
Évoquer le métier de gestionnaire de flotte technicien revient à analyser un concept par nature pluriel. Chacun, de fait, en donne sa propre définition avec une façon spécifique d’aborder le sujet. Car la fonction peut varier considérablement selon que l’on travaille dans des collectivités locales, pour de grands groupes techniques ou sur des flottes de véhicules légers du privé.
Si l’on tente d’en faire une synthèse, le métier vu sous l’angle technique consiste avant tout à réparer-maintenir son parc automobile. Ensuite, il peut aussi s’agir de rapatrier des véhicules en panne, de diagnostiquer les problèmes, de planifier les contrôles...
Évoquer le métier de gestionnaire de flotte technicien revient à analyser un concept par nature pluriel. Chacun, de fait, en donne sa propre définition avec une façon spécifique d’aborder le sujet. Car la fonction peut varier considérablement selon que l’on travaille dans des collectivités locales, pour de grands groupes techniques ou sur des flottes de véhicules légers du privé.
Si l’on tente d’en faire une synthèse, le métier vu sous l’angle technique consiste avant tout à réparer-maintenir son parc automobile. Ensuite, il peut aussi s’agir de rapatrier des véhicules en panne, de diagnostiquer les problèmes, de planifier les contrôles avec des actions parfois saisonnières, comme la remise en état de marche des saleuses pendant les mois d’été ou des engins de fauchage durant l’hiver. « Ces salariés ont comme fonction de s’occuper des véhicules du début à la fin de leur vie », résume Quentin Dubois, gestionnaire de flotte pour le groupe Fondasol, spécialiste des études géotechniques, de l’ingénierie et des fouilles de sol, responsable de 450 véhicules répartis dans trois sites.
Le plus souvent, le gestionnaire « technicien » travaille pour le service public au sens large, dans des entités généralement dotées de garages intégrés. Il est alors très recherché. D’autant plus s’il maîtrise les spécificités des différents métiers pour leur allouer les bons véhicules. Il est ainsi capable de savoir quel châssis prendre pour organiser au mieux les véhicules techniques, par exemple destinés à l’assainissement des eaux ou à la collecte des encombrants.
Un métier de technicien
Ce responsable peut pareillement aménager les engins spécialisés en garantissant la sécurité du personnel, en conduite ou à l’arrêt. Un travail essentiel car ces véhicules coûtent cher, leur adaptation à un métier donné est onéreuse, et il faut calculer ce coût d’aménagement dans l’amortissement.

Chez les fleeteurs, ce gestionnaire technicien conseille les clients, souvent des responsables de parc, sur les révisions à effectuer en amont, ou sur la qualité des garages et le sérieux de leurs factures en aval. Ce qui contribue à abaisser les coûts d’entretien. La notion de services aux conducteurs représente donc une qualité importante pour être un bon gestionnaire technique. Tout comme l’expertise fine en mécanique puisqu’il faut contrôler le travail des garagistes. Des qualités compliquées à réunir en un seul salarié. Et les employeurs peuvent éprouver des difficultés à trouver chaussures à leurs pieds. « En outre, il n’existe pas de formation pour ces gestionnaires techniques », rappelle Hervé Foucard, chef du service technique des transports automobiles municipaux à la ville de Paris, en charge de 2 652 véhicules à moteur (dont 1 824 VUL) et de 604 vélos.
Ces expertises intéressent les organisations publiques comme les collectivités locales mais d’autres corps d’État sont concernés (Défense, police, hôpitaux). Car la plupart de ces entités doivent assurer un service public 24 heures sur 24 et 7 jours sur sept. « Avec des véhicules toujours plus techniques, ces fonctions ne sont pas près de disparaître, renchérit Hervé Foucard. En termes d’énergie, nous naviguons aujourd’hui entre trois possibilités ; nous oscillerons demain entre cinq choix. Il faudra du personnel pour réfléchir sur ses flottes techniques. »
Le secteur public avant tout
Un constat valable pour la fonction territoriale et pour les grands groupes des télécoms, du BTP, du transport, etc. « Et ce métier pourrait se développer car ces flottes sont complexes avec des engins comportant des hayons, des grues, des nacelles, et ce, tout en migrant du diesel-essence à un autre carburant. Ces entreprises et nos collectivités locales auront donc besoin de gestionnaires à haute technicité, qui réfléchissent aux arrangements et aux équilibres des masses », poursuit Hervé Foucard.
Cette reconnaissance de l’importance technique des gestionnaires prévaut dans le secteur public. Mais elle n’est pas partagée par les employeurs dont le but est d’externaliser leur flotte. Dans le privé au sens large, les profils techniques ont donc plus de mal à s’intégrer.
