
Avec un éventail de remontées d’informations toujours plus variées, la télématique embarquée se détache progressivement de la réputation de système de « flicage » qui lui a souvent été accolée, pour s’imposer comme un outil complémentaire à la gestion de flotte. Et avec cette évolution, ce ne sont plus seulement les entreprises utilisatrices de la géolocalisation pour leur activité, comme la livraison, qui se penchent sur cet outil.
Des données pour la prévention
« La télématique intéresse aussi les gestionnaires de parc pour remonter des données fiables qui remplacent les données déclaratives sur les kilométrages ou la consommation. Et ces...
Avec un éventail de remontées d’informations toujours plus variées, la télématique embarquée se détache progressivement de la réputation de système de « flicage » qui lui a souvent été accolée, pour s’imposer comme un outil complémentaire à la gestion de flotte. Et avec cette évolution, ce ne sont plus seulement les entreprises utilisatrices de la géolocalisation pour leur activité, comme la livraison, qui se penchent sur cet outil.
Des données pour la prévention
« La télématique intéresse aussi les gestionnaires de parc pour remonter des données fiables qui remplacent les données déclaratives sur les kilométrages ou la consommation. Et ces données aident à anticiper les maintenances et à analyser les comportements de conduite », expose Samuel Vals, directeur opérationnel d’Axodel. Ce spécialiste du traitement des informations remontées des véhicules s’appuie sur les boîtiers Kuantic qu’elle installe ou sur les boîtiers de première monte. Forte d’environ 1 900 véhicules, principalement des véhicules de fonction, la flotte du Groupe Randstad France s’équipe des dispositifs Arval Active Link. Ce spécialiste du travail intérimaire utilise les données remontées des véhicules pour définir une politique de prévention. Particularité de cet outil télématique : les données ne sont pas exploitées par l’entreprise mais transmises à ECF, un organisme de formation à la sécurité routière qui les analyse et propose des actions de formation (voir le témoignage de Delphine Robic, responsable des services généraux chez Randstad France).
Chez Amne, l’exploitation des données de géolocalisation de l’outil Verizon Connect se veut essentielle pour ce spécialiste de la messagerie express. Mais le dispositif embarqué facilite aussi le suivi des comportements de conduite des chauffeurs : « Désormais, ils sont convoqués quand nous constatons des pilotages avec des excès », décrit Alexandre Montalva, gérant de cette entreprise basée dans l’Hérault (voir son témoignage).
Pour Amne, cette démarche de prévention contribue aussi à baisser la facture d’entretien : « Les conducteurs qui effectuent des démarrages brusques sont aussi ceux qui ont des freinages brusques et qui consomment plus de plaquettes de frein et de pneus », a constaté Alexandre Montalva. Un enjeu majeur pour cette entreprise qui prend en charge une partie des réparations et des entretiens sur ses véhicules.
Des données aussi pour la gestion
Avec ces nouvelles possibilités, la télématique embarquée participe de plus en plus à l’optimisation de la gestion des véhicules du parc. Et les télématiciens multiplient les interfaces dans ce sens sur leurs portails de consultation en ligne avec le kilométrage, les alertes d’entretien, etc. « Sur Axofleet, nos clients peuvent retrouver un ensemble de fonctionnalités : éditer des rapports ou encore paramétrer des rapports automatiques », énumère Samuel Vals pour Axodel.
Pour certaines entreprises, l’interface des dispositifs embarqués va jusqu’à se transformer en un véritable outil de gestion. C’est le cas du groupe 2BR Mobilité, un transporteur de personnes à mobilité réduite. « Un rapport d’anomalies est automatiquement généré si les voitures roulent hors des horaires ou des dates régulières, pendant les vacances ou encore de 22 h 00 à 5 h 00 du matin », illustre Jean-Charles Houyvet, directeur du parc de 2 500 véhicules (voir son témoignage).
