
Le marché de la géolocalisation était jusqu’à présent, clairement segmenté. Mis à part quelques acteurs, dont le leader Masternaut, les spécialistes de la géolocalisation se concentraient soit sur le monde du transport, soit sur l’univers des flottes d’utilitaires ou de véhicules légers. La situation pourrait évoluer rapidement.
Ainsi, Qualcomm s’intéressait jusqu’à présent aux entreprises du transport et de la logistique et élargit aujourd’hui son spectre aux flottes d’utilitaires et de véhicules d’intervention. « Nous proposons déjà une solution baptisée OmniExpress adaptée aux véhicules évoluant en milieu urbain, explique Laurent Vandebrouck, directeur de la division QES de Qualcomm Europe. Grâce aux technologies GSM et GPS, les entreprises peuvent géolocaliser leurs véhicules, leur envoyer et recevoir des messages, obtenir des rapports d’activité, des temps de conduite… Par ailleurs, en se connectant au bus numérique du véhicule, il est possible d’obtenir le régime du moteur, les caractéristiques de freinage, d’accélération… » Le portail Internet de Qualcomm permet à l’entreprise de gérer les informations transmises et de recevoir des alertes programmées au préalable.
Lancé en 2008, OmniExpress a été enrichi d’un écran tactile et de la navigation avec l’envoi d’informations sur le trafic. En mars dernier, Qualcomm a lancé une application de suivi des trajets baptisée FleetFence. Cette solution permet notamment de recevoir des alertes quand les véhicules sont en décalage par rapport au planning prévu et de recalculer l’heure d’arrivée.
La conquête des flottes d’utilitaires
Sur le marché des utilitaires légers, Qualcomm a développé en collaboration avec Iveco une solution de télématique baptisée Blue & Me Fleet. Commercialisée depuis septembre 2008, cette solution est opérée par Qualcomm qui propose désormais une solution équivalente en marque blanche aux autres constructeurs d’utilitaires. Qualcomm commercialise également OmniExpress en direct auprès des entreprises. Objectif affiché : conquérir deux à trois flottes d’utilitaires de référence dans les différents pays européens où la marque est présente. « Qualcomm est connu sur le marché du transport de longue distance, explique Laurent Vandebrouck. Désormais, nous voulons gagner en notoriété sur le marché des utilitaires légers. » Pour atteindre cet objectif, Qualcomm a passé des accords avec Continental pour la distribution d’OmniExpress à travers le réseau de VDO.
Racheté en 2007 par deux anciens cadres de l’industrie informatique, Océan passe quant à lui à la vitesse supérieure. Ses effectifs sont passés de 30 à 50 collaborateurs et le nombre de véhicules équipés de 6 000 en 2007 à 22 000 en 2010. Quant au chiffre d’affaires, il était de 5 millions d’euros en 2007 et s’est établi à 7,8 millions d’euros en 2009. « De plus, explique Jacques Rivière, président d’Océan, nous avons augmenté notre profit. » Après avoir renforcé son capital, Océan fait évoluer en permanence sa technologie. Les nouveaux boîtiers de l’entreprise ont des capacités de traitement renforcées et intègre leur propre batterie. Même si le contact ne s’établit pas, le boîtier continue à être alimenté et donc à fonctionner. Enfin, il est équipé d’un accéléromètre qui permet de détecter les déplacements du véhicule sans avoir recours au GPS.
Le prix contre la qualité
Pour Jacques Rivière, le taux d’équipement des véhicules reste très faible. Le président d’Océan considère par ailleurs que l’arrivée des constructeurs sur ce marché complique le choix des clients potentiels. « Le contenu des offres des constructeurs n’est pas le même, explique-t-il. Certains acteurs misent sur le prix, d’autres, dont nous faisons partie, proposent le plus de fonctionnalités possible. La valeur ajoutée est dans les échanges d’informations. Dans l’avenir, le marché se scindera en deux : nous aurons des boîtiers standards et des prestataires de services. Aujourd’hui, nous assumons ces deux missions. » Océan affirme également être l’un des seuls acteurs à disposer de ses propres techniciens pour installer les boîtiers dans les véhicules. Cet argument est particulièrement important alors que certaines entreprises sont obligées de démonter les boîtiers de leurs véhicules pour des dysfonctionnements récurrents liés à une installation défaillante.
