
Les deux véhicules de démonstration sont des Iveco Daily 3,5 t 136 ch, dont l’un équipé d’une caisse frigorifique. C’est ce dernier que nous avons testé. À première vue, rien ne les distingue des diesel, si ce n’est le flocage qu’il arborent. Les bouteilles de gaz comprimé, fixées sous le châssis, sont très discrètes. La différence se fait sentir après le démarrage : peu de bruit, peu de vibrations, ce qui rend le trajet en cabine beaucoup plus agréable que dans un diesel. Avec en bonus l’absence d’odeur lorsqu’on passe derrière le véhicule pour ouvrir la caisse frigorifique.
Seuls bémols : la boîte de vitesses robotisée n’est pas encore disponible sur ce modèle, et le châssis abaissé par les bouteilles peut frotter la chaussée au niveau des ralentisseurs si l’on n’y prend garde.
Une autonomie suffisante pour les livraisons urbaines

Côté autonomie, ce VU transporte cinq bonbonnes de gaz à 200 bar, soit environ 196 l, soit 32 kg. « Son autonomie réelle est de 200 km : nous trouvons que cela suffit pour de la livraison urbaine et périurbaine autour de Paris. Cela permet d’effectuer des tournées de 100 km à 150 km au maximum en partant de la banlieue parisienne, argumente Florient Myrope, directeur FraikinLab et Innovation.
Il faut toutefois être certain de trouver des stations de GNV. Aujourd’hui, 60 sont ouvertes au public en France, principalement en région parisienne ou dans des grandes villes comme Lyon et Marseille, mais selon le plan de développement, les utilisateurs disposeront de 250 stations en 2020. »
Un réservoir d’appoint de 14 l d’essence ajoute une autonomie de 100 km : le moteur peut en effet fonctionner au gaz ou à l’essence, mais sera moins performant dans ce dernier cas. Le système fonctionne donc uniquement comme un prolongateur d’autonomie en cas de panne. Si ce n’est pas suffisant, « Mercedes propose une version avec un réservoir de 100 l », précise Florient Myrope.
Le GNC plus facile d’utilisation que le GNL

Fraikin a choisi le gaz naturel comprimé (GNC) pour des raisons d’accessibilité. « Le gaz naturel liquéfié présente l’avantage de garantir une plus grande autonomie (jusqu’à 420 km pour un même litrage), mais le nombre de stations est moindre. En outre, contrairement au GNL, il n’y a pas besoin d’équipements de protection spécifiques pour faire le plein de GNC », explique Florient Myrope. Le plein s’effectue avec le même type de pistolet que pour le gazole : « La seule différence tient au fait que l’embout doit être clipsé au réservoir et que la distribution de gaz est contrôlée via un bouton situé sur la pompe et non sur le pistolet. »
Du point de vue de la sécurité, des vannes assurent la décompression des bonbonnes de gaz en cas de ʺcrashʺ ou d’incendie, pour éviter tout risque d’explosion. « La technologie des bouteilles de gaz comprimé fonctionne exactement comme une cocotte-minute avec soupape d’échappement en cas de problème », décrit le loueur. En effet, une fois répandu dans l’air, le gaz se dissipe rapidement.
Un surcoût de 30 % à la location
Le moteur d’un VU GNV étant similaire à celui d’un essence, les coûts d’entretien sont donc les similaires. Seule différence : « Les intervalles de vidange ont été un peu dégradés, pour pallier la pénétration du gaz dans les huiles. » Le loyer mensuel affiche toutefois un surcoût de 30 à 40 % par rapport au gazole, reflétant le surcoût à l’achat.
« Pour le moment, nous prenons une prise de risque sur la valeur de revente, reconnaît Florient Myrope. Actuellement, les contrats de nos véhicules GNV loués ont en moyenne une loi de roulage de 4 ans et 3 000 km par mois (48 mois / 144 000 km). La position de Fraikin, c’est que dans quatre ans, en 2021, les stations GNV seront normalement répandues, et donc qu’il y aura de la demande. »
Des avantages économiques
Si Fraikin cherche à développer son offre GNV, c’est parce que cette motorisation présente plusieurs avantages pour ses clients, en particulier pour les livraisons urbaines face aux nouvelles contraintes gouvernementales. « Le GNV émet moins de particules que le diesel, et moins de CO2 à condition d’utiliser du biométhane. L’atout principal des véhicules GNV, c’est qu’ils sont de catégorie 1 : ils permettront donc demain d’accéder aux zones à circulation restreinte (ZCR), argue Florient Myrope. De plus, en ce moment, le coût du gaz se situe aux alentours de 0,8 euro du kg, soit 25 euros pour 200 km. Mais on ne parle pas assez du confort chauffeur : les utilitaires roulant au GNV émettent 6 dB de moins que les diesel, soit une réduction du bruit de 50 %, et provoquent moins de vibrations en cabine. Et ils ne sentent pas le méthane. »
Plusieurs centaines de véhicules loués à l’horizon 2020
Une quinzaine d’entreprises a déjà testé ces véhicules de démonstration. Ils sont prêtés gratuitement six jours maximum, du lundi au samedi. « Notre cible regroupait plutôt les parcs de 10 à 50 véhicules et la livraison urbaine, mais suite aux démonstrations, nous avons aussi eu des grands groupes intéressés. Notre objectif est d’accompagner les clients dans la diversification de leur mix énergétique. Selon nos projections, nous louerons plusieurs centaines de véhicules GNV à l’horizon 2020, annonce Florient Myrope. La grande question reste le développement des stations, car la technologie est maîtrisée et l’offre est déjà présente. »