
Spécialiste des technologies dans les domaines de l’électrification, l’automatisation, la robotique et la numérisation, le Groupe ABB compte en France plus de 1 200 salariés et 500 véhicules répartis dans une vingtaine de sites sur tout le territoire. Il y a deux ans, l’entreprise s’est lancée dans le verdissement de son parc de voitures de fonction.
« Au vu de l’engagement d’ABB à l’échelle mondiale dans le développement durable et suite aux nouvelles lois fiscales, nous avons travaillé avec le service financier pour étudier la stratégie à adopter pour les dix ans à venir. Notre principale question était : quel sera l’impact financier...
Spécialiste des technologies dans les domaines de l’électrification, l’automatisation, la robotique et la numérisation, le Groupe ABB compte en France plus de 1 200 salariés et 500 véhicules répartis dans une vingtaine de sites sur tout le territoire. Il y a deux ans, l’entreprise s’est lancée dans le verdissement de son parc de voitures de fonction.
« Au vu de l’engagement d’ABB à l’échelle mondiale dans le développement durable et suite aux nouvelles lois fiscales, nous avons travaillé avec le service financier pour étudier la stratégie à adopter pour les dix ans à venir. Notre principale question était : quel sera l’impact financier sur la flotte si nous nous adaptons ou pas aux évolutions fiscales ? », relate Lucie Roiron, business partner chez ABB France, en charge des achats indirects et notamment de la flotte.
Mesurer les risques

Avec son équipe, cette responsable a ainsi établi une mesure du risque réglementaire, légal et financier pour les prochaines années. « Avec cette conclusion : les conséquences financières des dernières règles fiscales étaient importantes. Il fallait donc anticiper le calendrier fiscal en tenant compte de son influence sur les contrats de location à longue durée. En effet, il y a une inertie potentielle sur un tel projet de changement : ce n’est pas parce que l’on est convaincu de la nécessité financière d’électrifier la flotte que cela devient tout de suite une réalité sur le terrain, nuance Lucie Roiron. Et comme pour toute gestion de projet en entreprise, il faut tout d’abord s’aligner avec la direction si l’on veut mener cette transition énergétique. »
Une fois l’étude financière menée, une évolution du catalogue de véhicules a été soumise au comité de direction. Avec un objectif : disposer de 30 % de modèles dits « propres », électriques ou hybrides rechargeables, sur les douze disponibles pour chaque catégorie de conducteurs.
« Le comité de direction a vite validé ce projet mais il a aussi décidé d’aller plus loin que ce qu’impose la législation », se félicite Lucie Roiron. Le groupe a également lancé un plan d’installation de bornes de recharge standard et rapide dans ses principaux sites en France. « Ce plan s’étale sur plusieurs années et sera ajusté au fur et à mesure que notre flotte propre augmentera », précise la responsable.
Un nouveau catalogue
Suite à cet accord, un nouveau catalogue a été publié en 2019. « Il n’y avait alors pas beaucoup de modèles chez les constructeurs. En effet, le TCO reste notre critère principal de sélection et il doit être identique pour un véhicule “propre” ou diesel dans une même catégorie de conducteurs, rappelle Lucie Roiron. Heureusement l’offre s’est étoffée depuis 2020. » De plus, ABB a essayé de proposer des modèles pas trop petits car les véhicules de fonction impliquent un usage familial. « De petits modèles électriques tels que la Zoé n’ont aucun sens au vu de cette utilisation et de la typologie des conducteurs chez ABB. » À noter que le groupe ajoute toujours des options comme la recharge rapide ou une batterie supplémentaire pour plus d’autonomie.


Le Groupe ABB a lancé un plan d’installation de bornes de recharge standard et rapide dans ses principaux sites. « Ce plan s’étale sur plusieurs années et sera ajusté au fur et à mesure que la flotte propre augmentera », précise Lucie Roiron.
Une stratégie pédagogique
Mais le travail ne faisait que commencer pour la gestionnaire de la flotte : il fallait désormais encourager les collaborateurs à choisir des voitures électrifiées. L’arrivée du catalogue a suscité de nombreuses questions de la part des collaborateurs, avec des avis positifs comme négatifs. « En coordination avec le service RH nous avons déployé des outils pédagogiques », reprend Lucie Roiron. L’entreprise a entre autres mis à jour la politique véhicules avec des préconisations quant au choix d’un type de motorisation selon la loi de roulage.
