
Location avec option d’achat, location longue durée ou achat… Comment trancher entre les différents modes de financement pour la gestion de sa flotte ? La réponse, on le sait, tient en premier lieu à l’usage fait du véhicule. Parmi les gestionnaires de flotte, il est par exemple courant de privilégier la LOA ou l’achat par rapport à la LLD pour les VU, et plus généralement pour tous les véhicules susceptibles de subir des dégradations au cours de leur utilisation, afin d’éviter des frais de restitution trop élevés en fin de contrat de LLD.
Ce choix de l’achat, s’il peut être plus avantageux économiquement, accroît en revanche le travail...
Location avec option d’achat, location longue durée ou achat… Comment trancher entre les différents modes de financement pour la gestion de sa flotte ? La réponse, on le sait, tient en premier lieu à l’usage fait du véhicule. Parmi les gestionnaires de flotte, il est par exemple courant de privilégier la LOA ou l’achat par rapport à la LLD pour les VU, et plus généralement pour tous les véhicules susceptibles de subir des dégradations au cours de leur utilisation, afin d’éviter des frais de restitution trop élevés en fin de contrat de LLD.
Ce choix de l’achat, s’il peut être plus avantageux économiquement, accroît en revanche le travail de gestion, surtout pour organiser la revente des véhicules. « Afin d’optimiser les coûts, il faut notamment prévoir de réemployer les aménagements lorsque ces VU cessent de rouler », recommande Fabien Dieu, directeur général et cofondateur du fleeteur Ask. Mais aussi bien anticiper leur valeur de revente lors de l’acquisition (lire l’encadré ci-dessous).
La piste de l’acquisition
Avant la crise sanitaire, le financement en acquisition a pu trouver un écho auprès des gestionnaires de flotte. « Les entreprises étaient alors beaucoup plus enclines à l’achat en raison de taux négatifs. Mais aujourd’hui, avec des entreprises qui ont puisé dans leurs liquidités lors de la crise et qui ne savent pas de quoi demain sera fait, la LLD redevient attrayante », relève Fabien Dieu. Et quelles que soient les conditions économiques, toutes les entreprises n’ont pas les moyens d’acquérir leur flotte : non seulement en raison du personnel à mobiliser pour en organiser la gestion, mais aussi en raison de l’immobilisation financière que ce financement suppose.
« Un achat avec des intérêts bancaires, même à la baisse, pourrait être plus intéressant. Mais cela demanderait un engagement d’achat énorme. Nous préférons consacrer notre capacité de financement aux besoins de notre secteur d’activité, soit nos machines industrielles », souligne Philippe Delage, responsable de la flotte du groupe Deya. Cette entreprise est spécialiste des produits d’aménagement pour menuisiers, grandes surfaces, entreprises du BTP, de bricolage ou de négoce en matériaux. Le groupe Deya s’appuie sur un parc d’environ 80 véhicules, très majoritairement de fonction et en LLD. Un choix qui permet de financer un véhicule au plus juste, non pas sur son prix total mais bien sur son utilisation, fait valoir ce gestionnaire.
L’achat, un engagement lourd
« Notre flotte aurait représenté un budget de près de 15 millions d’euros et nous aurions dû faire appel à un emprunt bancaire pour la financer », confirme Bruno Chauvel, directeur de la Fédération ADMR d’Ille-et-Vilaine. Cet organisme spécialisé dans l’accompagnement aux personnes a intégré en 2019 un parc de 855 véhicules, essentiellement des Clio, pour lequel il a fait le choix de la LLD, en lieu et place du recours aux indemnités kilométriques pour les salariés.
Ce changement du mode de financement est parti d’un constat : tous les salariés ne se déplaçaient pas en véhicule personnel pour leurs interventions, mais le montant des IK, fixé par la convention collective de la branche aide à domicile, soit 0,35 euro/km, s’élevait à plus de 3 millions d’euros par an. « Ces IK prenaient en compte l’ensemble des coûts : usure du véhicule, carburant, réparation, assurance, etc. », complète Bruno Chauvel.
À la fin des années 2010, ce fonctionnement atteignait ses limites. « Notre activité implique de nombreux petits déplacements. Le salarié peut réaliser une dizaine d’interventions dans la journée, avec deux ou trois kilomètres à chaque trajet. Avec des voitures qui n’étaient pas toujours neuves, il pouvait y avoir des pannes. Les salariés pouvaient aussi être amenés à transporter des enfants ou des personnes aidées, avec en l’occurrence une question importante de sécurité », détaille Bruno Chauvel. Qui rappelle aussi les revendications des salariés sur le montant de l’IK jugé trop faible. « Du fait de ces petits trajets répétés dans la journée, l’usure de la voiture et sa consommation étaient effet coûteuses », ajoute-t-il.

