Secteur public : la bascule vers les véhicules à faibles émissions
Pionnières lorsqu’il s’agit de verdir les flottes, les entités du secteur public montrent la voie. Au-delà de l’électrification des véhicules, elles misent aussi sur la diversification des motorisations et n’hésitent pas à recourir aux vélos à assistance électrique (VAE). Leur objectif : continuer à circuler alors que les accès aux centres urbains se restreignent.
« Le verdissement, on n’arrête pas ! Du moins quand c’est acceptable financièrement, que cela répond aux usages et qu’il y a une offre qui correspond », résume Thierry Gaudineau pour la mairie de Cannes. Ce directeur de la propreté urbaine et du parc roulant gère 448 véhicules. À l’instar de cette municipalité, de nombreuses collectivités sont en avance, souvent au-delà des objectifs réglementaires, en termes de verdissement des flottes.
Pour ces entités publiques, la loi d’orientation des mobilités (LOM) constitue de fait le premier curseur : les véhicules à faibles émissions (VFE, les émissions à l’échappement ne dépassent pas 50 g de...
« Le verdissement, on n’arrête pas ! Du moins quand c’est acceptable financièrement, que cela répond aux usages et qu’il y a une offre qui correspond », résume Thierry Gaudineau pour la mairie de Cannes. Ce directeur de la propreté urbaine et du parc roulant gère 448 véhicules. À l’instar de cette municipalité, de nombreuses collectivités sont en avance, souvent au-delà des objectifs réglementaires, en termes de verdissement des flottes.
Pour ces entités publiques, la loi d’orientation des mobilités (LOM) constitue de fait le premier curseur : les véhicules à faibles émissions (VFE, les émissions à l’échappement ne dépassent pas 50 g de CO2/km) doivent en effet représenter au moins 30 % des renouvellements pour les collectivités territoriales, leurs groupements et les entreprises nationales depuis le 1er juillet 2021. Ce seuil passera à 40 % au 1er janvier 2025 et à 70 % en 2030. Pour l’État et ses établissements publics, le seuil minimal actuel de 50 % atteindra 70 % à compter du 1er janvier 2027.
La Métropole de Limoges s’y prépare. « Nous avons comme échéance 2025 et l’entrée en vigueur de la ZFE-m. Nous devrions être dans les clous pour les VP et les VUL mais la démarche sera plus compliquée avec les poids lourds », note Benoît Labrune, responsable du parc de la métropole, soit 199 véhicules, électriques à 13 %. En parallèle, dans le cadre de son plan pluriannuel d’investissement, la Métropole de Limoges intensifie la pose de bornes de recharge électrique. « Nous avons déjà installé 25 bornes, de la prise Green’up standard à la wallbox semi rapide ; en 2022, nous comptons en installer une quinzaine en plus », anticipe Benoît Labrune.
En 2021, la Métropole de Limoges a réalisé 28 % des renouvellements de sa flotte de 199 véhicules avec des modèles à faibles émissions. En 2022, ce chiffre devrait atteindre 38 %, voire plus avec les VP, puis 42 % en 2023 et 70 % en 2024.
Lyon fait sa transition
Autre chantier lyonnais pour 2022 : « Développer l’installation de bornes, actuellement au nombre d’une centaine. Ce qui pose des problèmes financiers mais aussi techniques au niveau des bâtiments. Nous allons également mener des analyses sur les usages, les éligibilités et l’attribution des futurs véhicules électriques, jusqu’ici surtout intégrés dans les pools d’autopartage. Et il va falloir trouver des modèles propres pour des véhicules spécifiques. C’est le cas ceux équipés de remorques ou pour les patrouilleurs qui parcourent 100 000 km par an et sont donc difficilement électrifiables », expose Guillaume Cerdan.
L’Ugap, la centrale d’achat du secteur public, confirme cette accélération du verdissement. « Notre catalogue comprend pour moitié des véhicules à faibles émissions. Un véhicule sur quatre acheté par une collectivité est électrique ou hybride rechargeable. Nous en sommes donc presque aux 30 % de renouvellements en véhicules à faibles émissions et nous notons une vraie dynamique », détaille Olivier Rougetet, chef du département marketing véhicules de l’Ugap. Avec, en ligne de mire, l’interdiction des ventes de véhicules thermiques, prévue pour 2040. « En 2021, 36 % de nos ventes totales ont concerné des véhicules à faibles émissions contre 13 % pour le marché global. Depuis deux à trois ans, des départements comme les Yvelines ou la Seine-Saint-Denis nous passent de nombreuses commandes et font massivement migrer les flottes », souligne Olivier Rougetet.
