
Faire le plein d’un véhicule essence ou diesel, c’est toujours simple, bien que les carburants offrent quelques variantes. Pour cela, il suffit de trouver une station, de se diriger vers la bonne pompe et de porter le pistolet à la trappe à carburant. En quelques minutes, c’est réglé.
Une logique qui devient bien plus complexe lorsqu’il s’agit de recharger une voiture électrique. Car les points de ravitaillement revêtent des formes très diverses : ils appartiennent à des réseaux publics ou privés, sont accessibles avec ou sans abonnement, et les réseaux ne sont pas toujours compatibles entre eux. En outre, plusieurs types de charge sont proposés...
Faire le plein d’un véhicule essence ou diesel, c’est toujours simple, bien que les carburants offrent quelques variantes. Pour cela, il suffit de trouver une station, de se diriger vers la bonne pompe et de porter le pistolet à la trappe à carburant. En quelques minutes, c’est réglé.
Une logique qui devient bien plus complexe lorsqu’il s’agit de recharger une voiture électrique. Car les points de ravitaillement revêtent des formes très diverses : ils appartiennent à des réseaux publics ou privés, sont accessibles avec ou sans abonnement, et les réseaux ne sont pas toujours compatibles entre eux. En outre, plusieurs types de charge sont proposés de lente à très rapide, et pour couronner le tout, il existe plusieurs standards de prise.
Faire simple : la charge à domicile
Commençons par évoquer les possibilités de charge à domicile, le mode de charge qui reste, de loin, le plus utilisé. La nuit, lorsque le courant atteint son prix le plus bas durant les heures creuses, avec un laps de temps important disponible, le véhicule peut se recharger entièrement, même en charge lente. Avec une simple prise de courant domestique en 220 V, une Volks-wagen e-Golf aura donc besoin de 13,15 heures pour atteindre 80 % de charge de sa batterie de 35,8 kWh (compter entre 3 et 6 euros).
Mais attention, comme cela peut être valable pour les gros appareils d’électroménager, les prises domestiques simples ne sont pas conçues pour de telles contraintes, ce qui peut mener à des surchauffes. Il faut donc faire vérifier son installation par un électricien qui conseillera probablement le recours à une wallbox.
Passant de 8 ou 10 ampères pour une prise murale à 16 A avec cette wallbox, la recharge se fait non seulement plus sûre, mais aussi un peu plus rapide : 6 heures pour une charge complète de notre e-Golf sur une wallbox AC de 7,2 kW. L’installation de cet équipement spécifique doit naturellement être effectuée par un spécialiste et il faut tabler sur un budget de 500 à 1 200 euros. Pour soulager cet effort, un crédit d’impôt de 30 % des dépenses peut être accessible aux particuliers. Bien sûr, des aides existent pour cette démarche dans le cadre d’une entreprise.
C’est en sortant des solutions à domicile que l’offre se complique. Car avec plusieurs standards de prise de recharge publique et des contraintes de puissance variable, les cas de figures se font très nombreux. Heureusement, l’offre a tendance à se simplifier : alors que les prises de Type 3 et de standard CHAdeMO (japonais) sont peu employées en Europe, on note la prédominance progressive des prises de Type 2 (3 à 43 kW de puissance) et de type Combo. Une fois habitué à un véhicule et à son type de prise, on peut facilement trouver les stations de recharge compatibles à l’aide d’une application spécifique (voir notre article). De plus, de nombreux usages, surtout avec les flottes captives, se font dans une zone géographique définie au sein de laquelle les conducteurs connaîtront vite les possibilités de recharge.

Plusieurs standards de prise de recharge
Et les stations alignent généralement différentes connectiques avec différents types de prises femelles ou de câbles mâles. Selon la plate-forme Gireve (Groupement pour l’itinérance des recharges électriques de véhicules), près de 16 000 points de recharge publics sont répertoriés en France, regroupés dans 4 500 stations.
On distingue deux grandes familles de charge, la charge dite « normale » et la charge dite « rapide ». La première concerne des installations entre 3,7 et 7 kVA, ce qui suffit pour recharger complètement une batterie en une nuit ; mais en une heure de stationnement, c’est seulement une quinzaine de kilomètres d’autonomie que l’on pourra gagner.
Le réseau le plus connu est probablement celui d’Autolib’ en Île-de-France avec ses 6 200 bornes de charge ouvertes aux véhicules électriques extérieurs. On retrouve des réseaux similaires avec Bluely à Lyon et Bluecub à Bordeaux. Plusieurs packages se destinent aux entreprises, de 20 à 600 heures mensuelles, pour 50 à 950 euros HT. Un badge RFID et une attestation à coller sur le pare-brise sont fournis.
La charge normale accélère
Des solutions un peu plus rapides, dites en « charge accélérée » (22 kVA ou 32 A en triphasé) existent dans des stations-service ou des parkings de supermarché – notamment chez Leclerc, Cora ou Auchan. Elles sont capables de charger à vitesse lente les véhicules conçus pour. Mais dans le meilleur des cas, elles peuvent aussi charger en une heure seulement jusqu’à 80 % de la capacité d’une batterie compatible avec la charge accélérée, selon le véhicule et la station. La règle pour les nouvelles installations est de proposer une prise de Type 2 (nommée parfois « Mennekes », du nom de son constructeur), ainsi qu’une prise E (domestique classique).
