
Avec 200000 véhicules équipés, Masternaut revendique la place de leader sur le marché européen de la géolocalisation et de la gestion des ressources mobiles. Ancienne division de Hub Télécom, elle-même filiale d’Aéroport de Paris, l’entreprise est passée sous le contrôle du fonds d’investissement Francisco Partners spécialisé dans le secteur des technologies. Au terme de la transaction, Masternaut et le groupe Cybit, ont été regroupés sous l’ensemble Masternaut. La nouvelle entité est à la tête d’une flotte de 200 000 véhicules sur le territoire européen.
Pour Masternaut, rejoindre un acteur spécialisé dans les technologies et la télématique...
Avec 200000 véhicules équipés, Masternaut revendique la place de leader sur le marché européen de la géolocalisation et de la gestion des ressources mobiles. Ancienne division de Hub Télécom, elle-même filiale d’Aéroport de Paris, l’entreprise est passée sous le contrôle du fonds d’investissement Francisco Partners spécialisé dans le secteur des technologies. Au terme de la transaction, Masternaut et le groupe Cybit, ont été regroupés sous l’ensemble Masternaut. La nouvelle entité est à la tête d’une flotte de 200 000 véhicules sur le territoire européen.
Pour Masternaut, rejoindre un acteur spécialisé dans les technologies et la télématique lui permet de redevenir un acteur indépendant dont la stratégie de développement n’est pas diluée au sein d’un grand groupe. Et Masternaut fusionne aussi avec l’un de ses concurrents, Cybit, présent dans de nombreux pays dont le territoire britannique où le taux d’équipement est trois fois plus élevé qu’en France. « Notre nouvel actionnaire affiche des ambitions fortes, avec des capacités financières importantes et une vision très affirmée. Notre objectif est de doubler notre flotte d’ici à trois ans pour atteindre 400 000 véhicules », affirme Frédéric Dupeyron, président de Masternaut France, qui ajoute : « Nous progressons de 20 % par an. Cet objectif est donc raisonnable et réaliste ».
Un marché divisé en trois segments
Masternaut a segmenté le marché en trois grands groupes selon les fonctionnalités recherchées. Premier levier de croissance : les nouveaux business models autour de la télématique. L’objectif est que les différents prestataires (loueurs, assureurs, etc.) disposent d’informations susceptibles d’apporter de la valeur ajoutée à leurs clients. Davantage que du Pays As You Drive, ces nouveaux services pourraient s’appeler Pays How As You Drive, avec une facturation spécifique selon le style de conduite. Autre application pour les loueurs longue durée : la remontée des kilométrages réels et des données techniques du véhicule pour anticiper les modifications de contrat et les maintenances.
Deuxième moteur de croissance identifié par Masternaut, la clientèle des grands comptes. Ceux-ci cherchent à remonter des données pour optimiser le niveau d’activité de leurs forces mobiles. Le but n’est pas de « traquer » les salariés en suivant à la seconde leurs déplacements sur une carte, mais de traiter les données avec des outils de data mining. Ces technologies de traitement statistique sont utilisées par les hypermarchés pour implanter leurs magasins au meilleur emplacement commercial ou par les pétroliers pour détecter l’endroit précis où leurs forages seront les plus efficaces. L’enjeu est de répondre aux attentes de la direction générale en matière d’efficacité.
Troisième segment de marché, le plus mature : l’optimisation des trajets des poids lourds et des véhicules de maintenance ou de livraison. La télématique devient un outil aux mains de l’exploitant pour réduire les kilomètres parcourus, optimiser les postes de dépenses de la flotte et renforcer la qualité du service rendu à la clientèle.
Masternaut propose quatre solutions clients
« Aujourd’hui, explique Jean-Marc Desbornes, directeur des ventes de Masternaut France, nos solutions sont scindées en quatre grands ensembles selon les besoins identifiés chez nos clients : géolocalisation simple avec notre boîtier communicant, remontées des informations du Bus Can grâce à des pinces sans contact, les deux outils associés et, enfin, l’ensemble de ces technologies enrichies d’un écran embarqué dans le véhicule pour la navigation et l’échange d’informations. Chacune de ces solutions représente 25 % de notre activité, alors que la géolocalisation pure générait 80 % des demandes à elle seule il y a quelques années ».
