
4 % : c’est un chiffre sur lequel les gestionnaires de flotte peuvent s’appuyer pour renégocier leur rémunération ou négocier leur salaire d’embauche en 2023. En effet, selon l’étude « Salary Budget Planning France », produite par le spécialiste des rémunérations WTW (ex Willis Towers Watson) en décembre 2022, les salaires moyens français vont progresser de 4 % en 2023, contre 3,5 % en 2022 et 2,3 % en 2021. Une excellente nouvelle pour les salariés.
Salaires : + 4 % en 2023
Cette hausse, inédite par son ampleur, s’explique par une inflation importante en France, soit + 6,2 % entre octobre 2021 et octobre 2022. Du jamais vu depuis des...
4 % : c’est un chiffre sur lequel les gestionnaires de flotte peuvent s’appuyer pour renégocier leur rémunération ou négocier leur salaire d’embauche en 2023. En effet, selon l’étude « Salary Budget Planning France », produite par le spécialiste des rémunérations WTW (ex Willis Towers Watson) en décembre 2022, les salaires moyens français vont progresser de 4 % en 2023, contre 3,5 % en 2022 et 2,3 % en 2021. Une excellente nouvelle pour les salariés.
Salaires : + 4 % en 2023
Cette hausse, inédite par son ampleur, s’explique par une inflation importante en France, soit + 6,2 % entre octobre 2021 et octobre 2022. Du jamais vu depuis des décennies. Et cela s’accompagne, c’est tout aussi inédit, de difficultés à recruter. Les deux additionnés ont donc poussé les employeurs à relâcher le cordon de leurs bourses, « à repenser leurs politiques de rémunération pour attirer les talents et rester compétitifs dans un marché de l’emploi connaissant une tension exceptionnelle, avec un taux de turnover élevé de 12,1 % », souligne WTW. Ces évolutions ont ainsi contraint 84 % des entreprises françaises à revoir leur budget des augmentations du fait de l’inflation, 46 % à cause des difficultés à embaucher et 36 % pour faire face aux problèmes rencontrés pour retenir des salariés tentés d’aller voir ailleurs. Au total, 92 % des entreprises (66 % en 2021 et 27 % en 2020) connaissent des difficultés à attirer des candidats et 87 % à retenir leurs collaborateurs (60 % en 2021 et 17 % en 2020).
1. Les salaires des gestionnaires de flotte

Cette situation ne peut être que favorable aux gestionnaires de flotte. Pour des postes « de base », les salaires de ces derniers sont de l’ordre de 25 000 euros bruts par an. C’est vrai pour Sandrine, gestionnaire de flotte en région : titulaire d’un BTS en comptabilité et gestion des PME, elle perçoit 26 000 euros bruts par an avec, en sus, une prime sur objectif de l’ordre de 1 000 euros par an et des titres restaurant représentant quelque 1 200 euros par an. Mais pour ce type de profil, les rémunérations augmentent peu. Dans le public, pour progresser, il sera donc impératif de se mettre aux concours. C’est la méthode de Franck Pilon, responsable des livraisons et gestionnaire du parc automobile (6 véhicules) de l’École normale supérieure Paris Saclay. « Depuis 2005, je me forme constamment. Cela m’a permis de passer des concours pour améliorer mon salaire », relate-t-il.
Avec l’expérience, ces salaires augmenteront. D’autant que recruter des responsables de parc reste complexe. « Il est très difficile de trouver ces gestionnaires, encore plus s’ils travaillent sur les nouvelles mobilités, commente Théophane Courau, P-DG du fleeter Fatec Group (170 salariés et 120 000 véhicules en gestion). Chez nous, un gestionnaire junior perçoit de l’ordre de 23 000 euros bruts par an et dépasse les 30 000 euros avec dix ans d’expérience », complète ce responsable.
Michael Page – Les salaires 2023 des fonctions facility management et services généraux*
Fonctions | 0-2 ans | 2-5 ans | 5-10 ans | 10 ans et + | Attractivité |
---|---|---|---|---|---|
Directeur facility management | 60-65 | 65-70 | 70-80 | > 80 | *** |
Responsable de contrats facility management | 45-50 | 50-55 | 55-65 | > 60 | *** |
Facility manager, gestionnaire technique | 38-42 | 42-45 | 45-55 | > 55 | *** |
Building manager, responsable de site | 35-38 | 38-42 | 42-45 | > 45 | *** |
Responsable des services généraux | 35-40 | 40-45 | 45-55 | > 55 | *** |
Coordinateur des services généraux | 30-35 | 35-40 | 40-42 | > 42 | *** |
Gestionnaire de flotte automobile | 28-35 | 35-40 | 40-45 | 45-50 | *** |
Technicien des services généraux | 25-28 | 28-32 | 32-35 | 35-40 | *** |
Assistant des services généraux | 22-28 | 28-32 | 32-35 | 32-35 | *** |
Le cabinet Michael Page vient de publier son étude salariale 2023. Voici donc l’estimation des rémunérations pour les gestionnaires de flotte. En attractivité, les deux étoiles de cette fonction indiquent que le métier est en tension. Les salaires s’entendent pour l’Île-de-France. Il faut donc (un peu) baisser, disons de 5 à 10 %, ce montant pour disposer d’une estimation dans les autres régions (mais pas plus).