Le passage des IK à la LLD
Sur la base de ce constat, la Fédération ADMR d’Ille-et-Vilaine a réfléchi à employer une partie de ce budget IK pour mettre une voiture de service à disposition des salariés qui circulent le plus, soit plus de 450 km par mois. À ce moment directeur financier de la structure, Bruno Chauvel s’est attelé à la tâche. « Nous avons sollicité les constructeurs, surtout Renault et Citroën très implantés en Bretagne. La proximité était importante : nous ne voulions pas que les salariés se déplacent trop pour l’entretien annuel des véhicules ou des réparations ponctuelles », relate-t-il. Ce passage à la LLD s’est fait en 2019 et le bilan est positif financièrement pour l’instant.
D’autres entreprises optent aussi pour la LLD mais tout en conservant l’achat pour certains véhicules. Et pas seulement pour ceux susceptibles de subir des dommages. Chez le Groupe MyMobility, un spécialiste du transport adapté à la tête de 4 000 véhicules, l’achat se pratique dans quelques cas particuliers. « Nous louons des C3, Berlingo et Jumpy auprès de la captive du constructeur. En général, je privilégie toujours la location. Mais je peux pratiquer l’achat pour quelques véhicules lorsque la proposition économique de la captive me semble décalée par rapport au marché », indique Jean-Charles Houyvet, le directeur général adjoint du groupe.
La LOA pour la revente
L’autre mode de financement alternatif à la LLD et à l’achat, la LOA, a été retenu par le Groupe MyMobility pour sa flotte de véhicules spécialisés, à l’instar de nombre d’acteurs du secteur hospitalier. « Je pratique principalement la LOA pour les véhicules TPMR (transport de personnes à mobilité réduite). Le coût du véhicule double alors par rapport à celui d’un véhicule classique du fait de l’aménagement spécifique, expose Jean-Charles Houyvet. Une captive connaît bien la valeur résiduelle d’un véhicule standard et sait donc bien le revendre. Mais il est plus compliqué de revendre un véhicule TPMR pour un constructeur alors que notre entreprise bénéficie de toutes les connexions : nous obtenons les meilleures valeurs résiduelles possibles », poursuit ce dirigeant. Le Groupe MyMobility garde aussi ces véhicules adaptés plus longtemps, soit de l’ordre de quatre ou cinq ans, précise le responsable.
Mais cet allongement de la durée de détention n’est pas pertinent pour tous les véhicules. Toujours au sein du Groupe Mymobility, la LLD a été retenue pour la majorité des véhicules : « Notre politique est de livrer des véhicules neufs pour tout nouveau marché. En LLD, nous cherchons des contrats de la durée la plus courte possible afin de coller au mieux à la durée du marché, soit un an ou deux ans, avec une éventuelle option de renouvellement », décrit Jean-Charles Houyvet.
La LLD pour fidéliser…
Dans le cadre de détentions courtes, le recours à un loueur s’impose de fait le plus souvent. « Ce qui pousse la clientèle vers la LLD, c’est la volonté de simplifier la gestion de flotte. Mais il y a aussi la volonté de remplacer régulièrement les véhicules. Or, si l’entreprise veut le faire en achetant ces véhicules, il faut négocier le rachat avec la concession ou organiser la revente, ce qui se révèle complexe en matière d’organisation », avance Fabien Dieu pour le fleeteur Ask.
La fréquence élevée de renouvellement des véhicules peut être guidée par des raisons liées à l’activité, comme pour le Groupe MyMobility. Mais un renouvellement rapide par le biais de contrats de financement de la flotte en LLD peut aussi être lié à la volonté de motiver ses salariés. « Dans certaines entreprises, les contrats de location pourraient être rentabilisés avec des durées de 48 mois. Mais l’entreprise peut les limiter à 24 mois. Cela donne lui un avantage si elle veut embaucher et cela lui permet parfois de débaucher des salariés dans d’autres entreprises », relève Fabien Dieu pour Ask.
« Le choix de la LLD s’inscrit dans une démarche de satisfaction de nos collaborateurs afin de leur apporter un réel service. Nous voulons notamment leur offrir de changer de véhicule le plus souvent possible et de bénéficier des derniers modèles de nos constructeurs », valide Isabelle Graffeo, responsable de la flotte d’Akka Technologies. Cette entreprise d’ingénierie et de conseil en technologies s’appuie sur 600 véhicules dont 60 % environ de voitures de fonction.
… et pour sécuriser
Un raisonnement que partage Bruno Chauvel pour les 855 véhicules de l’ADMR d’Ille-et-Vilaine. « Avec notre flotte en LLD lancée en 2019, nous voulions aussi fidéliser les salariés. Aujourd’hui, c’est difficile à apprécier mais nous avons pu constater que la voiture de service crée une distinction par rapport à d’autres employeurs », constate Bruno Chauvel. Une distinction qui se traduit aussi par « une visibilité considérablement accrue de l’action de la structure localement grâce à des véhicules neufs et floqués à notre nom », reprend ce dirigeant.
Et pour Bruno Chauvel, le passage à la LLD a aussi contribué à améliorer la sécurité des trajets. « Les véhicules s’équipent de nombreux systèmes d’aide à la conduite pour renforcer la sécurité des salariés et des passagers. La mise à disposition de voitures de service a été très appréciée par les salariés concernés. Même si des personnes, qui conduisent une voiture neuve pour la première fois, ont pu avoir une appréhension au départ », conclut-il.
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