
La gestion de flotte a longtemps été très liée aux seuls aspects mécaniques des véhicules : s’assurer de leur bon entretien et minimiser les périodes d’immobilisation, telles étaient les missions principales. « Mais s’y connaître en mécanique ne suffit plus, même s’il faut toujours garder un grand intérêt pour la technique », précise Olivier Fricaudet, responsable du parc de Coca-Cola qui rassemble 340 véhicules de société, 200 utilitaires légers, 500 voitures de fonction et 35 poids lourds.
Le contexte économique a aussi poussé les entreprises à aller très loin dans la recherche de gains, ce qui englobe le parc automobile, gisement d’économies...
La gestion de flotte a longtemps été très liée aux seuls aspects mécaniques des véhicules : s’assurer de leur bon entretien et minimiser les périodes d’immobilisation, telles étaient les missions principales. « Mais s’y connaître en mécanique ne suffit plus, même s’il faut toujours garder un grand intérêt pour la technique », précise Olivier Fricaudet, responsable du parc de Coca-Cola qui rassemble 340 véhicules de société, 200 utilitaires légers, 500 voitures de fonction et 35 poids lourds.
Le contexte économique a aussi poussé les entreprises à aller très loin dans la recherche de gains, ce qui englobe le parc automobile, gisement d’économies pas toujours exploité. « Et il a fallu une véritable prise de conscience des directions et des comités exécutifs pour mieux connaître le TCO des flottes », note Robert Maubé, directeur consultant du cabinet RRMC, spécialiste de la gestion des flottes d’entreprise et consultant pour Flottes Automobiles.
Un métier complexifié par sa diversité
En parallèle, l’enjeu environnemental a modifié la façon dont le responsable exerce son métier. À titre d’exemple, si la car policy était auparavant élaborée sur le critère unique de la puissance des motorisations, plus aucune entreprise ne fait aujourd’hui l’impasse sur la performance énergétique et sa traduction en termes de grammage de CO2, pour sélectionner les modèles proposés au catalogue. « L’apparition de la fiscalité assise sur des critères environnementaux a complexifié mais rendu d’autant plus intéressante la fonction de gestionnaire », reprend Olivier Fricaudet pour Coca-Cola.
Un constat partagé par Marie-Laure Tamas-Danfa qui a débuté sa carrière de gestionnaire de flotte chez Cisco en 1995. « Un métier à l’époque beaucoup plus simple, avec moins de paramètres à prendre en compte, rappelle-t-elle. La multiplication du nombre de modèles et de gammes a complexifié un peu plus le travail, sans oublier les divers services dont l’étendue ne cesse de croître. » Depuis son arrivée au sein de l’entreprise informatique, Marie-Laure Tamas-Danfa a aussi dû gérer la montée en puissance de la flotte. « Au début des années 90, la société rassemblait 60 personnes pour 30 véhicules et le gestionnaire de parc avait dans son champ d’action ce qui était lié de près ou de loin au bâtiment, à son aménagement, mais aussi à la téléphonie mobile et à tout ce qui avait trait aux services aux employés », relate-t-elle. Cisco a rapidement déployé son activité à l’échelle mondiale, avec un parc en fort développement en Europe : plus de 600 véhicules rien qu’en France, et presque 5 000 unités dans 23 pays pour des dépenses estimée à 54 millions d’euros par an. Et Cisco est allé encore plus loin en optant en 2003 pour l’externalisation de sa flotte et en en confiant la gestion à Fleet Logistics, sur un périmètre de seize pays d’Europe occidentale. Avec un double objectif : homogénéiser la gestion dans les différents pays concernés afin de bénéficier de leviers de négociation, mais aussi la professionnaliser.
L’externalisation comme mode de simplification
« Dans la plupart des pays, la gestion était confiée à un collaborateur de la finance ou des RH, des personnes dont le métier de base n’était pas la gestion de flotte. En ce sens, déléguer cette gestion a permis de professionnaliser la fonction », explique Marie-Laure Tamas-Danfa.
Mettre de côté la partie opérationnelle du métier a aussi conduit à se concentrer sur la mission principale : fournir des véhicules adaptés aux besoins des conducteurs, en tenant compte des divers critères, environnementaux ou administratifs.
« Tout en gardant la mainmise sur les contrats avec les constructeurs et les loueurs, nous nous sommes aussi attachés à revisiter plusieurs processus internes et à creuser des sujets sensibles tels que la restitution ou bien encore le contrôle des facturations », décrit Marie-Laure Tamas-Danfa pour Cisco.
De fait, l’élaboration de la car policy, la commande des véhicules et leur négociation ne constituent finalement plus qu’une partie limitée du métier d’un gestionnaire de flotte qui se pose de plus en plus en prestataire de services de mobilité pour ses clients internes. Ultime avatar du TCO, le TCM, pour total cost of mobility, s’impose donc, dans les discours marketing mais aussi dans les missions du responsable de parc.
Après le TCO, le TCM, et après le TCM…
Un changement qui a pris corps chez Orange. L’opérateur télécoms a ainsi établi dès 2011 une direction de la mobilité, avec à sa tête Hélène Billon, directrice Facilities & Mobilities Management. Gestionnaire de la flotte de 35 000 véhicules, des trajets professionnels mais aussi responsable du développement de la visio-conférence : autant de casquettes qui lui sont attribuées. « L’objectif est bien d’assurer au sens global la mobilité des 171 000 salariés du groupe », résume Hélène Billon. Et cela se traduit par le lancement de solutions alternatives de mobilité, aussi bien pour les déplacements externes qu’internes, avec l’auto-partage et la visio-conférence.
Une évolution du métier confirmée par Marie-Laure Tamas-Danfa, de Cisco : « Les deux professions de gestionnaire de parc et de travel manager seront inévitablement amenées à fusionner dans un futur proche. »
Avant tout, des gestionnaires de la mobilité
Et les prestataires ont pressenti la tendance, les offres fleurissent sur le marché. Certains acteurs commercialisent des solutions de transport alternatives, complémentaires ou se substituant au véhicule de fonction.
La mobilité pensée autrement, une tendance également accentuée par l’arrivée de générations de conducteurs moins attachés à la notion de possession et davantage disposés à partager un véhicule, entre autres par le biais de l’auto-partage.
Le consultant Robert Maubé nuance cependant : « Ces initiatives autour des nouvelles solutions de mobilité restent l’apanage de grands groupes et sont délicates à mettre en place dans bon nombre d’entreprises. Pour la plupart, le véhicule reste un outil de production dont il est inenvisageable de se séparer au profit d’autres moyens de déplacements, malgré les préoccupations liées au développement durable. » Le débat ne fait que commencer.