Vélos, VAE et trottinettes
« Nous avons aussi une forte demande pour les vélos auprès de nos fournisseurs Arcade Cycles et Nihola », avance Olivier Rougetet. Car des municipalités ont déjà massivement adopté les deux-roues. D’autres, comme Limoges, s’y mettent rapidement : Benoît Labrune, qui a intégré six VAE essentiellement dans ses pools, compte bien accélérer la tendance. Du côté de la ville et de l’agglomération de La Roche-sur-Yon, le parc comprend vingt VAE et cinq trottinettes électriques pour les courts trajets, certains sites étant éloignés de 500 m. « En 2022, nous comptons faire bénéficier nos agents d’une petite formation pour la prise en main et d’un rappel des règles de sécurité », prévoit Gilles Béasse, directeur des transports et déplacements durables de La Roche-sur-Yon, à la tête d’une flotte de 210 véhicules.
Depuis 2017, l’agglomération de La Roche-sur-Yon propose aussi des IK vélo limitées à 200 euros. « De nombreux agents viennent travailler à vélo. Une soixantaine d’entre eux bénéficient de ces IK. Elles devraient être remplacées par des forfaits mobilités durables mais le passage de l’un à l’autre est compliqué : pour être éligible à ce forfait, il faut rouler 100 jours par an à vélo. Actuellement, l’indemnité est progressive, basée sur le nombre de kilomètres parcourus », décrit Gilles Béasse.
À Paris, la flotte comprend 655 vélos (pour un parc de 2 636 véhicules à moteur) dont un peu plus de la moitié à assistance électrique. « Nous continuons à en mettre à disposition, entre autres pour la police municipale aussi dotée de VTT à assistance électrique », précise Hervé Foucard, chef du service technique des transports automobiles municipaux.
À Paris, le deux-roues en croissance
Les trottinettes électriques font aussi leur entrée dans le parc parisien : « Nous en avons désormais 70 et les retours sont positifs. Pour assurer un maximum de sécurité, nous équipons les collaborateurs de casques et de gilets réfléchissants. Et tous bénéficient d’une petite formation », ajoute Hervé Foucard. Enfin, des triporteurs à assistance électrique sont aussi employés pour apporter du matériel en dépannage dans les crèches ou les écoles maternelles. « Nous avons même expérimenté le triporteur électrique pour transporter des urnes dans le cadre de nos opérations de budget participatif, quand nous interrogeons les Parisiens sur des projets d’aménagement. Nous étudions aussi l’opportunité d’acheter des vélos cargos ou biporteurs à assistance électrique », anticipe ce responsable.
Pour leurs gestionnaires, ce passage des flottes publiques à l’électrique suppose aussi de former les conducteurs. Au sein de la Métropole de Limoges, Benoît Labrune compte ainsi mettre en place de petites formations d’une demi-heure pour la prise en main des véhicules électriques : « Des collaborateurs ont encore peur de les conduire et ils ne sont pas habitués à la boîte automatique. En fonction des budgets, nous devrions aussi relancer des formations à l’éco-conduite et à la sécurité routière ». La mairie de Cannes compte aussi dispenser des formations ciblées à la conduite des véhicules électriques en 2022.
À la tête d’une flotte de 448 véhicules, la ville de Cannes acquiert quasiment tous ses petits utilitaires et berlines en 100 % électrique. Ce qui n’est pas le cas pour les fourgons du fait du manque de modèles actuellement disponibles sur le marché.
Accompagner les conducteurs
À La Roche-sur-Yon, une prise en main des véhicules électriques et des VAE est prévue. Elle s’ajoutera aux formations à l’éco-conduite, débutées en 2021 avec un formateur en interne. « Et en 2022, celles-ci se poursuivront. L’objectif est de réduire la consommation et les risques routiers. Lors d’un premier passage, le formateur observe les comportements de conduite et un boîtier Ecomobil branché sur la prise OBD remonte un certain nombre de données : changements de vitesse, temps de freinage, consommation, etc. Après un bilan et une petite partie théorique, les agents repartent sur la route, coachés par le formateur. Entre les deux passages, on constate souvent une baisse de 20 % de la consommation », relate Gilles Béasse.
À Paris, les collaborateurs ont une piqûre de rappel d’éco-conduite tous les cinq ans : « Ces formations ont permis de diminuer de 3 à 15 % la consommation selon les conducteurs. Avec l’électrique, l’éco-conduite reste une nécessité », rappelle Hervé Foucard.
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