Gestion de flotte : des outils pour la transition énergétique

Pour anticiper les évolutions des outils de gestion de flotte et de leurs utilisations en 2022, un coup d’œil dans le rétroviseur s’impose. Ces dernières années en effet, les responsables de parc ont été amenés à reconsidérer leurs pratiques et à adapter progressivement leurs instruments de pilotage ou à en intégrer de nouveaux.

En raison de la crise sanitaire tout d’abord : avec le ralentissement de l’activité, les véhicules des entreprises comme des administrations ont été beaucoup moins sollicités. Et pour nombre de gestionnaires, cette situation exceptionnelle a demandé d’identifier au plus vite les véhicules sous-employés durant cette période. Avec, en ligne de mire, la volonté de revoir les contrats avec les loueurs, ou encore de mieux anticiper les niveaux des futures commandes auprès des constructeurs.

Rassembler les données…

Pour tenir cet objectif, ces gestionnaires de flotte ont alors compris la nécessité de disposer d’un outil efficace pour rassembler rapidement les données sur les kilométrages et les déplacements effectués par les conducteurs. « Certains acheteurs internationaux voulaient par exemple connaître l’impact de la crise sanitaire sur leur flotte, illustre Matthieu Échalier, directeur associé de l’éditeur du logiciel de gestion GAC Technology. Ils avaient besoin d’un tableau de bord, même simple, pour recenser le nombre de kilomètres parcourus et travailler au plus vite avec les constructeurs ou les loueurs », poursuit ce responsable. Qui réfléchit, pour ces gestionnaires, à « un outil qui puisse rassembler les données sur la flotte dans différents pays qui n’ont pas forcément harmonisé leurs outils de gestion. » Une solution utile pour une gestion à l’échelle internationale, mais aussi pour des entreprises ou des administrations qui gèrent les parcs de plusieurs entités, argumente Matthieu Échalier.

Outre la crise sanitaire, d’autres facteurs ont poussé les responsables de parc à questionner la pertinence de leurs outils de gestion. C’est le cas avec les obligations légales de renouvellement avec des véhicules moins émetteurs dans le cadre de la loi d’orientation des mobilités (LOM), ou des restrictions croissantes des accès aux centres urbains pour la majorité des modèles thermiques.

… et verdir les flottes

Pour se conformer à ces attentes, administrations et entreprises intègrent donc désormais en nombre des véhicules électrifiés. Des véhicules qui bousculent les habitudes : en raison de leur autonomie moindre que ceux des modèles thermiques, mais aussi de leurs besoins de recharge. Et la plupart des responsables de parc s’interrogent : comment s’assurer que ces véhicules vont pouvoir se substituer efficacement aux thermiques utilisés jusqu’ici ?

C’est une des questions que se pose justement Julien Boussemart chez SNEF Telecom. Pour ce chef de l’agence de Bron (69) de ce spécialiste des infrastructures télécom, un des axes stratégiques pour 2022 vise de fait à améliorer la performance écologique de ses 90 véhicules, répartis entre véhicules de service et utilitaires.

« Pour y parvenir, nous souhaitons acquérir un outil de gestion afin de connaître plus facilement l’impact carbone de la flotte et son évolution, expose Julien Boussemart. Nous voulons aussi mettre en place un dispositif pour générer des rapports automatiques sur l’évaluation de l’éco-conduite des salariés, et indiquer aux conducteurs leur niveau et s’ils progressent ou non. » Tout en souhaitant que ces rapports soient générés automatiquement afin que les conducteurs les acceptent plus facilement que lorsqu’ils sont réalisés par un supérieur hiérarchique.

Écologie et économie

Pour les responsables de parc, les dimensions écologique et économique ne sont jamais très éloignées. « Nous sommes aussi en discussion avec nos prestataires pour bénéficier d’une visualisation graphique. Notre objectif est de pouvoir relever rapidement les dérives de consommation de carburant et d’identifier les conducteurs qui emploient les cartes carburant en dehors du cadre professionnel », conclut Julien Boussemart.

Pour répondre à ces attentes, télématiciens et éditeurs de logiciels de gestion multiplient les solutions et les fonctionnalités. « Nous proposons le module “analyseur de parc“ qui permet d’obtenir des recommandations sur les véhicules à passer à l’électrique. Nous avons constaté que l’usage de ce module a augmenté de 40 % », avance sur ce sujet Julien Rousseau, directeur du télématicien SuiviDeFlotte. Qui anticipe un accroissement de l’usage de cet outil en 2022.

Pour sa part, GAC Technology, commercialise un outil d’aide à la transition énergétique. Dénommé Iateract, celui peut générer un classement des véhicules les plus facilement substituables par des véhicules verts dans un parc. « Nous cherchons à exploiter des données qui ne le sont pas habituellement. Les solutions de télématique privilégient les informations liées aux comportements routiers et aux roulages. Nous croisons aussi ces données avec celles obtenues sur les infractions, la vétusté, l’adéquation entre le type et l’usage des véhicules, les motorisations, etc. », énumère Matthieu Échalier.

Autre outil qui va dans le sens d’une meilleure gestion et du « verdissement », GAC Technology a élaboré un outil de réservation du véhicule qui sélectionne dans une flotte la motorisation en fonction du parcours. Une sélection en amont qui contribue à marginaliser le recours aux motorisations les plus polluantes pour, à terme, les retirer du parc.

