
Face au refus des distributeurs à vendre à perte leurs carburants, Emmanuel Macron a annoncé, lors d’une édition spéciale du journal de 20 h de France 2 et de TF1 dimanche 24 septembre, envisager une « solution double ». D’une part, « la Première ministre va rassembler tous les acteurs de la filière [du carburant, NDLR], cette semaine. On va leur demander de faire un prix coûtant, c’est-à-dire que personne ne fera de marges », a argumenté le chef de l’Etat. « Et en particulier, a-t-il ajouté, qu’on ait un système de transparence : on l’a sur l’alimentaire, mais pas sur le carburant. » « Je réunirai demain les acteurs de la filière pour faire la transparence sur leurs marges et demander leur réduction », a écrit sur le réseau social X (ex-Twitter) la Première ministre Élisabeth Borne, le lundi 25 septembre.
Selon l’explorateur de données de la plate-forme de data.gouv.fr, voici comment les prix moyens du litre à la pompe ont évolué en France entre janvier 2022 (2 janvier), décembre 2022 (31 décembre) et aujourd’hui 25 septembre 2023 :
Carburant | Janvier 2022 | Décembre 2022 | Septembre 2023 |
---|---|---|---|
Sans-plomb 95 E10 | 1,68 | 1,67 | 1,96 |
Sans-plomb 95 | 1,66 | 1,72 | 1,99 |
Sans-plomb 98 | 1,77 | 1,77 | 2,02 |
Gazole | 1,61 | 1,79 (30 décembre) | 1,96 |
GPL-c | 0,91 | 0,91 (28 décembre) | 1,01 |
Superéthanol E85 | 0,75 | 0,89 | 1,05 |
D’autre part, « j’ai demandé au gouvernement, pour le budget qui arrive, de continuer à accompagner les Français qui travaillent et qui ont besoin de rouler pour travailler. » Un mécanisme qui se limitera donc aux travailleurs appartenant aux « cinq premiers déciles, c’est-à-dire 50 % des travailleurs les plus modestes », a précisé le Président. Cette aide atteindra les 100 euros, « au maximum », « par voiture et par an », a-t-il encore souligné.
Une indemnité carburant, en attente de validation…
Soit une indemnité carburant ciblée, à l’instar de celle que pouvaient toucher ces mêmes travailleurs en 2023 (à condition de l’avoir demandée avant fin mars). Avec deux principaux critères pour prétendre à cette aide, qui s’appliqueront toujours pour la nouvelle indemnité carburant promise. D’abord, les revenus : en 2023, pour mémoire, le revenu fiscal de référence par part du demandeur ne devait ainsi pas dépasser les 14 700 euros. Ensuite, la nature des déplacements : ceux-ci doivent de fait répondre à des fins professionnelles (dont les trajets domicile-travail). « On n’aide pas les déplacements – si je puis dire – de confort », a assuré Emmanuel Macron.
… d’ici fin 2023
Cette prolongation de l’indemnité carburant devrait donc concerner les versements pour 2024, puisque le Président a évoqué le budget de l’année prochaine. Rappelons que le projet de budget 2024 sera présenté le mercredi 27 septembre en conseil des ministres. Suivra tout un cheminement législatif qui verra ce projet de loi finances atterrir entre les mains des parlementaires, dès octobre. Le vote du Parlement devra alors se tenir le 31 décembre 2023 au plus tard. Autrement dit, l’extension de l’indemnité carburant pour une année supplémentaire reste à ce jour encore à l’état de proposition.
Un leasing social à 100 euros…
Dans tous les cas, le gouvernement ne semble pas vouloir ressusciter la remise à la pompe. Celle-ci s’adressait à tous les conducteurs, et a pris fin le 31 décembre 2022. L’indemnité carburant, beaucoup plus sélective, lui a succédé. « On sort du quoi qu’il en coûte », a balayé Emmanuel Macron. Et pour le Président, « l’écologie est la réponse » au débat sur le pouvoir d’achat. « Aujourd’hui, on investit 33 milliards d’euros dans la transition écologique, on dépensera 40 milliards l’année prochaine », a-t-il insisté. Et ce n’est sans doute pas un hasard du calendrier : c’est aujourd’hui 25 septembre à 15 h, selon Franceinfo, qu’Emmanuel Macron devrait en effet présenter les axes de la planification écologique, à l’Élysée.
… finalisé avant la fin de l’année…
« De mémoire, on produit entre 1 million et 1,5 million de véhicules sur notre sol », a avancé Emmanuel Macron, toujours au journal de 20 h de TF1 et France 2. Mais c’est en particulier la production de véhicules électriques qui entre dans la planification écologique. Avec un objectif en ligne de mire, d’ici la fin du quinquennat : « au moins 1 million de véhicules électriques » produits en France, a rappelé le Président. Non sans aborder les « quatre grandes usines de batterie » en cours d’ouverture en France, dans une « vallée électrique qui ira de Douai à Dunkerque ». Et qui devrait également créer, dans les prochaines années, « des dizaines de milliers d’emplois industriels ».
… pour des véhicules électriques produits en Europe
Et Emmanuel Macron de commenter : « On doit pousser nos ménages à céder leurs vieux diesel et vieux véhicules thermiques pour aller soit vers de l’hybride, soit vers de l’électrique, et progressivement vers de l’électrique ». Pour accompagner ces ménages, le gouvernement devrait « finaliser avant la fin de l’année » son projet de leasing social.
Or, les véhicules électriques achetés en France « restent encore beaucoup trop chinois », avait observé Emmanuel Macron. Ce leasing, « à environ 100 euros par mois », « permettra à des ménages d’acheter des véhicules électriques produits en Europe », a complété le chef de l’Etat. Une stratégie qui place l’industrialisation européenne au cœur de la transition énergétique. Et qui ne va pas sans rappeler les nouvelles règles pour l’octroi du bonus écologique.
Le bonus écologique
En effet, pour toutes les commandes de voitures électriques faites après la mi-décembre 2023, le bonus écologique ne sera versé que pour une liste de modèles électriques éligibles. Ces modèles respecteront un seuil minimal de « score environnemental » dont les modalités de calcul favorisent les véhicules produits en Europe.