Autre acteur de poids, France Télécom a créé un département spécifique au sein d’Orange Business Services pour accélérer son développement sur le marché du suivi de flottes à distance. « Pour Orange, ce marché représente des relais de croissance stratégiques, insiste Olivier Feneyrol, responsable de la Business Unit Fleet Management. A ce jour, nous avons équipé 30 000 véhicules et notre chiffre d’affaires progresse de 50 % chaque année. Cette progression a été ralentie en 2009, mais dans les années qui viennent, nous tablons sur une croissance de 30 % chaque année. »
Des fonctions élargies
Aujourd’hui, 80 % du chiffre d’affaires réalisé par Orange sur le marché du suivi de véhicules à distance sont réalisés sur le sol français, mais l’opérateur est également présent en Espagne, au Maroc, au Cameroun, au Gabon et dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Proposée sous le nom de Fleet Performance, l’offre d’Orange a été enrichie en mars dernier. Disponible à partir de 33 euros par mois, cette solution intègre un boîtier communicant de nouvelle génération qui permet notamment d’intégrer des capteurs de température, de se connecter au chronotachygraphe, de remonter les informations sur les livraisons de carburant réalisées, de suivre automatiquement l’utilisation des équipements des entreprises du BTP…
Parallèlement, une nouvelle interface Web a été mise en place. Elle utilise une cartographie renouvelée mise à jour automatiquement et édite davantage de rapports détaillés pour analyser l’activité des véhicules. « Orange propose une offre industrielle et assure une présence sur le long terme, explique Olivier Feneyrol. Pour nos clients, c’est un avantage par rapport aux acteurs de taille plus modeste. De plus, nous avons 150 points d’installation en France et nous sommes en mesure de répondre à l’ensemble des besoins des entreprises, de la TPE aux grands comptes pour lesquels nous développons des projets sur-mesure. »
La chasse aux consommations de carburant
En novembre dernier, Sedimap a pris le contrôle de Car Telematics. En redressement judiciaire au Tribunal de Nanterre, l’entreprise avait équipé 4 500 véhicules de boîtiers de géolocalisation. Un parc qui vient désormais enrichir les 25 000 véhicules revendiqués par Sedimap. Par ailleurs, la filiale du groupe Elyssom vient de créer sa propre société pour assurer l’installation de ses boîtiers et de ses solutions de géolocalisation. Baptisée TeamTec, cette entreprise regroupe 15 techniciens répartis sur l’ensemble du territoire français. William Da Silva, directeur commercial de Sedimap, se félicite du taux de renouvellement des contrats qui arrivent à échéance. « Il atteint 72 %, calcule- t-il. Au 31 mars, nous gérons une flotte de 28 000 véhicules et chaque mois nous enregistrons 600 à 1 000 véhicules supplémentaires. » Quant au marché, William Da Silva constate que la concentration des acteurs s’accélère, mais précise-t-il, il reste encore de nombreuses sociétés de taille modeste qui sont en vente. »
Autre acteur, GFD Services se place en position de grossiste en distribuant les solutions de la société Steria. Selon une source proche de ce distributeur, GFD Services aurait référencé 9 partenaires pour la distribution et 1 000 installateurs sur le territoire français et son objectif serait d’atteindre un total de 17 000 véhicules équipés à la fin du premier semestre 2011. GFD Services se concentre sur les flottes moyennes et serait sur le point de signer un accord de partenariat avec le courtier Novélia pour commercialiser une offre autour de la conduite économe.
A ce titre, au-delà de l’effet de mode lié à l’éco-conduite, les solutions de géolocalisation permettent par nature d’économiser du carburant et de limiter les émissions polluantes des véhicules. C’est même souvent l’une des premières motivations des entreprises qui souhaitent optimiser les tournées des véhicules et diminuer le nombre de kilomètres parcourus. Les économies réelles réalisées sur le poste carburant, le premier de la flotte, sont un facteur de décision tout aussi déterminant, voire davantage, que le développement durable.
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