« N’ayant pas trouvé de règles standards claires sur le sujet à cette époque, nous avons établi nos propres règles pour la sélection des véhicules, selon le nombre de kilomètres effectués au quotidien et le type de routes empruntées, indique la gestionnaire. Par exemple, il est conseillé de rouler en hybride rechargeable pour des trajets journaliers de moins de 50 km, urbains ou périurbains. »
À souligner : du fait des avantages fiscaux, la participation du salarié est moindre avec un véhicule électrique qu’avec un thermique. « Avec des participations qui peuvent être divisées par deux pour l’électrique, cela incite à choisir l’électrique », pointe Lucie Roiron.
Un guide utilisateur
ABB a aussi fabriqué un guide utilisateur pour expliquer répondre à toutes les questions liées à la recharge : quels sont les différents types de prises à domicile et sur le réseau national ? Quels sont leurs avantages et inconvénients ?, etc. « Cela permet à nos collaborateurs de mieux comprendre comment recharger, argue Lucie Roiron. Nous avons aussi publié l’interview d’un commercial d’ABB qui roule en hybride rechargeable. Ce salarié répond à des questions pratiques : comment organiser sa semaine ? Comment modifier ses habitudes de roulage ? Quelle carte employer ? À quelle fréquence se recharger ? Peut-on se recharger seulement en roulant ?, etc. De fait, pour une bonne performance avec l’hybride rechargeable, il faut une certaine intelligence de conduite et être prêt à changer ses habitudes de roulage », rappelle la responsable.
Dernière étape : quand un collaborateur opte pour un modèle hybride rechargeable ou électrique, Lucie Roiron l’appelle personnellement. Avec des questions : comment se projette-t-il dans six mois à la réception du véhicule ? Comment compte-t-il se recharger ? Est-il sûr que la motorisation répond à son besoin quotidien ?, etc. « Il est déjà arrivé que des conducteurs reviennent en arrière face à l’effort de réorganisation demandé, précise-t-elle. Car il faut prévoir où recharger pendant sa tournée commerciale par exemple, et tout le monde n’est pas encore prêt. C’est pourquoi nous n’imposons pas pour le moment de motorisation. »
Une stratégie pédagogique efficace
Cette stratégie pédagogique a bien fonctionné. « Les premières livraisons ont eu lieu en juin 2020 et nous sommes arrivés à plusieurs mois de roulage pour nos premiers conducteurs », se réjouit Lucie Roiron. Si les premiers collaborateurs à passer commande étaient déjà convaincus à titre personnel par les avantages des motorisations électrifiées, les choses ont commencé à évoluer trois mois après la publication du nouveau catalogue.
Aujourd’hui, des commandes de véhicules verts arrivent de manière régulière, majoritairement en hybride rechargeable. « La Classe A et le XC40 hybrides rechargeables marchent très bien, signale Lucie Roiron. Nous avons aussi commencé à livrer nos premières voitures électriques comme les Tesla, que nous avons fait entrer pour la catégorie haute de conducteurs. Il s’agit d’un très bel outil de conduite au quotidien, mais aussi d’un élément d’image de marque. »
Accompagner les conducteurs
Attention toutefois : le groupe a fait le choix d’accompagner le plus possible ses collaborateurs dans le changement, sans obligation et au travers de conseils et outils pédagogiques. « Mais cela peut ne pas correspondre à la culture d’autres entreprises si elles ont des habitudes de conduite du changement plus rapides et radicales », avertit Lucie Roiron.
La gestionnaire s’intéresse aussi à l’accompagnement des conducteurs sur leur consommation. « Le TCO calculé est beau sur le papier. Mais reste à savoir si sur le terrain les collaborateurs vont optimiser la conduite des hybrides rechargeables comme cela doit être fait, anticipe-t-elle. Nous nous servirons pour cela des données de nos cartes Total. Nous avons aussi cherché des formations à l’éco-conduite des hybrides rechargeables mais nous n’en avons pas trouvé à ce jour. »
La gestionnaire suit aussi de près l’hydrogène : « Le sujet est encore plus neuf. Nous préférons d’abord évoluer là où il y a l’offre commerciale la plus importante. La transition énergétique de la flotte ne doit pas être une solution sanction. Mais la question se reposera rapidement à l’avenir. »
Un conseil
Son conseil pour les flottes souhaitant s’engager dans la transition énergétique est d’ailleurs le suivant : « Il faut rester humble et accepter de s’ajuster continuellement pour évoluer avec le marché. L’offre et l’environnement changent constamment. À nous, en tant que gestionnaires de flotte, de nous adapter, de nous renseigner sur le sujet et de filtrer ce qui est faisable ou non dans son entreprise. »