Les pinces développées par Masternaut permettent de se connecter au Bus Can du véhicule et de remonter les informations sans interférer sur ce réseau et donc sans remettre en question la garantie du constructeur en cas de problème. « Avec cette technologie, reprend Jean-Marc Desbornes, les entreprises peuvent contrôler les véhicules et leur utilisation sans les géolocaliser, ce qui nous ouvre des marchés bloqués par les freins sociaux. Cette spécificité française oblige en effet les grands groupes à marcher sur des œufs lorsqu’ils veulent installer des solutions de géolocalisation ».
Grâce à ces pinces, de nouvelles fonctionnalités émergent. Ainsi, cette technologie remonte les kilométrages réels et sépare les usages privés des usages professionnels. Un réel avantage lorsqu’il faut déclarer les kilométrages dans le cadre des avantages en nature. Autre application : l’envoi d’alertes lorsque le liquide de frein ou l’huile moteur passent sous un seuil critique – avec des risques d’accident et de casse du moteur.
La géolocalisation comme support d’éco-conduite
L’éco-conduite est un sujet crucial pour séduire des entreprises qui ne souhaitent pas géolocaliser leurs salariés. En obtenant des informations sur la conduite (accélérations, régime moteur lors du passage des vitesses, freinages, vitesses, etc.), l’entreprise peut sensibiliser ses collaborateurs à l’impact de leur comportement sur les consommations de carburant et l’environnement. Masternaut a développé une plate-forme internet où chaque conducteur accède à ses informations personnelles avec login et mot de passe. Avec My Masternaut, le conducteur peut s’évaluer et se corriger. Parallèlement, l’exploitant peut obtenir les mêmes informations en les regroupant selon ses divisions ou ses implantations régionales.
Pour sa part, Fleet Technology, entité de Traqueur spécialisée dans la géolocalisation, revendique 30 000 véhicules sur le territoire français. « En 2010, nous avons équipé 8 000 véhicules de plus, note Marc Verdet, président du groupe. Durant la crise, les entreprises ont différé leurs investissements, mais nous avons tiré notre épingle du jeu avec l’innovation. Maintenant, l’intérêt pour nos solutions se renforce très sensiblement et nos clients et prospects sont prêts à investir ».
Des outils aux fonctionnalités multiples
Parallèlement, tout comme l’ensemble des acteurs, Fleet Technology a développé une solution autour de l’éco-conduite. « L’enrichissement de la géolocalisation par d’autres fonctions est une tendance de fond, poursuit Marc Verdet. Dans ce contexte, les informations sur le comportement du conducteur et les consommations de carburant prennent une importance décisive. Les grands comptes souhaitent aller au-delà de la problématique de la géolocalisation ; ils cherchent à diminuer leur facture de carburant et à limiter les risques d’accident. Cette tendance a déplacé la problématique du simple ?flicage? vers la protection de l’environnement et la préservation des ressources naturelles ; autant de thèmes auxquels les CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) ne peuvent qu’adhérer ».
L’assurance facturée à l’usage pourrait être l’une des applications de la géolocalisation. Seulement, Marc Verdet constate que de nombreuses expérimentations ont été suspendues : « Les assureurs sont encore à la recherche d’une solution qui réponde à leurs attentes, mais elle n’existe pas. Les technologies coûtent encore trop cher alors que les marges réalisées sur le marché français de l’assurance sont ténues ».
En revanche, Marc Verdet est beaucoup plus optimiste sur le développement de la géolocalisation à travers les loueurs longue durée. « À terme, plus de la moitié de notre activité passera par eux », estime-t-il. Aujourd’hui, Fleet Technology travaille avec Cofiparc, filiale d’Arval dédiée aux TPE et PME, pour des contrats de LLD au kilomètre et à l’usage. Signe encourageant pour Cofiparc, et donc pour Fleet Technology, Arval a décidé d’accélérer son développement auprès de cette cible.