La simplicité d’usage

Les gestionnaires de flotte se montreraient plutôt intéressés par ces prestations. Mais pour ces derniers, faire appel à ces outils ou à leurs versions améliorées reste soumis à un impératif : la simplicité d’usage. Pour la Métropole de Brest, Laurent Bouvet, responsable du service véhicules et engins, prévoit ainsi de passer à la version en ligne de l’outil AS-Tech intégré il y a cinq ans. Avec cette évolution, anticipe-t-il, il pourra bénéficier d’indicateurs plus efficients pour suivre son parc.

« De nombreuses évolutions se font sur la version en réseau de notre outil, avec plus de tableaux de bord disponibles, note Laurent Bouvet. En les utilisant, nous accéderons plus facilement aux informations sur le nombre de véhicules en parc, les réparations en cours, l’état des interventions par exemple », anticipe-t-il. D’autant que la flotte de la Métropole de Brest est importante, avec au total 1 000 véhicules roulants et 300 petits matériels moteurs, dont 250 citadines, 350 utilitaires, 100 poids lourds, 85 engins techniques mais aussi des matériels non immatriculés.

Pour les véhicules du département de la Moselle, une évolution similaire est envisagée. Jusqu’ici, c’est le logiciel Europarc de la société Informakit qui est installé dans les ordinateurs des agents en charge de la gestion du parc. Pour cette collectivité, ce logiciel sert à superviser une flotte administrative qui compte aujourd’hui 408 véhicules, financés à 98 % en achat : en majorité des véhicules légers mais aussi 39 utilitaires répartis dans 72 sites et gérés en parc relais.

Améliorer les outils de gestion de flotte

Exploité sur le réseau interne, cet outil Europarc est accessible au gestionnaire de flotte et à son assistante, mais aussi au chef du garage, à ses trois mécaniciens, à l’agent de réception des véhicules et au gestionnaire administratif en charge de la flotte. « En tout, une dizaine de personnes » résume Thierry Fristot, directeur du pilotage de la flotte automobile à la direction des moyens généraux de ce département.

Mais avec une limite : Europarc n’est pas interfacé avec les prestataires auprès desquels la collectivité effectue une partie des réparations de ses véhicules. Conséquence : l’intégration des données ne se fait pas de façon automatique dans le logiciel. C’est entre autres le cas avec les cartes carburant utilisées par le département, fournies par Total, Esso et Intermarché. Les données sont obtenues par le biais des fichiers carburant transmis par les pétroliers, qui doivent être ensuite intégrés au logiciel. « Nous faisons également une demande mensuelle auprès des titulaires de véhicules électriques et/ou des parcs relais pour qu’ils nous remontent l’information. En outre, nous mettons à jour les kilométrages après chaque passage au garage » complète Thierry Fristot.

Gérer le partage

Avec un logiciel « full web » ou en « mode Saas » pour « software as a service », c’est aussi une optimisation du suivi de la flotte qui est ciblée, notamment pour organiser les révisions et les entretiens des véhicules. À l’instar ce qui est anticipé pour la Métropole de Brest, Thierry Fristot prévoit aussi de multiplier les indicateurs. Des indicateurs qui lui donneront en un clic des données essentielles sur son parc : la répartition des véhicules par tranche d’âge, les différentes carburations, les consommations ou les données liées aux cartes grises, etc.

Le futur logiciel devrait aussi apporter une nouvelle solution pour la gestion de la flotte en autopartage du département, jusqu’ici géré avec un outil développé en interne. Or, comme pour de nombreuses autres collectivités, la Moselle cherche à optimiser l’organisation de ce partage avec un outil efficace.

Des marges de manœuvre

Au sein la Métropole de Brest, Laurent Bouvet envisage de son côté une simplification des réservations grâce à une réservation en ligne pour la cinquantaine de véhicules en partage. « Pour l’instant, ils sont réservés sur Outlook et les clés sont déposées dans une armoire aux accueils des bâtiments », décrit ce responsable. Mais un outil plus performant pour gérer les véhicules en autopartage, c’est aussi par ricochet un levier d’optimisation de ce parc. « Nous voudrions obtenir de meilleures remontées d’informations sur l’utilisation en temps des véhicules et sur leur état. Jusqu’ici, nous restons tributaires des déclarations que nous font les conducteurs », reprend Laurent Bouvet. Il y a encore des marges de manœuvre pour les outils spécialistes de la gestion de flotte… 

Des outils de gestion pour partager les véhicules

Chez le prestataire GAC Technology, 2022 devrait être l’année du développement d’une solution d’autopartage pour favoriser le covoiturage dont la diffusion a été freinée par la crise sanitaire. « Nous avons élaboré avec l’État un module de réservation de véhicules partagés dans notre logiciel : il oriente les utilisateurs vers un trajet en covoiturage si un autre collaborateur fait un voyage similaire », détaille Matthieu Échalier. Si la proposition est acceptée, un e-mail est ensuite envoyé automatiquement pour organiser le covoiturage.
Les prestataires de télématique font eux aussi évoluer leurs outils d’autopartage. Le télématicien Océan commercialise ainsi depuis peu une clé dématérialisée pour déverrouiller les véhicules. Cette clé est téléchargeable sur les smartphones et disponible via le Bluetooth pour fonctionner même sans réseau. Pour les conducteurs, cette clé est proposée sur l’application Océan Conduite et sur la plate-forme Océan pour les gestionnaires de flotte. À noter : la restitution du véhicule et son verrouillage sont effectifs après la réalisation par le conducteur d’un état des lieux numérique du véhicule.