Et le groupe 2BR Mobilité peut aller plus loin. « Si nous voulons des informations précises sur des points particuliers, nous ciblons des véhicules ou un groupe de véhicules, poursuit Jean-Charles Houyvet. La base de données est énorme : il faut savoir ce que l’on cherche et comment le trouver. Pour notre part, nous ne cherchons pas toujours la même chose : des fois les personnes qui ont roulé à telle date, d’autres fois le kilométrage effectué par rapport à une mission, etc. » Ces rapports contribuent aussi à informer et former les conducteurs au fil des dérives constatées : « Avant de faire appel à ce dispositif, il fallait attendre la fin de l’année pour nous rendre compte que, par exemple, le nombre de kilomètres dépassait ce qui était prévu. Maintenant, c’est immédiat : une extraction permet de connaître la consommation moyenne de la voiture, son kilométrage, mais aussi sa vitesse moyenne, etc. », note Jean-Charles Houyvet.
Des outils plus complets et plus simples
Afin d’accompagner les responsables de parc, les télématiciens élaborent des modules pour simplifier la consultation des informations, notamment sur les comportements de conduite. Avec Free2Moove, le dispositif embarqué du Groupe PSA, le gestionnaire n’a pas à sélectionner les informations qu’il veut prendre en compte (freinages brusques, virages serrés, etc.) pour évaluer le pilotage des véhicules. En effet, un pack « éco-conduite » ajoute, aux informations de kilométrage et de maintenance, des indicateurs déjà formatés sur la conduite et un classement des conducteurs : « C’est très demandé par des PME ou des grands comptes qui veulent diminuer leurs consommations », observe Olivier Emsalem, responsable des solutions de mobilité pour les clients entreprises du constructeur français.
Dans cette gamme d’outils de gestion, les télématiciens vont aussi plus loin avec des prestations qui s’éloignent de la gestion du parc. Chez TomTom Telematics, un service sur tablette a été créé pour transmettre des photos. « Les techniciens sur le terrain peuvent saisir des informations sur les interventions, informations qui remontent jusqu’au back-office de l’entreprise », avance Cécile Cadoux, marketing manager B to B du télématicien. Des outils qui contribuent à une meilleure gestion des déplacements des salariés en tirant profit des possibilités d’échange de données grâce aux dispositifs embarqués.
Reste que pour mieux maîtriser le suivi des véhicules, le recours aux logiciels spécialisés demeure inévitable pour nombre d’entreprises. Et si certaines peuvent encore se limiter à Excel pour gérer leur flotte (voir notre article), ces outils spécialisés s’imposent pour d’autres, surtout quand la nature des matériels est variée (voir le reportage sur Nancy Métropole). En parallèle, les évolutions constantes des logiciels menées par les éditeurs contribuent à rendre indispensables ces outils pour une gestion optimisée du parc.
Des outils pour optimiser le TCO
« L’an passé, nous avons développé des “car configurateurs“ en mode TCO, décrit Laurent Hauducœur, directeur commercial de Traxall (ex ERCG), spécialiste du conseil et de la gestion des flottes, mais aussi éditeur de logiciels. Les prix des véhicules et les remises sont intégrés avec les éléments de calcul du TCO (loyers, valeurs de revente, etc.) et toute la partie fiscalité que le client souhaite inclure dans le TCO. » Sur la base du montant fixé, le collaborateur peut alors valider un ou plusieurs choix. La demande de cotation est ensuite envoyée aux loueurs. « Nous avons développé cette solution parce que les entreprises établissent leur budget sous le format TCO », justifie Laurent Hauducœur. Autre outil élaboré et proposé par Traxall depuis début 2018, le « data analyst ». Celui-ci donne le montant des modifications des contrats en fonction des grilles de fluidité des voitures en parc. « Pour des stratégies d’achat en termes de durée et de kilométrage, ce système recalcule le loyer et valorise l’ensemble de ces modifications en toute autonomie. Avec à la clé une analyse poussée et une aide au pilotage », argumente Laurent Hauducœur.
Le dispositif de Traxall peut aussi servir à évaluer l’impact d’un changement de politique automobile. « On peut suivre la valorisation de la stratégie d’achat ou évaluer le gain en TCO de la politique environnementale de l’entreprise. Si j’intègre des modèles hybrides ou électriques, je peux voir comment se matérialise cette stratégie dans les indicateurs environnementaux », détaille Laurent Hauducœur.
