
Les formations à la sécurité routière répondent entre autres à « l’obligation légale de prévention des risques qui concerne toutes les entreprises, des risques détaillés dans le Document unique », rappelle David Raffin, directeur général d’Actua Formation. Avec 70 centres en France, ce prestataire est reconnu par l’État pour délivrer le BP Jeps, diplôme destiné aux futurs moniteurs ou instructeurs automobiles, et pour former les formateurs qui se déplaceront en entreprise.
« Former contribue à assurer la sécurité des salariés sur la route mais aussi à diminuer une sinistralité responsable de nombreux coûts du fait des réparations, de...
Les formations à la sécurité routière répondent entre autres à « l’obligation légale de prévention des risques qui concerne toutes les entreprises, des risques détaillés dans le Document unique », rappelle David Raffin, directeur général d’Actua Formation. Avec 70 centres en France, ce prestataire est reconnu par l’État pour délivrer le BP Jeps, diplôme destiné aux futurs moniteurs ou instructeurs automobiles, et pour former les formateurs qui se déplaceront en entreprise.
« Former contribue à assurer la sécurité des salariés sur la route mais aussi à diminuer une sinistralité responsable de nombreux coûts du fait des réparations, de l’immobilisation des véhicules et de l’absentéisme. Sans oublier l’alourdissement des frais de restitution, un impact souvent ignoré, énumère Marc Bodson, directeur général du prestataire Beltoise Évolution. En outre, une sinistralité élevée accroît le risque de subir un accident grave et entame l’image de l’entreprise », ajoute ce responsable.
Plan de prévention et formation
D’où le recours à des plans de prévention et à des formations, alors que le risque routier « reste la première cause de mortalité au travail, sachant que la prévention et les formations à la sécurité routière sont aussi utiles pour les trajets personnels », souligne Thierry Olivier, directeur général de l’Inserr (Institut national de sécurité routière et de recherches). Cet institut assure les formations initiales et continues des inspecteurs et délégués du permis de conduire et de la sécurité routière. Il intervient aussi dans la formation des professions réglementées comme les animateurs de stages de sensibilisation à la sécurité routière, les experts automobiles, les médecins chargés du contrôle de l’aptitude à la conduite, etc. Et l’Inserr a développé depuis plusieurs années des cursus destinés aux entreprises.
Impliquer le management
« Mais pour qu’une démarche liée à la sécurité routière fonctionne, il faut construire une approche globale et sur le long terme », affirme Patrick Clemens, chargé de développement du département prévention du risque routier pour le prestataire ECF. « Il faut aussi impliquer la hiérarchie. Si elle n’est pas motivée, la démarche ne sera pas efficace et, de surcroît, elle ne sera pas crédible, complète Thierry Olivier de l’Inserr. Nous sensibilisons les entreprises au management de la prévention du risque routier, ce qui peut se faire lors d’un comité de direction. Il y a une responsabilité de l’encadrement en matière de prévention », poursuit-il. « Nous formons aussi des personnes comme “relais sécurité“. Ensuite, elles peuvent mener les “débriefings“ post-accident », reprend pour sa part Patrick Clemens.
Former les managers
« La formation de ces managers peut facilement se faire en distanciel. Mais elle reste indispensable pour qu’ils puissent effectuer un suivi des sinistres, mener des entretiens post-accident, mais aussi animer des causeries et des réunions sur la sécurité, valide Geneviève Vallette, directrice des activités prévention et mobilité chez le prestataire Codes Rousseau. Nous leur expliquons leurs missions et leurs responsabilités, comment mener des actions de suivi dans le temps et employer les outils mis à leur disposition. C’est important pour fixer des objectifs et analyser les progrès réalisés. » Et ces managers sont accompagnés sur la durée : « Nous faisons du coaching avec des entretiens, par exemple tous les deux mois pour leur donner des conseils. Ils peuvent aussi nous signaler les difficultés rencontrées », expose Geneviève Vallette.
Lier sécurité routière et environnement
Geneviève Vallette soulève aussi une idée intéressante : « Les actions de prévention liées à la sécurité routière et à l’éco-conduite s’inscrivent en fait dans une politique de RSE globale et les managers ont une éco-responsabilité, qu’il s’agisse d’éco-conduite ou de sécurité routière. S’ils s’inscrivent dans ce contexte, les collaborateurs adhéreront à des valeurs collectives et donc à la formation. Avec l’éco-conduite, les conducteurs se montreront plus motivés dans le cadre d’une approche éco-responsable que par une démarche d’incitation à faire des économies de carburant au profit de l’entreprise », analyse cette formatrice.
Établir un diagnostic
Autre élément à mettre en avant : « Pour réussir et évaluer l’efficacité d’un plan de prévention, il faut connaître le point de départ. Or, peu d’entreprises maîtrisent leur sinistralité dans le détail. Avant de proposer un plan d’action, nous étudions cette sinistralité : fréquence et typologie des accidents, conducteurs responsables ou pas, accidents corporels ou plutôt petits chocs, explique Marc Bodson pour Beltoise. Nous étudions aussi, si possible, d’autres indicateurs : niveau des infractions, excès de vitesse, franchissement de ligne blanche, refus de priorité ou usage du téléphone portable au volant », détaille ce formateur.
Définir un plan d’action
« Des entreprises ont une forte sinistralité et veulent une analyse poussée pour lancer des actions ciblées et personnalisées. D’autres sont plus avancées dans cette analyse. Enfin, certaines ont peu de sinistralité mais cherchent à développer la prévention. L’audit préalable contribue à définir des plans d’action sur mesure et personnalisés », avance Thierry Olivier pour l’Inserr. Une phase pareillement indispensable avec les formations à l’éco-conduite : « Nous mesurons les consommations, analysons les données relatives aux comportements de conduite, etc. », reprend Thierry Olivier. « Nous nous servons de l’e-learning en amont pour mieux identifier les niveaux de compétence des conducteurs et ainsi mieux adapter les formations de sécurité routière », ajoute de son côté David Raffin.




