
Pour certaines entreprises, les véhicules constituent un vecteur d’image. Pour d’autres, plus souvent, ils sont le résultat d’un calcul économique. Mais chez Evesa, ce choix s’apparente à un impératif : « Notre flotte reflète notre mission », résume Claudia Almeida, la gestionnaire du parc automobile de l’entreprise.
Evesa est issu d’un partenariat entre Bouygues Énergies & Services, Vinci Énergies, Satelec et Aximum. En 2011, ces entreprises ont rassemblé leurs compétences pour répondre à un « marché à performance énergétique » lancé par la ville de Paris dans le cadre de son plan climat énergie (voir l’encadré ci-contre). La tâche d’Evesa ...
Pour certaines entreprises, les véhicules constituent un vecteur d’image. Pour d’autres, plus souvent, ils sont le résultat d’un calcul économique. Mais chez Evesa, ce choix s’apparente à un impératif : « Notre flotte reflète notre mission », résume Claudia Almeida, la gestionnaire du parc automobile de l’entreprise.
Evesa est issu d’un partenariat entre Bouygues Énergies & Services, Vinci Énergies, Satelec et Aximum. En 2011, ces entreprises ont rassemblé leurs compétences pour répondre à un « marché à performance énergétique » lancé par la ville de Paris dans le cadre de son plan climat énergie (voir l’encadré ci-contre). La tâche d’Evesa : « Réduire les consommations en kWh de la ville de Paris et proposer des solutions innovantes », expose Claudia Almeida. Une mission à caractère écologique, qui ne peut donc s’accommoder d’une flotte polluante.
Répondre aux exigences du client
Non seulement les motorisations de la flotte d’Evesa doivent être en adéquation avec sa mission, mais l’entreprise doit répondre aux exigences de la ville de Paris en matière d’empreinte écologique. « Nous tendons à supprimer le diesel pour répondre aux directives de la ville et de la région Île-de-France, rappelle Franck Abdennebi, responsable des services généraux et logistiques. Notre objectif est zéro diesel en 2021 pour les VP et VUL, pour passer ensuite à des énergies propres avec une échéance en 2024. »
Mais si Evesa a logiquement orienté sa car policy vers des modèles verts, leur diffusion à l’ensemble du parc reste progressive. En raison de contraintes organisationnelles tout d’abord. Lors de sa création, l’entreprise n’avait pas une totale maîtrise de sa flotte. « Notre parc a été construit en 2011 dans une configuration classique avec des véhicules diesel en LLD, souligne Claudia Almeida. Jusqu’à il y a quatre ans, les matériels étaient gérés via la centrale d’achats de l’un de nos actionnaires. »
En 2014, l’arrivée de Claudia Almeida à la tête de la gestion de flotte a répondu à la volonté de l’entreprise de prendre le contrôle de sa car policy. Evesa a alors résolument orienté son parc vers des modèles propres. « Et en 2016, nous sommes passés de 100 % diesel à 23 % d’hybrides et 8 % d’électriques, soit environ un tiers du parc en énergie renouvelable », détaille la responsable.
Evesa et la ville de Paris
En 2011, la ville de Paris a voté un marché à performance énergétique qui s’intègre dans le plan climat de la ville élaboré en 2007. Un de ses objectifs est de réduire la consommation énergétique de l’ensemble de l’éclairage urbain parisien de 30 % d’ici 2020 : éclairage public, signalisations lumineuses ou illuminations. Ce marché de délégation de service public a été remporté pour dix ans par Evesa.
Des véhicules de fonction hybrides
Dans un premier temps, ce sont les véhicules de fonction qui ont basculé du diesel à l’hybride, avec des modèles Toyota essentiellement : Auris, Auris Touring Sports, Prius et Prius +. « Nous avons beaucoup collaboré avec Toyota parce que nous voulions un constructeur capable de nous offrir une gamme complète, avec aussi bien des véhicules de fonction que de service, justifie Claudia Almeida. Et nous ne voulions pas multiplier les interlocuteurs de manière à avoir un seul point d’entrée en cas de problème. Nous avons su développer un partenariat avec Toyota pour bénéficier d’un accès à un réseau de concessions bien implanté en région parisienne. » Pour la négociation des tarifs, l’entreprise a élaboré un accord tripartite avec Toyota et Alphabet.
Les motorisations des véhicules de service ont elles aussi évolué vers l’hybride en intégrant des Yaris hybrides essence, soit aujourd’hui une quinzaine de modèles. Des opportunités ont aussi été recherchées avec l’électrique. Mais sans surprise, l’autonomie limitée de ces modèles a été un obstacle. Cependant, les lignes bougent peu à peu : grâce à l’accroissement récent de son autonomie, la Zoé a rejoint le parc. « Un conducteur de travaux en conduit une et il fait des émules. Elle est employée pour des tournées de 200 km au maximum, et rechargée sur les bornes rapides au bureau, tous les deux ou trois jours », indique Franck Abdennebi.
