
Durant l’année 2018, Ford Smart Mobility, filiale du constructeur dédiée aux mobilités alternatives et aux solutions de connectivité, a mené un projet pilote à Londres avec les propriétaires et exploitants de 160 véhicules utilitaires légers (< 3,5 t) connectés, formant un système distribué de capteurs. Ces derniers remontaient non seulement la localisation des véhicules, mais aussi leur vitesse de déplacement et le rendement du moteur – y compris le régime par minute -, ainsi que des indicateurs d’incident comme un coup de frein ou l’utilisation des feux de détresse.
1 million de kilomètres parcourus
Les VUL en question étaient principalement des Ford Transit utilisés dans divers secteurs, appartenant à des propriétaires exploitants comme à des grandes flottes. « Nous avons également recueilli des données auprès d’un parc de voitures Ford Fiesta à usage privé engagées dans un projet d’un an pour mieux comprendre le comportement des conducteurs », a indiqué Ford Smart Mobility.
Les véhicules ont parcouru 1 million de kilomètres durant 15 000 jours, ce qui a permis de collecter environ 500 millions d’enregistrements, soit selon Ford l’équivalent de 10 ans de données de circulation. Ford Smart Mobility a ensuite cherché à savoir comment ces données pouvaient contribuer à répondre à plusieurs enjeux urbains, à savoir la sécurité routière, le trafic décalé, les points de recharge électrique, le report modal et la congestion.
Sécurité routière : identifier les zones à risque
Tout d’abord, les comportements de conduite remontés par les capteurs des VUL ont été corrélés à l’historique de localisation des accidents de la route. Cela a permis d’identifier les « points chauds » de la capitale, ceux où la probabilité d’accident futur est la plus forte. Ainsi, en 2016, sur un total de 37 832 accidents de la route, c’est le centre de Londres qui en a enregistré le plus grand nombre. En revanche, les zones où le nombre d’accidents graves et mortels (4 716) est élevé sont plus diverses. Enfin, un certain nombre d’accidents mortels ont impliqué des usagers vulnérables, avec 102 piétons et 15 cyclistes décédés.
L’analyse des données a également montré qu’en partant deux heures plus tôt, l’une des flottes d’essais de camionnettes pourrait économiser jusqu’à 30 h de trajet lors une semaine type, réduisant en outre la congestion pour les autres usagers. Mieux : en partant 2 h 30 plus tôt, le gain est doublé, avec une économie potentielle de 60 h par semaine.
Optimiser la localisation des points de recharge
Du côté de la recharge électrique, Ford Smart Mobility s’est concentré sur les données des VUL appartenant à l’industrie de la construction, sur une durée de 8 mois. « Nous avons analysé où les véhicules s’arrêtaient au cours de la journée et combien de ces arrêts pouvaient être assez longs pour charger le véhicule, précise Ford. Nous avons ensuite pris ces données et déterminé les endroits où les points de recharge rapide – capables de recharger un véhicule en 30 min – seraient les plus efficaces. »
Bilan : l’étude a révélé que seuls 79 des 9 495 arrêts enregistrés se trouvaient à moins de 100 m d’un point de recharge existant, et que 19 d’entre eux seulement avaient été assez longs pour fournir une charge utile. En revanche, les points de charge optimaux pour la flotte devraient être situés près de Richmond et de Petersham, dans le sud-ouest de Londres.
Évaluer l’intérêt du report modal
En parallèle, les données de la flotte de Ford Fiesta ont été comparées aux horaires réels des transports publics, pour voir quels trajets auraient été plus rapides en transport en commun, en vélo ou à pied qu’en voiture. « Dans l’ensemble, nous avons constaté qu’environ un cinquième des trajets en voiture autour de Londres auraient pu être plus rapides s’ils avaient été réalisés en transports publics », a estimé Ford. De plus, « les courts trajets dans le centre de Londres et à l’est de la ville étaient généralement plus rapides en voiture », tandis qu’il est plus rapide de prendre les transports publics dans certaines zones périphériques bien reliées au centre de Londres.
Dernier enseignement : les vacances scolaires ne sont pas toujours synonymes d’une réduction de la congestion. Il se pourrait même que la réduction de la circulation dans certaines zones, autorisant des vitesses plus élevées, aient entraîné des ralentissements ailleurs.
Outre Londres, Ford Smart Mobility travaille aussi avec les villes de Pittsburgh (Pennsylvanie) et Miami (Floride) aux États-Unis pour créer des tableaux de bord basés sur ce type de données, et espère convaincre d’autres municipalités de souscrire à ses services pour repenser l’aménagement et les politiques urbaines de transport.