Gestion et télématique s’allient
Mais ces nouveautés, les éditeurs de logiciels de gestion de flotte vont aussi les chercher… du côté de la télématique embarquée. Il y a quelques années, en raison du peu d’intérêt des données de géolocalisation pour la gestion ou à cause du manque de fiabilité des boîtiers, les possibilités de remontées d’informations laissaient ces éditeurs encore perplexes. Désormais, ils travaillent à accélérer et fiabiliser les échanges avec les plates-formes des télématiciens. « Cela évite au gestionnaire de se trouver face à une multitude de portails pour gérer son parc, avance Jean-Charles Martin, directeur commercial de Chevin, spécialiste de la gestion de flotte et éditeur de logiciels. Notre logiciel peut dialoguer de façon standard avec des systèmes tiers grâce aux échanges de données API [Application Programming Interface]. Cela autorise des échanges de données en temps réel, avec une fréquence élevée de “rafraîchissement“. »
Le traitement des informations fournies par les dispositifs de télématique embarquée s’en trouve amélioré : avec une mise à jour constante des kilométrages bien sûr, mais aussi pour une identification sans erreur possible des conducteurs des véhicules et de leurs heures d’utilisation. Un protocole d’échanges simplifié que les différents acteurs tendent à adopter.
Attention aux fichiers !
« Nous avons ouvert les échanges API à des partenaires métiers ou à des éditeurs auxquels nos clients font appel au quotidien », indique Cécile Cadoux pour TomTom. « Les échanges API sont aussi moins “archaïques“ que les échanges de données à plat avec des fichiers TXT ou CSV », complète Jean-Charles Martin pour Chevin. De fait, pour extraire leurs informations sans erreur, ces derniers types de fichier demandent souvent des réajustements entre les interlocuteurs (voir le reportage Evesa).
De telles évolutions, doublées par la fiabilité croissante des remontées d’informations, contribuent à l’adoption par les entreprises des deux dispositifs, outil de gestion de flotte et télématique.
« Aujourd’hui, nos clients ont deux demandes de remontées d’information. La première, ce sont les relevés kilométriques fiables qui libèrent le gestionnaire de parc d’une tâche fastidieuse ; la seconde est de pouvoir récupérer le lien entre véhicules et conducteurs à un instant t », souligne Franck Lallet, responsable commercial d’Informakit, l’éditeur du logiciel de gestion de flotte Parck.
L’attrait des gestionnaires de parc pour la télématique ne tient pas seulement à la fiabilité accrue des données et des dispositifs embarqués. Il résulte aussi de la simplification de son utilisation.
La convergence est en route
« Dorénavant, le Groupe PSA et Renault proposent la télématique embarquée par défaut, rappelle Jean-Charles Martin pour Chevin. Les véhicules sortent d’usine équipés en boîtiers que les clients peuvent choisir d’activer ou non pour obtenir les données. Il y a moins d’inquiétude sur la garantie constructeur, pas de démontage à prévoir à la restitution des véhicules. » Et si les clients se concentrent pour l’instant sur les données de kilométrage et l’identification des conducteurs, d’autres informations sont susceptibles d’être traitées demain dans les logiciels de gestion de parc, comme le comportement des conducteurs, les alertes de maintenance ou de défaut moteur.
Mais le traitement des informations ne se résume pas à leur simple remontée dans le logiciel de gestion de parc. La plus-value tient surtout au croisement rendu possible des différentes données : croiser par exemple les comportements routiers avec les informations sur la sinistralité.
Des possibilités qui pourront contribuer à enrichir encore la gestion de parc. À condition de respecter les règles de traitement et de conservation des données (voir l’article « Données – Quels droits d’usage pour les flottes ? » dans Flottes Automobiles n° 238). « En dehors des relevés kilométriques, la télématique fournit d’autres informations qui peuvent nous intéresser : alerte technique, usure des pneus, révision, conduite, comportement à risque, maintenance, etc. », énumère Franck Lallet pour Informakit.
Pour les éditeurs de logiciels, cet apport d’informations représente aussi un axe de développement : « Le gestionnaire de flotte doit prendre en compte de nouveaux enjeux technologiques dont la télématique embarquée, et nous sommes fortement sollicités sur ce sujet. Il nous revient de nous poser la question des besoins des clients et de notre rôle : de quelle manière ces informations peuvent être croisées pour apporter une plus-value au client final ? », interroge Franck Lallet. Une bonne question.
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