Le VUL se met à l’électrique
Toute la flotte d’Evesa ne se compose toutefois pas de VP. Et pour les véhicules utilitaires et spécialisés, le basculement vers des modèles performants écologiquement se fait plus lente. Une demi-douzaine de véhicules est déjà électrique, avec des Kangoo Z.E. et des Zoé transformées en véhicules 2 places par Gruau. Là aussi, la diffusion de l’électrique reste limitée par une autonomie restreinte. « Avec les Kangoo Z.E., les 120 km d’autonomie correspondent à nos besoins : nous ne travaillons que dans Paris intra-muros mais avec de nombreux points d’intervention. Dans une journée, nos agents peuvent effectuer au maximum jusqu’à 80 km uniquement dans Paris », décrit Franck Abdennebi.
Pour des interventions sur des périmètres plus larges, la flotte, à défaut de passer totalement à l’électrique, compte aussi 16 VUL hybrides : des Yaris transformées en 2 places utilitaires par Gruau. Des pistes ont été explorées avec le GNV mais se pose alors le problème des stations de ravitaillement. Les responsables du parc se sont également penchés sur l’hydrogène. Mais même si cette énergie était disponible plus facilement, elle poserait des problèmes de sécurité pour Evesa, en raison de l’incompatibilité entre les matériels transportés et la pile à combustible.
Le basculement est encore plus complexe pour les fourgons, des véhicules indispensables à l’activité de l’entreprise. En électrique, peu de solutions existent jusqu’ici sur le marché. « Pour travailler sereinement, nous attendons une autonomie réelle minimum de 150 à 200 km sans recharge intermédiaire », note Franck Abdennebi. « Nous chargeons beaucoup de matériels dans les fourgons et nous avons aussi des accessoires nécessitant une alimentation électrique comme un convertisseur, des gyrophares et le triflash qui fonctionnent à l’arrêt et nécessitent un pack additionnel de batteries », complète Claudia Almeida.
Le Master Z.E. de Renault, doté d’une autonomie de 80 km, a été testé par Evesa mais ne répond pas aux besoins. « Avec l’usage que nous faisons des fourgons, l’autonomie réelle ne suffit pas », constate le responsable des services généraux. À défaut de trouver des solutions chez les constructeurs, l’entreprise s’est tournée vers les carrossiers. « Deux sociétés nous proposent des essais sur des fourgons 100 % électriques. Notre projet, d’ici fin 2018, est de renouveler deux ou trois de nos fourgons de 12 m3 en 100 % électrique pour poursuivre notre transition énergétique », anticipe Franck Abdennebi.
La question des véhicules spéciaux
La tâche est rendue plus ardue encore avec les véhicules nécessaires pour les interventions sur les lampadaires, qui doivent s’équiper d’une nacelle sur bras élévateur. « Les solutions actuelles ne sont pas totalement adaptées à nos besoins et nous attendons beaucoup des différents acteurs pour les futures technologies », avance le responsable des services généraux.
En effet, malgré l’absence de solutions, les responsables du parc ne renoncent pas et s’intéressent de près à toutes les innovations présentes sur le marché. « En 2015, à l’occasion de la Cop21, la conférence internationale sur les changements climatiques, Evesa a collaboré avec Nissan France, France Élévateur et son loueur Atloc autour la création d’une nacelle de 9 m en version 100 % électrique. C’était une première mondiale », illustre Claudia Almeida.

Des actions tous azimuts
Et pour les autres modèles nécessaires à son activité, « l’entreprise est perpétuellement en veille technologique, observe Franck Abdennebi. En 2018, nous attaquons une phase de tests sur des fourgons électriques pour lesquels nous étudions la possibilité d’installer des nacelles de 12 et 14 m. » Avec un enjeu de taille pour Evesa : « De tels équipements techniques représentent un coût important dans notre flotte, rappelle le responsable. Il ne faut pas se tromper lors de la phase de développement. »
Reste que si des alternatives électriques peuvent se trouver, elles ne seront pas valables pour tous les véhicules. La flotte a d’ores et déjà été optimisée pour tourner en 3/8 entre les techniciens. Un mode de fonctionnement qui ne laisse pas le temps de recharger les batteries. À défaut de recourir à l’électrique pour toutes ses activités, l’entreprise trouve donc les solutions les plus écologiques possibles. « Depuis 2011, tous nos véhicules nacelles s’équipent par exemple du Pack Eco, rappelle le responsable, ce qui offre de fonctionner en électrique sans faire appel au porteur qui lui est diesel : le moteur thermique se coupe dès que le technicien met en route la nacelle. »
Éviter la sous-utilisation
Car pour réduire son empreinte carbone, les solutions les plus innovantes ne sont pas les seules possibles. Evesa surveille ainsi le taux d’utilisation de ses matériels roulants : « Nous avons dernièrement restitué dix véhicules sous-employés et proches de leur fin de contrat », souligne Claudia Almeida
Avec 300 salariés, Evesa a aussi élaboré un plan de mobilité dès 2011. Le passe Navigo, la carte des transports en commun d’Île-de-France, est remboursé à 100 % aux salariés. « Et nous étudions les implantations de nos sites en fonction de la desserte par les moyens de transport », ajoute la responsable du parc.
Des initiatives beaucoup moins complexes que de trouver des fourgons électriques équipés de nacelles, voire des poids lourds électriques dont l’entreprise va avoir besoin dans un avenir proche. Des mesures simples et néanmoins tout aussi importantes pour l’environnement.
Dossier - Evesa : l’économie d’énergie en mode électrique
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