Dernier acteur de l’écosystème des flottes, les constructeurs commencent à équiper de boîtiers leurs véhicules en première monte. Cette perspective n’inquiète pas outre mesure Marc Verdet : « Ils cherchent une solution pour vendre des bouquets de services à leurs clients. Selon notre analyse, ils sous-traiteront la partie télématique à des spécialistes dont nous faisons partie. Notre vocation ne consiste pas à vendre des boîtiers, mais à assurer un service. Nous sommes et nous serons aux côtés des constructeurs pour extraire les informations de boîtiers de marques différentes. Les flottes sont rarement monomarques et les clients voudront obtenir l’ensemble des informations dans un même applicatif. Avec notre savoir-faire, nous pourrons répondre à ce besoin et ce, que nous le faisions seul ou en partenariat avec les loueurs. Quoi qu’il en soit, il se passera des choses intéressantes dans les prochaines années ».
Un service sur demande et dans le nuage
Présent depuis de nombreuses années sur le marché de la gestion de flottes à distance, Orange estime que le fleet management est une activité pérenne et importante. « Cette offre s’inscrit dans une évolution générale qui voit le cloud computing se généraliser », complète Olivier Feneyrol, directeur général de Data & Mobiles International, division dédiée à ce marché. Plus prosaïquement, la géolocalisation est une application métier proposée en ASP (Application Service Provider) grâce auquel le client se connecte à un serveur pour accéder aux outils logiciels sans avoir à installer quoi que ce soit en interne. Parallèlement, le service, les mises à jour et la maintenance sont assurés à distance et de A à Z par la société de service informatique. Rebaptisé cloud computing, ce mode de commercialisation et d’administration des progiciels et logiciels, très en vogue, recèle cependant de réels avantages économiques et pratiques pour les entreprises.
Orange a décidé d’investir plus massivement dans le fleet management en 2009. Depuis, l’opérateur a créé la solution Fleet Performance et a racheté Data & Mobiles, rebaptisé Data & Mobiles International. Désormais, le fleet management constitue un pôle d’activité à part entière pour l’opérateur qui a investi dans la création d’une plate-forme capable d’absorber la croissance, sans être limité par le nombre de boîtiers installés. Orange revendique 40 000 véhicules équipés et ce, principalement en France, même si l’opérateur distribue ses solutions dans six pays (Espagne, Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun et Gabon) et projette d’investir trois territoires chaque année.
Les prix orientés à la baisse dopent le marché
Ces deux dernières années, le nombre de véhicules équipés par Data & Mobiles International a progressé de 40 à 50 % par an, pour un total de 40 000. « Le taux de pénétration n’atteint que 10 % sur les véhicules de tourisme, affirme Olivier Feneyrol. Ce marché représente un fort potentiel ». Selon Data & Mobiles, l’intérêt renforcé des entreprises tient à la prise de conscience des bénéfices à réaliser. Mais aujourd’hui, la croissance s’accélère aussi grâce à la baisse des prix. « De 50 euros par mois et par véhicule, le coût moyen d’une solution est passé à 30 euros il y a deux ans et s’élève dorénavant à 27 ou 28 euros », explique Olivier Feneyrol.
Orange a identifié quatre concurrents principaux sur le marché. « Il existe un bon nombre d’acteurs aux volumes plus modestes qui opèrent sur des marchés de niche, analyse Olivier Feneyrol. Ces nouveaux entrants apparaissent et disparaissent régulièrement au fil du temps. Ce métier est plus difficile qu’il n’y paraît. Au-delà d’une centaine de véhicules équipés, les compétences et les investissements doivent évoluer. Nous avons une quarantaine de serveurs et nous avons développé une centaine de programmes informatiques pour télégérer les boîtiers. De plus, nous avons des équipes de techniciens spécialement formées pour installer et maintenir nos solutions. Cette spécificité demeure notre principale force face aux autres acteurs. Sur ce marché, près de 80 % des problèmes de SAV proviennent d’une mauvaise installation ».
Olivier Feneyrol considère que le marché va se concentrer dans les années à venir. Orange n’exclut pas de mener des opérations de croissance externe. « Nous sommes à l’écoute et ouverts à toutes les opportunités, reconnaît le dirigeant. Ces opérations devront présenter un intérêt en matière industrielle, territoriale ou d’innovation fonctionnelle ».
Un marché bientôt en phase de maturité
Apparu il y a quelques années sur le marché de la géolocalisation à travers sa division TomTom Business Solutions, le fabricant néerlandais de GPS passe à la vitesse supérieure. « Notre chiffre d’affaires progresse de 40 % chaque année, soit une croissance deux fois supérieure à celle du marché lui-même en augmentation », avance Éric Hubert, directeur commercial.