Des réseaux de parkings et/ou de carte carburant offrent aussi leurs solutions comme Vinci Park, KiWhi Pass ou ÉlectriCité Seine Aval. Indigo a ainsi signé un partenariat avec Sodetrel, filiale d’ERDF, ce qui va permettre à ce prestataire d’atteindre le chiffre de 600 stations de charge dans ses parkings d’ici 2019. L’accès se fait grâce à un Pass Sodetrel commercialisé dans les boutiques Indigo.
La charge rapide, solution d’avenir

Enfin, les stations de charge rapide sont en plein développement, pour recharger à plein sa batterie le temps d’un déjeuner par exemple. Concrètement, toujours en reprenant notre Volkswagen e-Golf, la batterie sera chargée à 80 % en seulement 45 minutes dans une station de charge rapide CCS DC 40 kW.
Selon l’Avere-France, l’Association pour le développement de la mobilité électrique, la législation évolue dans le sens de la rationalisation du parc des stations rapides : celles-ci doivent comporter un câble d’alimentation pour une prise de Type 2, un câble de charge rapide en courant continu de type CHAdeMO et un câble de type Combo 2.
On trouve des stations de charge rapide en ville, comme à Paris avec les stations Belib’ qui possèdent chacune plusieurs points de charge normale et rapide. Sur les grands axes, comme les autoroutes et les voies rapides, le réseau Corri-Door de Sodetrel se déploie avec pour objectif d’atteindre une grande densité avec une station de recharge tous les 80 km. Avec Corri-Door, 200 bornes de recharge rapide, capables d’effectuer une recharge complète en 20 à 30 minutes, sont déjà opérationnelles sur tout le territoire national.
On répertorie aussi nombre d’initiatives en régions et en ville, comme en Vendée avec le SyDEV, le Syndicat départemental d’énergie et d’équipement, ou en Bretagne avec Brev’Car. De même, les concessionnaires de certaines marques portées vers l’électrique possèdent leur propre réseau de bornes. À l’image de Renault, fort de plus de 400 sites accessibles avec la carte Z.E. Pass qui offre la possibilité de payer avec l’application Z.E. Pass, où sont naturellement répertoriées toutes les stations du groupe. Compter environ entre 3 et 10 euros maximum pour une recharge complète.
Enfin, le réseau de Superchargeurs de Tesla se constitue de bornes destinées aux propriétaires de voitures de la marque. Ces bornes se répartissent sur tout le territoire avec des stations et des points de recharge dits « à destination », principalement dans des hôtels de luxe, soit 400 sites équipés en France.
Tesla et ses Superchargeurs
La marque américaine a changé sa politique de gratuité des pleins des débuts : désormais, pour les nouveaux clients, 400 kWh par an sont inclus, ce qui autoriserait une autonomie d’en moyenne 1 600 km d’après Tesla. Au-delà, il faudra payer 0,20 euro/kWh.
Mais le déploiement des réseaux de charge rapide n’en est qu’à ses débuts. Et à l’image du maillage opéré par Tesla et ses Superchargeurs, plusieurs acteurs comptent bien bâtir leur propre réseau (voir l’encadré ci-dessous).
Au final, les habitudes de conduite, et donc de recharge, évoluent lorsque l’on s’habitue à vivre avec un véhicule électrique. La pratique du « biberonnage » – terme peu élégant mais tout à fait correct – s’installe : il s’agit de profiter de chaque stationnement pour redonner un peu d’énergie à la batterie. Cela donne la possibilité de rester à un niveau de charge rassurant, tout en autorisant des improvisations sur le trajet, mais sans s’inquiéter des difficultés impromptues de circulation.
À chaque réseau de stations sa carte
Comme chez les pétroliers, mais avec bien sûr une densité de stations moins grande, les réseaux de recharge électrique ont généralement leur propre carte d’accès. Car ici il ne s’agit pas simplement d’un moyen de paiement ou d’une carte de fidélité, c’est surtout un sésame souvent indispensable pour accéder au précieux courant. Heureusement, certaines cartes sont « interopérables », c’est-à-dire qu’elles regroupent plusieurs réseaux. Citons ici les cartes PlugSurfing, KiWhi Pass ou ChargeMap Pass dont les principes sont d’ouvrir l’accès à différents réseaux, de centraliser les factures et de donner les consommations en temps réel.
Et demain ?
Et cela tombe bien car les emplacements de recharge sont parfois plus faciles à trouver que les emplacements classiques de stationnement en centre-ville. Profitez-en, avec l’engouement pour les véhicules électriques, cela risque de ne pas durer longtemps… Car en plus de toutes les vertus écologiques et des facilités de circulation en ville, avec un « plein » moyen souvent à moins de 2 euros/100 km, soit 70 % de moins qu’avec un moteur à explosion, l’argument prix de l’électrique reste indiscutable. Pour l’instant.
Dossier - Infrastructures de recharge : les batteries à pleine charge
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