Modifier les comportements
Sans oublier toutefois que le problème du risque routier et de la sinistralité est rarement lié à un déficit de maîtrise pratique mais plus à un comportement. « Il faut faire réfléchir les conducteurs à leurs comportements plutôt que multiplier les exercices pratiques. Au contraire, permettre au conducteur d’avoir ou de croire qu’il a une maîtrise encore plus importante de son véhicule peut être délétère et le pousser à prendre des risques », prévient Patrick Clemens d’ECF.
Pour Patrick Clemens, l’essentiel reste la prise de conscience alors que la perception du risque diffère très nettement d’un conducteur à l’autre. « Quand nous faisons noter la dangerosité d’une même situation, les mettent une note de 1 et les autres une note de 4. Avec la prise de conscience, on se donne des objectifs et on se motive pour tenir ses engagements. C’est plus efficace qu’un simple exercice pratique. On peut apprendre à faire le tour de son véhicule avant de démarrer ou rappeler l’importance du respect des limitations de vitesse. Mais si le conducteur n’a pas pris conscience de l’importance de ces sujets, cela ne marchera pas ou moins bien », argumente Patrick Clemens.
Le cas du téléphone portable
Illustration : le téléphone portable est régulièrement mis en cause lors d’accidents, souvent pour l’envoi de SMS ou la lecture d’e-mails, plus encore que pour des conversations téléphoniques. « Dire que téléphoner au volant est dangereux ne suffit pas. Il faut faire réfléchir la personne sur les raisons de l’utilisation du portable, sur ce qui la pousse à répondre, sur son interaction avec le téléphone », recommande Patrick Clemens. Avec l’éco-conduite, la prise de conscience et la motivation constituent aussi des gages d’efficacité.
Individualiser les formations
Autre recommandation à prendre en compte : les formations de sécurité routière doivent toujours être individualisées en fonction de la typologie des conducteurs et de l’activité de l’entreprise cliente. « Pour des conducteurs de véhicules utilitaires, il faudra travailler sur le chargement : si celui-ci est mal réparti, le véhicule peut risquer de se retourner dans un virage brusque. Et cette réflexion peut aller jusqu’à changer l’organisation du travail. Nous pouvons suggérer de coller à un autre endroit les bordereaux de livraison sur les palettes pour faciliter leur manutention et leur chargement. Au final, cette démarche améliore aussi les conditions de travail », indique Patrick Clemens pour ECF.
« Pour un grand groupe national, nous formons les livreurs nouveaux arrivants. Les problématiques mises en avant sont essentiellement la prise en compte du gabarit et du hayon, et tout ce qui concerne les chargements, l’arrimage, les gestes et postures au volant et lors la manipulation des marchandises. Ce groupe avait une sinistralité importante avec cette catégorie de conducteurs, du fait de la méconnaissance de l’outil. Nous sommes alors vraiment dans l’accompagnement personnalisé », relate Thierry Olivier pour l’Inserr. En soulignant que les taux de satisfaction chez les personnes formées est de l’ordre de 80 à 100 %.

Suivre et accompagner
Dernier point, les spécialistes de la formation à la sécurité routière ou-et à l’éco-conduite insistent tous sur l’importance du suivi et de l’accompagnement des conducteurs pour pérenniser les gains. Et tous ces prestataires commercialisent ce suivi, intégré dans leurs offres ou en option. « L’e-learning offre un apport intéressant pour répéter les messages : il faut de la récurrence pour changer les comportements alors que les bonnes pratiques s’usent vite, rappelle Geneviève Valette pour Codes Rousseau. On peut aussi envoyer régulièrement des messages, environ tous les deux mois, sur différentes thématiques : distances de sécurité, conduite en temps de pluie ou de neige, règles de stationnement, rappel des bonnes pratiques d’éco-conduite, etc. », énumère cette formatrice. Beltoise souligne aussi l’importance de ces messages et met en avant des coachings individuels lors l’accompagnement post-formation, notamment pour les multirécidivistes.
Autre action efficace, les « débriefings » post-accident. « Il s’agit de rendez-vous téléphoniques du conducteur avec un de nos formateurs afin d’analyser l’accident et de voir comment celui-ci aurait pu s’éviter. Cela contribue à limiter la récidive et c’est une option souvent souscrite », note Marc Bodson pour Beltoise.
Les « débriefings » post-accident
Les entretiens post-accident peuvent aussi être réalisés par le supérieur hiérarchique du conducteur, mais « nous analysons ensuite ces débriefings, précise Patrick Clemens pour ECF. L’important lors de l’entretien, c’est de ne pas avoir de préjugés, de faire parler le collaborateur de son ressenti, puis de le faire réfléchir. Nous prenons aussi la température de ce qui se passe au sein de l’entreprise car le conducteur peut mettre en avant un ressenti sur un nombre de tournées qu’il juge excessif », poursuit Patrick Clemens.
Enfin, les organismes de formation à la sécurité routière interviennent régulièrement dans les entreprises lors de journées consacrées à la sécurité au travail ou lors des semaines du développement durable. « Cela permet de procéder à des piqûres de rappel mais aussi de créer une dynamique dans l’entreprise », avance Thierry Olivier pour l’Inserr. « Nous venons alors sur site avec des simulateurs ou des ateliers sur l’alcoolémie, la conduite en sécurité dégradée, ou encore sur les trajets en deux-roues ou en EDPM (engins de déplacement personnels motorisés) comme les trottinettes », conclut ce responsable. Faites votre choix !
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