Aujourd’hui, TomTom Business Solutions aurait équipé 140 000 véhicules sur le territoire européen et travaille avec 15 000 clients. « Le cœur de notre marché est fait de PME, continue Éric Hubert. Elles ont des difficultés à déployer des ressources pour installer des solutions de télématique et contrôler l’utilisation des véhicules. Nous leur apportons ce savoir-faire. Les grands groupes commencent aussi à s’intéresser à nos solutions. Quand nous installons un navigateur TomTom, les freins sociaux ont tendance à s’adoucir ».
Éric Hubert estime à 3,4 millions le marché français des véhicules de tourisme et des utilitaires légers employés à titre professionnel. Seuls 250 000 d’entre eux seraient équipés. Le prestataire attribue l’intérêt grandissant des entreprises à deux phénomènes. Au-delà de la géolocalisation, elles cherchent maintenant à offrir un service supplémentaire à leurs collaborateurs pour améliorer le confort de conduite. Second élément, avec des prix du carburant en forte hausse, elles sont obligées de prendre des mesures drastiques pour limiter les consommations. « Le marché est vraiment entré dans une phase de maturité », se réjouit Éric Hubert.
La géolocalisation en voie de démocratisation
De son côté, Ocean affirme avoir atteint les 25 000 véhicules équipés fin 2010. Selon les déclarations d’Anne Rivière, responsable grands comptes, ce volume aurait triplé entre 2007 et 2010. Quant au chiffre d’affaires, Anne Rivière se refuse à en donner le montant exact mais indique une progression de 71 % entre 2007 et 2010. L’an dernier, dans une interview accordée à Flottes Automobiles (voir notre n° 158), Jacques Rivière déclarait qu’Océan avait engrangé 5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2007. Une rapide règle de trois permet d’en déduire qu’Ocean a réalisé 8,5 millions de chiffre d’affaires en 2010. Anne Rivière précise que ce montant a progressé de 14 % entre 2009 et 2010, alors que le nombre de véhicules équipés aurait connu une croissance de 30 %.
Au-delà de ces indicateurs, Ocean observe une démocratisation de la géolocalisation. « Nous sommes spécialisés dans le BTP, explique Gilles Hameury, responsable marketing. Nos solutions sont de mieux en mieux packagées et toujours plus pertinentes ». Un satisfecit personnel qui se traduit par une vision tranchée sur le marché et les offres concurrentes : « Il existe une grosse différence entre les prestataires qui savent mettre un véhicule sur une carte – il y en a beaucoup –, et Ocean qui propose davantage de fonctionnalités, reprend Gilles Hameury. La géolocalisation en elle-même n’apporte pas grand-chose. Les bénéfices se font sur la capacité des prestataires à analyser ces données et à les restituer à leurs clients selon leurs besoins ».
Une méthodologie pour convaincre les salariés
Ocean aurait développé une méthode spécifique pour valoriser la géolocalisation auprès des salariés et lever leurs réticences. Mais pour en savoir davantage, il faudra attendre d’avoir signé avec Ocean : « Nous ne communiquons pas sur ce point », répond Anne Rivière. Quant aux tarifs pratiqués, nous n’en saurons pas davantage non plus : « Il est impossible de dégager un loyer moyen car les prix dépendent des fonctionnalités retenues par nos clients et du nombre de véhicules à équiper ».
Racheté en 2007 par deux cadres de l’industrie informatique, Ocean a renforcé son capital et ferait évoluer en permanence les technologies déployées. Les boîtiers embarquent leurs propres batteries et continuent à être alimentés même si le véhicule est éteint. Fabriqués en France, ces boîtiers sont équipés d’un accéléromètre pour détecter les déplacements des véhicules sans avoir recours au GPS. Le nom du fabricant de ce boîtier ? « Je ne pense pas que cela intéresse vos lecteurs », répond Anne Rivière. Ils apprécieront.
Géolocalisation - Moins de surveillance, plus d’optimisation
- Géolocalisation – Moins de surveillance, plus d’optimisation
- Pierrick Leclerc, France Location : « La géolocalisation, un service supplémentaire pour nos clients »