Des flottes privées absentes
« L’avenir n’est pas au gestionnaire technique, confirme Quentin Dubois pour le groupe Fondasol. Désormais, les pannes se détectent en passant le véhicule “à la valise“. Il y a donc moins besoin de techniciens et cela sera pire avec l’électrique. Le gestionnaire devra de plus en plus jouer un rôle d’acheteur et de conseiller. Changer un phare, faire une vidange constitueront des activités sous-traitées. » Ce que valide Alain Teig, président de l’association Echomobility qui regroupe une vingtaine de gestionnaires de flotte de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce dernier n’a d’ailleurs pas non plus connaissance d’un gestionnaire technique dans un parc privé. « Sincèrement, je n’en connais pas. Est-ce notre métier ? Je n’en suis pas sûr. Toutes ces considérations techniques sont sous-traitées ou réalisées par les collaborateurs. Les salariés ont alors en charge ces questions de maintenance », expose-t-il.
« Si cela revient à vérifier les niveaux ou changer les pneus, ce métier de gestionnaire technique est très menacé, ajoute le consultant et formateur Robert Maubé, expert conseil en flottes automobiles et mobilités. Il faudra alors se reconvertir en se formant pour affronter les défis de la fin des moteurs thermiques programmée dans les dix à quinze ans. Passer en quelque sorte de mécanicien à électricien, installer une station électrique, des bornes, gérer le contrat avec le fournisseur d’électricité, réaliser des tranchées, calculer les puissances électriques : c’est un autre monde, un autre métier », souligne Robert Maubé. Un métier qui n’en demande pas moins des compétences très techniques…
Le choix de la sous-traitance

Le fonctionnement de Bruno Renard reste à cet égard symbolique. Coordonnateur de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) à Grenoble, ce dernier est également responsable de la gestion des 130 véhicules. « Je sous-traite toutes les questions techniques, précise-t-il. Et quand j’ai besoin d’un technicien pour assurer une maintenance, je fais appel à une société d’intérim pour une mission ponctuelle. Ce que je viens de faire pour réaliser un état des lieux du parc suite à l’interruption du roulage pendant la période du covid. »
Conclusion : les techniciens « purs » n’ont plus beaucoup de place. « Nous recherchons avant tout des gestionnaires pour diminuer et verdir notre parc. La maintenance, les révisions, les réparations ne sont plus de notre ressort. Nous déléguons cela aux loueurs par exemple. Nous avions un garage il y a vingt ans mais c’est du passé. Il n’est donc pas question d’embaucher des techniciens et pas non plus d’actualité de les promouvoir », poursuit Bruno Renard.
Dans une large partie du secteur privé, l’avenir serait donc bouché pour les gestionnaires titulaires de CAP-BEP, voire de bac pro en mécanique. En revanche, il reste des postes pour ces niveaux de qualification mais spécialisés en gestion administrative, afin de s’occuper des accidents, des assurances, voire de la remise des véhicules aux collaborateurs. Mais pas pour des salariés formés aux métiers de la mécanique.
Le fleet management…
Comment alors promouvoir ces salariés à l’expertise intéressante ? La bonne idée pourrait être de s’orienter chez les fleeteurs alors que les entreprises veulent justement externaliser cette fonction technique. « La plupart des employeurs ont comme volonté de réduire les coûts en externalisant le côté technique », rappelle Ahmed Mansour, Fleet Account Manager chez Dragintra Fleet Services, prestataire basé en Belgique. D’où la possibilité pour ces gestionnaires techniques de rejoindre des fleeteurs, ceux-là même qui profitent de cette externalisation.
« Pour nous, ce poste est ultra stratégique, confirme Théophane Courau, président du fleeteur Fatec Group, à la tête d’environ 75 000 véhicules en gestion dans toute la France. Nous salarions cinquante gestionnaires de flotte techniques, chacun spécialiste d’un type de véhicules. Leur travail est très important pour nous : ils ont pour mission de contrôler les factures des garages et donc d’abaisser le coût pour nos clients. Ces gestionnaires techniques sont choyés et nous leur permettons d’évoluer au sein de notre entreprise en passant des voitures au poids lourds ou aux véhicules industriels, etc. Et au vu de la qualité de leurs connaissances en besoin d’exploitation, certains peuvent conclure leur carrière chez nous comme directeur de clientèle », décrit Théophane Courau.
La réponse est très différente chez le fleeteur Direct Fleet qui emploie 22 gestionnaires de flotte en charge de 10 000 voitures, « mais aucun gestionnaire technique », pointe le dirigeant Maxime Sartorius. Avec une explication : « Ce n’est pas notre métier. Nous nous focalisons sur la gestion administrative de nos clients, pas sur la technique qui est sous-traitée. »
… comme débouché
Cependant, comme Direct Fleet a du mal à recruter, ce fleeteur ne s’interdit pas d’embaucher des salariés issus de la technique automobile. « Ensuite, ce profil pourrait nous intéresser pour assurer la “négociation“ entre les loueurs et nos clients autour de la restitution des véhicules et des compensations financières éventuelles en cas de problème. Nous y réfléchissons mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour », note Maxime Sartorius.
Dernier atout du passage chez un fleeteur pour un « technicien » : la possibilité d’intégrer une entreprise cliente pour réinvestir, à plus haut niveau, un poste de gestionnaire de flotte, puis intervenir dans le champ de la gestion de la mobilité. Le gestionnaire se situe alors, avec une légitimité due à ses connaissances de la technique automobile, au cœur des transformations du secteur.
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