Gestion de flotte : une transition énergétique complexe

Pour le Pays Voironnais et Alpes Contrôles, soit une collectivité et un organisme de contrôle basés tous deux en Auvergne-Rhône-Alpes, la transition énergétique de la flotte s’impose. Mais cette transition n’est pas si simple, entre le manque de véhicules répondant aux besoins et le coût de ces modèles « verts ». Mais les actions sont bel et bien en route.
- Magazine N°291
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La communauté d’agglomération du Pays Voironnais (38) compte environ 100 000 habitants répartis dans 31 communes. Cette collectivité s’appuie sur une flotte de près de 350 véhicules, principalement de service, et matériels roulants. « Ce parc rassemble 60 véhicules particuliers, 70 utilitaires légers et 40 utilitaires, mais aussi 45 poids lourds, liste Cédric Garampon, directeur du service garage de cette communauté d’agglomération. 99 % de notre flotte est en achat direct. Nos voitures de fonction pour la direction générale, soit le président et trois directeurs (DGST, DGA, DG), sont les seuls véhicules sous contrat de location de 36 mois », poursuit ce responsable.

Achat et location

Pour sa part, l’intégralité de la flotte d’Alpes Contrôles fonctionne en location longue durée avec deux loueurs multimarques, « les principaux du marché, pointe Milena Lançon. Nos contrats de référence atteignent 140 000 km/48 mois pour les véhicules cinq places, et 105 000 km/36 mois pour les VUL, soit en moyenne 35 000 km par an », détaille cette responsable achats chez Alpes Contrôles. Basé à Annecy (74), cet organisme de contrôle indépendant et actif dans plusieurs domaines (construction, exploitation, formation et certification biologique) rassemble 800 salariés et gère près de 600 véhicules : 70 % de VP (cinq places) et 30 % de VUL (deux places de type Clio et Golf). « De par notre métier, nous avons une grande population de collaborateurs itinérants qui circulent sur les chantiers pour voir les clients. Dans ces équipes, l’ensemble des collaborateurs bénéficient d’un véhicule attribué individuellement. Nous avons donc surtout des voitures de fonction et très peu de véhicules de service », ajoute Milena Lançon.

Pour diminuer l’empreinte carbone des trajets de ses collaborateurs, Alpes Contrôles a transformé son catalogue l’an dernier en catalogue « mobilité », avec l’entrée de véhicules électriques, de vélos à assistance électrique, mais aussi le déploiement de l’offre de « pack sobre », soit un petit véhicule thermique couplé à un vélo de fonction électrique. Depuis mi-2022, l’entreprise propose ainsi à ses salariés des modèles électriques, avec de premières livraisons cette année.

Des véhicules électriques…

Milena Lançon, responsable achats, Alpes Contrôles
Milena Lançon, responsable achats chez Alpes Contrôles

« Pour l’instant, en électrique, nous n’avons que trois voitures de fonction à la route et un seul véhicule de service, précise Milena Lançon. Pour ces véhicules électriques, nous sommes partis sur un contrat de 120 000 km/42 mois. Ces modèles concernent évidemment tous les collaborateurs – hors nouveaux entrants. À condition que cette motorisation soit compatible avec leurs contraintes de déplacement professionnel et qu’ils aient sous la main des solutions de recharge. Nous disposons désormais de quatre modèles : nous avons en effet complété cette année notre gamme électrique, soit les Peugeot e-208, Mégane E-Tech et Skoda Enyaq iV, avec la Volkswagen iD.3 dotée d’une autonomie intéressante », complète cette responsable.

La flotte d’Alpes Contrôles compte une douzaine de véhicules électriques commandés et en attente de livraison. « Nous avons commandé neuf véhicules électriques et trois “packs sobres” en 2022. Et depuis début 2023, nous avons eu trois nouvelles commandes en électrique », décrit Milena Lançon.

Au sein de la flotte du Pays Voironnais, le véhicule électrique trouve aussi sa place, à condition que les offres des constructeurs et les usages des collaborateurs le permettent. En l’état actuel des motorisations, cette collectivité possède plus de 35 véhicules 100 % électriques au total dans ses parcs de VP, VUL et VU.

… mais aussi des vélos électriques

« Plus précisément, sur les 60 VP, nous avons seize véhicules 100 % électriques, principalement des Zoé, Twingo et e-208, 26 véhicules essences et 18 véhicules diesel. Notre parc de quarante utilitaires fonctionne à 99 % en diesel car nous n’avons, à ce jour, pas beaucoup d’alternatives : nous possédons un seul Goupil 100 % électrique. Pour les VUL, nous avons un peu plus de choix de modèles. La flotte de 70 VUL s’organise donc de la façon suivante : vingt modèles électriques, soit des Kangoo Z.E., e-Partner et Nissan e-NV200, trente diesel et vingt essences », énumère Cédric Garampon.

En parallèle, cette communauté d’agglomération possède « une vingtaine de vélos à assistance électrique destinés à tous les agents qui souhaitent circuler dans le Pays Voironnais, par exemple pour une réunion dans un autre site », note Cédric Garampon. Ces VAE sont basés dans tous les sites où cette collectivité s’équipe de boîtes à clefs, avec différentes tailles de vélos. « Ces vélos sont aussi entretenus par notre garage. En outre, un de nos mécaniciens, plus spécialisé, fait des rondes tous les trois mois pour s’assurer de leur bon entretien (défaut, crevaison, changement de frein) », reprend Cédric Garampon.

