Ce qui devrait favoriser la constitution de pools entre services et le développement de l’usage de l’électrique.
Olivier Valenchon note aussi que le coût d’achat des véhicules électriques reste plus élevé. « Mais leur coût d’entretien est faible car il y a moins de pièces : pas de boîte de vitesses, d’embrayage ou de circuit de refroidissement. Il n’y a pas non plus de vidanges à effectuer et moins de changements de plaquettes car le conducteur recourt à un freinage moteur récupératif. » Il insiste également sur le fait que renouveler régulièrement la flotte contribue à mieux revendre les véhicules sortants et à bénéficier d’un financement plus élevé pour acquérir des modèles électriques.
La communauté d’agglomération Ardenne Métropole dispose de 5 modèles électriques, 20 avec le parc de la mairie de Charleville-Mézières, et s’est fixé l’objectif d’intégrer une vingtaine de véhicules électriques dans sa flotte de 100 VL.
Accompagner les agents
Mais ce passage à l’électrique doit être accompagné. « Les agents ont peur de ne pas savoir s’en servir et craignent de ne pas avoir assez d’autonomie, constate Olivier Valenchon. Mais quand ils ont testé, ils sont conquis. Nous leur offrons aussi un service complémentaire avec le KiWhi Pass pour recharger sur les bornes dans l’espace public. Mais en général, ils emploient rarement la totalité de la capacité des véhicules car de nombreux parcours ne dépassent pas 100 km dans des implantations situées majoritairement dans des villes de préfecture. »
La MIPA a aussi une mission de conseil sur les modes de recharge. Une mission à réaliser conjointement avec les équipes responsables de la gestion des bâtiments, en définissant les besoins en fonction de la programmation des achats de véhicules électriques dans les années à venir. Une programmation qui aide à évaluer le dimensionnement des équipements en fonction du ou des types de recharge.
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