Bouger pour progresser
Illustration avec Sophie, 40 ans, fleet manager et administration pour un fabricant de produits de santé en Occitanie. « Je suis titulaire d’un BTS management des unités commerciales. J’ai intégré la société en 2008 comme assistante administrative : je gérais 80 véhicules, pour 23 400 euros bruts par an. Ma flotte comprend maintenant 180 véhicules. Je suis fleet manager et je perçois 37 000 euros, avec une prime sur objectif annuelle de 2 000 euros bruts. Je suis régulièrement une à deux formations par an. Changer d’employeur ne serait pas facile dans ma région qui manque de sièges sociaux. Mais je pense qu’il me serait assez aisé de décrocher un poste en Île-de-France », détaille Sophie.
Quand cela bloque, des salariés quittent leur poste. C’est le cas de Jacques, gestionnaire de flotte d’une société francilienne, à la tête de moins d’un millier de véhicules. « J’ai postulé à des annonces trouvées sur plusieurs sites, précise-t-il. Je voulais voir autre chose. J’ai décroché un entretien à chaque candidature. La gestion de flotte est un poste très prisé quand on maîtrise le TCO, la réglementation ou l’électrification », avance Jacques. Qui a du coup accepté une proposition. « J’ai alors été augmenté de 8 000 euros, soit de 47 000 à 55 000 euros bruts par an. Cela m’a pris deux mois, en 2021, pour passer d’un employeur à l’autre, avec la possibilité de devenir mobility manager. Ce poste devrait s’ouvrir pour moi en 2023-2024 avec un salaire d’environ 70 000 euros », anticipe-t-il.
2. Les rémunérations des mobility managers
Passer au mobility management peut en effet se présenter comme une bonne opération financière. « Ces métiers sont nouveaux, explique Marie-Florence Infantolino, dirigeante de Facilitis Recrutement, un spécialiste de l’embauche par approche directe des professionnels des services généraux (facility management). Ce sont des métiers post-covid dont la montée s’explique par la volonté des employeurs de satisfaire les besoins des collaborateurs qui ont testé le télétravail, la mobilité douce ou une certaine qualité de la vie au travail (QVT) », expose cette recruteuse.
Un salaire en hausse…
La rémunération du mobility manager dépend du niveau de responsabilité, entre autres lié à la taille et à la dimension internationale de son entreprise. Avec cinq à dix d’expérience, les salaires augmentent. C’est vrai pour Laura, ancienne responsable de flotte en Île-de-France. Elle a débuté à 20 000 euros bruts par an. En changeant d’employeur et en décrochant un poste de mobility manager, elle percoit, depuis février 2022, 45 000 euros. « Il y a du travail dans mon secteur, note-t-elle. Sur Linkedin, je reçois régulièrement des offres. Mais comme je viens de commencer, je vais attendre avant de chercher ailleurs. D’ici cinq ans, je pense que les postes de mobility manager vont se développer », prévoit-elle.
Pour Delphine Robic, responsable des services généraux du spécialiste des services RH Randstad France depuis 2015, le salaire d’un mobility manager tournerait, en Île-de-France, dans un grand goupe, autour de 45 000 euros bruts par an. « J’ai suivi des études de lettres classiques, puis j’ai travaillé dans le conseil en organisation. J’ai ensuite intégré Randstad comme spécialiste de la qualité, avant de l’appliquer aux services généraux. À partir de 2016, je me suis aussi occupée des 2 400 véhicules de la flotte, avec l’ambition de l’électrifier », relate Delphine Robic. « Je recrute une demi-douzaine de mobility managers par an en ce moment, reprend Marie-Florence Infantolino, pour Facilitis Recrutement. Leurs salaires oscillent entre 35 000 et 50 000 euros bruts par an mais ils peuvent atteindre les 100 000 euros dans les plus grands groupes. Ces salaires élevés s’expliquent par le peu de candidats sur ce marché du travail », justifie cette recruteuse.