Alpes-Controles-flotte
Basé à Annecy, l’organisme de contrôle Alpes Contrôles travaille à électrifier sa flotte de 600 véhicules. Pour l’instant, ce parc comprend quatre véhicules électriques et une douzaine sont commandés et en attente de livraison.

Un catalogue mobilité…

Dans son catalogue « mobilité » qui n’intègre pas que des voitures, Alpes Contrôles mise sur des offres de vélos à assistance électrique, mais aussi sur son « pack sobre ». « Avec ce pack, un collaborateur qui fait l’effort d’opter pour un petit véhicule thermique, en l’occurrence la Clio ou la Polo, soit les voitures les moins émettrices de CO2 de notre catalogue, peut aussi choisir un vélo de fonction électrique. L’idée est qu’il réalise ensuite une partie de ses trajets professionnels à vélo », justifie Milena Lançon. Trois modèles de vélo sont disponibles, dont un vélo pliant pour répondre à certaines contraintes.

« En dehors de ce “pack sobre”, nous avons une offre de vélo de fonction électrique seul. Mais nous savons que, compte tenu des contraintes de déplacement chez les clients, très peu de collaborateurs pourraient se passer totalement d’une voiture. Les collaborateurs qui effectuent leurs trajets professionnels avec leur vélo personnel peuvent aussi prétendre à une indemnité kilométriques vélo », complète Milena Lançon. Alpes Contrôles a construit en interne cette offre de petits véhicules et de vélos électriques. « Nous avions consulté différents acteurs pour les vélos, y compris nos loueurs de véhicules. À ce moment-là, tous ne proposaient pas forcément des offres identiques, mais ils restaient plutôt tournés vers la mise en place de flottes de vélos en libre-service dans un site donné. Cela ne répondait pas à notre besoin, puisque nous n’étions pas en mesure de nous engager sur un volume de vélos. Finalement, nous avons fait appel à une filiale de notre loueur longue durée pour les vélos de fonction ou de service », relate Milena Lançon.

… et un “pack sobre”

« Dans notre offre “pack sobre”, le véhicule est en LLD avec maintenance, pneus et assistance inclus dans le contrat. Nous avons aussi la révision annuelle et l’assurance en cas de dommage, comprises pour les vélos qui fonctionnent en location sur trois ans. Et nous faisons en sorte de faire coller les échéances de livraison entre les commandes de véhicules et celles des vélos électriques », détaille Milena Lançon.

Alpes Contrôles n’a pas encore chiffré d’objectifs concernant les « packs sobres » et les véhicules électriques. « Cela dépendra des retours d’expérience des premiers collaborateurs qui vont rouler en électrique. Notre idée, c’est de recueillir un témoignage des premiers mois en électrique pour essayer d’inciter d’autres collaborateurs à franchir le pas », explique Milena Lançon. Avec cette précision : « Les places pour la recharge des vélos électriques dépendent des locaux et des sites. Notre site d’Annecy est le premier à avoir obtenu le label Employeur Pro-Vélo, et des démarches sont en cours pour cinq autres agences. Parmi les critères pour obtenir ce label, il faut entre autres disposer de places de stationnement pour les vélos, lancer des actions de communication, des opérations de réparation, etc. », ajoute Milena Lançon.

La transition énergétique…

Mais force est de constater que passer à l’électrique représente un coût. « Il y a trois ans, lorsque nous avons commandé des Zoé, nous avons bénéficié de 3 000 euros de bonus écologique de l’État, mais aussi des aides de la région Auvergne-Rhône-Alpes à hauteur de 50 % du prix d’achat, rappelle Cédric Garampon, pour le Pays Voironnais. La Zoé était alors affichée au prix de 30 000 euros, soit deux fois le prix de la Clio, mais avec ces aides, elle revenait à seulement 11 000 euros. Aujourd’hui, les bonus écologiques sont complètement aléatoires, tout comme les subventions de la région. Conséquence : les véhicules électriques restent plus coûteux à l’achat actuellement », déplore Cédric Garampon.

Cédric Garampon apporte cependant une nuance : « Si l’on compare un Kangoo diesel à un Kangoo Z.E en termes d’entretien, nous avons une économie de 60 % avec l’électrique par rapport au diesel. Les entretiens internes sont en effet beaucoup plus rapides, illustre ce responsable. Nous nous apercevons ainsi que les mécaniciens mettent même moins d’une heure pour l’entretien d’un véhicule électrique. En général, il faut surtout vérifier les pneus car nous constatons une légère usure prématurée par rapport au thermique. Mais mis à part changer les pneus et les plaquettes de frein, il y a peu de d’interventions à réaliser sur un modèle électrique. Pourtant, nous avons peu de recul puisque notre premier Kangoo Z.E. date de 2010 », expose Cédric Garampon.

… a un coût certain

De son côté, Milena Lançon, pour Alpes Contrôles, observe une forte augmentation des coûts ces deux dernières années dans un contexte d’inflation. « Nous avons tendance à penser que le véhicule électrique reviendra moins cher que le véhicule thermique car nous ne payons pas d’essence. Mais pour l’instant, avec notre faible recul, cela n’est pas flagrant. Le TCO demeure vraiment similaire à celui d’un véhicule thermique car les loyers des véhicules électriques restent chers, les aides fiscales ont commencé à diminuer, notamment le bonus, et le prix de l’électricité s’affiche en hausse », souligne Milena Lançon. Une situation qui ne devrait pas s’améliorer à court terme.

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