… à moyen terme
Mais passer de gestionnaire de flotte à mobility manager n’entraîne pas d’augmentation automatique. « Un gestionnaire débutant percevra 25 000 euros bruts par an pour atteindre les 35 000 à 40 000 euros s’il est confirmé. C’est, peu ou prou, les mêmes salaires pour un mobility manager. Il pourra, ensuite, avec une flotte importante, viser les 50 000 à 55 000 euros. Un responsable expérimenté, qui développe une fonction de mobility manager, ne sera donc pas mieux payé au départ », rappelle Tanneguy Worth, partner au sein du cabinet de recrutement Michael Page. Tout en soulignant qu’à terme, la formation continue fera la différence.
Le public offre aussi de belles carrières au mobility managers. C’est vrai pour Stéphane Wartel, diplômé en droit et en logistique, coordonnateur logistique et property, en charge de 130 véhicules et de la mobilité pour huit sites de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire). « J’y décline un plan de mobilité comprenant six axes et promouvant 21 actions depuis 2019. Cette politique a servi de référence pour d’autres établissements publics », décrit-il.
Le public aussi

Pour accéder à ces postes de mobility management, Stéphane Wartel conseille d’être attentif aux souhaits des collaborateurs, d’être à leur écoute et de se former au mobility management et à ses méthodes pour accroître sa performance. « On se met alors en avant auprès de ses pairs mais aussi de sa direction sur des sujets d’avenir comme la RSE et le numérique », complète-t-il. En suivant ces précepts, Chloé, 50 ans, vient de décrocher un poste de mobility manager : « Je perçois 65 000 euros bruts par an. Pour être mieux payé, je pense qu’il faut changer d’employeur car si on reste dans son entreprise, il est difficile de “faire la culbute”… »
3. De gestionnaire de flotte à mobility manager
Pour devenir mobility manager, les employeurs privilégient « des profils avec une expérience confirmée en gestion de projet, de flotte ou des services généraux, sur des postes à responsabilité, énumère Marie-Florence Infantolino pour Facilitis Recrutement. Car le mobility manager se doit d’être à la fois stratège et opérationnel. » Ce poste requiert donc des compétences en gestion de projet, notamment pour travailler en étroite collaboration avec la direction afin de définir une stratégie globale, avec les RH, les services généraux, l’informatique, la communication, les achats et les services HQSE (hygiène, qualité, sécurité, environnement).

« J’étais précédemment responsable des services généraux, précise Catherine Berthier, diplômée d’un master en communication-marketing et mobility manager, depuis 2019, pour la société d’ingénierie Assystem (5 000 salariés en France, 800 véhicules). J’ai aujourd’hui trois grandes missions : je gère la flotte, le travel management et l’ensemble des plans de mobilité de l’entreprise, le tout en interaction avec mon équipe de cinq collaborateurs. » Catherine Berthier conseille aux gestionnaires de flotte voulant suivre son parcours de s’occuper au préalable d’au moins 200 à 300 véhicules. « On est alors pleinement gestionnaire. À ce niveau, on travaille sur le TCO, les relations avec les fournisseurs, les assurances, etc. Il faut ensuite se préoccuper des missions du travel management, découvrir cette fonction, analyser son fonctionnement. Ces évolutions intéresseront un employeur qui recherche un mobility manager », souligne Catherine Berthier.
Mais tout dépend de la taille de la flotte,ce que rappelle Pascal Cauro, responsable du pôle Parc Automobile SA SNCF (2 400 véhicules en gestion) : « La progression de carrière d’un gestionnaire suivant jusqu’à 1 000 véhicules vers le mobility management peut s’entendre. Mais au-delà, c’est compliqué et je ne pense pas que cela se fera tout de suite. Il existe de fait un fossé entre la gestion du parc et le travel management. Dans une entreprise comme la mienne (22 000 véhicules en tout), ces fonctions sont clairement dissociées. »
À l’aube du mobility management
Pour Philippe Ambon, directeur du développement de la société de conseil en performance des flottes Holson, « le secteur se trouve à l’aube du mobility management. Pour passer de la gestion de flotte à la mobilité, le fleet manager devra passer de gestionnaire exécutant à gestionnaire pilote, expert et référent. Dans un cas, je m’occupe des commandes des voitures. Dans l’autre, j’accompagne mon entreprise dans le choix des véhicules. Je deviens le référent sur ces questions. Je suis alors légitime pour devenir mobility manager », expose ce consultant. En soulignant que, pour l’instant, ce marché du travail reste minuscule. « Mais il se développe et concerne les 120 sociétés les plus importantes et toutes celles en avance sur les questions de RSE, avec des salaires pouvant atteindre les 50 000 euros bruts par an et au-delà. Il faut visiter, réseauter. Ce n’est pas toujours facile pour une population, les gestionnaires de flotte, dont j’estime qu’il n’y en a pas un sur deux inscrits sur Linkedin… », conclut ce consultant. Le message est clair.
Dossier Rémunérations des gestionnaires de flotte : des hausses à négocier en 2023
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